J’ai présenté à un concours en ligne sur Short Edition mon poème très controversé intitulé « DECALCOMANIE ».
Après débat et ajout d’une note pour prévenir les âmes sensibles, mon poème est en lice.
Avec tous mes remerciements pour l’éditeur qui a compris le sens de mon message et eu le courage de le publier.
Venez le découvrir et peut-être voter ; il est pour l’instant 23e.
http://short-edition.com/oeuvre/poetik/decalcomanie
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Archive pour la Catégorie 'Poèmes'
Une voix dans la nuit à peine perceptible
A capturé mon âme et réveillé l’espoir
D’un amour au-delà de l’osmose d’un soir,
D’un tir à bout portant dont mon coeur serait cible.
Une ombre callipyge au clair de lune argent
Sur moi s’est inclinée avec la grâce ailée
D’un ange à mon chevet, tandis qu’échevelée
Je découvrais l’azur d’un regard indulgent.
Je l’ai voulue intime au creux de mon épaule ;
Contre l’or de sa peau, mes lèvres en baiser
Dispensaient le désir sans vouloir l’apaiser
Et s’ouvraient sous sa chair dont j’avais le contrôle.
Ivre de volupté je quêtais le frisson
Du bonheur sur ma bouche et goûtais au calice
De son corps le nectar du plaisir. Ô délice !
D’un rêve libéré d’entraves sans façon.
(Extrait de mon recueil « Hallucinations »)
En secret je m’enivre au doux son de ta voix,
Sombre dans l’océan de tes yeux vert amande
Et rêvant de ton corps toujours je me demande
Si parmi tes galants, tu sauras faire un choix.
Si tu devenais mienne, ô belle inaccessible,
Je t’offrirais des nuits plus chaudes qu’un été ;
Amant voluptueux devant ta nudité,
Je serais ton archer, toi ma dernière cible.
Ma langue poserait sur le galbe d’un sein
Le désir refoulé depuis tant de semaines,
Blotti dans son carquois lorsque tu te promènes,
Tes charmes féminins suggérés à dessein.
Tu calmerais mes sens d’une caresse tendre,
Pour les mieux réveiller d’un baiser si profond
Qu’à juste l’évoquer, ma carapace fond
Et mon amour s’épanche à force de se tendre.
Mes lèvres sur ton ventre écouteraient ton cœur
Entonner le refrain de ton plaisir intime,
Et le mien dans ta bouche en une étreinte ultime
Exploserait enfin dans un sursaut vainqueur.
L’ardeur de nos ébats comme un éclair me fouette,
Les spasmes du bonheur enveloppent ma chair ;
Pour m’endormir en toi, certes je paierais cher,
Mais l’hommage opalin n’a mouillé que ma couette !
Zaz Chalumeau
(Poème écrit pour participer à un concours du poème coquin)
(Extrait de mon dernier recueil « Les Couleurs de l’Âme)
La tête me tournait : j’ai fermé les paupières.
Un homme se pencha pour ramasser des pierres,
Une arme redoutable au poing d’un révolté,
Au nom de la justice et de la liberté,
Pauvres mots bafoués dans un pays en guerre.
Un père pleure un fils qu’il ne connaissait guère
Mais que son peuple acclame en martyr idéal
Pour secouer le joug du monde occidental.
Une femme cachée aux regards sacrilèges
Disparaît sous le voile. Il est des sortilèges,
Aux griffes des tyrans, plus forts que la raison.
Pour punir l’adultère ou le vol d’un blouson,
La loi prend une main, parfois même la vie
Et transforme une peine en vengeance assouvie.
Des jeunes orphelins, sans larmes dans les yeux,
Sont les muets témoins de mon Noël joyeux.
Ni bonhomme ni rêne et point de cheminée
Pour ces laissés-pour-compte, enfance assassinée.
Les huîtres fleurent fort et le saumon sent bon,
Dans le four se prépare une dinde, un chapon,
Le champagne pétille au son des mitraillettes
Et des gouttes de sang ternissent nos paillettes.
Le rire et les sanglots se livrent un combat
Sans même devenir le sujet d’un débat.
