Archive pour la Catégorie 'Livres lus'

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Une si belle image

Une si belle image dans Livres lus une-si-belle-image-150x150Roman de Katherine PANCOL

Jacqueline Bouvier, de sang français par son père et irlandais par sa mère, est née à New York en juillet 1929. Ses parents ne sont pas riches mais aisés grâce à la fortune des Lee, les grands-parents maternels. Très tôt, la petite Jacqueline va apprendre à maîtriser ses émotions et à faire semblant. Elle apprend aussi à craindre l’abandon et finit par succomber au syndrome de l’abandon lorsque ses parents se séparent. Ils se disputent beaucoup et la petite fille, adulée par son père, devient rapidement l’otage du couple. Avec son père, Jackie apprend à séduire et à manipuler.
Elle épouse John Fitzgerald Kennedy en dépit de la désapprobation de sa mère. Janet Lee juge le garçon en effet pas assez bien pour sa fille. Mais Jackie est attirée par ce jeune homme qui ressemble à son père par son côté séducteur. JFK en revanche épouse Jackie par devoir, par obéissance au père, Joe Kennedy, qui voit en Jackie un atout majeur pour l’ascension de son fils. Jackie, malgré son admiration pour John, est vite déçue par les frasques amoureuses de son mari qui ne pense qu’à détrousser les filles. Malgré tout, elle a à cœur de sauver les apparences et fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider John dans sa campagne présidentielle. Devenue First Lady, elle tient son rôle à la perfection et John finit par éprouver de l’estime, non pour l’épouse mais pour la femme de bon conseil et la belle image qu’elle donne du couple Kennedy vers l’extérieur.
Avant de perdre son époux, Jackie Kennedy connaît déjà l’épreuve de perdre deux enfants. Puis c’est l’assassinat du président. Jackie alors ne pense plus qu’à sauver ses enfants, à la fois des fous et du clan Kennedy qu’elle croit frappé de malédiction après l’assassinat de Robert. Elle accepte alors d’épouser Aristote Onassis, le richissime armateur grec qui avait rompu avec la Callas. Mais l’idylle sera de courte durée et le couple bat de l’aile. Pour survivre, Jackie dépense sans compter ; c’est sa façon d’exister et hormis ses deux enfants, Caroline et John John, elle n’a plus que les dollars d’Aristote pour lui prouver qu’elle est encore vivante…
Ce n’est pas un roman bien sûr, ni vraiment une biographie, mais le roman de la vie de Jacqueline Bouvier Kennedy Onassis, une femme en avance sur son temps qui aurait pu faire de sa vie une belle aventure si elle n’avait eu les ailes brisées dès l’enfance.

 

 

 

 

Un homme d’Ouessant

Un homme d'Ouessant dans Livres lus un-homme-douessant-150x150  Roman de Henri QUEFFELEC

Laurent Brenterch, natif d’Ouessant, petite île bretonne au nord-ouest du Conquet, à une vingtaine de kilomètres du continent, est revenu d’Amérique où il a combattu avec d’autres Ouessantins dans la guerre d’Indépendance. Nous sommes en effet un peu avant la Révolution et les « Américains », comme on appelait ceux partis se battre de l’autre côté de l’océan, bénéficient d’un certain prestige. Mais Laurent, surnommé Miserere, soucieux de faire découvrir les bienfaits de la pomme de terre à ces concitoyens en plantant son propre jardin, est cependant désavoué par le recteur de l’île. En effet, célibataire endurci, l’homme repousse Françoise Méar, veuve et mère de trois jeunes enfants.
En raison des naufrages, l’île d’Ouessant, comme toutes les autres îles, a une forte population féminine : de nombreuses veuves bien sûr, plus ou moins jeunes, et des filles en attente de mariage. Laurent Brenterch, homme courageux, fort et intelligent, est donc très convoité depuis son retour. Son attitude hostile au mariage, que ces compagnons risquent d’imiter pour plaire à leur chef, risque de mettre en danger l’équilibre démographique de l’île. Aussi Monsieur Hamon, le recteur de l’île, se voit-il contraint à excommunier ce paroissien rétif pour frapper les esprits et faire réfléchir les hommes en âge de repeupler cette terre.
Outre sa résistance à une vie matrimoniale, Laurent Brenterch incarne le désir du changement et d’amélioration des conditions de vie des îliens ; en même temps, cette tendance à la modernité se heurte à la tradition du pillage des bateaux naufragés.

Autant « Un recteur de l’île de Sein » m’avait ennuyée, autant la lecture de ce roman m’a intéressée – non pas passionnée mais presque – par le personnage central tout en contraste que plante l’auteur dans un décor grandiose où l’on entend les vagues se briser sur les falaises.
L’écriture est belle, les formulations parfois un peu complexes et l’histoire très éloignée de nos réalités, mais le roman est intéressant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Contes du jour et de la nuit

Les Contes du jour et de la nuit dans Livres lus contes-du-jour-et-de-la-nuit Nouvelles de Guy de MAUPASSANT

Une femme qui se révèle être un homme, un homme qui n’a pas assumé sa paternité est pris tardivement de remords, une vie ruinée pour remplacer une rivière de diamants prêtée et perdue, un couple d’amants maudits au crépuscule de leur vie, la vengeance terrible d’une mère en Corse, le procès d’un jeune homme coupable d’assassinat sur ses deux parents, les ravages du temps sur un amour de jeunesse, autant de thèmes exploités dans cette vingtaine de nouvelles.
Guy de Maupassant est ultra lucide dans l’opinion qu’il s’est faite de l’être humain et les limites toujours plus loin repoussées de la cruauté, de la bestialité, de la veulerie, de la lâcheté qui caractérisent la nature humaine. Et malgré tout, ses personnages ne sont pas antipathiques, sans doute parce que nous nous sentons tellement proches d’eux.
Les nouvelles sont courtes, à peine trois ou quatre pages chacune. On retrouve tous les ingrédients nécessaires pour faire d’un récit bref une bonne nouvelle. Le nombre des personnages est toujours limité à deux ou trois, parfois quatre, rarement plus. L’unité de temps est également respectée, quelques heures ou quelques jours, jamais plus, sauf pour retourner en arrière. L’unité de lieu enfin, se concentre sur un seul endroit, parfois deux pour évoquer un souvenir.
Autre ingrédient pour faire d’un récit une excellente nouvelle : la chute. Maupassant excelle dans l’art de surprendre son lecteur avec une chute souvent à contre-pied du déroulement de l’histoire, si bien qu’on est souvent surpris, étonné par le tournant que prend soudain l’anecdote pour se terminer par un pied-de-nez ou une pirouette inattendue.
On m’objectera que ces contes ne sont pas des nouvelles. Personnellement, j’y vois davantage des nouvelles que des contes. Tous ces récits s’inscrivent en effet dans un réalisme impitoyable.
Les amateurs de Maupassant, s’ils ne connaissent pas ce recueil, se le procureront sans tarder. Ceux qui ne connaîtraient pas ce fabuleux auteur pourraient commencer par cet ouvrage car il est réputé d’une brutalité modérée dans l’expression de la bestialité humaine. Dans tous les cas, quelques heures de lecture délicieuse garanties.

Des fleurs à l’encre violette

Des fleurs à l'encre violette dans Livres lus fleurs-a-lencre-violette-150x150 Roman de Gilles LAPORTE

Pendant la guerre de 1870, Jules Delhuis est tué ; Hermance et Justin ont encore un fils, Aimé. Issu de parents paysans, lui-même cantonnier, le garçon n’en tombe pas moins amoureux de Rose-Victoire Dieudonné, la fille du maire d’un village voisin. Un monde et une mentalité les séparent ; pourtant les deux jeunes gens savent au premier regard qu’ils sont faits l’un pour l’autre.
Lorsque Justin apprend que la jeune fille est enceinte des œuvres de son fils, il n’a qu’une obsession : l’éloigner pour le mettre à l’abri de la colère du maire d’Aydoilles. Forcé et contraint de quitter le pays, Aimé s’engage dans l’armée et part se battre au Tonkin. Rose-Victoire refuse de se soumettre à l’autorité paternelle ; chassée de la demeure familiale, elle trouve refuse chez les Delhuis où elle met son enfant au monde, un garçon qu’elle prénomme Victor.
Après le retour d’Aimé, le mariage est célébré dans l’intimité ; un deuxième enfant, encore un garçon, naît : Clément.
Les années passent et Rose-Victoire demeure fâchée avec sa famille. Alors que son mari est embauché pour travailler sur le chantier du canal de l’Est, elle obtient le poste d’éclusière à Igney. Le couple s’installe dans ce village et élève leurs deux garçons. Lorsque Clément annonce sa volonté de devenir instituteur, Rose-Victoire exulte car elle-même avait dû renoncer à cette vocation après son départ de chez ses parents. Et à son grand désespoir, son fils aîné, Victor, semble le digne héritier de son grand-père maternel. Son ambition est moins idéaliste et plus matérialiste. Pour parvenir à se sortir de sa condition, il épouse une riche héritière au nom à particulière ; il accède ainsi à un poste important à Nancy et échappe à la guerre. Clément en revanche doit partir pour le front dont il ne reviendra pas indemne.
Un livre très bien écrit, malgré quelques tics d’écriture. La quatrième de couverture évoquait une désunion fraternelle ; j’attendais donc des rapports conflictuels entre les deux frères. L’auteur a choisi de faire de Victor un personnage secondaire… Gilles Laporte, dans ce dernier ouvrage, nous tient en haleine de la première à la dernière page et la fin est grandiose !

La petite fille qui disparut deux fois

La petite fille qui disparut deux fois dans Livres lus la-petite-fille-qui-disparut-deux-fois-150x150Roman de Andrea KANE

Une petite fille de six ans, Felicity Ackermann, est enlevée dans l’état de New York, dans son lit où elle dort avec Hope, sa sœur  jumelle.
Trente-deux ans plus tard, la fille de Hope et Edward Willis, elle juge et lui brillant avocat sans scrupules, disparaît à son tour. Krissy, cinq ans, a manifestement été enlevée devant son école, par une femme ressemblant à sa mère et au volant d’une voiture identique à celle que conduit Hope Willis.
L’enquête du FBI a à peine commencé que la mère fait appel à l’équipe des Forensic Instinct, trois agents privés aux méthodes discutables au regard de la loi mais très efficaces comme en témoigne leur impressionnant palmarès de réussites. L’agence a été fondée par Casey Woods qui a recruté Marc, un ancien marine et ancien agent du FBI, et Ryan, un as de l’informatique.
Très rapidement, Casey établit un parallèle entre les deux enlèvements. Mais alors que la première affaire n’a jamais été élucidée et classée sans suite par le FBI, elle compte bien retrouver Krissy très rapidement.
Lorsqu’elle découvre que le père de l’enfant et la nounou sont amants, elle creuse cette piste. Mais soudain, une nouvelle piste s’impose : celle de la mafia car Sidney Ackermann, le père de Hope et Felicity, avait eu affaire à cette organisation criminelle. Mais les jours passent et la fillette demeure introuvable, malgré les informations du père que les agents ont réussi à retrouver alors qu’il avait disparu de la circulation, quittant femme et enfant après l’enlèvement de sa fille. Il était alors tombé dans la dépression et la boisson et avait choisi de tout quitter pour préserver son épouse et leur deuxième fille.
Patrick Lynch, un ancien du FBI en charge de la première affaire et aujourd’hui à la retraite, propose son aide. Mais rien n’y fait : Krissy demeure introuvable.
Un livre agréable mais une histoire sans grande surprise. Un livre qu’on prend pour un long voyage en train et qu’on abandonne dans son compartiment une fois terminé !

La vérité sur l’affaire Harry Québert

La vérité sur l'affaire Harry Québert dans Livres lus la-verite-sur-laffaire-harry-quebert-150x150 Roman de Joël DICKER

En 2008, quelques mois avant l’élection de Barack Obama, un jeune auteur américain, Marcus Goldman, va retrouver son ancien professeur et ami, Harry Québert, lui-même écrivain. Le jeune prodige a en effet beaucoup de mal à écrire un second livre après le succès retentissant dans tout le pays de son premier ouvrage. Harry l’héberge dans sa grande maison au bord de l’océan et l’encourage à combattre le syndrome de la page blanche.
Un jour, Marcus découvre une lettre d’amour ; son ami se fâche et le chasse de chez lui.
À peine est-il rentré à New York que Marcus apprend que son ami a été arrêté, inculpé de meurtre sur une gamine de quinze ans. L’affaire remonte à plus de trente ans. Il était tombé fou amoureux de Nola Kellergan et avait en vain combattu cet amour réciproque par crainte d’être poursuivi pour entretenir une relation sexuelle avec une adolescente qui avait la moitié de son âge. Et voilà que Nola avait disparu. Des jardiniers chargés de planter des fleurs venaient de déterrer son cadavre.
Marcus ne croit pas un instant son ami coupable et il va s’employer à prouver son innocence en menant une enquête qui sera aussi le sujet de son second ouvrage.
Ce livre de plus de six cents pages se lit facilement, en dépit des nombreux rebondissements et de quelques invraisemblances. Car l’ensemble est malgré tout bien ficelé et Joël Dicker parvient à nous faire croire à cette histoire un peu tordue.
Que cet ouvrage en revanche ait pu faire partie des finalistes de plusieurs prix littéraires est plus surprenant. Le style en effet n’a rien de flamboyant et les extraits du livre de Harry Québert, qualifié comme LE grand écrivain du siècle, sont d’une rare platitude ; on se demande pourquoi Marcus Goldman, qui se dit l’ami de Québert, ne nous donne pas de bien meilleurs extraits du chef-d’œuvre du grand homme !…
Cela reste un bon livre à emporter en vacances.

