Archive pour la Catégorie 'Livres lus'

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Au bout de l’exil

Au bout de l'exil Roman de Micheline DUFF

Au Canada, vers la fin du 19e siècle, Joseph Laurin vient de perdre sa femme, Rebecca, morte en couches. Alors que sa sœur propose de rester là pour l’aider à préparer les obsèques qui doivent avoir lieu le lendemain, le veuf refuse. Dès qu’il se retrouve seul, il attelle son cheval à la charrette et y installe ses trois filles endormies. Puis il met le feu à la ferme. Un instant spectateur des flammes qui embrasent sa maison mais aussi la dépouille de son épouse, Joseph saute sur le siège de sa charrette et lance l’animal au galop. Le Canadien n’a qu’un but : fuir cette terre où il a mené une vie misérable pour rejoindre les Etats-Unis, pays riche où tout est possible.
Mais rien ne se passe comme prévu. Marguerite et Anne, douze et dix ans, le harcèlent de questions tandis que la petite Camille, six ans, réclame sa mère en pleurant. Pour fuir leurs jérémiades, il disparaît dans la forêt pendant de longues heures… Alors qu’ils ont passé la frontière, la benjamine est victime d’un accident qui la laisse entre la vie et la mort. Heureusement, Joseph trouve sur son chemin un couple qui lui offre de s’occuper de sa fille et qui lui trouve du travail dans une ferme un peu plus loin, où vivent une veuve et son fils. Le Canadien accepte ; il entraîne les deux grandes avec lui et laisse Camille aux bons soins du couple. Alors que Marguerite et Anne pensent retrouver une atmosphère familiale lorsque leur père et la fermière tombent amoureux l’un de l’autre. Mais l’ambition de Joseph est plus forte que tout et il repart sur les routes pour atteindre la destination qu’il s’est fixée : Lowell, une petite ville industrielle où vit son autre sœur. Mais cette dernière n’est pas ravie de voir débarquer son frère et deux de ses nièces !
Pour Marguerite et Anne, la scolarité n’est plus qu’un lointain souvenir, il leur faut travailler en usine pour aider leur père à subvenir à leurs besoins…
A la recherche d’une vie meilleure, Joseph, cet homme étrange, n’a-t-il pas entraîné ses trois filles dans une grande galère ? Chacune d’entre elles, à sa manière, va vivre des aventures palpitantes. Comme tant d’autres Canadiens français de l’époque, trouveront-elles le bonheur dans ce pays où l’industrialisation et le capitalisme dictent leurs lois cruelles ? Parviendront-elles à trouver leur place dans cette société de consommation aux traditions si différentes de celles qu’elles ont connues dans leur Canada natal ? Et en dépit des distances et des destins, arriveront-elles à rester unies ?
Une saga en trois tomes plutôt plaisante. C’est parfois un peu long et un peu mièvre, mais c’est un bon roman de vacances. Sans parler des truculentes expressions canadiennes !

 

Ils étaient six marins de Groix… et la tempête

Ils étaient six marins de Groix et la tempête Roman de Henri Quéffelec

Amédée le Diberder est patron sur son thonier dundee. A son bord travaillent pour lui cinq hommes dont le mousse Yves-Marie, quatorze ans, tous natifs et résidents de l’île de Groix, en face de Lorient, dans le Morbihan.
Tous reconnaissent la solidité du bateau baptisé L’aviateur Blériot ainsi que les compétences professionnelles et qualités humaines d’Amédée. Pourtant, lorsque la tempête se déclare, aussi violente que soudaine, les six hommes vont passer par tous les sentiments, y compris la peur et le doute. Amédée le Diberder est-il capable de ramener son bateau et ses hommes sains et saufs à terre ?
Un roman de 200 grandes pages qui tient le lecteur en haleine du début à la fin, d’autant qu’avec Henri Quéffelec, spécialiste de la mer, on n’est jamais sûr d’une happy end !
Merveilleusement écrit et décrit, accessible aux terriens qui n’ont de la mer, des marins et des pêcheurs qu’une très vague idée…