Mais j’entends des cailloux jetés dans nos soupières.
Le cœur me débordait : j’ai rouvert les paupières.
(Poème extrait de mon prochain recueil : « Les couleurs de l’âme »)
Le fil entre la rampe et la branche de l’if
Brillait comme un repère, une chaîne argentée ;
J’ai suivi le chemin de la ligne jetée
Et découvert l’ouvrage au singulier motif.
Rien ne peut échapper à mon œil attentif,
De la toile en suspens, dentelle crochetée
En perles de rosée et de givre teintée ;
Mais j’esquisse à ta vue un mouvement craintif.
Au milieu du filet, broderie aérienne,
Qui se balance au gré de l’onde zéphyrienne,
Tu sembles reposer, mais d’un sommeil trompeur.
Toi que je trouve belle en ton palais de soie,
Naturelle œuvre d’art, pourquoi me fais-tu peur ?
Entends mon souffle court ! Il faut que je m’assoie !
(Extrait de mon prochain recueil « Les Couleurs de l’âme »)
Si j’étais jardinier, je cueillerais la rose
Au parfum capiteux dans sa robe carmin,
La séparant enfin des senteurs du jasmin,
Caressant le velours pour que mon cœur s’y pose.
Si j’étais musicien, j’inventerais pour toi
Le bleu d’une sonate ou d’une symphonie,
Le refrain désuet d’une photo jaunie,
Un opéra moderne où l’amour serait roi.
Et si j’étais un peintre, en quelques traits rapides,
Je déposerais l’or d’un rivage lointain
Sur la toile et le soir de la Saint Valentin,
Je t’offrirais le rêve au bord des eaux limpides.
Mais je ne sais qu’écrire au feu de ton regard
Pour nous bâtir une île, en prose, en poésie,
Au milieu de ce monde exempt de fantaisie
Où le bonheur se perd dans les jeux de hasard.
Mon âme cependant se mêle à mes paroles
Et dans mes yeux se lit un noble sentiment ;
Prends les mots sans chercher à savoir lequel ment,
Serre-les sur ton sein comme des herbes folles.
Zaz (extrait de mon recueil « Les Hallucinations »)
La mer venait de loin, charriant ses rouleaux,
Dans un grondement lourd répandre son écume
Sur le sable doré que le varech parfume,
Et ton souhait s’inscrit derrière mes yeux clos.
J’imagine déjà dans tes futurs tableaux
Le souvenir renaître et je prendrai la plume
Pour tracer quelques vers en hommage posthume
Aux instants de bonheur à l’ombre des bouleaux.
Je ne veux pas savoir le nombre des années
À vivre encore ensemble avant d’être emmenées,
L’une vers le chagrin, l’autre vers le néant ;
Dans ce tombeau marin je lancerai tes cendres
Si je vais la dernière à l’Arche de Port Blanc,
Et le vent portera l’écho de tes mots tendres.
(Extrait de mon recueil intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
Quand mes yeux trouveront le souvenir des choses
Pour unique aperçu du monde environnant,
Pourras-tu me donner, d’un pinceau dominant,
Les couleurs de la terre et ses métamorphoses ?
Lorsque mon cœur tari par les chagrins divers
Et mon corps fatigué par le poids des années
Ne charmeront, hélas ! que des âmes damnées,
Voudras-tu partager mes ultimes hivers ?
Du jour où le désir privé de sa jeunesse
Ne viendra plus gommer d’un coup nos désaccords,
L’usure par le temps malgré tous nos efforts
Cessera-t-elle enfin pour que l’amour renaisse ?
Maudite lassitude ! au nom de quels tourments
Ou de quels idéaux dois-tu troubler nos vies ?
Et ces folles ardeurs que nous avons suivies
N’étaient-elles qu’un leurre exempt de sentiments ?
Si la mort aujourd’hui, pour un dernier voyage,
Me prenait dans ses bras, deviendrais-je regret ?
Et conserverais-tu, comme un tendre secret,
Le parfum du plaisir semé dans mon sillage ?