Un recteur de l’île de Sein

Un recteur de l'île de Sein dans Livres lus un-recteur-de-lile-de-sein-150x150 Roman de Henri QUEFFELEC

L’histoire se situe vers le milieu du XVIIe siècle et s’inspire d’un fait divers del’époque.
Les habitants de l’île de Sein, au large de la Pointe du Raz en Bretagne, se retrouvent régulièrement sans prêtre. Tous ceux que l’évéché leur envoie finissent par partir, incapables de s’acclimater aux rudes conditions de vie que leur impose leur situation géographique.
Thomas Gourvennec, pêcheur et bedeau, se désole de voir partir le curé qu’il a servi pendant une dizaine d’années et qu’il pensait bien qu’il soit un jour enterré dans le cimetière du village. Mais lui aussi s’en va, désertant l’église et les Sénans, pourtant de bons chrétiens malgré la sauvagerie que leur attribuent volontiers les gens du continent. Thomas continue à s’occuper de l’église tant et si bien qu’un jour, un dimanche, il rassemble les paroissiens et monte en chaire. Il harangue les villageois qui se mettent à chanter avec tant de ferveur que l’ancien bedeau décide de partir à Quimper pour supplier l’évêque de vite leur envoyer un curé.
Mais le temps passe et rien ne vient. Alors pressé par tous les habitants, Thomas s’installe au presbytère et endosse la charge de recteur. Mais son aura ne fait pas que des heureux…
Merveilleusement écrit, ce roman n’en est pas moins très ennuyeux… Pour moi, Henri Queffélec est le Giono de la mer ! Sa prose a sur moi le même effet soporifique que celle de l’écrivain provençal. Quand le livre ne me tombait pas des mains en même temps que se fermaient mes paupières, le soir au lit, mon esprit vagabondait quand je lisais en pédalant sur mon vélo d’intérieur, et je devais relire chaque phrase deux fois pour en saisir le sens. On comprendra pourquoi j’ai mis aussi longtemps à lire ce petit roman ! Et il y en a encore cinq autres pour compléter la série « Les roman des îles » du même auteur que j’ai récemment achetée…

Pom’ d’amour

Pom' d'amour dans Livres lus pom-damour-petit.jpg-150x150 Poèmes de LARP

La couverture un peu kitch de cet ouvrage ne reflète pas du tout son contenu ! Le lecteur pourrait se laisser en effet abuser par cette pomme bien rouge, de la couleur du sentiment qu’elle évoque, avec en prime, un peu racoleuse, l’empreinte d’une bouche pulpeuse. Si Larp n’était pas une amie, je n’aurais sans doute jamais acheté ce recueil de poésie dont la couverture ne m’attirait pas… Mais je ne regrette pas mon achat car le contenu est tout sauf doucereux !
Les textes présentés ne sont pas de mièvres déclarations d’amour, mais au contraire des cris qui vous réveillent sans égard si par mégarde vous aviez la propension à somnoler en ronronnant des vers… A chaque page ou presque, les mots sont comme des coups de poing que vous prenez en pleine figure, les phrases vous broient les entrailles comme un breuvage assaisonné au vitriol, chaque poème vous secoue et vous envoie dans le mur, celui de la maladie, de la folie et de la mort :

Comme un oiseau blessé
Qui désire s’envoler
Je souffre de l’ignorance
Je meurs dans mes silences.

au point que l’auteur, comme une supplique, s’écrie :

Plumes et crayons !
Cessez donc d’écrire !

avant de poursuivre :

Je veux périr ce soir
Comme le feu éclabousse

et :

Pourrir en solo, c’est presque un peu mourir.
A quoi bon : seule pour se battre, la vie est une torture
de l’âme et du cœur puisque vous êtes un mur,

et plus loin encore :

Mon être est un pantin meurtri
s’endormant sur sa vie !

Ce bel ouvrage aurait mérité une mise en page plus soignée et surtout, à mon sens, un papier plus raffiné que du banal papier sorti d’une ramette d’imprimante ordinaire.

A noter que ce recueil autoédité ne présente pratiquement aucune coquille et les quatorze illustrations en couleur, également de l’auteur, sont très belles et bien mises en valeur au fil des poèmes.

Pour conclure, les adeptes de la poésie classique ne trouveront pas de quoi se pâmer, mais les amateurs de poésie vivante et vibrante seront comblés car Larp a l’art de vous secouer avec ses mots qui crient sa douleur et sa colère, mais aussi son amour et ses espoirs.

Traces

Traces dans Livres lus livre-vierge1-107x150 Poèmes de Serge BEYER

Ce recueil est petit, mais ô combien intense !
Il commence par une série d’ »Instantanés sous forme de haïkus », dix petits poèmes qui sont en effet comme des clichés, ces photos prises dans la rue pour essayer de capturer la vie. Je vous en livre deux, mes préférés :

Le ciel bleu Chagall
Aux vitraux de ton regard
Escapade à Reims

Madame la psy
A quoi bon « tuer le père ? »
Il a vécu mort

En 17 syllabes, à peine un alexandrin et demi, tant de choses sont exprimées ! J’ai toujours considéré que le sonnet était un art difficile car il faut tout dire en quatoze vers, pas un de moins et pas un de plus. Mais dans un haïku, il s’agit d’exprimer toute une idée et de suggérer le reste en tois petits vers 5-7-5… Une gageure que réussit l’auteur avec brio !
Suivent quatre poèmes classiques même si des puristes relèveraient quelques imperfections. Mais les vrais amateurs de poésie savent bien que les vers les plus parfaits ne sont pas les plus poétiques !
Dans « je sais », si on y déniche un hiatus disgrâcieux, je préfère m’attarder sur ce vers magnifiquement rythmé :

Je sais le vin fougueux aux lèvres du convive

Dans « Un cappuccino à la fraise », le parfum du fruit écrasé m’a chatouillé les narines. Un quatrain sublime :

A l’aube une flute irlandaise
Arpègera les vents d’Armor
Elfe de feu sur la falaise
Tu seras son plus bel accord.

Dans « Eclipse »,

Les astres amoureux, cachés en un coin de ciel,
Vivent éperdument une Vénus de miel.

tandis que dans « Conjugaison », on termine le recueil avec beaucoup de sensualité.

Cet ouvrage n’est pas commercialisé, mais je conseille vivement aux amateurs de belle poésie, inventive et sensuelle, de se rendre sur cette page du blog de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) pour découvrir les poèmes de Serge BEYER, Grand Prix des Poètes Lorrains et Alérion d’Or 2011 : http://spafenlorraine.unblog.fr/category/artistes-spaf-lorraine/beyer-serge/

Tenter de vivre

Tenter de vivre dans Livres lus livre-vierge-107x150Poèmes de Denise RICHARD-FLIELLER

Ce recueil est un petit bijou ! L’écrin n’est pas sublime, mais les vers sont des perles, des pierres précieuses finement ciselées et délicatement assemblées.
Le titre est explicite : la mort est omniprésente et il s’agit ici de survivre, tant bien que mal, à la disparition de l’être aimé. La solitude est évoquée, ainsi que le désarroi :

« Comment, sans ton appui, reprendre la bataille ? »

Une prière est adressée au disparu :

« Reviens, silencieux tel un vol de phalène ».

Outre sa douleur personnelle et intime, l’auteur élargit son champ de réflexion et s’interroge sur la situation en Syrie :

« J’imagine plutôt telle cité martyre
Où Bachar assassine en toute impunité
Les amoureux de liberté. »

Et toujours le même questionnement comme une antienne :

« Pourquoi faut-il, en vérité,
Payer avec autant de larmes
L’espérance d’éternité ? »

Puis le poète se fait rêveur :

« Auréolés d’amour, purifiés d’absence,
Ils écoutent, muets, sous la dalle reclus,
Un arioso lent que ma douleur cadence. »

avant de reporter son regard sur le monde en guerre :

« Ni mouvement, ni pestilence.
La mort habille le silence,
Lourd comme l’âme d’un faquin. »

Le dernier poème évoque « Le rendez-vous de Samarcande », le lieu et l’heure où frappe le destin auquel nul n’échappe :

« Allègre conducteur, tu te crois tout puissant ;
Ecoute donc la voix lancinante qui scande :
Moins vite, malheureux, tu cours vers Samarcande ! »

Cet ouvrage a été édité par la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) en récompense du Grand Prix des Poètes Lorrains 2012 qu’elle a décerné à Denise Richard-Flieller. Les puristes dénicheront dans les onze poèmes présentés quelques imperfections quant à la prosodie. J’y vois au contraire une grande maîtrise des règles de la poésie classique auxquelles le poète a parfois sciemment dérogé pour ne pas sacrifier le fond à la forme.

Pour vous procurer cet ouvrage confidentiel, vous pouvez m’écrire isabelle.chalumeau@orange.fr  afin que je vous mette en relation avec l’auteur.

L’éléphant bleu

L'éléphant bleu dans Livres lus lelephant-bleu-150x150 Roman d’Ysabelle LACAMP

Sirikit est une jeune Thaie issue d’une famille de la haute bourgeoisie de Bangkok. Elle a grandi entre ses deux frères, élevés tous trois par une nounou. Face à un père absent, préoccupé par son travail, et une mère absente, obnubilée par ses réceptions mondaines, l’adolescente vit mal une existence aisée et oisive.
Lorsque sa grand-mère lui révèle que son père n’est pas son père, qu’elle est le fruit des amours adultérines de sa mère avec un Blanc, la vie de Sirikit bascule. Elle devient anorexique et commence à fréquenter les endroits louches où traînent les GI en base arrière avant de retourner au front de cette guerre du Vietnam qui s’éternise.
A bout d’arguments, la famille de Sirikit décide de l’envoyer en pension à Genève. Après avoir obtenu son bac, elle reçoit la visite de sa tante qui lui annonce son proche retour en Thaïlande et son mariage imminent avec un jeune homme de bonne famille choisi par ses parents. Elle refuse et appelle au secours Lord Brackett, un diplomate qu’elle a longtemps côtoyé en Thaïlande. Le vieux monsieur retraité est de retour chez lui, à Londres. Il accepte de s’occuper de la jeune fille et lui trouve une pension chez une vieille landlady.
Sirikit doit cohabiter avec un Français homosexuel excentrique, un terroriste irlandais, deux Chiliennes, une Australienne. Grâce au Français, elle fait connaissance de toute une faune d’artistes plus ou moins accros à la drogue. La jeune Thaïe se frotte à la vie et, parallèlement, se met à la recherche de son géniteur. Plus exactement, elle charge Lord Brackett de retrouver l’auteur de ses jours.
Un livre qui a assez mal vieilli. Mais un livre intéressant pour l’ambiance du Londres des années ’70 avec ses contradictions, son monde cosmopolite, son côté conservateur, traditionnaliste, et son côté excentrique et un peu fou. J’y ai retrouvé le souvenir de ces soirées passées avec des copains et des copines de toutes nationalités, réunis tantôt autour d’un plat gigantesque de poulet au curry que chacun piochait à l’aide de bouchées de pain traditionnel pakistanais, tantôt autour d’un wok de canard laqué. L’alcool et le shit circulaient sans toutefois plonger les jeunes que nous étions dans la délinquance. C’était le temps de l’insouciance et du plein emploi !

La salamandre

La salamandre dans Livres lus la-salamandre-150x150 Roman de Jean-Christophe RUFIN
 

Catherine est une quadragénaire française, qui s’est hissée à la force du poignet dans une situation professionnelle élevée. Célibataire sans enfants, elle n’a plus ses parents et ne vit que de furtives relations amoureuses. Ni laide ni sotte, elle met toute son énergie dans son travail et dans l’acquisition de biens immobiliers pour assurer son avenir. Entièrement investie dans sa réussite professionnelle et sociale, elle rejette toute forme de plaisir et de distraction, au point de ne pas vouloir prendre ses congés. Jusqu’au jour où son patron l’oblige à prendre un mois de vacances. Forcée et contrainte, elle s’offre un séjour au Brésil, destination de rêve depuis toujours pour cette femme si raisonnable.
Arrivée à Récife, elle retrouve une amie d’enfance et son mari en poste dans la ville brésilienne. Dans la moiteur ambiante, elle suit le conseil de son amie et se décontracte. Lorsqu’elle rencontre Gilberto, elle est décidée à se donner du bon temps et à oublier le jeune homme quand l’heure du retour en France aura sonné.
Mais alors qu’elle avait toujours gardé la tête froide, voilà qu’elle tombe passionnément amoureuse de Gil qu’elle refuse de voir en gigolo. En achetant les charmes de ce garçon de dix-neuf ans, elle veut se convaincre qu’elle mène la danse. Mais très vite, elle ne peut plus se passer de la présence du jeune Brésilien. Pour s’attacher ses services, elle lui offre des cadeaux divers : vêtements, bijoux, etc.
Lorsque le jour du départ arrive, elle prolonge d’une semaine puis promet à Gil de revenir. Après avoir payé à une femme le petit commerce dont elle allait être chassée à un prix dérisoire pour elle, elle demande à Gil ce qui lui ferait plaisir. Lorsque celui-ci lui annonce qu’il voudrait acquérir un établissement luxueux, Catherine lui promet de revenir avec la somme nécessaire.
Elle rentre en France, négocie son licenciement et vend tous ses biens. Puis elle repart au Brésil et donne l’argent, environ cinq cents mille francs, à son amant.
Mais progressivement, Gil change et entraîne Catherine dans une vie à l’opposé de tous ses principes. Jusqu’où Catherine ira-t-elle par amour ?
Un excellent livre sur les chimères de l’amour exotique.

