Archive pour la Catégorie 'Livres lus'

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Le premier jour

lepremierjour.bmp Roman de Marc LEVY

Adrian, greco-anglais, est astronome physicien ; Keira, anglo-française est archéologue. Il travaille sur un haut-plateau chilien ; elle fouille la terre dans la vallée de l’Omo en Ethiopie. Tous deux, passionnés par leur travail, sont hantés par les origines de l’humanité. Une pierre naturelle offerte par un petit orphelin à Keira va bouleverser la vie de l’archéologue et la jeter dans une aventure haletante aux côtés d’Adrian qui n’est autre que son premier amour qu’elle retrouve par hasard pour leur plus grand plaisir. Mais ils ne sont pas les seuls intéressés par ce mystérieux pendentif et leurs ennemis sont déterminés à les empêcher coûte que coûte d’accéder à la vérité.
Un roman passionnant dès la première ligne. Marc Levy embarque son lecteur dans un récit émouvant et plein d’humour dans des pays aussi différents que le Chili, l’Ethiopie ou la Chine.
A lire absolument pour passer un bon moment.

La grande île

lagrandele.gif Roman de Christian Signol

Albine et Charles vivent avec leurs trois enfants, Bastien, Baptiste et Paule, dans la pauvreté mais en liberté dans la nature périgourdine qui leur fournit de quoi vivre, notamment le poisson abondant dans la Dordogne.
Rien, pas même la guerre, ne parvient à troubler le bonheur et l’harmonie qui règnent entre ces cinq êtres à la fois sauvages et sensibles. Pourtant, avec le temps qui passe, l’influence de l’extérieur fragilise l’heureux équilibre de cette vie en autarcie.
Quand on aime, on ne compte pas ; c’est donc avec plaisir que j’ai découvert ce énième ouvrage (qui date de 2004) d’un auteur dont j’ai à maintes reprises vanté les qualités littéraires dans cet espace. Cependant, ce livre, qui est plus un recueil de souvenirs et d’anecdotes qu’un véritable roman, manque d’originalité et lasse un peu car trop bien pétri de trop bons sentiments avec des parents et des enfants modèles comme il n’en existe pas dans la vraie vie.

Le Don du Roi

ledonduroi.jpg Roman de Rose TREMAIN

Au XVIIe siècle, en Angleterre, sous le règne de Charles II.
Robert Merivel, étudiant en médecine, tombe sous le charme du souverain et devient son bouffon. Il abandonne la médecine pour la cour. Charles II, amoureux de Célia et néanmoins soucieux de ne pas aiguiser la jalousie de sa maîtresse en titre, demande à Merivel de devenir l’époux fantoche de Célia. Robert accepte et obtient en échange un manoir dans le Norfolk. Lorsque la jeune femme, en proie au désir d’enfant, est renvoyée auprès de son époux, Merivel progressivement en tombe amoureux. Le roi, en mal de sa maîtresse, la rappelle à lui et châtie son ancien bouffon pour avoir manqué à sa promesse en lui retirant la jouissance du manoir et des richesses allouées. Merivel n’a plus qu’une issue pour essayer de survivre au courroux de son souverain qu’il chérit toujours : rejoindre son ami John Pearce, antiroyaliste et fondateur d’un asile de fous. Redevenu médecin, l’ancien bouffon tente de retrouver un sens à sa vie.
Superbement écrit, ce livre n’a cependant pas réussi à me passionner. Peut-être parce que je ne suis pas très fan du Moyen Age…

Coco la bite

cocolabite.png Roman de Gérard DELBET

Coco, affligé d’un pied bot, d’un strabisme et d’un appendice sexuel démesurément grand, est le souffre-douleur de toute la famille. Comme tous les enfants battus, il est d’accord avec tout et prend son mal en patience. Entre deux volées qui laissent des zébrures sur son dos, l’enfant joue à la course avec trois brosses à dents dans les eaux du caniveau et lit le dictionnaire. Vaguement conscient de ne pas appartenir à cette famille qu’il déteste et méprise, l’enfant nous fait découvrir son monde où la misère sociale côtoie la poésie.
Le style est truculent, original, et Coco la bite est de ces héros qu’on n’oublie pas de sitôt.
En dépit des quelques fautes qui émaillent ses pages, je vous conseille vivement la lecture de ce roman que vous pouvez acquérir directement aux Editions du Bord du Lot :
http://www.bordulot.fr/

Granville et l’Odyssée

granvilleetlodysse.jpg Roman d’Olivier GABRIEL

L’histoire commence à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Deux mois avant l’armistice, une flottille allemande stationnée dans les îles anglo-normandes attaque par surprise le port de Granville dans l’intention de s’approvisionner en charbon. Ce débarquement sur Granville, Hans Kapp, lieutenant allemand, l’a rêvé à la manière des aventures d’Ulysse.
A la faveur d’un incident, Kapp est empêché de participer à l’attaque ; il voit alors la possibilité de s’échapper avec ses hommes en interceptant un bateau de pêche, pour gagner l’Allemagne par la mer. Durant ce voyage, ils vont revivre les principales aventures du roi d’Ithaque dans l’Odyssée de Homère.
Ce roman, sur fond historique réel, est très intéressant pour ce parallèle entre le voyage de Kapp et celui d’Ulysse. Malheureusement, de nombreuses coquilles émaillent ses pages et gâchent un peu la lecture.

C’est une chose étrange à la fin que le monde

cestunechosetrangequelemonde.bmp Roman de Jean d’ORMESSON

Que ceux qui aiment les vrais romans avec une histoire, des personnages, des dialogues, des descriptions, une intrigue, un suspens, un dénouement, ne se laissent pas abuser par la classification « roman » qui paraît sur la couverture du dernier ouvrage de l’auteur. Car ce n’est pas un roman dans le sens classique du terme. Jean d’Ormesson se défend en déclarant que la vie est un roman et que l’univers est une histoire. Certes… Mais ce n’est quand même pas un roman. Il s’agit plutôt d’une longue dissertation sur le monde, son passé et son futur, la place de l’homme dans l’univers, l’existence ou non de Dieu, bref tout ce qui obsède Jean d’Ormesson depuis toujours, vraisemblablement, et qu’il ressasse d’autant plus qu’il approche de son propre terme. Mais alors qu’il nous parle tout au long des deux cent pages du caractère mortel de l’homme, de l’amorce de sa mort dès sa naissance, de la futilité d’une existence qui se compte au mieux en quelques décennies, Jean d’Ormesson parvient à nous enchanter par sa capacité à nous faire partager son amour de la vie et du monde qui l’entoure.
Ceux qui ne l’aiment pas diront qu’il ratiocine ; moi qui l’aime bien, je trouve qu’il écrit toujours aussi merveilleusement bien, même si toute cette littérature a un goût de déjà lu. Et le titre, à lui tout seul sinon un poème en tout cas un parfait alexandrin, illustre bien le propos du livre dont on découvre chaque phrase avec bonheur tant les mots agencés par l’auteur enchante le lecteur qui veut bien se laisser bercer par la musique qui s’en dégage.