(Extrait de mon recueil intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
Une montagne blonde enfin se dresse là,
Langue de sable prise entre mer et pinède ;
Voici mon rêve offert : la dune du Pyla
Que j’admire, debout devant sa pente raide.
Et je me sens fragile au pied de ce géant,
Cette masse rendant mon être minuscule,
Moi l’esclave d’un soir de ce roi fainéant.
L’escalade, soudain, me semble ridicule.
Pourtant, je suis le flot des touristes pressés ;
L’escalier en plastique est une plaie affreuse
Sur le flanc du colosse et les sillons tracés
Par des milliers de pas, blessure vaporeuse.
Mais j’oublie au sommet scrupules imprécis
Et vague repentir en face du spectacle :
Car un nuage rose aux contours obscurcis
N’oppose aux feux du ciel qu’un éphémère obstacle.
Impassible, la lune observe le soleil,
Elle toujours si pâle en sa robe argentée,
Lui chaque fois sublime en costume vermeil,
Amoureux l’un de l’autre, idylle tourmentée.
Entre eux, l’océan veille et la dune poursuit,
Imperceptiblement, son chemin dans les terres,
Et sur la foule en marche enfin s’étend la nuit,
Déesse péremptoire au cœur de ces mystères.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
Quand le cri d’un enfant qu’on outrage en silence
Ne couvre pas les pleurs d’une femme qui fuit
L’ombre folle d’un homme ivre de violence,
Je danse avec les mots suspendus dans la nuit.
Une image, à l’écran, de la misère humaine
Aux quatre coins du monde accompagne, le soir,
Mon repas ; néanmoins mon regard se promène
Au gré des faits divers quotidiens sans rien voir.
Lorsque la terre tremble à l’autre bout du globe
Ou qu’un volcan s’éveille, où suis-je dans mon cœur
Pour entendre les vers que la musique enrobe,
Point les gémissements des témoins de l’horreur ?
Et si mon fils, un jour, me confie un problème,
Aurai-je encore un œil, une oreille à donner
Pour l’écouter vraiment, sans penser au poème
Que j’écris dans ma tête au petit déjeuner ?
Ceux que j’aime ont parfois le sentiment de n’être
À mes côtés que vent, sans projet d’avenir ;
Pourtant je n’aurais plus, sans eux, qu’à disparaître
Dans l’espoir que la mort sache nous réunir.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
Quand Noël se prépare au début de décembre,
J’ai toujours dans le cœur des sentiments confus :
Souvenirs douloureux pour l’enfant que je fus
Et charmes des parfums de cannelle et gingembre.
La ville s’illumine un peu plus chaque jour
Et dans les magasins, les petits s’émerveillent
Sous l’œil intransigeant des caméras qui veillent
Au ballet des vendeurs, de la foule alentour.
Pour garnir le sapin, des mètres de guirlande ;
Au menu : fruits de mer, timbales d’escargots,
Une dinde aux marrons, légumes en fagots,
Surenchère aux cadeaux, fête que j’appréhende.
Des gens de foi, bien sûr, parlent du Fils de Dieu,
Au chaud, dans une église, en chantant des cantiques
À la gloire du Père, aux paroles mystiques,
Apaisantes pour l’âme en cette heure et ce lieu.
Hélas ! aucune trêve en cette nuit divine ;
À l’autre bout du monde, à côté de chez soi,
Sur un homme s’étend l’ombre du désarroi
En face du trépas qui de loin se devine.
L’un succombe à l’orgie, un autre meurt de faim ;
Les desseins du Seigneur souvent semblent étranges
À qui ne veut pas croire à l’histoire des anges,
En la vie éternelle, en l’harmonie enfin.
Certains disent qu’il faut beaucoup souffrir sur terre
Pour accéder plus tard au Royaume des Cieux ;
C’est pourquoi le martyr reste silencieux
Quand le poète écrit par refus de se taire.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
Les yeux braqués plus loin qu’en rêve j’imagine,
La main posée à plat sur le tube d’acier,
Je me penche sur lui, visage grimacier,
Pour capter la lueur d’un astre à l’origine.