 

 

 

J’ai aimé une reine

J'ai aimé une reine dans Livres lus jai-aime-une-reine-150x150 Roman de Patrick POIVRE D’ARVOR

Tout le monde connaît le marquis de La Fayette pour son engagement aux Etats-Unis qui lui vouent toujours une grande admiration. On connaît moins sa vie amoureuse, et notamment qu’il fut sous le charme de Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI et reine de France.
Patrick Poivre d’Arvor avertit d’emblée le lecteur sur l’aspect fiction de son roman car cet amour platonique et réciproque à ses débuts n’a pas encore été avéré. Mais la probabilité d’une passion du jeune Auvergnat pour l’Autrichienne est plus que probable et l’Histoire met parfois des siècles à révéler ses secrets.
L’histoire commence en 1774. Le jeune Gilbert Motier, marquis de La Fayette, est arrivé depuis peu à Paris. Il à seize ans. Il rencontre Marie-Antoinette, qui n’est pas encore reine, et tombe sous son charme. L’attirance est réciproque mais la jeune femme, épouse du futur Louis XVI et un peu plus âgée que Gilbert, ne se laisse pas facilement séduire. Lorsque, peu de temps après, elle monte sur le trône aux côtés de son mari au lendemain de la mort de Louis XV, celle que Gilbert a surnommée Marion pour la rendre moins inaccessible, prend ses distances sans toutefois se dérober.
L’Auvergnat prend pour épouse une jeune aristocrate, Adrienne, qui lui vouera un amour durable et inconditionnel. Car le fringant marquis, pour se consoler de ne pouvoir tenir la reine dans ses bras, prend des maîtresses. Par dépit amoureux, il accepte d’ailleurs de prendre le commandement d’une division à Metz. Là, il trouve l’opportunité d’éblouir la reine : aider les Américains à combattre les Anglais pour gagner leur indépendance. Contre l’avis de sa hiérarchie et notamment celle du monarque, il s’embarque pour les Etats-Unis. Là-bas, il devient un héros légendaire. Il rencontre Georges Washington qui fera de lui son fils adoptif tandis que lui-même sera le parrain du fils de La Fayette.
Mais lorsqu’il rentre en France, auréolé de gloire, c’est à la reine de France que Gilbert pense… La révolution, cependant, est en marche…
Un bon roman sur fond historique.

Disparaître

Disparaître dans Livres lus disparaitre-150x150 Roman d’Olivier et Patrick POIVRE D’ARVOR

En mai 1935, en Angleterre, un homme est victime d’un accident de moto. Tombé dans un coma profond, il meurt sept jours plus tard. Un fait-divers somme toute banal, sauf que la présence de nombreux policiers, d’agents secrets et de journalistes sur les lieux de l’accident puis autour de l’hôpital laisse deviner une personnalité de haut rang.
En effet, il s’agit de Thomas Edward Lawrence, le fameux Lawrence d’Arabie. Enfant d’un couple illégitime poursuivi par l’épouse officielle du père, il a souvent changé de maison, de pays et d’identité. Habitué à fuir, il s’engage très jeune dans l’armée et devient le chef de la révolte arabe.
Dans le désert d’Arabie, un journaliste américain et son photographe vont faire de lui une légende vivante. Lawrence vit mal cette popularité et tente de disparaître à nouveau sous un faux nom. Traqué, il est à chaque fois démasqué jusqu’à ce jour où sa moto percute un arbre de plein fouet. Accident ou suicide ?
Les frères Poivre d’Arvor, dans cet ouvrage qui n’est pas une biographie mais bien un roman, partent du postulat qu’il s’agit d’un suicide et l’idée n’est pas farfelue. Pour le côté romanesque, ils se sont introduits dans la tête du mourant pour nous faire vivre ses pensées les plus intimes durant les sept jours de son agonie. Ainsi sa vie défile-t-elle devant nous, montrant toute la complexité du personnage.
Bien sûr, on n’apprend rien sur le héros qui revêt à jamais les traits de Peter O’Toole dans le film « Lawrence d’Arabie », consacré au soldat britannique atypique. Mais la lecture est plaisante, même si certains esprits chagrin reprocheront aux auteurs d’avoir mis beaucoup d’eux-mêmes dans ce récit, notamment dans les pages qui dénoncent la traque des paparazzi, responsables parfois des stars auxquelles, de façon bien étrange, ils vouent leur existence.

L’expression des sentiments

L'expression des sentiments dans Livres lus lexpression-des-sentiments-150x150 Témoignage de Patrick Poivre d’Arvor

Albert Camus commençait un de ses livres par ces mots : « Aujourd’hui, maman est morte. » Sans vouloir faire un parallèle entre les deux auteurs ni déclencher une polémique sur leur valeur littéraire respective, en lisant la
quatrième de couverture du livre de Patrick Poivre d’Arvor, je n’ai pu m’empêcher de penser à Camus. Car le point commun de ces deux hommes n’est pas seulement l’écriture, mais le besoin d’écrire après avoir perdu leur mère.

Le journaliste très médiatisé n’expérimentait pas son premier décès. Des morts, il y en a eu dans sa vie, et non des moindres puisqu’il a perdu trois enfants… Mais la mort de sa mère le renvoie à son enfance et devant le corps inerte, devant la tombe ouverte et plus tard face au silence, l’homme redevient petit garçon. Quel que soit son âge, semble-t-il, l’homme qui enterre sa mère se sent véritablement orphelin.

Alors pour tromper la solitude, pour essayer de retenir encore un peu ce cordon ombilical qui relie à jamais un être à sa mère, il raconte Madeleine-France, cette maman si peu commune, si pudique, si exigente, si forte et si droite. Il se souvient d’anecdotes à la fois drôles et tendres, certaines insignifiantes, d’autres au contraire très révélatrices de ce qu’elle était et de ce qu’elle fut pour son mari et ses enfants. Il n’y a pas d’autre objectif dans ce livre que de parler de la femme aimée, pour la maintenir en vie, comme il l’écrit lui-même. Car l’auteur n’est pas dupe ; il sait bien qu’il vient de perdre la femme de sa vie, celle qu’aucune autre n’a jamais égalée, car un enfant, et plus
particulièrement un garçon, a au sens premier du terme sa mère dans la peau. L’amour qui les unit depuis bien avant la naissance est tout simplement viscéral. Alors quand la mère meurt, même si cela est dans l’ordre des choses, c’est toute l’existence du fils qui vacille.

Même si certains lecteurs (et lectrices) le trouveront un peu trop tourné vers lui-même, Patrick Poivre d’Arvor décrit à merveille ce sentiment d’être redevenu un tout petit garçon devant cette mort injuste quoi qu’on dise.

Jours sans faim

Jours sans faim dans Livres lus jours-sans-faim-150x150 Roman de Delphine DE VIGAN

Lorsque Laure accepte enfin de se faire hospitaliser, elle a atteint le seuil limite du poids viable. Elle a vingt ans et, en acceptant la main tendue du Docteur Brunel, elle sait bien qu’elle a renoncé à mourir. Cependant, le chemin vers la renaissance sera long et rien, elle ne l’ignore pas, ne sera jamais acquis.

Laure est anorexique. Elle ne se force pas à vomir ; elle refuse de manger. Progressivement, elle a appris à maîtriser son corps, à puiser dans l’abstinence une force spirituelle qui la rend invincible. Jusqu’au jour où elle a commencé à vaciller dans la rue, à faire peur aux gens qui détournaient la tête après l’avoir dévisagée comme l’avaient fait avant eux ceux qui voyaient revenir des camps de la mort des squelettes ambulants.

En entrant à l’hôpital, dans le service du Docteur Brunel, Laure accepte le protocole : la nourriture solide, la nutrition entérale, les suppléments, les pesées. Petit à petit, les kilos se fixent sur ses os. Mais le processus
est lent et douloureux. Plus le personnel médical se montre satisfait de ses progrès, plus la jeune femme souffre dans ce corps qui lui semble étranger, hideux dans son enveloppe graisseuse… Dans l’unité du Docteur Brunel, elle côtoie d’autres femmes anorexiques, mais aussi des obèses qui luttent comme elle contre les kilos. L’incompréhension est totale et réciproque. Il est aussi difficile pour les uns de maigrir que pour les autres de grossir.

Alors qu’elle approche de la barre des cinquante kilos, l’objectif fixé par l’équipe médicale pour autoriser la sortie de la jeune femme, Laure peine à acquérir les derniers kilos. Elle n’en peut plus d’être gavée comme une oie !

Ce petit livre, édité sous un pseudonyme en 2001, est le premier ouvrage de Delphine de Vigan. Elle en parle dans son dernier roman « Rien ne s’oppose à la nuit », dans lequel il était aussi beaucoup question de ses rapports avec sa mère…

Un livre dur, incisif, sans complaisance. Classé dans les romans, il s’agit bien d’un témoignage…

No et moi

No et moi dans Livres lus no-et-moi-150x150 Roman de Delphine DE VIGAN

Lou Bertignac est une enfant précoce ; à treize ans, elle est en classe de seconde, avec des adolescents, filles et garçons, de quinze à dix-sept ans. Surnommée « le cerveau » par ses camarades, elle a du mal à s’intégrer. Mais elle est appréciée par son professeur principal, monsieur Marin, et par Lucas, cancre et rebelle de dix-sept ans qui se lie d’amitié avec celle qu’il nomme affectueusement « Pépite ».

Pour son sujet d’exposé, Lou choisit « Les sans-abri ». Elle rencontre Nolwen dite No, jeune femme de dix-huit ans qui vit dans la rue après un parcours chaotique aux côtés d’une mère qui l’a toujours rejetée. D’emblée, Lou
se sent attirée par No. Comme elle, elle se sent exclue depuis que sa mère est tombée dans une grave dépression suite à la mort subite du nourrisson de son deuxième enfant.

Pour apprivoiser No, Lou l’invite dans des cafés ; progressivement, la jeune SDF raconte son histoire. Mais Lou ne peut pas mettre fin à cette relation, une fois son exposé terminé, lequel lui a valu les félicitations du
professeur, le respect des filles de sa classe et l’amour de Lucas. Alors elle se met à la recherche de No et la ramène chez elle. Contre toute attente, ses parents acceptent d’héberger la jeune femme et la mère de Lou, à son contact, sort de sa coquille et renaît à la vie. La chambre du bébé, d’abord transformée en bureau par le père après le décès de son enfant, est de nouveau aménagée en chambre pour No qui trouve un emploi. Mais le bonheur est fragile et Lou sent que No, petit à petit, leur échappe. Jusqu’où va-t-elle aller pour retenir No ?

Un livre poignant sur la condition des jeunes SDF et le basculement des adolescents « normaux ».

A lire.

Familles je vous aime

Familles je vous aime dans Livres lus familles-je-vous-aime-150x150 Essai de Luc FERRY

Dans cet ouvrage au titre emprunté à André Gide puis détourné, Luc Ferry s’emploie à démontrer que la famille, tant décriée de nos jours, ne s’est en fait jamais aussi bien portée. Si on divorce beaucoup depuis la deuxième moitié du vingtième siècle, c’est aussi parce que le mariage de raison a laissé la place au mariage d’amour. Une autre raison, bien sûr, est l’indépendance financière acquise par les femmes. Mais en dépit de ce constat que certains s’escriment à prétendre désastreux, la famille est aujourd’hui plus unie que jamais et surtout, les liens que les différents membres d’une famille tissent entre eux sont infiniment plus sincères que naguère. Autrefois, dans ce bon vieux temps dont on nous rebat les oreilles, la contrainte et l’hypocrisie étaient souvent les piliers des familles. Aujourd’hui, avec la disparition du sens du devoir, de l’abnégation, de l’éternelle reconnaissance, l’amour est roi et décide de nos vies. Quand on n’aime plus son conjoint, on s’en sépare, mais contrairement à une idée reçue, on n’abandonne pas aussi facilement ses enfants qu’au Moyen Âge et encore après, cette époque qui fait rêver un certain nombre de nos concitoyens alors qu’elle est celle de l’obscurantisme, des épidémies, de l’esclavage économique, de l’abêtissement des peuples et de toutes sortes de maux qui anéantissaient les populations dans l’indifférence la plus totale.
Ce désir relativement nouveau de privilégier la vie privée et familiale au détriment de la vie professionnelle a un impact certain sur la vie politique face à la mondialisation à laquelle il semble vain de vouloir échapper. D’ailleurs, faut-il absolument y échapper ?
Luc Ferry s’emploie à nous démontrer que la peur, mauvaise conseillère, nous aveugle et nous coupe les ailes, nous empêchant de nous projeter vers l’avenir. D’où ce réflexe de se retourner vers un passé plus ou moins longtemps qu’on a tendance à idéaliser alors que les êtres humains, qu’on le veuille ou non, n’ont jamais aussi bien vécu qu’aujourd’hui. Car quoi qu’en disent certains, la vieillesse d’aujourd’hui n’a plus rien de commun avec celle d’hier, ni la pauvreté, ni l’accès aux soins et à l’instruction. Regarder en arrière, par crainte de l’avenir, c’est forcément régresser.
Dans un style flamboyant, Luc Ferry nous adresse un brillant essai, parfois un peu ardu mais toujours intéressant. Il ne m’a pas convaincue sur tous les points mais les propos de cet homme de droite ont éveillé en moi une résonnance. Une fois n’est pas coutume !

Les heures souterraines

Les heures souterraines dans Livres lus Les-heures-souterraines-110x150 Roman de Delphine DE VIGAN

Mathilde, jeune veuve et mère de trois enfants, bras droit d’un patron d’une grande entreprise, au salaire mensuel de trois mille euros, pourrait être heureuse. Bien sûr, son mari victime d’un accident de voiture lui manque toujous et l’empêche de s’investir dans des histoires d’amour qui avortent dès qu’il est question d’engagement. Mais ce matin, plus rien de va : elle a osé contredire son chef.

Thibaut, médecin urgentiste par dépit après un accident qui lui a coûté trois doigts d’une main, l’empêchant de devenir chirurgien, survit difficilement dans une ville trépidante où il passe une partie de ses journées, accroché au volant d’une voiture engluée dans les bouchons de la capitale. Mais ce matin, il a fait un acte héroïque : il a enfin quitté la femme qu’il aime mais qui ne l’aime pas en retour.

La jeune cadre supérieure et dynamique se retrouve presque du jour au lendemain écartée du service de Direction, remplacée dans les affaires par une jeune recrue. Dépossédée de son bureau, de son ordinateur, de ses dossiers, elle se retrouve dans une pièce borgne et vide, contiguë aux toilettes pour hommes.
Elle décide d’attendre, de ne pas se rébeller, de pas faire d’esclandre, persuadée que tout va s’arranger. Mais il n’en est rien. Le harcelement moral, car c’est bien de cela qu’il s’agit, se poursuit et s’intensifie. Ses anciens
collègues, par crainte pour leur poste, lui tournent plus ou moins le dos. Dans son placard en sous-sol, Mathilde sombre dans la solitude et la dépression.