Un monde sous influence

unmondesousinfluence.jpg roman de John BORING

Comme l’indique le titre, le monde est sous l’atteinte de la grippe, influenza selon l’appellation scientifique.
Après quelques morts suspectes au Cameroun, les Docteurs Jean Caspier et Maria Ruiz, médecins à l’OMS mais également agents secrets pour leurs gouvernements respectifs, sont envoyés sur place. Ils découvrent assez rapidement que les victimes ont contracté le virus de la grippe H2N2 et échappent eux-mêmes de justesse à un attentat. Ils acquièrent très vite la conviction qu’ils sont en présence d’une redoutable arme bactériologique que détiennent quelques fous membres d’une secte prête à éradiquer le genre humain.
L’histoire que nous raconte John Boring, qui n’est d’ailleurs pas du tout ennuyeux en dépit du curieux nom de plume qu’il a adopté, fait bien sûr penser à la crise que nous avons récemment connue avec la pandémie de la grippe H1N1. Avec notre couple d’agents secrets, un peu moins glamour que James Bond et ses girls, nous suivons l’évolution du drame qui se joue à l’échelle mondiale et dont l’issue ne peut être que fatale. A moins de trouver une solution pour sauver la planète…

L’ouvrage, quoique publié en autoédition, est d’assez bonne qualité et intéressant car on se demande jusqu’où va la fiction…

 

Mara

mara.jpg Roman de Mazarine Pingeot

Manuel et Mara, deux Français à Tanger, forment un couple étrange, énigmatique et attirant. Lorsque Hicham les découvre, entre la vie et la mort, il décide de les sauver et de s’occuper de Mara. Attiré par la jeune femme, il cherche à percer le secret qui l’entoure. Quand elle le lui révèle, il est trop tard ; le jeune Marocain est happé dans l’univers aux frontières de la destruction de cette jeune femme à la recherche de ses origines. Hicham lui promet de l’aider, quoi qu’il lui en coûte.
Un amour interdit, une relation triangulaire, un mélange de culture, autant d’ingrédients qui font de cette histoire originale un roman palpitant avec en toile de fond une page noire de l’Histoire algérienne.
Très bien écrit, avec une fabuleuse analyse des rapports humains et de la psychologie de cette femme en quête d’identité. A lire absolument.

Pourquoi le ciel est bleu

pourquoilecielestbleu1.bmp Roman de Christian SIGNOL

Julien, orphelin de père, ne sait ni lire ni écrire. Pour échapper à la condition de domestique que lui propose le propriétaire du domaine qui emploie déjà sa mère, le garçon décide de devenir maçon. Il rencontre Hélène, se marie et devient père. C’est alors qu’éclate la Première Guerre mondiale. Grièvement blessée à la main droite, il est démobilisé mais ne peut reprendre son ancien métier car il n’a pas retrouvé l’usage de cette main qui fait de lui un handicapé à vie. Malgré tout, aux côtés d’Hélène qui parvient tant bien que mal à calmer ses colères, il avance dans la vie avec pour objectif de rendre l’existence de ces enfants moins précaire que la sienne.
Un beau roman, plein de dureté, d’âpreté et de violence, mais aussi d’amour, de compréhension et d’espoir. L’auteur se dévoile beaucoup dans ce livre puisqu’il parle de ses grands-parents sans les dissimuler sous les pseudonymes de personnages fictifs.

Les Dames de la Ferrière

lesdamesdelaferrire.jpg Un roman de Christian SIGNOL

Suite des Messieurs de Grandval.
On retrouve Antoine, le petit-fils de Fabien, qui prend la plume à son tour, pour écrire son histoire et celle de la famille.
Comme tous les Grandval, Antoine et son frère Grégoire sont attirés par les filles d’un de leurs métayers, Laurine et Sabrina. Grégoire s’est réservé Laurine, mais la jeune fille préfère Antoine et disparaît quelques jours avant son mariage avec Grégoire. Le garçon en conçoit de l’amertume et de l’animosité envers son frère qu’il soupçonne de trahison. Il met tout en œuvre pour retrouver celle qu’il veut et tous les moyens, même les plus vils, seront bons pour se l’approprier.
Un roman qui balaie l’histoire des années 30 jusqu’aux années 70 avec des héros qui participent malgré eux aux évènements qui agitent le monde et qui doivent affronter un destin commun, de génération en génération.
Un roman bien écrit et plaisant, même si, bien sûr, on a une impression de déjà lu.

Les Messieurs de Grandval

lesmessieursdegrandval.jpg Roman de Christian Signol

Fabien Grandval, unique héritier d’un maître de forge et petit propriétaire, se heurte à son père lorsqu’il avoue son amour pour Lina, la fille d’un de leurs métayers.
Chassé du domaine, il ne revient que des années plus tard, juste avant la mort de son père. Il a en vain cherché Lina, chassée elle aussi, et s’est décidé à épouser la fille d’un notaire. Mais, il retrouve Lina par hasard et apprend qu’elle est mariée. Puis elle disparaît de nouveau pour suivre son mari à Paris. Fabien perd sa trace et commence à oublier cet amour de jeunesse fait pour durer, jusqu’au jour où il reçoit une courte missive : Lina est en train de mourir…
Premier tome d’une saga familiale dont Christian Signol est passé maître. L’histoire commence en Périgord au milieu du XIXe siècle et se termine en 1910. Comme toujours très bien écrit, même si on a un peu une impression de déjà lu…

Le temps de l’amour

letempsdelamour.jpg Roman de Colleen McCullough

A seize ans, Elisabeth est donnée en mariage à un cousin plus âgé, parti faire fortune en Australie, contre une jolie somme d’argent. Elle quitte donc son Ecosse natale pour aller rejoindre cet homme, Alexander Kinross, qu’elle n’a jamais vu. Dès les premiers instants, elle pressent qu’elle n’aimera jamais son époux ; quant à lui, frustré par l’attitude soumise de sa femme frigide, il retourne rapidement se consoler dans les bras de Ruby, une ancienne prostituée devenue patronne d’un hôtel. Elisabeth se morfond malgré l’amitié sincère et réciproque qu’elle développe envers la maîtresse de son mari. Entourée de domestiques qui s’occupent de sa maison et de ses deux filles, elle attend le jour improbable où elle sera enfin libérée d’Alexander…
L’auteur du succès planétaire « Les oiseaux se cachent pour mourir » et de l’excellent « Tim » n’a pas réussi à m’enthousiasmer dans cet ouvrage qui date déjà de plusieurs années. L’histoire est lente à démarrer, on n’accroche pas vraiment et alors qu’on attend l’arrivée du prince charmant pendant les trois quarts du bouquin, la fin est un peu bâclée et on se heurte à quelques invraisemblances.
Bref, pas indispensable dans le sac de plage !