Du fond du ciel nocturne, au bord du gouffre noir,
Navigue un ange blond sur l’or d’une comète
Et ses larmes d’argent sèment sur ma planète
Des promesses de paix et des rayons d’espoir.
Petit Prince égaré dans notre galaxie,
Prête-moi ton regard pour mieux voir la beauté
De chaque étoile née au solstice d’été
Dans ce monde si bleu menacé d’asphyxie.
Mais si mon cœur aveugle aux sentiments d’amour
Ne s’ouvre pas à toi qui m’offres ta sagesse,
Abandonne mon âme au passé qui la blesse
Et transmets ton message à qui sera moins sourd.
Éclair évanescent dans l’œil du télescope,
Je l’ai vu disparaître et chaque nuit j’entends
Les grelots de son rire accompagner le temps
Quand chevauchant la lune, invisible il galope.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
Dans le cœur de Kaboul, sous la chaleur torride,
Des ombres sans visage effleurent le trottoir,
Couvertes en plein jour d’un épais voile noir
Pour cacher le profil de leur poitrine aride.
Mais aux mains d’un époux, leur corps devient objet
De plaisir ; quand bien même il accueille en son ventre
Le fruit de cet assaut, il sera toujours l’antre
Du mâle en rut trahi par chaque nouveau jet.
Rabaissée au niveau de simple marchandise,
Une forme entre dans un coffre non vitré
De voiture sous l’œil d’un journaliste outré
Qui répète sans cesse : « il faudrait qu’on le dise ! »
De vos regards baissés, femmes d’Afghanistan,
Jaillit un désespoir que je ne sais dépeindre
Et s’il parvient un jour, malgré tout, à s’éteindre,
C’est que vous l’aurez tu, l’espace d’un instant.
Car la mort apparaît comme l’unique issue
À nombre d’entre vous qui subissez l’horreur
Pour avoir osé mettre un habit de couleur,
Pour un petit morceau de peau nue aperçue.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
Sur la route, un enfant s’est recroquevillé
Derrière un bloc de pierre, un abri provisoire ;
La surdité livrant un silence illusoire,
Son visage apparaît, de larmes barbouillé.
Prisonnier du feu gît le corps déshabillé
De sa sœur violée, et dans sa robe noire
Semble veiller leur mère, attente dérisoire,
Car son regard mort fixe un homme fusillé.
Combien sont-ils ainsi, victimes de ces guerres,
À cheminer sans but, orphelins solitaires
Au cœur écorché vif, l’âme à jamais en deuil ?
Les voleurs d’innocence ont déposé des armes
Entre leurs doigts meurtris pour creuser le cercueil
De leur candeur au rythme infernal des alarmes.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
Dans un abri précaire une femme se couche,
Le visage crispé, le ventre entre les mains,
Parmi d’autres civils, des vieillards, des gamins
Et son regard, de peur, devient presque farouche.
Dans cet enfer va naître un petit innocent,
Messager de l’horreur ou porteur d’espérance,
Héritier de la foi sur des chemins d’errance
Ou nourri par son peuple au lait couleur du sang.
Sa mère écoute encore, après le bruit des bombes,
Une voix, presque un souffle, un murmure discret,
Les mots de son mari qu’un soldat massacrait
Avant que les obus ne leur creusent des tombes.
Cet enfant de l’amour portera dans le cœur
Avec le souvenir des cris de l’agonie,
Le chant d’un rossignol dont l’écho s’ingénie,
Au milieu du vacarme, à demeurer vainqueur.
(Extrait de mon recueil intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
J’ai revu cette nuit les images d’hier :
Les bombardiers français dans le ciel de Serbie,
Les visages tendus par l’attaque subie,
Les yeux du président, oppresseur au cœur fier.
Des civils, l’arme au poing, s’effondrent dans les rues,
Fauchés par les fusils des soldats embusqués,
Et leurs femmes en pleurs devant les corps tronqués
Évitent le regard des plus jeunes recrues.
Là, des enfants perdus recherchent leurs parents :
Un pouce dans la bouche, ils marchent, solitaires
Ou se tiennent serrés devant les militaires,
Sans cesse répétant des mots incohérents.