Le jeune médecin se jette corps et âme dans le travail pour tenter d’oublier la belle Lila dont le parfum persiste à le troubler à chaque fois qu’il entre dans sa voiture. Le contact multi quotidien avec la détresse humaine suite à la maladie, à la dépression, à la solitude, menace de le faire sombrer.

Dès les premières pages, ces deux personnages sont présentés comme évoluant sur des rails parallèles. Tous deux vivent un enfer qui peut les mener au crime ou au suicide. Seule une épaule compatissante pourrait les sauver.

Un livre très noir qui mérite bien son titre. Tout est bien décrit, trop bien même… Mais la fin laisse le lecteur sur sa faim…

Une affaire conjugale

Une affaire conjugale dans Livres lus Une-affaire-conjugale-150x150Roman de Eliette ABECASSIS

Jérôme, dirigeant d’une start up, et Agathe, parolière, sont mariés depuis huit ans et sont parents de jumeaux. Après la phase de l’amour fou est venue celle de la parentalité et bien vite, celle de l’éloignement. Jérôme est de plus en plus absent, des voyages qu’il prétend liés à son activité professionnelle. Agathe, qui assume seule l’éducation de leurs enfants, travaille de moins en moins.
Au milieu de la nuit, alors que son mari est en voyage d’affaires, elle reçoit un appel de sa part. Mais rapidement, elle se rend compte qu’il s’agit d’un appel involontaire ; c’est bien son mari qui l’appelle de son téléphone portable, mais l’appel est effectué à son insu, à la suite d’un faux mouvement. Jérôme est apparemment dans la rue en compagnie de joyeux lurons à qui il raconte ne plus supporter sa femme. Abasourdie, Agathe décide de crocheter la porte du bureau de Jérôme qu’il ferme chaque jour à clef… Ce qu’elle découvre la laisse sans voix : au milieu d’un désordre indescriptible (vêtements sales, cendriers pleins, bouteilles vides, etc.), l’ordinateur la nargue. Elle s’assied et tombe sur une page Facebook ; c’est celle de son mari et elle découvre ses prouesses amoureuses dont il se vante sur Internet. Apparemment, il va même jusqu’à la tromper sur le canapé de leur propre salon ! Puis elle découvre qu’il visite des sites de rencontres.
Sans tergiverser, elle décide de divorcer. Commence alors une guerre des nerfs car le mari indifférent depuis des années à l’éducation des enfants va se transformer en papa poule pour demander la garde alternée, seul moyen de blesser encore son épouse.
Par avocats, détectives, psychologues et juges interposés, les deux époux vont s’écharper comme des chiffonniers et les jumeaux vont devenir leur monnaie d’échange.
On suit toute la procédure du divorce et l’évolution des deux protagonistes. C’est à la fois banal et passionnant.
Ecrit dans un style très moderne, les récalcitrants à la technologie actuelle risquent de se sentir un peu largués car il est beaucoup question de Facebook, Outlook, Google, etc.

Et monter lentement dans un immense amour

Et monter lentement dans un immense amour dans Livres lus Et-monter-lentement-dans-un-immense-amour-150x150 Roman de Katherine PANCOL

Angelina, la veille de son mariage, rencontre un homme dans l’ascenseur de l’immeuble de son médecin. C’est un coup de foudre réciproque qui va bouleverser sa vie. Car l’homme en question, surnommé Mann, lui demande de l’attendre, il reviendra dans une semaine, sans faute. Dans une semaine, elle viendra le chercher à l’aéroport de Roissy et ils pourront vivre leur amour au grand jour. Quoi qu’il arrive, quels que soient les éléments extérieurs pouvant la faire douter de l’amour de Mann, elle devra les écarter et ne se raccrocher qu’à son serment. Angelina jure de patienter pendant une semaine et Mann disparaît.

Torturée entre le devoir et la passion, entre le oui à Paul, son fiancé si bien comme il faut, et le non à Mann, l’étranger si attirant, la jeune femme tombe malade, car, comme le souligne l’auteur, « c’est terrible d’être aimée quand on n’aime pas ». Cependant, chaque jour une lettre lui parvient de Mann qui lui jure un amour éternel ; elle lui répond avec la complicité de monsieur Despax, le concierge de son immeuble. Angelina annule son mariage, mais au jour J, Mann n’est pas au rendez-vous… Angelina est foudroyée par cette trahison et accepte d’épouser Paul.

Alors que monsieur le Maire demande si quelqu’un s’oppose à cette union, une voix de stentor retentit. C’est celle de Mann qui annonce haut et fort son opposition sous le prétexte qu’il aime cette jeune femme et qu’elle l’aime. Puis il appelle Angelina et celle-ci, retroussant sa robe de mariée, court vers lui, pour le meilleur et pour le pire.

Mais le bonheur, cependant, n’est pas pour tout de suite. Il lui faudra encore parcourir un long chemin et notamment se débarrasser d’un sentiment de culpabilité qui se rappelle à elle sous la forme d’un terrible cauchemar récurrent.

Evidemment, on ne croit pas un seul instant à cette histoire impossible, ce conte de fée moderne que nous propose Katherine Pancol. On a d’ailleurs un peu de mal à entrer dans ce récit dont on tarde à deviner où il va nous mener. L’écriture est un peu déroutante au début, avec une ponctuation si fantaisiste qu’on peine à comprendre certains passages.

Selon moi, pas du meilleur Pancol, mais distrayant quand même.

Le joueur d’échecs

Le joueur d'échecs dans Livres lus Le-joueur-déchecs-150x150 Roman de Stefan ZWEIG

Un homme embarque à New-York sur un paquebot qui rejoint Buenos Aires. Un ami lui signale la présence à bord de Mirko Czentovic, champion du monde des échecs, véritable prodige mais un jeune homme rustre et antipathique. Le garçon, orphelin, avait été recueilli par un prêtre qui le prit sous sa protection.
Alors que celuit-ci désespérait d’apprendre à lire au garçon taciturne et buté, il découvre par hasard le talent du jeune homme pour le jeu des échecs. Dès lors, il est pris en main par un manager qui lui fait rencontrer les joueurs les plus illustres. Le jeune homme pauvre comprend rapidement le profit qu’il peut tirer de son talent…

Le narrateur, très intrigué par la personnalité de ce champion, décide de l’approcher mais l’homme est retors et ne se laisse pas abuser par ses tentatives. Il a alors recours à un stratagème simpliste : il s’installe avec son épouse devant un échiquier. Aussitôt, quelques passagers les entourent et parmi eux se trouve un ingénieur écossais, Mac Connor, très imbu de sa personne. Il propose au narrateur une partie et avale difficilement sa défaite… C’est alors que notre passager propose d’essayer d’aborder ensemble le champion du monde.
Celui-ci accepte de jouer une partie en échange d’une coquette somme d’argent !

D’autres passagers observent la partie et alors que l’Ecossais allait jouer le coup de la défaite, un inconnu surgit et lui indique la parade puis les coups suivants permettant une partie nulle. Emoustillé, le champion défie l’inconnu qui hésite puis accepte.

Mais qui est cet homme qui joue si bien aux échecs ? Dans quelles circonstances a-t-il appris à maîtriser toutes les subtilités de la technique de ce jeu de stratégie ?

Après avoir raconté son histoire au narrateur, celui-ci deviendra l’ange gardien de son nouvel ami afin de le préserver de l’addiction au jeu et de la folie qui le menace.

Très bien écrit, ce petit roman ou grande nouvelle se lit d’une traite et laisse un goût amer dans la bouche…

Les Jolis Garçons

Les Jolis Garçons dans Livres lus Les-jolis-garçons-150x150 Roman de Delphine DE VIGAN

Emma Pile est une jeune femme célibataire, la trentaine, journaliste dans la presse écrite.
Elle tombe éperdument amoureuse de Marc, célèbre avocat. Cet amour passionnel va tourner à l’obsession puis aux portes de la folie avant de la conduire à l’hôpital psychiatrique.
Puis elle rencontre Ethan, écrivain à succès. Mal marié avec une femme qui refuse de lui rendre sa liberté, il voit en Emma l’opportunité de supporter son couple qui part à la dérive.
Enfin, elle rencontre Milan, un animateur télé, coqueluche de la chaîne et des ménagères de moins de cinquante ans. Cette fois, la jeune femme est bien décidée à ne pas tomber dans le panneau d’une nouvelle histoire sans espoir d’un avenir stable. Elle regimbe avant de finalement tomber sous le charme de cet homme au moins aussi fantasque qu’elle.
Ce roman est en fait constitué de trois nouvelles, sans rien entre chaque histoire d’amour. On ignore même le temps qu’il s’est passé entre chaque rencontre. Mais l’écriture, sur un sujet aussi grave que l’amour passionnel et la folie amoureuse, est presque légère, avec des pointes d’humour et des phrases superbes, qui font rire le lecteur s’il ne fond pas en larmes… Par exemple celle-ci : « Apprendre à dire non est un travail de plusieurs années ; apprendre à dire non plusieurs fois de suite relève de la compétition.»
On retrouve dans ce petit livre, ou ces trois nouvelles, la plume alerte de Delphine de Vigan qui excelle dans l’art de décrire des situations graves sans tomber dans le pathos, en assaisonnant son récit dramatique de situations cocasses et de petites phrases drôles qui font passer la pilule. Car les personnages de cet auteur sont toujours un peu sur le fil du rasoir, « borderline » comme on dit aujourd’hui, et on ne sort pas indemne d’une telle lecture…
À découvrir.

Le rire du Cyclope

Le rire du Cyclope dans Livres lus RireCyclope_168-150x150 Roman de Bernard WERBER

Darius Woszniak est un comique très célèbre, élu Français le plus aimé des Français. Alors qu’il vient de terminer son one-man-show, il rejoint sa loge et s’enferme, à l’abri de ses nombreux fans qui l’attendent.
Soudain, de la pièce où l’artiste s’est enfermé provient un énorme éclat de rire puis un grand fracas. On frappe, on s’inquiète, rien, silence de mort. Les gardes du corps défoncent la porte et découvrent le cadavre du comique. A ses côtés git un coffret de la taille d’une boîte de cigares avec une inscription : BQT.

Lucrèce Nemrod, journaliste scientifique, veut résoudre cette énigme. L’enjeu est de taille : si elle réussit, elle est titularisée, mais si elle échoue, elle est virée. Christiane Thénardier, chef de rédaction, rêve de se débarrasser de cette jeune femme belle, intelligente et douée pour le journalisme, tout ce qu’elle n’est pas.

Pour réussir, Lucrèce propose à Isidore Katzenberg de s’associer à elle. Journaliste indépendant, il a travaillé naguère dans le même journal que Lucrèce et voue le même dédain à la Thénardier. Mais il se laisse prier car il
a déjà eu une histoire d’amour avec la jeune journaliste au terme d’une précédente enquête. Amoureux de la jeune femme, orpheline, à fleur de peau, impulsive, violente, mais aussi courageuse et pugnace, il recule l’instant de retomber sous son charme indéniable de petit animal blessé.

Alors qu’il a été conclu à une mort naturelle par crise cardiaque, les deux enquêteurs vont tenter de prouver que le célèbre comique est mort des effets de la BQT, la blague qui tue !

On retrouve avec plaisir les deux enquêteurs atypiques : Isidore l’homme d’âge mûr, obèse, flegmatique, philosophe, pacifique, et Lucrèce, jeune femme frêle, à la sensibilité à fleur de peau, un tantinet agressive, rebelle et impulsive. Le tandem fonctionne mais l’histoire est longue, trop longue. Cela dure et cela
finit par un flof, comme une fusée de feu d’artifice qui aurait pris l’humidité.

Room

Room dans Livres lus Room-150x150 Roman de Emma DONOGHUE

Jack a cinq ans. Comme tous les petits garçons de son âge, il ne pense qu’à jouer, regarder la télévision, écouter les histoires que sa mère lui raconte, dessiner, sauter, observer les insectes. Pourtant, Jack n’est pas un enfant comme les autres. Deux ans avant sa naissance, sa mère âgée de dix-neuf ans a été kidnappée par un détraqué qui la séquestre depuis dans une cabane de jardin au milieu d’un quartier ordinaire, une cabane très banale vue
de l’extérieur mais transformée en prison, seulement éclairée par une lucarne qui donne sur le ciel et fermée par une porte sécurisée par un code d’accès.

Violée par cet homme, la mère de Jack a mis seule son enfant au monde et s’efforce de l’élever au mieux en le protégeant de son agresseur. Le petit garçon grandit dans la crainte de Grand Méchant Nick qu’il entend quand il vient rendre visite à sa mère mais qu’il ne voit pas car il a alors pour consigne de dormir dans l’armoire.
Il évolue dans un espace de dix mètres sur dix mètres, en harmonie avec sa mère qui constitue son univers. Son monde réel se résume à cette petite pièce, la « chambre », et aux objets qui la meublent et la décorent et qu’il a appris à respecter comme faisant partie intégrante de sa vie : Monsieur Lit, Madame Commode, Madame Table, Monsieur Tapis, etc. En revanche, tout ce qu’il voit à la télé est faux, c’est un univers imaginaire dans lequel se trouvent la planète Hôpital, la planète sauvage, etc. Mais la télé, il la regarde avec parcimonie car sa maman dit que ça ramollit le cerveau. Or à cinq ans, Jack sait lire, écrire et compter et connaît beaucoup plus de choses que n’importe quel garçonnet de son âge. Il est même tellement éveillé que sa mère s’inquiète car elle peine de plus en plus à répondre à ses questions et à maintenir l’illusion d’une vie normale. Elle décide alors d’organiser l’évasion de son fils.
Comment un enfant qui n’a connu que la captivité sans le savoir va-t-il pouvoir s’adapter au monde du Dehors » ?

Quand on arrive à la dernière ligne de ce roman inspiré d’un fait divers, on se dit que rien, de ses petits tracas quotidiens, n’a vraiment d’importance… Mais comme l’histoire est racontée par l’enfant, toute l’horreur de la situation passe et on parvient même à sourire !