Un roman français

unromanfranais.jpg Roman de Frédéric Beigbeder

Alors que son frère aîné s’apprête à recevoir la Légion d’honneur, Frédéric Beigbeder est mis en garde-à-vue pour usage de stupéfiants sur la voix publique. Le romancier a en effet pris un rail de coke sur le capot d’une voiture en plein Paris.
Parce que la garde-à-vue, contre toute attente, se prolonge dans des conditions humaines très indignes, l’écrivain se met à écrire dans sa tête, seul remède au désespoir face à l’incompréhension de sa détention qui perdure.
Alors qu’il croyait son enfance oubliée, alors qu’il clamait haut et fort ne détenir aucun souvenir de sa jeunesse, les anecdotes petit à petit refont surface et le forcent à analyser ces années durant lesquelles il fut en lutte contre ce grand frère, cet autre lui-même, ce presque jumeau, à la fois si semblable et si différent.
L’emprisonnement accule l’homme et transcende l’écrivain. Frédéric Beigbeder se met à nu dans ce livre très intimiste. Il ne se passe pas grand-chose et pourtant, on accroche et on s’émeut. L’écriture ciselée de cet ouvrage justifie le Prix Renaudot attribué à son auteur en 2009.

L’enfant des autres

lenfantdesautres.jpg Roman de Jacquelyn Mitchard

Georgia, atteinte d’un cancer en phase terminale, et son mari Ray, trouvent la mort dans un accident de voiture. Reste leur petite fille Keefer, âgée d’un an. Le couple, par testament, avait exprimé leur voeu que leur enfant, en cas de décès, soit élevée par Gordon, le jeune frère de Georgia qui vit près de ses parents. Keefer est d’ailleurs très attachée à ses grands-parents maternels.
Mais voilà que la famille de Ray se manifeste pour avoir la garde de l’enfant. Et comme Georgia et Gordon ont été adoptés et qu’aucun lien du sang ne les unissait, les grands-parents paternels de Keefer demandent que l’enfant soit confié à leur fille et leur gendre qui ne peuvent pas avoir d’enfant ensemble.
Mais Gordon, et surtout Lorraine, sa mère, ne l’entendent pas de cette oreille. Une bataille juridique s’engage autour de la petite fille.

Les gens

lesgens.jpg Roman de Philippe LABRO

Il y a Maria en Californie, Caroline et Marcus à Paris. Ces trois personnages très différents, qui évoluent dans des milieux socioprofessionnels distincts les uns des autres, ont en commun le manque d’amour et cette volonté de réussir malgré tout. Pour y parvenir, chacun ne montre que la partie émergée de leur personnalité dans une société où l’apparence prime sur la profondeur de l’être. Ces trois vies, traitées parallèlement dans la première partie du roman, vont se rencontrer et se révéler.
Philippe Labro réussit là un très beau roman, avec des styles opposés selon qu’il traite de la jeune Américaine paumée sur les routes, la jeune Parisienne coach très tendance dans le milieu aisé de la capitale et Marcus, animateur vedette du petit écran et prisonnier de l’image qu’il s’est forgée.
Ces trois destins s’articulent bien, l’auteur force à peine le trait pour évoquer certains clichés sans tomber tout à fait dans la caricature.
Un roman contemporain avec des expressions et des préoccupations très contemporaines, néanmoins bien écrit et très intéressant.

Asmara et les causes perdues

asmara.jpg Roman de Jean-Christophe RUFIN

A Asmara, ancienne capitale coloniale italienne, Hilarion Grigorian, Arménien d’Erythrée, octogénaire à la plume bien pendue, nous livre son journal intime.
En 1985, une mission humanitaire arrive en Ethiopie pour secourir les milliers de victimes de la famine, quelque part plus au sud. Des Français, Grégoire, Benoît, Jérôme, Odile et Mathilde, un Américain, Jack, et un Suisse, Gütli, débarquent à point pour sauver le vieillard de l’ennui. Témoin cocasse des magouilles et querelles internes comme des grandes stratégies gouvernementales, Hilarion nous dévoile les dessous de l’humanitaire, une micro société où l’altruisme n’est qu’un leurre et ses acteurs des hommes et des femmes en proie à leurs passion et leurs désillusions.
Un roman très bien écrit qui aborde un sujet méconnu et démystifie l’action humanitaire.

Un chien de saison

unchiendesaison.jpg Roman de Maurice DENUZIERE

Félix, jeune quadra célibataire, mène une vie tranquille dans sa maison située dans un quartier chic de Paris tenue par une servante espagnole.
Lorsque Henry, son meilleur ami,, et son épouse Irma, qu’il avait convoitée avant qu’elle ne lui soit chipée par Henry, lui demande de garder leur chien pour trois semaines, Félix hésite car son logement n’est pas du tout conçu pour héberger un boxer de quarante kilos. Par amitié, il cède. Trois semaines plus tard, au lieu de se réjouir du départ de Néron, Félix regrette la présence du chien et commence à déprimer.
Un roman très agréable avec des situations que les propriétaires de chiens apprécieront même si l’auteur force volontairement le trait. Très drôle et très bien écrit.

Le sumo qui ne pouvait pas grossir

lesumoquinepouvaitpasgrossir.jpg Un roman d’Eric-Emmanuel SCHMITT

Jun, adolescent japonais orphelin de père, vit seul dans les rues de Tokyo, persuadé que sa mère ne l’aime pas. Un jour, il rencontre le maître d’une école de sumo et ses ennuis commencent. Le bonhomme ne cesse de lui dire qu’il voit « un gros » en lui alors qu’il est maigre et osseux. Pour avoir la paix il finit par se rendre à un match de sumos grâce au billet d’entrée offert, puis s’inscrit aux cours. En dépit de ses difficultés à atteindre le poids minimum requis, Jun semble effectivement plutôt doué. Mais qui est donc ce curieux maître qui veut le révéler à lui-même ?
Un conte philosophique sympa, toutefois pas le meilleur Eric-E. Schmitt.