Vu de l’extérieur

vu de l'extérieur Roman de Katherine PANCOL

Vu de l’extérieur, Doudou a tout pour être heureuse : un gentil mari avec une belle situation, un joli pavillon dans une banlieue convenable, deux beaux enfants. Mais à l’intérieur, Doudou n’est pas heureuse. Elle a beau sauver les apparences, tromper soi-même comme autrui, elle ne parvient pas à se sentir vivante dans ce décor idyllique avec pour seul horizon les couches-culottes et la serpillière. Et malgré tout ce que peut lui apporter André, son époux, elle ne peut oublier son cousin Christian qu’elle aime depuis toujours d’un amour exclusif et réciproque. Alors quand elle entend à la radio que le beau Christian a été arrêté pour l’assassinat d’une jeune femme, elle quitte tout pour aller lui rendre visite en prison.
Cette fugue sera l’opportunité d’un nouveau départ. Elle y puisera la force, grâce à l’aide de Guillaume et d’Anita, de récupérer ses enfants sans se soumettre au désir d’André ni obéir au conformisme de sa mère. Comment cependant envisager l’avenir avec Christian ? Cet amour violent et destructeur issu d’un secret de famille est-il viable ? Et si la raison l’emporte, le cœur survivra-t-il ?
Un très bon roman.

Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit

Un jour je m'en ira sans en avoir tout dit Roman de Jean D’ORMESSON

Dans ce livre, improprement catégorisé dans la rubrique des romans, est en fait une suite de réflexions sur le thème cher à Jean d’Ormesson : le temps !
Ce n’est pas la première fois qu’il évoque le sujet ; il me semble même qu’il est au cœur de ses derniers ouvrages. Il parle de son grand-père, de sa tante Françoise et de sa cousine Marie, la femme de sa vie, celle qu’il a cru perdue quand elle a décidé d’épouser Pama Karpo, un garçon originaire du Tibet que sa mère, incapable de procréer, avait un jour ramené d’un voyage au Tibet ; quelques semaines plus tard, elle était enceinte de Marie !
Il nous parle de son enfance, de ses vacances auprès de son grand-père qui a joué un rôle si important dans sa vie, d’un temps où rien ne bougeait : « Longtemps, demain a ressemblé à hier. » et de son goût, déjà exprimé dans ses précédents livres, pour la paresse : « A côté du noble art de faire faire les choses par les autres, il y a celui, non moins noble, de les laisser se faire toutes seules. »
La mort tient aussi une place importante dans l’ouvrage : « Le plus cruel, quand on vieillit, c’est ce vide, peu à peu, qui se fait autour de soi. », après avoir longuement chanté l’amour, la grande affaire dans la vie de l’auteur comme dans la nôtre ! Mais l’amour pour lui est indissociable des voyages : le Maroc, l’Inde, la Grèce, encore et toujours la Grèce et ses iles innombrables aux criques minuscules, accessibles seulement par bateau, désertes et paradisiaques.
Puis il termine avec le temps, leitmotiv qui revient sans cesse comme une antienne : « L’avenir n’est rien d’autre qu’un passé en sursis. » Ce futur qui, à peine est-il devenu présent, se précipite dans le passé…
Alors bien sûr, ses détracteurs diront que l’auteur ratiocine et ils n’auront pas tout à fait tort. Mais on n’écrit bien que sur les choses que l’on connaît bien, et souvent les auteurs ont un thème récurrent qui finit souvent par devenir obsessionnel et occuper chaque nouvel ouvrage.
Et puis, quand on aime, on ne compte pas ! Je ne me lasse pas des mots de Jean d’Ormesson, qui coulent de façon si limpide et si mélodieuse !

Le journal d’un fou

Le journal d'un fou Nouvelle de Nicolas GOGOL

Poprichtchine est un petit fonctionnaire russe, au service d’un général dans un ministère à Saint Petersbourg. Il passe ses journées à effectuer des tâches insignifiantes et répétitives, notamment tailler des plumes pour son supérieur… Son seul rayon de soleil dans son existence désespérément grise : Sophie, la fille du général qu’il aimerait séduire.
Dès les premières pages, on réalise que le « héros » a des problèmes… Très vite, le lecteur ressent un étrange malaise ; il se demande s’il a bien lu, bien compris les phrases empreintes d’une absurdité grandissante… Mais lorsque Poprichtchine déclare qu’il est le roi d’Espagne que tout le monde attend, on découvre enfin la réalité de la vraie vie du subalterne en proie à de véritables crises de délire.