Passé englouti

Passé englouti dans Livres lus Passé-englouti-150x150 Roman de Paul ZEITOUN

André a passé la soixantaine et mène une vie paisible. Divorcé et père de trois enfants, deux filles et un garçon, il sort d’une rupture avec son amie.
Fin août, dans le métro, il croise Léa, le portrait tout craché d’une jeune fille, Louise, qui fut son premier amour et son premier chagrin. En effet, originaire d’un village du sud de la France, il avait dû quitter la région à l’annonce de l’engloutissement du village pour la construction d’un lac artificiel. Âgé de dix-huit ans, il avait suivi sa mère et son beau-père, gendarme, dans la région parisienne. En dépit d’une correspondance assidue, l’amour fort et sincère que partageaient les deux jeunes gens n’avait pas survécu à l’absence. Louise lui avait un jour annoncé son mariage ; lui-même avait épousé une autre femme et fondé une famille.
Quand il rencontre Léa, son passé qu’il croyait englouti ressurgit des eaux du lac et le transporte vingt ans en arrière. La jeune fille, qui n’est autre que la petite-fille de Louise, invite André à rencontrer sa mère Florence, la fille de Louise. Il lui donne sa carte de visite et le lendemain, Florence l’appelle pour l’inviter à dîner. André accepte. D’emblée, le trio s’entend à merveille et décide de partir pour le Sud, à la découverte du nouveau village implanté à proximité du lac. Se croyant libre comme l’air, André accepte.
Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il reçoit à l’hôtel une convocation au commissariat. Pensant à une infraction au code de la route, il s’y rend et apprend qu’il est… recherché ! Ses trois enfants, de retour de vacances, sont inquiets suite à sa brutale disparition. En réalité, c’est surtout Fanny, sa fille aînée, au caractère anxieux et dirigiste, qui a réussi à communiquer son angoisse à son frère et à sa sœur et qui a pris les choses en mains pour retrouver leur père.
Un petit roman très bien écrit avec une excellente analyse des personnalités de chaque personnage.

Rien ne s’oppose à la nuit

Rien ne s'oppose à la nuit dans Livres lus Rien-ne-soppose-à-la-nuit-150x150   Roman de Delphine de VIGAN

L’histoire commence par un suicide. Une jeune femme découvre le corps sans vie de sa mère âgée de soixante et un ans, une mort à la fois prévisible et inattendue. Ce décès d’une mère atypique va devenir, pour l’auteur, l’occasion d’une enquête familiale pour essayer de comprendre la mal-être permanent de cette femme.
Lucile est le troisième enfant de neuf, une petite fille très belle et secrète, toujours sur la réserve, préférant le silence et la réflexion aux jeux de ses frères et sœurs. Ses parents, Liane et Georges, sont également hors normes, dans leur mode de vie et leur système d’éducation. Dès son plus jeune âge, Lucile travaille comme modèle et prend cette activité très au sérieux.
Très tôt, cette famille va être marquée par le malheur. Un frère, très proche de Lucile par l’âge, meurt accidentellement, d’une chute dans un puits. Pour compenser cette perte, les parents adoptent un enfant maltraité, retiré à sa mère. Après un temps d’adaptation un peu difficile, le garçon mourra dans des conditions un peu obscures, entre l’accident et le suicide. Puis un autre frère se suicidera à l’âge de 28 ans.
Marquée par ces malheurs, Lucile se marie et met deux enfants au monde : Delphine et Manon. Les deux petites filles vont devoir apprendre à vivre avec une mère maniacodépressive, consommatrice régulière d’alcool et de drogue, périodiquement internée en unité psychiatrique.
Le besoin d’écrire sur sa mère va amener l’auteur à enquêter sur sa famille, à découvrir les zones d’ombre de sa mère, mais aussi des secrets de famille, des épisodes qui prennent un éclairage tout à fait différent à la lumière du geste désespéré de Lucile.
Classé dans la catégorie des romans, ce livre est toutefois très largement autobiographique. L’auteur plonge dans un univers à la fois joyeux et glauque et le lecteur ne sort pas indemne de ce récit sans complaisance. A lire.

Le mec de la tombe d’à côté

Le mec de la tombe d'à côté dans Livres lus Le-mec-de-la-tombe-dà-côté-150x150 Roman de Katarina MAZETTI

Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son époux, décédé bien trop tôt, après seulement quelques années de vie maritale. Elle y rencontre souvent Benny, un homme d’une bonne trentaine d’années qui vient se recueillir sur la tombe de ses parents.
Elle, citadine jusqu’au bout des ongles, et lui fermier convaincu malgré la rudesse de la vie paysanne, ne voient que leurs différences. Elle est agacée par son apparence rustre et le soin qu’il apporte au fleurissement de la pierre tombale tapageuse. Il est irrité par le physique sec et terne de cette voisine de cimetière qui incarne tout ce qu’il déteste chez une femme.
Et puis un jour, leurs regards vont vraiment se croiser et un sourire va faire fondre tous les préjugés. L’un et l’autre vont se sentir happés par le désir et balayés par une vague qui va les emporter bien au-delà de cette attirance charnelle. Mais ce violent coup de foudre va se transformer en choc des cultures, des goûts, des idées et des conceptions de la vie. Désirée la bibliothécaire va découvrir une ferme à la limite de la malpropreté et Benny va entrer dans le monde aseptisé d’un appartement au décor blanc minimaliste. Alors qu’il rêve d’une soirée à regarder avec elle un film grand public, elle l’invite à l’opéra, alors qu’il lui expose le problème de l’insémination de ses vaches laitières, elle évoque Lacan. Bref, ces deux-là s’aiment comme des fous mais ne sont jamais sur la même longueur d’ondes. Difficile, dans ces conditions, d’envisager un avenir commun…
Ce roman est une petite merveille. Ecrit sous la forme d’un journal à deux voix, on examine tour à tour le point de vue féminin puis masculin. C’est écrit avec beaucoup de tendresse et une tonne d’humour, avec des expressions hilarantes pour décrire des situations cocasses.
A lire absolument.

 

Cousine K

Cousine K dans Livres lus cousineK-150x150 Roman de Yasmina KHADRA

Enfant, il a vu son père se balancer au bout d’une corde, son sexe enfoncé dans sa bouche, assassiné puis pendu à une poutre de la grange où vient de naître un veau. Le garçon n’a plus le souvenir du père vivant, mais il garde ancré dans sa mémoire celui du cadavre hideux.
La mère ne s’est jamais remise de ce décès ; heureusement, elle a un fils, le narrateur, mais celui-ci ne compte pas à ses yeux. Elle a un deuxième fils, officier dans l’armée algérienne. Le jeune homme est son unique soleil tandis que son autre fils est transparent et insignifiant, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse. Plus destructrice que la haine, l’indifférence maternelle marginalise le garçon.
La cousine K trouve aussi grâce aux yeux de la mère ; l’enfant a toutes les qualités. Mais son fils amoureux sait que ce n’est pas vrai car il subit ses humeurs et ses humiliations, il sait qu’elle est méchante et cruelle. Comme l’était son chat, cet animal fourbe qui l’a griffé et qui a disparu immédiatement après ce geste agressif… Cousine K aussi disparaît, poussée dans le puits par l’amoureux éconduit. En état de choc, elle n’est pas capable de dénoncer son agresseur et personne ne pense qu’il peut être l’auteur du forfait. On ne lui accorde même pas cette capacité meurtrière ; on ne s’intéresse décidément pas à lui, ni pour le bien qu’il pourrait faire, ni pour le mal qu’il fait.
Alors quand il rencontre une jeune fille sur le bord du chemin, il lui offre l’hospitalité. Il voit en elle l’espoir d’exister, la possibilité de vivre aux yeux d’une personne. Mais il n’est pas au bout de ses souffrances et la folie guette…
Un petit livre de cent pages d’une incroyable intensité psychologique et dramatique.
A prendre absolument dans ses bagages pour les vacances, en cas de soirée pluvieuse…

Eclats de vie

Eclats de vie dans Livres lus Eclats-de-vie-150x150 Recueil de pensées de Jeannette INSURGE

La tendresse… Laetitia ou la mort d’un enfant de quatre ans… Une petite fille malheureuse…
Mais que l’on ne s’y trompe pas, « Eclats de vie » ne se limite pas à l’émotion, à la tristesse, à la mort. Il y a en effet des textes franchement drôles, comme celui du petit chien qui pue charogne. La ruse développée pour traquer l’animal et le mettre sous la douche est venue à bout de mes tentatives de retenue pour ne pas déranger ma compagne qui lisait à mes côtés ; j’ai éclaté de rire et elle a dû patienter avant d’apprendre la raison de mon hilarité débridée. Idem pour le texte sur les grandes surfaces !
À côté de ces scènes rocambolesques, il y a des paragraphes de pure poésie et d’amour inconditionnel. Il y a la lutte acharnée contre la maladie, l’injustice d’une société, la muflerie des médecins, la stupidité des administrations.
Ces « Eclats de vie » sont des instantanés avec la palette de sentiments que chaque être humain déploie au cours d’une existence. Les mots de Jeannette Insurgé sont des claques, des baisers, des coups de poing, des caresses. Ses mots enchantent, dérangent, bouleversent, renversent le lecteur, le poussent dans ses ultimes retranchements par leur poésie, leur crudité, leur douceur, leur violence.
Ces « Eclats de vie » sont truffés d’a priori, de jugements à l’emporte-pièce, d’excès en tout genre ; on y trouve même un procès injuste à Verlaine avec en prime un poème mal retranscrit ! Mais alors même que cette prose au style du langage d’aujourd’hui parfois m’agace par son côté trop oral, par ailleurs elle me subjugue, elle me fascine et me transporte par sa truculence et son immense sincérité.
Si vous voulez sortir des sentiers battus pour vos lectures de l’été, précipitez-vous sur le site de la FNAC pour acquérir ce livre qui ne vous laissera pas indifférents. Mais attention, lire de l’« Insurgé », c’est prendre un risque voire deux : subir le chaud et froid de ces chroniques, et devenir accro à cette écriture qui défie tous les codes et vous soulève de terre. A la fin des 300 pages, j’ai hésité entre le k.o. et la poussée d’énergie. Mon commentaire a été : « Putain… ! ».
Il se trouve que l’auteur est une amie très chère, mais cette critique est sincère et objective. Ni elle ni moi ne pratiquons la flagornerie, sachant que l’amitié n’y survivrait pas.

 

 

 

 

 

 

 

ABC du magnétisme

ABC du magnétisme dans Livres lus ABC-du-magnétisme-150x150de Jacques MANDORLA

Après l’art du pendule, j’ai voulu en savoir plus sur le magnétisme. Ce manuel aborde la radiesthésie avec une relative simplicité, avec l’appui de nombreux schémas et exemples.
Comme Michel Hennique, l’auteur du livre sur le pendule évoqué plus haut, Jacques Mendorla estime que chaque être humain dispose d’un magnétisme en plus ou moins grande quantité mais surtout de plus ou moins bonne qualité selon que l’homme ou la femme en a conscience et exploite ce don. Et comme son confrère, il insiste sur la nécessité de beaucoup travailler et s’exercer pour acquérir la concentration nécessaire pour utiliser ce magnétisme à bon escient.
Dans ce livre pédagogique, il explique également les raisons du rejet quasi systématique du corps médical qui refuse de voir magnétiseurs, radiesthésistes et autre rebouteux comme des guérisseurs.
Après avoir expliqué les différentes techniques et dévoilé quelques cas de guérisons quasi miraculeuses, Jacques Mendorla met en garde les amateurs contre les risques encourus s’ils exercent leur art sans précaution. Car le fameux article L372 du Code de la Santé peut, en cas de dénonciation, mener les imprudents en prison et/ou leur infliger une lourde amende. Ils donnent donc quelques conseils afin de déjouer les pièges et ne pas être inculpés pour pratique illicite de la médecine. Enfin, en conclusion, il cite quelques organismes et associations susceptibles d’accueillir et défendre ceux qui voudraient mettre leur don de magnétiseur ou radiesthésiste au service de leurs prochains.
L’ouvrage n’est pas nouveau puisqu’il date de 1988 et je me demande si le corps médical n’a pas un peu évolué sur le sujet, acceptant d’admettre le pouvoir du magnétisme sur une certaine catégorie de patients et en complément d’une thérapie allopathique.
Moi qui fréquente plusieurs « sorcières », je peux attester de l’efficacité du magnétisme pour soulager des maux de crâne récurrents et persistants. Mais le plus spectaculaire a été la guérison, en quelques heures après une séance de magnétisme de plusieurs minutes, d’une grosse cloque au pouce suite à une brûlure.

Mes amies, mes amours, mais encore ?

Mes amies, mes amours, mais encore ? dans Livres lus Mes-amies-mes-amours-mais-encore-150x150   Roman de Agathe HOCHBERG

Il y a trois copines, Jeanne, Natacha et Violette. Toutes les trois sont mariées et deux ont des enfants ; seule Natacha tente en vain de procréer. Ce qu’elles ont en commun, en revanche, est la muflerie de leurs maris ! Tous trois ont tôt fait d’assassiner ce « crétin » de Prince charmant qu’ils incarnaient au début de leur relation. Ils ne s’intéressent plus à leurs épouses et ne se rendent même pas compte de leurs souffrances, de leurs envies, voire tout simplement de leur existence.
Victor offre à son épouse, pour son trente-cinquième anniversaire, une soirée déguisement obligatoire. Il lui a acheté le parfait costume de Julia Robert dans « Pretty woman » : un fantasme pour celui qui porte le masque de Richard Geere !
Philippe se plie aux exigences de la procréation par FIV (fécondation in vitro) sans vouloir rien savoir de ce que sa femme endure, avant, pendant et surtout après chaque intervention ratée. Natacha consulte un psy pour essayer de garder la tête haute.
Violette, biologiste et femme de biologiste, a accepté de mettre sa carrière au ralenti pour favoriser l’avancement de son époux. Et le mufle ne se rend même pas compte qu’il usurpe le talent de sa femme. Alors la jeune mère d’une fillette de quatre ans met toute son énergie à éduquer sa fille, en essayant de ne pas reproduire le modèle parental, décontenancée devant la maturité et l’assurance de la gamine qui se montre volontiers odieuse.
Comment continuer à supporter cela ? En se lançant dans un business ? En prenant un amant ? En quittant son mari ? Les trois amies vont vivre chacune une tempête !
Un livre très plaisant à lire, dans la lignée du « Journal de Bridget Jones ». Aussi truculent et tendre à la fois avec des portraits d’hommes un peu caricaturés. Quoique…
A emmener en vacances, pour lire sur la plage.