La consolante

laconsolante.jpg Un roman d’Anna GAVALDA

Lorsque Charles reçoit un avis de décès, il ressent comme un coup de poignard dans le coeur. Puis il se reprend, jette le carton à la poubelle et retourne à sa vie.
Architecte, il passe plus de temps dans les aéroports du monde entier que chez lui. Chez lui, c’est en fait chez Laurence, la femme dont il partage l’existence depuis une dizaine d’années. Entre deux avions, il voit aussi Mathilde, quatorze ans, la fille de Laurence et aussi un peu la sienne depuis toutes ses années.
Au milieu d’un vol pour Moscou, il craque. Les quelques mots lui annonçant la mort d’Anouk, la mère d’un ami d’enfance qu’il a perdu de vue, ont fait leur travail de sape. Dès lors, la vie ne sera plus tout à fait la même. Ce décès, déclencheur d’une longue remise en question, sera-t-il un mal pour un bien ?
Du pur Gavalda avec son style bien à elle, télégraphié, parlé, stéréotypé. Les fans seront comblés. Pour moi, sur 600 pages, ce fut un peu trop…

Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites

marclevytoutesceschosesquonnesestpasdites.jpg Un roman de Marc Levy

La veille de son mariage, Julia reçoit un faire-part de décès. Son père, une fois de plus, se distingue par son absence. Et même si le motif est cette fois indépendant de sa volonté, sa fille ne peut s’empêcher de lui en vouloir de cette dernière « vacherie » et de transformer la célébration de son mriage en cérémonie funèbre.
Le lendemain, une énorme caisse est livrée à son domicile. Lorsqu’elle parvient enfin à l’ouvrir, elle découvre à l’intérieur son père, ou plus exactement un robot à son effigie flanqué d’une télécommande. Lorsqu’elle appuie sur le bouton, l’androïde se meut et s’exprime exactement comme ce père qu’elle pense haïr. Il lui propose de partir en voyage avec elle, histoire de mieux faire connaissance ; il dispose d’une autonomie de six jours. Elle peut aussi appuyer sur le bouton de la télécommande pour l’éteindre et faire enlever la caisse…
Du pur Marc Levy, fantasque, gentil, où tout va bien dans le meilleur des mondes. Distrayant.

Lettres de Nuremberg

lettresdenuremberg.gif Recueil de lettres (Christopher J. Dodd & Larry Bloom)

Thomas Dodd fait partie de l’équipe de juristes américains qui compose le tribunal pour le procès le plus fameux de l’Histoire. Son talent et son intégrité le propulsent sur le devant de la scène et il devient le procureur en second. Pendant un an et demi, chaque soir, il écrit à son épouse demeurée aux Etats-Unis avec leurs enfants. Des décennies plus tard, leur fils Christopher tombe sur ce trésor dans le grenier de la maison familiale et décide de choisir dans cette masse de lettres un florilège qu’il décide de publier afin de donner à cette page de l’Histoire une lumière tout à fait inédite et personnelle.
La correspondance est intéressante car elle dévoile les querelles et les manigances qui ont agité les juristes alliés. On peut juste regretter que la politique ait prévalu dans les courriers au détriment du déroulement proprement dit du procès.

Tenir et se tenir

teniretsetenir.jpg Entretiens de Patrick Poivre d’Arvor avec Nathalie Duplan et Valérie Raulin

Qui ne connaît pas PPDA ? Il a présenté, pendant vingt ans, le journal télévisé de 20h, jusqu’en 2008 le plus regardé en Europe. Les amateurs de littérature ont peut-être aussi suivi ses émission « Ex-Libris » et « Vol de Nuit ».  D’autres ont peut-être lu certains de ses livres : « Les enfants de l’aube » écrit à l’âge de 17 ans, « L’irrésolu », « Un héros de passage », « Petit homme ». « Tenir et se tenir » est son cinquantième ouvrage.
Dans ce livre, Patrick Poivre d’Arvor aborde des sujets importants comme la foi, le rapport aux autres, la liberté, l’écriture. L’écriture… car c’est un homme de Lettres avant d’être un homme de télévision.
Ceux qui le trouvaient sympathique découvriront un homme plus profond  encore que l’image envoyée par le petit écran ; ceux qui ne l’aiment pas, s’ils lisent malgré tout son livre, seront peut-être agréablement surpris par la vie intérieure de l’homme public.

Les chemins d’étoiles

lescheminsdtoiles.jpg Roman de Christian SIGNOL

Pour échapper au sort réservé au Juifs, David devient Daniel. Ses parents l’exigent comme ils l’obligent à quitter Paris pour Florac, un village en Lozère. Hébergé dans une ferme, le garçon de dix ans doit attendra la fin de la guerre et le retour de ses parents. Il y a Baptiste et Julia, leur fille Rose et son mari Alphonse, le seul à montrer une certaine hostilité envers l’enfant. Heureusement, il y a aussi Lisa, leur fille, neuf ans mais une cervelle d’oiseau. Les deux enfants s’attachent très vite l’un à l’autre ; Lisa s’apaise à ses côtés et Daniel s’affirme. A elle qui ne parle pas, il peut raconter sa vie d’avant. Mais il y a Alphonse qui n’accepte pas cette amitié, il y a la guerre et les Allemands, les collabos aussi, l’absence des lettres promises…
Un roman poignant sur la différence, l’amitié, le mensonge…

L’irrésolu

lirrsolu.gif Roman de Patrick Poivre d’Arvor

En 1883, à Lyon, Victor, employé dans une fabrique de soie, se retrouve incidemment dans une rafle d’anarchistes et condamné. A sa sortie de prison, alors qu’il harangue ses anciens collègues pour exiger la création d’un syndicat, devenu légalement obligatoire, son ancien patron lui propose de le réintégrer dans l’entreprise, de le promouvoir Chef d’atelier et de lui confier la tête du syndicat. Victor accepte. Beau garçon, il plaît aux femmes et collectionne les conquêtes. Mais l’étiquette d’anarchiste lui colle à la peau. Licencié, il quitte Lyon pour Paris et rencontre Séverine, patronne d’un journal de gauche, amie de Zola. La vie de Victor prend un nouveau tournant.
Pas vraiment anarchiste, pas vraiment amoureux, pas vraiment journaliste, Victor peine à trouver un sens à sa vie.
Une histoire intéressante dans le milieu de la presse parisienne de la fin du XIXe siècle. Bien menée et bien écrite, elle tient en haleine jusqu’au dénouement.