Mais durant mon sommeil où partent ces victimes ?
Seront-elles demain cadavres inconnus ?
Verrons-nous à l’écran des vieillards devenus
Témoignages vivants des crimes anonymes ?
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
Le zéphyr se faufile entre les feuilles fauve,
Caressant de son aile un vol de goélands,
Ultimes promeneurs dans les nuages blancs,
Qui se moquent de voir le ciel devenir mauve.
La lune s’enhardit quand le soleil se sauve,
Le reflux suit le flux en modestes élans
Éclaboussant d’écume en assauts pétulants
Le sommet d’un rocher, rond comme un crâne chauve.
Et devant l’horizon se dressent les mâts nus
Des voiliers ancrés là, bercés d’airs inconnus,
Souvenirs fugitifs, sombre réminiscence ;
L’écho récent des pleurs des veuves de marins
Va rejoindre la mer, tombeau de leur absence,
Pour s’unir aux sanglots d’anonymes chagrins.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
Enfant, je composais, sous l’abri de mes draps,
Alexandrins boiteux, fleurs artificielles,
Sonnets vagues et lourds, rimes en kyrielles,
Trébuchant sur le choix de quelques mots ingrats.
Puis un livre a surgi du fond d’un débarras,
Poèmes en recueil, œuvres essentielles,
Et découvrant soudain la couleur des voyelles,
J’écoutais sa voix dire : « un jour tu comprendras. »
Chaque strophe enchantait mon âme adolescente,
Écrire m’apparut tentative indécente
Et j’ai gardé pour moi certains actes pervers ;
Ma plume a su, plus tard, courir à perdre haleine.
Vous qui souvent rodez dans mes rêves en vers,
Donnez-moi votre souffle et celui de Verlaine.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden- Prix Stephen Liégeard 2013″)
Les femmes ont l’angoisse ancrée au fond des yeux,
Les regards enfantins reflètent l’ignorance,
Les vieillards sont traînés sur les chemins d’errance
Pour fuir l’acharnement des soldats orgueilleux.
Mais que cesse le feu pour la fête pascale !
Rengainez vos fusils, prenez vos chapelets
Et mettez-vous à table autour des agnelets,
Symboles innocents de paix dominicale.
Combien de morts encore à la gloire d’Arès
Faudra-t-il pour convaincre enfin les fanatiques
De déposer leur arme aux mains des politiques,
Ces hommes de pouvoir aux douteux palmarès ?
La lueur vespérale endort mon amertume ;
Ecoute le murmure évanescent des pleurs :
Il ressemble au ressac d’océans enjôleurs
Où l’ombre du chagrin s’écrase avec l’écume.
Si la guerre est plus forte et si l’amour en vain
Du matin jusqu’au soir ensemence la terre,
Alors j’accepterai malgré moi de me taire,
Tournant vers d’autres cieux mes ardeurs d’écrivain.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden- Prix Stephen Liégeard 2013″)
Homme ou femme, être seul devant la feuille blanche,
Le poète en silence apprivoise les mots
Pour libérer les cris, les soupirs, les sanglots
Que son cœur accumule où son âme se penche.
Il respire l’odeur d’un bâtonnet d’encens
Pour construire des vers au feu de sa magie,
Aux rythmes violents, puis la fougue assagie,
Se laisse envelopper dans ses parfums puissants.
Son esprit vagabonde au gré de ses pensées
Que sa plume est trop lente à transcrire en quatrains,
Rimes plates ou non, parfaits alexandrins,
La césure conforme aux règles avancées.
Dans cette solitude il écoute, la nuit,
La tristesse lunaire et perçoit des paroles
Qu’il interprète au mieux sans trahir les symboles
Des messages d’amour cachés dans chaque bruit.
Il chevauche le vent, décroche les étoiles,
Quitte nos horizons pour d’autres univers
Où l’ombre des étés réchauffe les hivers
Que la brume d’automne abrite sous ses voiles.
Le poète quittant le charme et la beauté,
Dépassant le terrain de ses douleurs intimes,
Devient porte-parole en dénonçant les crimes
Perpétrés tous les jours contre l’humanité.