 

La Haute Mer et autres nouvelles

La Haute Mer et autres nouvelles dans Livres lus La-haute-mer1 Recueil de nouvelles de Simone DEZAVELLE

Dans ces vingt-quatre nouvelles publiées en autoédition, Simone Dézavelle nous parle de la mer, mais pas uniquement. D’une manière générale, elle évoque surtout l’être humain en proie avec ses peurs, ses remords, ses démons. La solitude joue également un rôle important dans ses textes, la vraie solitude, seul face à soi-même, mais aussi seul au milieu d’autres êtres humains.
Elle parle aussi de la mort, celle que vivent les femmes de marins, quand elles attendent, soir après soir, le retour de leurs hommes, jusqu’au jour où l’une d’entre elles demeure seule sur la plage, les yeux rivés sur l’horizon, guettant l’improbable apparition du bateau qui ne rentrera pas. Mais aussi d’autres morts, ou séjours dans l’antichambre de la mort, où le personnage vit de l’intérieur ce dont les autres sont témoins.
Le recueil s’achève en apothéose sur une nouvelle de longueur largement supérieure à la moyenne des autres textes. Sur une quinzaine de pages, on accompagne un homme dans sa marche puis son ascension au sommet d’un immeuble mais aussi dans sa descente aux enfers. Tandis qu’il avance, posant résolument un pied devant l’autre, il déroule le cours de sa vie avec une lucidité implacable pour finir dans une radicalité vertigineuse.
Sur la quatrième de couverture, l’auteur nous apprend que la plus grande majorité de ces nouvelles ont été écrites durant la fin de son adolescence, entre seize et dix-huit ans et à peine modifiées pour la publication, quelques décennies plus tard.
La maîtrise de l’art de la nouvelle, dans sa concision, le nombre très limité de personnages – la plupart du temps un seul -, la durée dans le temps, elle aussi très limitée, à peine quelques jours, souvent quelques heures ou quelques minutes et une chute souvent brusque et en contre-point avec le reste du récit. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour des nouvelles de qualité.

Le parapluie noir

Le parapluie noir dans Livres lus Le-parapluie-noir-150x150    Roman de Simone DEZAVELLE

Alors que le ciel est d’un bleu parfait, un homme dans la rue ouvre son grand parapluie noir avant de se raviser. Une jeune femme le remarque et, obéissant à une impulsion, suit l’inconnu, intriguée par son étrange comportement. Puis elle le perd de vue avant de le retrouver, comme par hasard. Mais est-ce vraiment un hasard ?
Cette jeune femme ne travaille pas ; elle est en invalidité suite à un très grave accident de la circulation qui a failli lui coûter la vie et qui lui a ravi son fiancé, à quelques jours seulement de leur mariage. Elle a passé de longs mois dans le coma avant de revenir à la vie. Puis elle a mis toute son énergie à se reconstruire, à réapprendre à marcher et à effectuer tous les gestes de la vie quotidienne qui paraissent tellement anodins dans leur évidence naturelle et qui deviennent une somme d’efforts à la limite du surhumain quand un évènement nous ôte brutalement l’usage de nos facultés, physiques ou intellectuelles.
Outre l’intérêt qu’elle porte à cet inconnu qu’elle a décidé d’appeler Raphaël pour lui donner plus de consistance, elle doit tourner toute son attention à son prochain déménagement suite à la décision de son propriétaire de récupérer l’appartement qu’elle occupe. Dans sa décision de trouver un nouveau logement dans le même quartier, l’inconnu n’est pas étranger. Ses sentiments à son égard sont contradictoires : elle désire et craint à la fois de le rencontrer.
Et puis un jour, elle reçoit un bouquet de fleurs anonyme ; elle ne doute pas de son expéditeur. Cet homme occupe de plus en plus ses pensées. Simultanément, les cauchemars la hantent régulièrement, lui faisant non seulement revivre le terrible accident, mais lui révélant des bribes de conversation avec l’équipe de secours.
Alors qu’elle pensait avoir perdu Raphaël, le voilà qui réapparaît avec à la main l’écharpe qu’elle portait, ce fameux jour où sa vie a basculé, et qu’elle croyait perdue. Mais qui est donc cet homme ?
Un livre autoédité très bien écrit, que l’on découvre en quelques heures.

Adieu, vive clarté…

Adieu, vive clarté... dans Livres lus Adieu-vive-clarté-150x150Roman de Jorge SEMPRUN

De nombreux poètes, mais Baudelaire en particulier, ont bercé l’adolescence de Jorge Semprun, d’où l’emprunt de cette moitié d’alexandrin d’un poème issu des Fleurs du mal pour titre de son livre de souvenirs.
Car dans cet ouvrage, l’auteur ne parle que de son enfance, son adolescence, la Guerre d’Espagne, l’exil en France, l’apprentissage de la langue de Molière, ses études au lycée Henri IV. Il nous raconte le déchirement du départ de Madrid pour le Pays Basque français où les rouges Espagnols séjournèrent dans des conditions peu glorieuses pour la France, le transit au Pays-Bas puis l’arrivée à Paris. Il parle de l’humiliation subie par l’adolescent dont l’accent prononcé et le français hésitant n’avaient pas permis qu’il se fasse comprendre d’une boulangère parisienne qui prit les autres clients à témoin pour évoquer devant le garçon « l’armée en déroute » des Républicains fuyant les militaires de Franco. Ce jour-là, le jeune Semprun se jura de maîtriser le français mieux que les Français eux-mêmes. Il a magnifiquement réussi.
Mais ce livre est aussi le récit de la découverte du corps, le masculin et le féminin, l’apprentissage des rapports hommes-femmes, l’initiation à la séduction, au plaisir. Dans un Paris où les sujets de conversation tournaient autour de l’inévitable conflit mondial, Jorge Semprun fait la connaissance d’hommes politiques et de gens de Lettres importants. Malgré son jeune âge, sa culture et sa soif inextinguible d’apprendre lui permettent de fréquenter les intellectuels parisiens de l’époque et de se mêler à leurs discussions lors des repas. Mais la fraîcheur de sa jeunesse et sa candeur évidente lui donnent aussi l’opportunité de frôler de près des femmes d’âge mûr qui ne souhaitaient rien tant qu’initier cet adolescent aux plaisirs de la chair. Et c’est bien dans les bras de l’épouse d’un homme influent dont il fut l’hôte qu’il perça les mystères du corps féminin.
Un livre magnifiquement écrit qui nous plonge dans une époque tourmentée, juste avant le départ de l’auteur pour le camp de concentration de Buchenwald, et néanmoins délicieuse car éclairée par le regard curieux de l’adolescence.

 

Poèmes de femmes des origines à nos jours

Poèmes de femmes des origines à nos jours dans Livres lus Poemes-De-Femmes-Des-Origines-A-Nos-Jours-Anthologie-Livre-871805918_ML-150x150Anthologie de Régine Deforges

Tout le monde connaît Régine Deforges et sa fameuse Bicyclette bleue qui eut un retentissant succès en librairie et plus tard sur le petit écran. Mais l’écrivain et éditrice française nous propose dans ce livre de découvrir la poésie féminine du XIIe siècle à nos jours.
Cette anthologie compte plus de 100 poètes et plus de 200 poèmes. On y trouve bien sûr des femmes très connues comme Louise Michel et Anna de Noailles, mais également des femmes dont seuls les spécialistes de la poésie féminine connaissent les textes et même les noms. C’est un tour d’horizon fabuleux avec des vers qui ne le sont pas moins. Ainsi ceux-ci de Louise Ackermann sur l’amour et la mort :
« Vous dites à la Nuit qui passe dans ses voiles :
J’aime et j’espère voir expirer tes flambeaux.
La Nuit ne répond rien, mais demain ses étoiles
Luiront sur vos tombeaux. »
Cet aveu de la Madame de Noailles que de nombreux auteurs pourraient s’approprier :
« J’écris pour que le jour où je ne serai plus
On sache combien l’air et le plaisir m’ont plus,
Et que mon livre porte à la foule future
combien j’aimais la vie et l’heureuse nature. »
Ou ces étreintes du sang de Cécile Sauvage :
« Les étreintes du sang ont une pauvre flamme,
Les regards de l’amour s’arrêtent à nos yeux
Et le parfum intime et profond de notre âme
Doit en elle à jamais rester mystérieux.
Il faut que sur la lèvre à jamais étrangère
La coupe du baiser brise son frêle orgueil
Et répande sur nous le froid d’un cimetière :
Mon âme est dans ma chair comme dans un cercueil. »
Enfin, en terme de conclusion, ces quatre vers émouvants de Marie-Claire d’Orbaix qui mourut en 1991 :
« Je me parle tout haut
pour entendre une voix
et pour avoir moins froid
Je me prends dans mes bras. »

L’écriture ou la vie

L'écriture ou la vie dans Livres lus lécriture-ou-la-vie-Jorge-Semprun-150x150 Roman de Jorge SEMPRUN

 

L’auteur vient d’avoir vingt ans lors de son arrestation début 1944. Envoyé au camp de concentration de Buchenwald, il sera libéré mi-avril 1945 par l’armée Patton.
Le livre commence d’ailleurs par cette journée où les soldats américains entrent dans le camp et considèrent, bouche bée, le jeune déporté qui va à leur rencontre. Ces hommes qui découvrent l’horreur sans pouvoir prononcer un mot suffisent à laisser le lecteur imaginer la scène incroyable qu’ils découvrent. Pourtant, Semprun ne tombe pas dans la facilité en abreuvant le lecteur de descriptions effroyables, de détails sordides, de jugements à l’emporte-pièce.
Ce récit, qui n’est pas linéaire, a été écrit longtemps après le retour de Buchenwald du jeune homme et son propos est justement de démontrer comment, revenant de l’enfer, ce brillant étudiant à Henri IV, qui avait lu une quantité inimaginable de livres et côtoyé un certain nombre d’intellectuels parisiens, ne pouvait se mettre à table et raconter, plume en main, ce qu’il venait de vivre. Il a fallu cinquante ans pour que ce réfugié du régime franquiste, arrivé en France à l’âge de seize ans, puisse enfin aborder le sujet dans un livre, en mêlant aux sordides souvenirs de ces quinze mois d’emprisonnement dans un camp où l’odeur de la chair brûlée avait même fait fuir les oiseaux une multitude d’autres souvenirs des cinquante dernières années.
Il lui a fallu vivre en essayant d’occulter cette période de son existence avant de pouvoir, âgé de plus de soixante-dix ans, revenir sur cette expérience unique : survivre à sa propre mort.
Ecrit dans un français extraordinaire, ce livre ne peut se lire comme un roman, d’une traite. Car malgré l’absence de descriptions longues et détaillées de l’horreur quotidienne de Buchenwald, le récit foisonne d’images qui ramènent à ces quinze mois de l’enfer vécu dans ce camp dont l’auteur savait qu’il était très proche de Weimar, la ville natale de Goethe.
Dans ce livre, aucune haine, aucune stigmatisation, aucun raccourci facile. Semprun, qui maîtrisait la langue de l’un des plus grands poètes de tous les temps, accepte même la vérité qu’il découvre cinquante ans après son arrivée à Buchenwald : il doit la vie à l’Allemand qui remplissait les fiches de renseignements à l’arrivée des déportés…

Récipient d’ère

Recueil de poèmes de Pascal LEFEVRE

Cet ouvrage, dont le titre donne le ton, contient douze poèmes, plus exactement douze sonnets.
Les thèmes sont variés. L’auteur évoque Noël et ses traditions qui disparaissent peu à peu au profit du commerce :
« 
Rien n’est plus comme avant quand s’ouvrait l’antichambre
De la crèche à reprendre en oubliant l’enfer
D’une pénible année où, déposée à l’air,
L’orange en durcissant se grisait de décembre… »

Le poète évoque aussi des sujets d’actualité ; ainsi dans son poème « La prison de tissu » :
« En cachant le brillant de son regard de femme,
La grande burqa noire étouffe ce savoir
Que la fillette, avant, rêvait d’aller revoir
Après avoir senti s’allumer une flamme !
[…]
Et puis, en s’éloignant vers son  piètre horizon,
Son image est restée en ma mémoire telle
Qu’un graffiti creusé sur un mur de prison. »

La politique n’est pas oubliée :
« Aussi pour éviter qu’un roublard trop adroit
Ne gruge le bon peuple avec autant d’audace
Qu’un Madoff attiré par les sous que l’on place,
Il faut que son envers soit vu comme un endroit ! »
Et encore dans un poème intitulé
« La grande erreur » :
« Les peuples s’éveillant rêvent de liberté
Et regardent la France avec tant d’espérance
Que le Français lui-même a la couleur garance
Qui lui saute au visage avec grande fierté.
[…]
« C’est la fraternité qui, seule en point de mire,
Donne l’Egalité sans que soit imposé
Au faible le pouvoir du plus fort qui s’admire ! ».
Le poète évoque également des grandes causes comme la
« Peine de Mort » :
« Comment peut-on prôner, en étant démocrate,
Le rétablissement de la peine de mort
Sans beaucoup de soucis ni le moindre remords
Ainsi qu’un médecin rejetant Hippocrate ? »

Ces douze sonnets, quasiment parfaits du point de vue de la technique classique, manquent hélas, à mon goût, de souffle poétique. Mais ils sont prometteurs pour le prochain recueil de cet auteur méritant pour l’effort intellectuel dont il a fait preuve, ce qui lui a valu l’édition de ce fascicule en récompense du Grand Prix des Poètes Lorrains que la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) lui a attribué en 2011.