La part de l’autre

lapartdelautre.jpg Roman d’Eric-Emmanuel SCHMITT

Adolf Hitler est recalé à l’Académie des beaux-arts. Adolf H. est reçu à l’Académie des beaux-arts. Ou la minute qui fit basculer la vie d’un adolescent et changea le cours des choses.
Si Hitler, peintre médiocre, avait été admis à poursuivre ses études, il ne serait pas devenu le dictateur que l’on connaît et il n’y aurait pas eu de Deuxième Guerre mondiale. Telle est la thèse de l’auteur qui décrit les deux vies en parallèle, d’un côté l’homme frustré et refoulé, égocentrique, imbu de lui-même, qui ne peut s’épanouir que dans la haine. De l’autre l’artiste tourné vers les autres, toujours doutant de soi, qui avance par des remises en question et s’épanouit dans l’art, l’amitié et l’amour.
Hitler est-il en chacun de nous ? Si nous n’avons pas le choix des diverses personnalités que nous abritons dans notre âme, avons-nous le choix de privilégier telle part de nous pour laisser l’autre dans l’ombre ?
Un roman remarquable sur la dualité et l’enchaînement des circonstances qui font une existence humaine.

L’enfant de Noé

lenfantdeno.jpg Roman d’Eric Emmanuel SCHMITT

1942 en Belgique. Joseph, enfant juif de sept ans, est confié au père Pons, prêtre catholique. Pendant trois ans, il va vivre dans l’orphelinat dirigé par le religieux, sous une fausse identité et une fausse religion. L’enfant s’adapte remarquablement bien au point de vouloir renier sa famille et ses origines.
Un petit livre dans la lignée de « Oscar et la dame rose » avec cette même écriture pleine de fraîcheur qui fait accepter le pire avec le sourire.

Dieu est un pote à moi

dieuestunpotemoi1.jpg Roman de Cyril Massarotto

Vendeur dans un sex shop, il mène une petite vie tranquille jusqu’au jour où Dieu lui révèle qu’Il l’a choisi comme ami. Abasourdi, il prend quelques jours pour se reposer. A son retour, il apprend qu’une étudiante en psychanalyse l’a remplacé. Lorsqu’ils font incidemment connaissance, ils tombent tous deux très amoureux. Ils se marient et ont un enfant. Comme Dieu lui a révélé que leur enfant aura une belle vie, il ne se fait pas de souci tandis qu’Alice angoisse. Pour la rassurer, il lui raconte que Dieu est un pote à lui…
Un récit contemporain qui se lit d’une traite. Original et intéressant, dans une écriture moderne.

Les menthes sauvages

lesmenthessauvages.jpgRoman de Christian Signol
Suite de « Les cailloux bleus », ce roman poursuit l’histoire de la famille Laborie puis Fabre, Philomène et son mari Adrien devenant les personnages principaux de ce deuxième tome.
L’auteur poursuit sa description de la vie à la campagne, sur le Causse aride, dans des conditions de vie très difficiles qui n’empêchent pas le bonheur conjugal et familial. Puis viennent la Seconde Guerre mondiale et celles d’Indochine et d’Algérie, à l’origine de séparations et de pertes douloureuses pour les Fabre.
Même si on connaît déjà toutes les histoires racontées par Christian Signol, qui se ressemblent toutes peu ou prou au fur et à mesure que l’on découvre son oeuvre, on reste attaché à ses livres qui sont toujours remarquablement écrits.

Les cailloux bleus

lescaillouxbleus.jpg Roman de Christian Signol

Etienne, Abel, Philomène et Mélanie sont les quatre enfants, tous nés à la fin du XIXe siècle, de Marie et Guillaume Laborie, métayers de Delaval dans le Quercy.
On retrouve les thèmes chers à l’auteur : la dominance d’un maître sur une région et ses habitants, la difficulté des pauvres gens à survivre, les filles abusées en toute impunité par le fils du maître, la révolte de certains jeunes qui refusent l’ordre établi, les horreurs de la Première Guerre mondiale. L’histoire n’est donc pas originale mais superbement écrite.
A noter que ce roman est le premier de l’auteur qui en a publié depuis de nombreux autres.

Maudit karma

mauditkarma.jpg Roman de David SAFIER

Kim Lange est une animatrice TV très ambitieuse et très égoïste. Son mari Alex et sa fille Lilly, qu’elle aime plus qu’elle ne pense, passent toujours après son travail.
Alors qu’elle prend l’air sur la terrasse d’un grand hôtel après avoir commis l’adultère avec l’animateur TV le plus sexy du PAF, elle reçoit de plein fouet un débris de lavabo d’une station spatiale. Lorsqu’elle reprend ses esprits, elle s’aperçoit qu’elle est une… fourmi ! Bouddah lui apparaît, lui-même en énorme fourmi, pour lui apprendre qu’elle vient d’entrer dans le cycle des réincarnations… à un échelon assez bas – quoiqu’il y ait bien pire comme créatures que les fourmis ! – car elle n’a pas été bonne en Kim Lange.
Pour espérer revenir en femme et retrouver sa famille qui lui manque, elle devra cumuler du bon karma dans ses différentes vies de fourmi, cochon d’Inde, vache, etc. aux côtés d’un certain Casanova.
Pas de la grande littérature mais beaucoup d’imagination et des dialogues décapants. On passe un moment très agréable.

Le temps des fenaisons

letempsdesfenaisons.jpg Chronique de Georges Garillon

Il ne s’agit effectivement pas d’un roman mais de chroniques sur différents thèmes dont le personnage commun et central est Pierre, un enfant puis un adolescent qui obtient le privilège de bénéficier de bourses d’études afin de s’élever au-dessus de sa condition paysanne. Ce titre s’inscrit dans la suite de « Vosges de mon enfance » mais peut se lire indépendamment.
L’auteur, ancien instituteur, utilise dans cet ouvrage une langue française ciselée, colorée, odorante, poétique et riche en vocabulaire. Toutes les choses simples dont il parle, des fenaisons au vêlage et jusqu’aux premiers émois sexuels du jeune garçon, sont écrites dans une langue belle et suave qui coule entre les lèvres du lecteur comme un divin nectar.
Le livre ne tient pas en haleine car il ne se passe finalement pas grand-chose, mais c’est de la très belle littérature.