Car s’il a pour devoir d’offrir du rêve au monde,
Il faut qu’il sache aussi faire entendre sa voix
Pour parler des martyrs dont il porte la croix
Lorsqu’une bombe éclate ou que la terre gronde,
Condamner la torture et ne pas dire amen
Aux bourreaux déguisés en maîtres respectables,
Soulever les tabous, démasquer les coupables
Et malgré tout chanter ce rouge et noir Eden.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden » – Prix Stephen Liégeard 2013)
Dessine-moi les yeux du printemps de la vie,
Quand tout semble possible aux jeunes amoureux,
Qu’il leur suffit d’un mot, d’un regard langoureux
Pour bâtir le futur qu’un plus vieux leur envie.
Offre-moi les couleurs d’un nouvel arc-en-ciel
Et j’écrirai pour toi le plus beau des poèmes,
Je tresserai le jour des fleurs en diadèmes,
J’allumerai le feu d’une lune de miel.
Accroche une aquarelle au mur de notre chambre
Et je te conterai l’histoire du soleil,
Je cueillerai l’étoile au firmament vermeil
Et la rose éclora de janvier à décembre.
Du bout de ton pinceau, trace mon avenir
Et j’apprivoiserai le noir et l’araignée,
J’épouserai ta voix de tendresse imprégnée
Et j’abandonnerai le désir d’en finir.
(Extrait de mon recueil « Hallucinations » paru en autoédition en 2000)
Un enfant se prépare à découvrir le monde
Après neuf mois dedans le ventre maternel,
Issu du feu des corps, l’embrasement charnel,
Fruit conçu dans l’amour ou dans le crime immonde.
Il ne sait rien de la famille et du pays
D’accueil. Hélas ! on ne choisit ni l’un ni l’autre,
Ni les draps en satin dans lesquels on se vautre
Ni le cloaque infâme où le porc fait son nid.
Un trottoir de Manille ou la villa cossue
D’une riche banlieue attendra ce gamin
Dont les parents peut-être ont tracé le chemin :
Boulevard pavé d’or ou route sans issue.
Fusil en bakélite ou cuillère en argent,
Cette arme dans son poing fera de lui l’esclave
D’un univers cruel où chaque jour s’aggrave
L’ampleur de la misère au front de l’indigent.
Mais si rien ne s’oppose à la fureur qui gronde,
Je conserve en mon cœur l’inébranlable espoir
Qu’une lueur demain rejaillisse du noir,
Qu’un enfant se prépare à sauver notre monde.
Ce poème a obtenu le Premier Prix, Prix Charles Guérin, au Prix littéraire de Graffigny, organisé par la Ville de Lunéville et la Communauté de Communes du Lunévillois, en partenariat avec le Cercle Littéraire Léopold. Le thème du concours était « L’enfance ».
Par manque de temps, j’écris désormais très peu de poésie et ce poème est le seul de l’année, composé expressément pour ce concours. C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai pris connaissance de ce palmarès qui m’honore.
Une rose au jardin éclose avant le jour
Contemplait l’univers, le seul qu’elle connaisse,
Avec l’étonnement de la tendre jeunesse,
Souriant au matin pour lui dire bonjour.
Quelques mètres plus loin se dressait un narcisse,
Si fier de sa corolle et de son pur éclat
Qu’il ne ressentait rien du bonheur d’être là,
Amoureux solitaire au bord du précipice.
Près de lui deux iris à peine réveillés
Défroissaient lentement leur robe violette,
Secouant de leurs yeux l’ultime gouttelette
De rosée accrochée aux cieux ensoleillés.
Si j’étais une fleur, j’apaiserais ton âme
Dans un bercement large au cœur de mon parfum,
Glissant mes souvenirs dans un rêve opportun
Jusqu’au bout de la nuit qui devant moi se pâme.
(Extrait de mon recueil « Amours multiples » publié en 1999)
Et l’écume agonise
Aux cris des goélands.
La mer gronde et me grise
De ses flots pétulants.
Et mon désir s’irise
Aux reflets d’or troublants
De ton regard qui frise
En promesse d’élans.