Au fil des mots, du temps et de la poésie

Au fil des mots, du temps et de la poésie dans Livres lus Métivier-1ère-de-couverture001-150x150 Recueil de poèmes de Nicole METIVIER

Dans ce recueil de cinquante poèmes organisés autour du temps qui en est le thème phare, on aborde une poésie le plus souvent néo-classique avec, ça et là, de parfaits alexandrins, ce qui fait dire à l’amatrice de prosodie que je suis : « quel dommage que l’auteur n’ait pas poussé plus loin la perfection ! » car Nicole Métivier a l’étoffe du poète classique, il faudrait parfois très peu de chose pour éliminer les quelques petits défauts techniques. Mais cet avis n’engage que moi et n’enlève absolument rien au plaisir ressenti à cette lecture et à l’admiration que certaines trouvailles ont suscitée.
Pour parler de l’enfant en devenir :
« Elle sentait la vie au milieu de son ventre,
Le doux frémissement d’un petit corps menu ».
Et plus loin ce quatrain sublime :
« Il avait du comment le pourquoi du Mystère,
La conscience du Tout dans l’Infini des Cieux,
Et le Livre de Vie à porter à sa mère
Afin que sa lecture illumine ses yeux. »
Qu’elle évoque la future maman ou le souvenir du père, l’émotion est toujours à fleur d’écriture. Mais la poésie à l’état pur surgit aussi dans des poèmes comme « Jean de la lune » avec ce superbe quatrain :
« Il arrive bientôt au bord de la margelle
Et scrute au fond du puits pour transpercer le noir
Mais dans ses profondeurs, exemptes d’une échelle,
La lune, un peu distraite, a dû se laisser choir. »
et encore avec nostalgie dans « La gomme » :
« Mais mon humble ouvrier à l’aspect compassé,
Par la microtechnique, a été déclassé
Et c’est l’ordinateur froidement cuirassé
Qui, d’un ”copier-coller”, retranscrit le passé. »
Pour évoquer le temps qui passe, l’artiste a des images originales :
« Le temps d’un baiser doux, l’horloge a fait trois tours »
Nicole sait aussi chanter « L’éternel féminin » :
« Elle a de ses vingt ans, la beauté saisissante »
Les inconditionnels du Petit Prince ne resteront pas insensibles à cette strophe :
« Lucarnes de l’espoir, lorsque je vous contemple,
Je sais que, quelque part, un être me sourit,
Un Petit Prince errant dont le cœur, il me semble,
En quête d’infini, recherche son amie. »
Bref, tant de poèmes si beaux que je ne puis me résoudre à en extraire quelques vers, sauf peut-être, pour conclure :
« Et dans le tendre écrin, crépuscule d’argent,
Un petit coin du ciel blottira mon serment,
Le plus beau des trésors, la promesse et la joie,
Ton amour et mon cœur dans un cocon de soie

Ce recueil, vendu 10 euros par l’auteur, n’est à ma connaissance pas commercialisé dans les lieux de vente habituels. Mais n’hésitez pas à vous rendre aux différents salons littéraires locaux ; vous aurez toutes les chances d’y rencontrer Nicole pour une dédicace. En cadeau à soi-même ou à un proche, ce premier ouvrage de l’auteur saura séduire le lecteur.

Le pendule

Le pendule dans Livres lus abc-du-pendule-150x150 Manuel d’utilisation de Michel HENNIQUE

Une amie a récemment éveillé ma curiosité sur l’art du pendule. Quelques jours avant mon départ en vacances, j’achetai donc un joli pendule et un livre sur l’art du pendule.
Cet ouvrage est à la fois un livre d’apprentissage et un recueil de témoignages. En effet, après chaque « leçon », l’auteur illustre son propos avec une anecdote, le récit approprié d’une recherche au pendule.
Les exercices à effectuer pour acquérir les rudiments du maniement du pendule sont à la fois simple et compliqués. Le premier est très facilement et très rapidement acquis : le sens de rotation pour obtenir les deux réponses fondamentales : oui et non. Car si pour la plupart des utilisateurs, la réponse oui se manifeste par une rotation horaire et le non par une rotation antihoraire, pour d’autres en revanche, c’est exactement l’inverse. Il est donc important, avant de commencer véritablement à utiliser le pendule à des fins de recherche, de savoir à quelles réponses correspondent les deux rotations. Indiquer au pendule de suivre une ligne tracée sur une feuille de papier est encore un jeu d’enfant. On avance bien dans l’apprentissage et les témoignages rapportés par l’auteur encouragent la débutante que je suis à poursuivre. Mais très vite, les choses se corsent ! Lorsqu’il s’agit de trouver une pièce d’un euro caché sous l’un de trois gobelets retournés, évidemment dissimulée par une tierce personne à mon insu, mon pendule hésite, part dans tous les sens, puis se met en rotation horaire au-dessus d’un gobelet, mais également au-dessus des deuxième et troisième, ou au contraire en rotation antihoraire au-dessus des trois ! Bref, ça cafouille sec ! Il faut dire que les conditions de concentration ne sont pas optimales : je ne suis pas seule dans la pièce et souvent la télé fonctionne, sans parler des ordinateurs en marche et de la proximité du micro-ondes et des téléphones portables ! Autant d’éléments perturbateurs…
Je n’ai donc obtenu aucun résultat probant avec mon joli pendule… mais la lecture de l’ouvrage est néanmoins très intéressante et je ne doute pas de la capacité de certaines personnes à véritablement obtenir des réponses à des questions précises grâce à l’utilisation du pendule. Je conseille donc volontiers la lecture de ce plaisant ouvrage rédigé par un sourcier reconnu. Toutefois, cartésiens s’abstenir !!!

Cantate de Cristal

Cantate de Cristal dans Livres lus Cantate-de-cristal-photo-couverture-24-10-11-150x150 Roman de Gilles LAPORTE

Florent est l’enfant unique de Jeanne et Firmin Rousselet, verrier à la compagnie de cristallerie de Baccarat, fleuron de la Lorraine dont la qualité était reconnue en Europe et dans le monde entier.
A l’école de la compagnie, que Florent fréquente par obligation en attendant l’âge de commencer son apprentissage, le garçon préfère le travail dans les écuries, aux côtés de Gustave, le palefrenier du patron. Surnommé le Déqueugnard, l’ancien grognard nostalgique de l’Empire et de l’empereur, raconte volontiers au gamin bon public ses exploits dans la Grande Armée de Napoléon.
L’histoire commence en 1843, le garçon a dix ans et découvre par hasard, en passant devant la chapelle, le chant par la voix de Regina Galtier, l’épouse allemande d’un ingénieur de la cristallerie. Or lui aussi a un rossignol dans la gorge ! Alors il s’enferme dans la chapelle et chante. Jusqu’au jour où madame Galtier l’entend et reste subjuguée par ce jeune prodige. Très vite, elle prend l’enfant sous sa coupe, l’emmène chez elle et l’éduque au chant, l’accompagnant elle-même au piano. Florent est un élève doué et passionné.
Jeanne Rousselet, qui a tant prié pour avoir cet enfant qui tardait à venir, qui a même adressé une promesse avec la Vierge, est cependant inquiète de ces leçons de chant chez la Dame et n’en dit rien à son mari. Mais la bonne surprend un jour sa patronne et Fleurent en plein exercice, l’adolescent entre les genoux de la femme dont la main est posée sur sa poitrine pour lui indiquer le passage de l’air. On commence à jaser… Pour la messe de Noël cependant, Regina s’installe à l’harmonium et Florent chante, pour la première fois en public et surtout, pour la première fois devant son père… qui le prend très mal. Au retour, il jette au jeu l’orange de Noël, le cadeau pour son fils !… La communication dès lors est difficile entre le père et le garçon et quand Regina, qui retourne en Allemagne avec son mari, propose de l’emmener avec lui, Florent est partagé entre le désir de la suivre pour chanter et de rester pour devenir verrier comme le père. Mais il n’aura pas l’embarras du choix car Jeanne oppose un violent refus à ce projet. Un an plus tard, quand le père décède, le fils lui promet, sur son lit de mort, de devenir verrier.
Il tiendra sa promesse, mais le rossignol dans sa gorge refuse de mourir et Regina, dans ses lettres, entretient la flamme…
Un beau roman d’amour, d’amitié et d’honneur, dans la magie de la cristallerie de Baccarat.

Les morsures du doute

Les morsures du doute dans Livres lus Les-morsures-du-doute-150x150 Nouvelles de Nicci FRENCH

Joey est une petite fille de huit ans un quart… Elle aime son papa passionnément et celui-ci le le rend bien. La fillette trouve dans cet amour exclusif beaucoup de réconfort car sa maman est toujours malade, alitée des journées entières à la maison, son grand frère et sa grande sœur sont beaucoup plus âgés qu’elle. Joey s’est donc construit un monde à part dont le héros est son père. Un jour, sa petite chatte disparaît, comme avait disparu avant la jeune fille au pair… Puis c’est Alison, sa grande sœur, qui disparaît à son tour. Joey constate ces disparitions étranges, mais sans leur accorder plus d’importance que cela. Et puis surtout, elle ne sait rien, elle n’a rien vu, rien entendu…
Max est un petit garçon heureux malgré l’arrivée de son petit frère Rory. Un jour pourtant, le bonheur de cette famille bascule quand le petit garçon tombe accidentellement dans la piscine. Stella, la maman, trouve réconfort dans une activité débordante : ménage, cuisine, etc. Incapable de pleurer ou d’exprimer son chagrin d’une manière ou d’une autre, elle range la chambre de son fils défunt le lendemain de l’enterrement. En revanche, Rick, son mari, perd les pédales. Stella lui conseille de voir un psychologue Lorsque celle-ci la contacte pour lui dire qu’elle renonce à soigner son mari, elle insinue le doute dans l’esprit de Stella. Rick aurait-il quelque chose à se reprocher ? Aurait-il une quelconque responsabilité dans la mort de leur fils ? Or Rick se pose exactement la même question à propos de son épouse. Tous deux s’espionnent. Mais la vérité est peut-être ailleurs, là où aucun d’eux ne la soupçonne.
Une jeune femme, épouse fidèle, mère dévouée et maîtresse de maison accomplie, prépare le repas de Noël mais aussi une vengeance implacable contre son mari adultère…
Trois nouvelles sur le doute du couple Nicci French, les spécialistes du thriller psychologique !

Embrassez-moi

Embrassez-moi dans Livres lus embrassezmoi1-150x150Roman de Katherine PANCOL

La narratrice est dans une chambre d’hôpital, elle semble ne pas vouloir sortir d’un état de torpeur suite à un traumatisme. Louise, l’infirmière, la bouscule et la force à écrire son histoire. Alors elle se souvient…
Mathias est tchèque. Il a fui son pays, comme ses deux frères, au nom de la liberté. Il a vécu à Paris puis sen rend à New York. Il veut réussir, coûte que coûte. Séducteur, il refuse cependant de se laisser aller, par peur d’une attache qui l’empêcherait de poursuivre le chemin qu’il s’est tracé. Jusqu’à ce qu’il rencontre la narratrice… La jeune Française vit aussi à New York, avec Virgile, un jeune homme farouche qui détient un terrible secret qui l’empêche un peu de vivre et de s’épanouir.
La narratrice, journaliste et écrivain, établit un parallèle entre la comédienne Louise Brooks qu’elle a longuement côtoyée au crépuscule de sa vie, et la jeune infirmière qui s’occupe d’elle et qui se prénomme aussi Louise.
C’est l’histoire d’une histoire d’amour un peu compliqué entre un jeune homme habituée à cacher ses sentiments et qui s’est fixé des objectifs, et une jeune femme victime de traumatismes qui l’empêchent de placer sa confiance dans un homme. Par crainte de se tromper et de souffrir, elle préfère laisser partir l’homme qu’elle aime. Mathias, incapable de lâcher prise, préfère quitter celle qu’il aime plutôt que d’avouer ses sentiments et son désir d’une vie commune. Les deux jeunes gens se quittent, malheureux l’un et l’autre.
Quand ils se retrouvent à New-York, un peu par hasard, ils vont hésiter à s’avouer mutuellement l’amour qu’ils se vouent. Quand enfin ils y parviennent, il faut cependant se quitter. Elle doit rentrer en France, lui doit rester aux Etats-Unis. Mais ils se promettent de se revoir bientôt car elle va rapidement revenir à New-York. A moins que le destin n’en décide autrement…
Un roman un peu lent à démarrer, mais qui finit par devenir passionnant et surprenant jusqu’au dénouement.

Marina

Marina dans Livres lus marina-de-carlos-ruiz-zafon-livre-894521551_ML-150x150Roman de Carlos Ruiz ZAFON

En 1980, à Barcelone, Oscar, un adolescent de quinze ans, est en pensionnat, délaissé par sa famille. Régulièrement, il s’échappe de l’établissement pour aller flâner. Il ne s’agit pas d’une fugue, mais d’une balade, d’un bol d’air vivifiant.
C’est ainsi qu’il arrive un jour dans une maison étrange, gardée par un chat noir mais ouverte aux éventuelles visiteurs. L’adolescent, subjugué par la voix cristalline qui s’échappe d’une fenêtre, pénètre dans la demeure qui semble vide. Sur la table, il voit un gramophone et une montre ancienne ; il la prend pour mieux la regarder. A cet instant, une silhouette se lève d’un fauteuil. Oscar prend peur et s’enfuit en faisant tomber l’appareil. Lorsqu’il arrive au collège, il s’aperçoit qu’il a emporté la montre par mégarde. Celle-ci porte une inscription avec un nom, Germain, sans doute le propriétaire. Le garçon n’étant pas voleur, il décide de retourner dans la maison pour rapporter l’objet qu’il a subtilisé sans le vouloir.
C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Marina, une jeune fille de son âge, extraordinairement belle. Elle lui apprend qu’elle est la fille de Germain, qui sera ravi de revoir sa montre… L’homme en effet se montre aimable avec le garçon et l’invite à déjeuner. Troublé par Germain qui semble prisonnier de son passé et envoûté par Marina, Oscar revient régulièrement. La jeune fille lui fait alors part d’un mystère qu’elle aimerait élucider avec son nouvel ami : dans un cimetière proche, une femme tout de noir vêtue se rend régulièrement sur une tombe anonyme, seulement décorée d’un papillon noir.
Un jour que le jeune homme est allé conduire son amie et son père à la gare pour un bref séjour dans la capitale, il erre sur le quai, les yeux encore fixés sur le train qui s’éloigne, lorsqu’un employé lui remet une enveloppe. Oscar lève les yeux et voit s’éloigner la dame en noir. Dans l’enveloppe, une carte avec un nom : « KOLVENIK ». Commence alors une enquête palpitante dans un monde effrayant.
Un livre dont l’aventure surnaturelle laisse perplexe, mais une histoire d’amour, belle et pure, entraîne le lecteur malgré lui.