Ils rêvaient des dimanches

ilsrevaientdesdimanches.jpg Roman de Christian Signol

Germain, né de père inconnu, vit dans le Lot chez une cousine de sa mère, partie travailler à Paris. Le garçon ne vit que dans l’attente des rares visites d’Eugénie et l’espoir qu’elle tienne sa promesse de revenir vivre au pays avec lui. Elle tient effectivement sa promesse, mais la vie est dure et Eugénie, qui a trouvé un mari, n’a d’autre choix que placer son fils chez des paysans lorsqu’elle se retrouve subitement veuve avec un enfant en bas-âge. A douze ans, Germain doit quitter l’école, sa mère et sa maison pour une vie de labeur en échange du gîte et du couvert.
Très vite, Germain a la certitude qu’il doit quitter la terre pour assurer son avenir. Il saisit l’opportunité de devenir boulanger et s’assure ainsi une relative aisance.
Dans ce roman, Christian Signol raconte la vie de son grand-père maternel.
Très bien écrit, ce livre ne tient cependant pas le lecteur en haleine comme les précédents.

Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates

lecerclelittraire.jpg Roman de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Juliet Ashton, écrivain anglais, est à la recherche d’un nouveau sujet de roman. En ce début d’année 1946, la guerre est encore bien présente dans les esprits.
Elle reçoit un jour un courrier d’un habitant de Guernesey et commence une correspondance avec lui. Ce qu’il lui raconte de son expérience de l’occupation allemande la fascine  au point qu’elle décide de se rendre sur l’île pour faire connaissance avec cet homme et ses ami(e)s qui ont créé ce fameux cercle littéraire des amateurs de tourte aux épluchures de patates, une trouvaille de génie pour éviter les représailles d’une patrouille allemande.
Un roman épistolaire un peu déroutant au début, mais très vite passionnant avec ses personnages plus truculents les uns que les autres. Qualité d’écriture, originalité et humour font de cet ouvrage un livre vraiment à part qui vaut vraiment la peine d’être lu.

Les déferlantes

dfermantes.jpg Roman de Claudie GALLAY

Elle est à la Hague pour une mission ornithologique, il arrive un jour de tempête. Elle est là surtout pour essayer de retrouver le goût de vivre sans celui que la mort lui a enlevé ; il est revenu pour vendre sa maison et surtout pour essayer d’élucider le mystère du naufrage de ses parents avec son petit frère alors âgé de deux ans. Les anciens du village ont reconnu Lambert et le regardent avec méfiance ; Lili aussi, derrière le comptoir de son bistrot, l’a reconnu. Théo, le vieux gardien du phare le jour de ce naufrage, n’est pas non plus surpris de le voir surgir. Autour de ces quatre personnages centraux en gravitent d’autres : Nan, une vieille folle qui prend Lambert pour Michel, Raphaël le sculpteur, Morgane sa soeur nymphomane, Max l’idiot du village fou d’amour pour Morgane et les mots du dictionnaire, Monsieur Anselme un ami de Prévert, et la mer bien sûr…
Ce n’est pas de la grande littérature, mais il y a un style et surtout une atmosphère qui envoûte le lecteur.

Les bienveillantes

bienveillantes.jpg Roman de Jonathan Littell (Prix Goncourt 2006)

Ce roman, difficile d’accès par sa forme (1400 pages d’une écriture très serrée avec des dialogues sans tiret et retour à la ligne mais guillemets à la suite de la phrase précédente) et son fond (scènes de massacre très crues) est de ceux qui ne laissent pas indifférents. Arrivée au bout de ce monument, j’ai refermé le livre et suis restée quelques minutes immobile, dans l’attente que les derniers mots aient fini de résonner dans ma tête.
Malgré son titre, qui renvoie à une tragédie grecque, ce livre n’est pas bienveillant envers le régime nazi dont il est question du début à la fin. Son propos n’est pas d’inverser les rôles et de faire des bourreaux des victimes. Simplement, il incite à la réflexion sur la condition de bourreaux, pas toujours facile à assumer par tous les nazis qui ont participé, de près ou de loin, aux massacres que l’on sait.
Maximilian Aue, allemand par son père et français par sa mère, n’entre pas dans la SS par conviction mais pour sauver sa peau. Pour faire simple – mais les choses sont en réalité beaucoup plus complexes et compliquées – Max est homosexuel ; or dans l’Allemagne nazie de Hitler, cette « déviance » pouvait le mener devant le peloton d’exécution. Juriste, intellectuel amateur d’art, Max fait la connaissance de Thomas qui le sauve de la mort en lui proposant d’entrer dans la SS. Ainsi le jeune homme va-t-il être témoin de l’extermination massive des juifs, de la bataille de Stalingrad et de la chute de Berlin.
Le récit, écrit à la première personne, est très cru, très violent ; aucun détail des abominations perpétrées par les nazis et de la souffrance endurée par les uns et les autres n’est épargné au lecteur. Max, observateur chargé de rédiger des rapports à l’intention du Führer, ne participe pas directement aux exterminations. Néanmoins, il est coupable, comme tous ceux qui tuaient sur ordre d’un supérieur pour ne pas devoir mourir eux-mêmes d’une balle dans la nuque en cas d’insubordination. Car si les guerres, toujours, ont été l’occasion rêvée pour certains d’assouvir leurs vils instincts, elles sont pour beaucoup d’autres l’obligation de donner la mort sans désir ni conviction personnelle.
Voilà la question que pose ce roman : celui qui tient l’arme est-il plus coupable que celui qui ordonne l’exécution ? Le soldat sur le terrain est-il plus coupable que les généraux qui mènent les opérations de leur QG ? Le bourreau qui actionnait la guillotine était-il plus coupable d’assassinat que l’avocat général qui avait requis la peine de mort et les jurés qui avaient prononcé la sentence ? Le SS de base qui tirait une balle dans la nuque des juifs était-il plus coupable que Hitler qui avait engagé la Shoah ? Est-ce le sang sur les mains des uns qui les rend responsables des crimes organisés par d’autres ? Le chef d’un Etat qui déclare la guerre à un autre Etat n’est-il pas déjà coupable des crimes futurs ; par extension, tous les habitants de ce pays ne sont-ils pas coupables de la mort des milliers de gens du pays attaqué, tout comme les Allemands dans leur ensemble sont tenus responsables de la Shoah ?
Enfin ce livre, dérangeant de la première à la dernière page, renvoie à l’éternelle question, leitmotiv entêtant jusqu’à l’agacement : qu’aurais-je fait si j’avais été un jeune Allemand en 1939 ?

Ma vie en fauteuil roulant

mavieenfauteuilroulant.jpg Autobiographie de Jean-Jacques Badie

L’auteur a une cinquantaine d’années lorsqu’il contracte la sclérose en plaques et se retrouve assez rapidement en fauteuil roulant. Il nous raconte sa vie au quotidien et dénonce les dysfonctionnements de la machine administrative française.