Une nouvelle intéressante sur le thème de l’ennui et de la folie.

Le petit héros

Le petit héros Nouvelle de Fiodor DOSTOÏEVSKI

Un jeune garçon d’une douzaine d’années est envoyé en vacances d’été chez un parent propriétaire d’une belle maison dans la campagne proche de Moscou.
Lors d’une fête, il fait la connaissance de Mme M***, une belle jeune femme dont le garçon tombe amoureux. L’amie de Mme M*** ne se gêne pas pour câliner le garçon et le mettre mal à l’aise.
Un jour, pour éblouir l’assistance, il décide d’enfourcher un cheval réputé intraitable et manque de peu d’être désarçonné. Cet acte de bravoure lui vaut néanmoins d’être accepté dans la compagnie des adultes et il peut donc côtoyer celle qui fait battre son cœur.
Cependant, le hasard veut qu’il soit témoin d’une émouvante scène d’adieu entre Mme M*** et un beau jeune homme. Le garçon réalise que la jeune femme a un amant. Blessé dans son amour, il récupère la lettre d’adieu malencontreusement échappée de la poche de Mme M***. Va-t-il la trahir ou devenir son complice ? Ce qui est sûr, est que cet été-là, le garçon a quitté le monde de l’enfance.
Une nouvelle d’une quarantaine de pages, sans grand intérêt sauf mon respect pour le grand Dostoïevski !

Une fâcheuse histoire

Une fâcheuse histoire Nouvelle de Fiodor DOSTOÏEVSKI

Ivan Illitch, haut fonctionnaire russe, se sent humilié lors d’un dîner avec deux hommes dont l’un fut son supérieur. Souhaitant être conforté dans la haute opinion qu’il a de lui-même, il se rend à l’improviste, alors qu’il est déjà tard, au repas de noces d’un de ses subordonnés auquel il n’a, bien sûr, pas été convié. Son désir de se montrer proche du peuple le pousse à se mêler à ces gens qui ne sont cependant pas enclins à le traiter comme un des leurs.
Déjà bien éméché, l’homme va se laisser enivrer au point qu’il terminera la nuit dans la couche nuptiale !
C’est une farce, mais on est un peu déçu par la fin tant l’auteur nous avait fait miroiter, tout au long de ce récit d’une soixantaine de pages, une issue fatale, meurtre ou suicide…
Cela dit, au-delà de la comédie, l’auteur dénonce surtout les barrières sociales de la Russie du XIXe siècle.

 

 

Les îles de la Miséricorde

Les îles de la Miséricorde Roman de Henri QUEFFELEC

Le 16 juin 1896,de retour d’Afrique du Sud, un paquebot anglais de la Castle Line, le Drummond Castle, navigue aux abords d’Ouessant, dans une brume à couper au couteau. La fête bat son plein pour la dernière soirée à bord.
Pearce, le capitaine, fait régulièrement effectuer des sondages pour vérifier la profondeur de l’eau dans cette région réputée dangereuse car parsemée d’écueil qu’il localise sur ses cartes. A intervalles réguliers aussi, la sirène de son bord prévient les éventuels bateaux du voisinage de sa présence dans le secteur. Malgré toutes ces précautions, le paquebot s’égare dans la brume et dévie très légèrement de sa route, s’engageant dans les courants du Fromveur, tout près de l’île d’Ouessant.
Un peu avant minuit, il heurte une roche. Le choc semble léger et personne n’est sûr de la raison du choc. Cependant la voie d’eau s’avère importante et sans tarder, le capitaine donne l’ordre aux matelots de mettre les canots à la mer. Sept minutes après le choc, alors que les membres d’équipage désignés pour cette besogne de routine quoique exceptionnelle n’ont pas tout à fait terminé leur manoeuvre, le navire pique et coule. Il disparaît en quelques secondes, emportant tout vers le fond.
Le bilan est lourd : des deux cent cinquante et une personnes à bord, équipage et passagers confondus, seuls trois hommes, un passager et deux membres d’équipage, survivront. L’un sera recueilli par des habitants de l’île d’Ouessant et les deux autres par les habitants de l’île Molène.
Ce roman, basé sur un fait historique qui a bouleversé son époque par la soudaineté du drame mais également par le comportement exemplaire des îliens que les Anglais, mais aussi les Français du continent, tenaient pour frustes et sauvages. Car Ouessantins et Molénais ont recueilli autant de cadavres que possible pour offrir aux naufragés tous les égards dus aux morts.
Ce roman de Henri Quéffelec est le premier des quatre déjà lu a m’avoir véritablement passionnée. L’heure qui a précédé le drame est très détaillée et l’auteur sait faire languir ses lecteurs qui attendent le fameux naufrage, lequel est décrit avec la même brièveté que l’événement lui-même. Puis viennent le sauvetage des trois rescapés et la lente récupération des cadavres en des pages extraordinaires d’humanité.
A lire.