Sourire en coin

Sourire en coin dans Livres lus Sourire-en-coin-150x150 Roman de NICCI FRENCH

Miranda, décoratrice d’intérieur à Londres, rentre du travail et trouve son petit ami, Brendan, qu’elle fréquente depuis peu, installé chez elle alors qu’il n’a pas la clef de son appartement ! Il l’a tout simplement prise sous le pot de fleurs !… Cette première contrariété vire à la colère quand elle découvre qu’il est en train de lire… son journal intime !!! Sans autre forme de procès et sans le moindre remords, elle le vire de chez elle.
L’incident est pour elle déjà presque oublié lorsqu’elle apprend que le même Brendan est le nouveau petit amie de sa sœur aînée Kerry. Non seulement celle-ci est follement amoureuse, mais le jeune homme semble avoir séduit en même temps les parents et le petit frère de Miranda.
Troublée par cet évènement dont elle essaie de se convaincre qu’il s’agit d’une simple coïncidence, une facétie du hasard, elle ne peut s’empêcher de douter de la sincérité du garçon et des sentiments qu’il affiche pour sa sœur. De fait, il devient vite évident que Brendan, par ses attitudes et ses propos, cherche à se venger d’elle. Mais comment prouver la perversité du jeune homme quand tous la pensent amère et jalouse ? Brendan en effet a maquillé les circonstances de leur rupture et chacun s’emploie à la traiter avec condescendance quand elle affirme n’éprouver aucun ressentiment ni dépit amoureux. Au point que Miranda doute de sa clairvoyance jusqu’au jour où Brendan et Kerry lui demandent l’hospitalité pendant quelques semaines, le temps de trouver une maison après que Kerry ait vendu son appartement… Très vite, elle ne se sent plus chez elle et le comportement malsain de Brendan la conforte dans ses doutes. A la suite d’un drame, Miranda décide de prendre le taureau par les cornes et de prouver la culpabilité de Brendan, au péril de sa propre vie.
Un thriller psychologique haletant, de la première à la dernière page.

Encore une danse

Encore une danse dans Livres lus Encore-une-danse4-185x300 Roman de Katherine PANCOL

Agnès, Clara, Joséphine, Lucille, Philippe et Raphaël ont grandi à Montrouge. Malgré le temps qui a passé, malgré l’échec des uns et la réussite des autres, les six amis d’enfance sont demeurés amis et se retrouvent régulièrement.
Chacun se raccroche aux souvenirs heureux de l’enfance mais les épreuves et les traumatismes qu’ils ont connus ne demandent qu’à ressurgir. Clara et Philippe, frère et sœur, ont perdu leur mère très jeunes. Pour protéger sa petite sœur, Philippe lui a longtemps caché la dépression puis le suicide de leur mère. Il est le grand frère protecteur depuis que Clara, âgée de dix ans, a été soumise par son oncle qui l’élève à un odieux marché sexuel. Agnès, l’aînée de trois enfants, a subi de plein fouet l’abandon de leur père pour la voisine du dessous ; sa mère lui a inculqué la droiture, la dignité et la fierté dans l’adversité. Joséphine a épousé le directeur d’une clinique privé ; elle ne manque de rien sauf d’amour et ce manque la fait devenir nymphomane. Lucille a perdu sa mère à sa naissance ; elle a grandi entre son père et sa gouvernante qu’elle s’est obstinée à tenir à distance afin que jamais elle ne remplace sa mère. Elle a épousé un milliardaire. Elle non plus ne manque de rien, sauf de l’essentiel, l’amour, la tendresse, les donner et même les recevoir. Quant à Rapha, c’est le beau gosse de la bande, l’artiste en plein essor.
Enfants, Clara et Rapha étaient déjà amoureux. Malgré les tromperies et les ruptures, ils le sont toujours restés. Mais à l’occasion d’un évènement majeur qui va mettre leurs vies en danger, chacun se rend compte que leur amitié repose sur le mensonge. Car s’il est clairement établi que Clara couche avec Rapha, chacun découvre que Rapha a couché avec Agnès et avec Lucille tandis que Joséphine couche avec Philippe…
Ce nouveau drame qui tombe sur les six amis va-t-il souder leur amitié ou au contraire la faire exploser.
Lecture plaisante.

Jusqu’au dernier

Jusqu'au dernier dans Livres lus Jusquau-dernier-150x150Roman de NICCI FRENCH 


A Londres, sept colocataires vivent dans une grande maison, cinq garçons et deux filles. La maison appartient à Miles, l’un des cinq jeunes hommes. Il y a donc Miles, Mick, Davy, Dario, Owen, Philippa et Astrid. Cette dernière est coursière. Sur son vélo, elle sillonne la capitale du matin au soir.
Un jour, de retour de sa longue journée sur sa bicyclette, à quelques mètres de son domicile, elle est percutée par une femme qui ouvre la portière de sa voiture sans regarder. Astrid fait un fabuleux vol plané et se relève, indemne hormis quelques éraflures et ecchymoses. Cela n’aurait dû donc être qu’un épisode sans importance de la vie quotidienne si, quelques jours plus tard, Peggy, la maladroite automobiliste, n’avait été retrouvée morte, sauvagement assassinée.
Un peu plus tard, dans un quartier huppé de Londres, une autre femme est tuée. Et c’est Astrid, venue récupérer chez elle un paquet à livrer, qui trouve le cadavre. Puis une troisième femme est retrouvée morte chez elle, Léah, la petite amie de Miles, le propriétaire de la maison. Astrid s’était disputée avec elle suite à son comportement avec les colocataires après l’annonce de Miles de sa décision de récupérer la maison pour lui seul et Léah.
Astrid est donc au cœur de ces trois meurtres. Peut-être même est-elle la meurtrière ? Ou alors un des six autres locataires ? Quelqu’un qui lui en veut au point de vouloir lui nuire ? Un ancien amant peut-être ? Miles l’a été… Ou Owen, son amant du moment ? Ou…
Un thriller psychologique, la spécialité du couple Nicci Gerrard et Sean French. Mais l’intrigue est un peu lente et la révélation du meurtrier aux deux tiers du roman gâche un peu le plaisir de l’attente du dénouement. Bref, sympa à lire mais rien de très haletant.

 

La fontaine de Gérémoy

La fontaine de Gérémoy dans Livres lus La-fontaine-de-Gérémoy-92x150 Roman de Gilles LAPORTE

L’histoire commence en 1857, dans les Vosges. Marie-Amélie Bouvier et Hyppolite Marmillot sont amoureux. Mais la Malie et le Polyte ont des jours sombres devant eux. En effet, le père de la jeune fille, brasseur de renom, n’entend pas donner sa fille à un paysan sans le sou. Quand elle refuse le comte qu’il lui destine, il la menace de l’enfermer dans un couvent. Aucun des deux ne cède ; Hyppolyte part au Canada.
Le jour de l’enterrement de Louis Bouloumié qui a fait de Vittel une ville thermale après l’acquisition de la fontaine de Gérémoy, Amélie réapparaît. Elle est sortie du couvent. Son père s’est suicidé, sa mère est placée en Franche-Comté et son frère Léopold travaille à la station thermale. Ambroise Bouloumié a repris la direction de l’établissement et embauche la Malie pour travailler aux douches. Elle rencontre Jules Darriaud, médecin, et se laisse séduire par cet homme qui l’entretient de littérature. Mais quand elle se retrouve enceinte, Darriaud lui propose un choix diabolique : faire passer l’enfant ou le donner !
Des deux maux, Amélie choisit le moindre. Après avoir accouché d’une petite fille, Julie-Victoire, et l’avoir perdue à peine sevrée, elle jure de tout faire pour la retrouver un jour. Elle y mettra du temps et beaucoup d’énergie, mais elle la retrouvera bel et bien, avant de la voir de nouveau s’éloigner lorsque l’affreuse vérité éclate.
Amélie et Julie, de 1857 à 1944, campent deux femmes libres, prêtes à se battre et à mourir pour des idées.
L’auteur balaie cent ans d’histoire, locale avec la naissance de Vittel, éternelle concurrente de sa voisine Contrexéville, mais aussi nationale et mondiale avec les deux guerres qui ont secoué le Vieux Continent. Gilles Laporte, dans un style éblouissant, aborde des thèmes intemporels : l’amour, l’honneur, la trahison. Un récit passionnant avec un final en feu d’artifice.

Retour à Tinténiac

Retour à Tinténiac dans Livres lus Retour-à-Tinténiac-150x150Roman de Eric LE NABOUR

L’arrivée  d’Adam Guillemot et de sa fille Natacha intrigue fortement les habitants d’Auray,  petite localité du Morbihan du début du XXe siècle. Pourquoi cet étranger  a-t-il choisi ce coin tranquille de Bretagne ? Pourquoi a-t-il acquis le  manoir de Tinténiac ? Pourquoi cet homme d’affaires a-t-il décidé de  racheter plusieurs sardineries de la région alors que la conjoncture économique  est plutôt défavorable aux investissements ? Pourquoi ce patron singulier  devance-t-il les revendications des syndicats ? Pourquoi prend-il à sa  charge les frais médicaux d’une ouvrière, brûlée au visage lors d’un accident  au bain d’huile de l’usine ? Est-ce vraiment par philantrophie ? Ou  bien, comme certains le disent, par calcul : endormir pour mieux berner ?
Qui est donc vraiment Adam Guillemot qu’un homme s’obstine à appeler Pierre Floc’h ?  Un philanthope ou un repris de justice, un anarchiste comme le prétend le baron  Gildas de Saint-Victor, fervent adepte du servage et de l’humiliation et qui voit  d’un mauvais œil l’arrivée d’un tel concurrent sur le marché de la conserverie  du poisson ?

Adam Guillemot, même s’il ne se mêle pas aux notables, s’intègre dans cette  petite ville bretonne. Mais qui est-il et que veut-il ? Car il ne semble  pas heureux, malgré l’amour de sa fille Natacha, orpheline de mère, malgré l’amitié de François Villèle, avocat, et de plusieurs autres hommes prêts à se jeter au feu pour lui, malgré l’estime de Célestin Pelven, curé d’Auray, malgré l’amour naissant pour Jeanne Leridan, une jeune institutrice, malgré sa fortune, apparemment immense.

La mort d’Antoine Durieux, directeur d’une de ses usines, va déclencher un cataclysme au centre duquel se trouve Gildas de Saint-Victor. Mais quel secret unit cet homme à Guillemot ? Quelle terrible blessure le vieux baron a-t-il infligée à Adam, ou Pierre, pour que celui-ci ne puisse oublier le passé au point de revenir sur les lieux mêmes de son enfance ?

Sans surprise mais agréable à lire.

A tous ceux qui… n’entrent pas dans les grilles

A tous ceux qui... n'entrent pas dans les grilles dans Livres lus A-tous-ceux-qui-nentrent-pas-dans-les-grilles-107x150 Essai de Jeannette INSURGE

Notre société repose sur une base fragile, pas du tout antisismique, et nos vies sur laquelle elles reposent sont par conséquent soumises aux multiples tremblements qui les agitent. L’argent est le maître de notre société. Sans lui, nous ne sommes rien aux yeux des autres. Alors bien sûr, il faut travailler, cela va de soi, pour avoir droit à la sécu, à la location d’un logement, aux prêts bancaires. Alors que se passe-t-il quand soudain, par la faute des actionnaires mécontents, une entreprise ferme ses portes ? Eh bien on est au chômage et là, très vite, tout peut basculer. On perd son appartement, on perd tous ses « droits », on perd son estime et sa dignité et parfois même la vie.
« Là, en bordure d’un supermarché, je le vois. Il est assis en tailleur sur le trottoir, avec une boule de poil (un petit chien adorable) au creux de ses jambes. Je l’observe intensément, quelque chose me gêne. Il est à l’écart des autres. Je fixe mieux, il est jeune, j’ai un pincement au cœur… l’âge de mes fils, peut-être un peu moins. »
Parfois c’est la maladie qui vous tombe dessus. Si vous avez de la chance, c’est un truc bien méchant mais bien connu, genre un bon gros cancer contre lequel les spécialistes ont élaboré un protocole :
« Une maladie, une vraie, répertoriée, rien que le nom ça fout des angoisses !!! »
mais parfois, c’est une maladie sans père ni père, à peine a-t-elle un nom :
« Maladie orpheline. Là le nom ne vous dit rien, et pour cause !!! »
Pour le réconfort, on pourrait croire qu’il y a l’Eglise et ses représentants, ces braves curés qui ne connaissent rien de la vraie vie mais tancent les ouailles sans rire :
« Lui, l’homme d’Eglise, drapé dans ses tissus car il faut un uniforme pour cacher la bêtise ! »

Ce livre n’est ni un roman ni un recueil de nouvelles ou de poèmes. C’est un recueil de pensées en prose duquel la poésie n’est pas exclue. Dès les premières phrases, le style est déroutant. Moi qui aime les longues phrases alambiquées de Proust, les imparfaits du subjonctif de Stendhal, le démarrage a été un peu rude. Par principe et surtout par amitié, j’ai poursuivi. Plus j’avançais, plus je m’habituais. J’ai accepté la forme pour me concentrer sur le fond. Et comme tout est dit avec humour, ça passe ou plutôt, ça secoue sec, ça remue, ça ébranle ! Car Jeannette ne fait pas dans la dentelle, elle n’y va pas par quatre chemins, elle n’appelle pas une vache une biche. Que du bon sens qui fait parfois froid dans le dos et rougir de honte car nous participons à l’absurdité du système. Alors entre deux textes bien cinglants, une petite histoire pleine de douceur et de poésie pour nous rassurer… Ouf ! tout va bien, la vie est belle !
231 pages d’humanité qui ne vous laisseront pas indifférents !

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