Tromper la solitude, écrire quelques vers,
Peindre une toile en bleu, composer un poème,
Accrocher un soleil, pour la femme que j’aime,
Au ciel toujours azur d’un nouvel univers.
Décliner le printemps, condamner les hivers,
Ressusciter les morts, sabrer le chrysanthème,
Respecter son corps las, le réveiller quand même,
Pour trouver le repos entre ses bras ouverts.
Puis feindre le sommeil pour écouter sa bouche
Me parler de désir lorsque sa langue touche
Ma peau. Je m’offre, ardente, au plaisir de ses mains ;
Quand dans un cri d’amour mon âme enfin se livre,
Les plus tendres aveux chantent nos lendemains
Et mon coeur d’espérance auprès du sien s’enivre.
(Extrait de mon recueil « Les Hallucinations » paru en 2000)
Quand je ne serai plus, dans un siècle ou demain,
Je voudrais que la lune éclabousse la ville
Pour me permettre encore un signe de la main
A ceux que j’ai chéris, puis m’en aller tranquille.
Que l’on n’achète pas un somptueux cercueil
Pour servir de cellule à ma triste dépouille ;
Une boîte en bois brut lui fera bon accueil
En dépit de ses nœuds et des taches de rouille.
Ne m’enterrez jamais sous un bloc de granit
Et ne jetez sur moi ni gerbe ni couronne,
Mais que dans votre cœur une place au zénith
Me soit toujours gardée à l’abri de l’automne.
Commandez-moi les chants de quelques angelots
Pour m’aider à franchir le pont vers l’autre rive ;
Une larme de rose, un bouquet de sanglots
Me sont des vœux trop chers pour que je les écrive.
Laisserai-je à mon fils, sans aucun testament,
Ces feuillets reliés pour unique héritage,
Quatre recueils de vers, le début d’un roman,
De l’instinct maternel singulier témoignage ?
J’aurai passé ma vie à fabriquer l’amour
En poésie, en prose, avec la certitude
D’avoir trompé le monde et moi-même à mon tour
De peur de rencontrer bassesse et turpitude.
Quand je ne serai plus, dans un siècle ou demain,
Lorsque mon corps sera redevenu poussière,
J’aimerais que mon âme évite le chemin
Vers l’oubli, de la mort la mère nourricière.
(Zaz – Extrait de mon recueil « Hallucinations » publié en 2000)
Ce texte fait écho au poème de Jeannette, avec toute mon amitié pour ce partage.
Qu’il me paraît lointain, le temps des désaccords,
Lorsque l’adolescente accusait père et mère
D’un constant mal de vivre où l’enfance éphémère
Avait perdu son âme en différents décors.
Dans l’écho de ta voix que l’absence édulcore
Ne me parviennent plus certains propos amers,
Mais des murmures doux comme le vent des mers.
Le temps passe et me ride et mon cœur pleure encore.
Au-delà de la mort, Ferrat chante Aragon
Et la femme toujours est l’avenir de l’homme,
Qu’elle obéisse au maître ou croque dans la pomme,
De New-York à Paris, d’Alger à Saigon.
Cheveux courts sur la nuque ou très longs sous le voile,
Elle offre un corps d’albâtre ou d’ébène à l’amant,
Ou l’époux tyrannique, objet de son tourment ;
En ses yeux meurt ou naît la lueur d’une étoile.
Quelquefois lapidée, elle expire en public
Pour avoir osé vivre un amour adultère ;
Ailleurs, l’homme trompé traite plus bas que terre
L’infidèle à l’abri d’un appartement chic.
Qu’il soit ou non béni, le fruit de ses entrailles
Reste son privilège et sa force et son droit ;
En son ventre fécond, le futur enfant croît
Et sa mère construit d’invisibles murailles :
« Que ma fille jamais ne subisse d’abus,
Qu’au soleil de son père elle vive authentique,
Et mon fils ne succombe au champ patriotique,
Comme chair à canon sous le feu des obus. »
(Ce poème a obtenu le Prix Charles Maire au concours littéraire Graffigny de Lunéville)
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