Ecrit avec humour.

 

Oscar et la dame rose

oscaretladamerose.jpg Conte d’Eric-Emmanuel Schmitt

Oscar, 10 ans, est un petit garçon leucémique en phase terminale. Personne n’ose lui parler de la mort, encore moins lui dire qu’il n’en a plus que pour dix jours. Mamie-Rose, visiteuse d’hôpital qui se fait passer pour ancienne championne de catch pour illustrer ses propos de jolies métaphores, va l’aider à vivre pleinement ses derniers jours et atteindre un niveau élevé de spiritualité. Elle commence par lui proposer d’écrire chaque jour une lettre à Dieu pour lui parler de sa journée et formuler un voeu.
Un émouvant conte philosophique sur le courage des enfants malades face à la lâcheté des adultes.

La promesse des sources

lapromessedessources.jpg Roman de Christian Signol

Constance Pagès, la quarantaine, divorcée et maman d’une adolescente, vit et travaille à Paris où elle a, comme on dit, réussi sa vie professionnelle.
Pourtant, lorsque son père décède, à son arrivée dans son Aubrac natal, le passé la rattrape et la submerge. Au village, certains souhaitent qu’elle vende la coutellerie paternelle tandis que d’autres espèrent que la fille du Père Pagès, partie vingt ans plus tôt pour la capitale et jamais revenue au pays, prendra la relève. Contre toute attente, Constance donne sa démission, vend son appartement parisien et part avec sa fille, contre son gré, en Aveyron pour essayer de sauver la fabrique de son père et les emplois de quelques ouvriers.
Outre les difficultés économiques contre lesquelles elle va courageusement se battre, Constance va aller de surprise en surprise.
Un livre agréable à lire, comme souvent les Signol. Dommage que l’on devine la fin assez vite…

L’enfant des Terres blondes

lenfantdesterresblondes.jpgRoman de Christian Signol

Vincent, dix ans, ne vit que pour sa mère, déséquilibrée et muette à la suite d’un grand choc émotionnel. Un terrible secret entoure la naissance du garçon, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Dans ce petit village de la vallée de la Dordogne, tous se taisent, soi-disant pour le protéger. Il faudra l’insulte d’un autre enfant, dans la cour de récréation, pour que les langues se dénouent et délivre enfin l’enfant, sinon la mère.
Un excellent Signol sur un enfant grandi trop vite à cause de ces fameux secrets de famille qui font tant de mal car ils finissent toujours par exploser à la tête de celui que l’on veut préserver…

Ma plus belle histoire, c’est vous

sgolneroyal.jpgEssai de Ségolène Royal

Dans ce livre, la candidate aux dernières élections présidentielles raconte tout sur la campagne, de sa candidature au vote des Français, de la différence de traitement par les médias entre son adversaire et elle, des coups bas des ténors du PS, de sa communion avec les militants, etc. Sans agression envers Sarkozy ni complaisance pour elle-même, elle analyse la campagne afin d’en tirer des leçons pour l’avenir.
Sorti en 2007, ce livre attendait que ma déception de ne pas voir la candidate du PS accéder à la présidence du pays soit un peu retombée. A la lecture de chaque page, la colère me revenait. Comment ses « camarades » ont-ils pu la laisser aussi seule ? Pourquoi certains lui ont-ils même mis des bâtons dans les roues ? Sarkozy n’avait pas besoin de la « descendre », ses propres « copains » s’en chargeaient.
Avoir réussi un si bon score avec aussi peu de soutien est une performance. Et si les électrices s’étaient davantage mobilisées… Mais on ne réécrit pas l’histoire, on la continue. En 2012, Ségolène Royal sera plus forte de son échec de 2007.

L’ultime secret

ultimesecret.jpg Roman de Bernard Werber

Samuel Fincher, neuropsychiatre et champion du monde des échecs, vient de battre l’ordinateur dernière génération. Sous les applaudissements, il part avec sa fiancée, un top model. Quelques heures plus tard, on apprend la mort du médecin, officiellement décédé de plaisir dans les bras de sa fiancée.
Lucrèce Nemrod, pigiste, enquête sur l’affaire. Pour l’aider, elle fait appel à Isidore Katzenberg, journaliste scientifique. Tous deux sont en effet convaincus que Samuel Fincher a été assassiné suite à une incroyable découverte sur le fonctionnement du cerveau humain.
Un bon livre de science fiction, même si l’auteur se prend parfois pour un maître d’école en face de nous, ses lecteurs ignares…

Confessions d’un baby-boomer

confessionsdunbabyboomer.jpg Autobiographie de Thierry Ardisson avec Philippe Kieffer

Ceux et celles qui, comme moi, aiment ou ont aimé « l’homme en noir » apprécieront cette biographie de l’animateur de « Tout le monde en parle » (entre autres !) écrite par le journaliste Philippe Kieffer d’après les entretiens qu’il a menés avec le célèbre animateur.
La personnalité complexe de Thierry Ardisson est exposée dans ce livre dans lequel on a l’impression de suivre le travail d’investigation du journaliste. On y retrouve le franc-parler et les expressions favorites (y compris ses plus fameuses grossièretés !…) de Thierry Ardisson qui se met à nu dans cette biographie écrite à un moment où il se trouvait un peu au creux de la vague. On découvre un homme hors du commun qui s’est glissé sur le devant de la scène à la force du poignet.
Ceux et celles qui n’aiment pas Thierry Ardisson s’abstiendront d’ouvrir le livre car l’animateur n’étant pas complaisant avec lui-même, le téléspectateur récalcitrant à l’image de cet homme de médias hors normes ne pourra être que conforté dans son aversion…

Windows on the world

windowsontheworld.jpg Roman de Frédéric Beigbeder

11 septembre 2001 8h46 : un Boeing 767 d’American Airlines transportant 92 passagers dont 11 membres d’équipage s’est encastré dans la face Nord de la tour n°1 du World Trade Center, entre le 94e et le 98e étage. Aucune des 1344 personnes prisonnières des 19 étages supérieurs à cet impact n’a survécu.
Donc aucun témoignage de ce que ces victimes ont vécu durant les quatre-vingt-deux minutes qui se sont écoulées entre l’impact et l’effondrement de la tour.
Alors Beigbeder invente… Un père divorcé a emmené ses deux fils, Jerry et David, respectivement neuf et sept ans, prendre leur petit déjeuner au Windows on the world, le restaurant au sommet de la tour nord du WTC. Minute par minute, l’auteur décortique le scénario catastrophe ; parallèlement, il nous parle de lui-même, de son émotion, de son désir d’écrire sur l’évènement ou plus exactement sur son incapacité immédiate à écrire sur autre chose.
Hormis une certaine grossièreté gratuite dans certains propos, le livre est intéressant car original. Evidemment, pour ceux qui aiment le suspense, c’est raté, car l’histoire, comme chacun sait, se termine mal…

