Nous étions hier dans la maison de retraite où réside depuis peu l’oncle de Monique, veuf et quatre-vingt-onze ans, pour partager avec lui le repas du dimanche de Pentecôte.
Certes, je ne m’attendais pas à un moment hilarant, mais le spectacle de tous ces vieux, en majorité des femmes d’ailleurs, attablés, bavoirs avec récupérateur d’aliments autour du cou – après avoir été changés par le personnel avant de descendre au réfectoire ! – bavant, toussant et crachant m’a complètement démoralisée.
A la table voisine de la nôtre, un homme d’une soixantaine d’années n’a cessé de réprimander sa mère, lui reprochant de manger trop de pain, utilisant sans doute, inconsciemment ou non, les mêmes mots entendus dans son enfance. Sous prétexte que les vieillards retombent en enfance, on les rabaisse au niveau des marmots, alors qu’ils n’ont avec eux en commun que le caca et la morve à torcher !
Alors quand j’apprends, aux informations, que le nombre des centenaires atteindra plusieurs millions d’ici quelques années, je me demande si c’est un fléau ou une manne, économique s’entend !
Alors je me prends à espérer avoir l’élégance de mourir jeune, comme ma mère. Trop jeune sans doute, mais cette mort prématurée lui a épargné la déchéance du grand âge.
Ma mère, cette femme si élégante, si féminine et si indépendante, n’aurait pas survécu à l’humiliation du bavoir et de la couche-culotte !
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