Un instant d’abandon

unmomentdabandon.jpg Roman de Philippe Besson

C’est presque un huis clos : une petite ville côtière d’Angleterre, un homme qui sort de prison, un Pakistanais, une fille mère, un co-détenu.
Thomas a été condamné suite à la mort de son petit garçon lors d’une sortie en mer par mauvais temps. Sa femme l’a quitté et lorsqu’il revient chez lui, cinq ans plus tard, il sent bien qu’il n’est pas le bienvenu. Sauf pour Betty. Amoureuse de Thomas, cette jeune femme mère d’un bambin est prête à lui donner une seconde chance malgré les murmures à peine dissimulés des habitants. Rajiv, l’épicier pakistanais, lui ouvre également son arrière-boutique, lui offre une tasse de thé et son oreille. Et puis Luke en filigrane, son compagnon d’infortune. La rédemption est au bout du chemin, mais à quel prix…
Un très bon roman de Philippe Besson, très bien écrit, avec pudeur et justesse des sentiments.

Ulysse from Bagdad

ulyssefrombagdad.jpg Roman de Eric-Emmanuel SCHMITT

Il s’appelle Saad Saad, ce qui signifie en arabe Espoir Espoir et en anglais Triste Triste. Irakien, Bagdadi, il décide de quitter son pays après la mort de son père, de plusieurs beaux-frères, de sa nièce préférée et la disparition de Leila, sa fiancée, suite à l’explosion de son immeuble sous une bombe.
Son périple le mène au Caire puis en Italie où il vit une brève histoire d’amour avant de repartir, parce qu’il ne peut oublier Leila, vers la France et enfin l’Angleterre, terre d’asile de ses rêves. Durant ce voyage périlleux, le fantôme de son père, aussi intellectuel que de son vivant, le suit et l’accoste régulièrement pour l’aider à sa manière.
Un livre très bien écrit dans lequel les descriptions de l’état de clandestin sont décrits avec beaucoup d’humour sans en masquer la triste réalité. Un récit plein d’espoir sans tomber dans la médiocrité d’un happy end fleur bleue.

Les émeraudes de Marainville

lesemeraudesdemarainville.jpg Roman de Jean-Camille HANUS

Juillet 1830, à Marainville-sur-Madon en Lorraine, la marquise de Tournevent donne une réception dans son château à l’occasion de son cinquantième anniversaire. Outre ses trois enfants, la veuve a réuni une quinzaine d’amis et de connaissances, tous d’horizons et de sensibilité politique différents. L’atmosphère est électrique, tant au dehors qu’autour de la table, tandis que le couple de domestiques s’affaire. A la faveur d’un coup de vent qui éteint toutes les bougies, le somptueux collier de la marquise disparaît. Heureusement, parmi les convives se trouve un détective…
Ouvrage autoédité, plutôt bien écrit malgré quelques clichés, plaisant à lire avec des répliques en patois lorrain. Heureusement, l’auteur a fourni un petit lexique en fin d’ouvrage !

Tomber sept fois, se relever huit

tomberseptfois.jpg Témoignage de Philippe Labro

L’auteur de « Le petit garçon » et de nombreux autres romans nous parle dans ce livre de la terrible dépression nerveuse dont il a été victime. En revenant sur ce mal, la « broyeuse » comme il l’appelle, il en explique les rouages, les traitements, les thérapies diverses, les souffrances du malade et de son entourage, les chances de mieux-être. Bref, il décortique sa dépression pour la mieux comprendre et faire comprendre, espérant que son expérience servira à d’autres.
Une preuve supplémentaire que l’écrivain, de tout, se nourrit…

Le rapport de Brodeck

lerapportdebrodeck.jpg Roman de Philippe Claudel

Brodeck, à peine revenu de « là d’où l’on ne revient pas », est contraint d’écrire un rapport sur un événement dramatique qui vient de se passer au village. Ce « rapport » sera pour lui l’opportunité de dire toutes les choses qu’il a tues depuis bien longtemps.
Ce roman, très noir, se situe dans une contrée et dans une époque suggérées : un territoire frontalier de l’Allemagne , avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
Dans cet ouvrage, Philippe Claudel décrit, une fois de plus, tout ce que l’homme a de plus vil en soi.
Un livre superbement écrit qui ne laisse aucune illusion au lecteur sur l’humanité…

Où on va, papa ?

oonvapapa.jpg Témoignage de Jean-Louis Fournier

Ce livre aurait pu être un roman ; il se trouve qu’il relate la vraie vie d’un homme père de deux enfants lourdement handicapés. Après la naissance de Mathieu, le couple « remet » ça parce qu’on ne peut pas avoir deux fois de suite la malchance d’engendrer un enfant anormal. Eh bien, si ! Thomas naît avec les mêmes déficiences que son frère, peut-être à un degré moindre. Il n’empêche que Jean-Louis Fournier et son épouse auront un troisième enfant, cette fois une petite fille, tout à fait normale.
Avec beaucoup d’humour destiné à cacher la souffrance, l’auteur nous livre des bribes de vie, des anecdotes vécues avec ses deux gamins « qui ont de la paille dans la tête », les blessures d’un père sans cesse confronté à la normalité des autres gosses et à la maladresse voire la bêtise de certains parents qui remuent le couteau dans la plaie.
Un récit court très émouvant et très bouleversant car J.L. Fournier, sans chercher à se plaindre ni à donner des leçons, ne s’épargne pas et n’épargne pas le lecteur. A lire absolument pour essayer de porter un regard différent sur le handicap.

Alabama song

alabamasong.bmp Roman de Gilles Leroy

Prix Goncourt 2007, ce livre nous emmène dans l’univers de Zelda Sayre Fitzgerald, épouse de Scott Fitzgerald qui connut la gloire très jeune avec son premier roman « L’envers du Paradis ». Devenu la coqueluche des soirées branchées du New-York des années 20, le jeune couple ne survivra pas à la célébrité et sombrera dans la déchéance par l’alcool et la folie.
L’auteur s’est glissé dans la peau d’une femme pour évoquer les souffrances d’une épouse vampirisée par son époux célèbre.

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