 

J’étais là avant

J'étais là avant Roman de Katherine PANCOL

Elle est libre et se donne facilement aux hommes qui la convoitent. Mais elle n’offre que son corps, jamais son âme ni son cœur. Et dès qu’un homme se montre trop généreux ou trop sérieux dans ses projets de vie commune, elle s’enfuit. Elle a peur de l’amour qu’on lui donne ; elle pense ne pas le mériter.
Lui est ardent, entier et généreux, idéaliste aussi. Il veut être parfait pour la femme qu’il aime et cette quête d’absolu effraie les femmes qu’il approche.
Ces deux êtres à la fois semblables et différents vont tenter de s’aimer. Mais autour d’eux rôde l’image de la mère, celle qui a trop aimé ou pas assez, ou mal.
Parce que sa mère ne pensait qu’à l’argent, elle veut vivre sans compter : « L’épargne est la mort des humbles et des craintifs qui renoncent à la vie et se précipitent dans la vieillesse. »
En résumé de ce livre, on pourrait reprendre cette phrase de l’auteur : « On n’arrive pas seul, neuf et vierge, dans une histoire d’amour. » Il y a toutes celles et ceux qui ont été aimés avant, en commençant par la mère qui est souvent la pire ennemie…
Ce roman, qui n’en est pas vraiment un, démontre parfaitement comment les blessures de l’enfance déterminent la vie d’adulte, comment aimer trop son enfant le rend prisonnier et inapte à l’amour, tout comme ne pas l’aimer le rend handicapé et pareillement inapte à l’amour…

Le jeu dangereux

Jeu dangereux Nouvelle de Stefan ZWEIG

En vacances au bord du lac de Côme, le narrateur rencontre un homme vieillissant. Un soir, celui-ci lui confie que, contrairement à ses habitudes, il vient pour la deuxième année et en explique la raison.
L’année précédente, parmi les hôtes de l’hôtel, il remarque une jeune Allemande de seize ans qui semble s’ennuyer ferme entre sa mère et sa tante. Aussi lui écrit-il une première lettre anonyme dans laquelle il lui parle d’elle en termes flatteurs. Chaque jour, une autre lettre lui parvient et il s’amuse de la transformation de sa conquête qui épie discrètement, parmi les occupants de l’hôtel, le personnel et les individus qui vont et viennent à proximité, pour essayer de découvrir l’auteur des missives qui deviennent de plus en plus enflammées.
Un matin, l’homme découvre la jeune fille dont les yeux rougis cherchent en vain son amoureux mystérieux. Il comprend alors qu’elle doit partir…
Un récit très court mais très intense.

 

La gouvernante

la-gouvernante-190007-250-400 Nouvelle de Stefan ZWEIG

Deux adolescentes de douze et treize ans constatent que, depuis quelque temps, leur gouvernante n’est plus la même. L’aînée devine qu’elle doit être amoureuse de leur cousin Otto qui vit avec eux pour le besoin de ses études.
Inquiètes et curieuses, elles écoutent aux portes et découvrent qu’elle a un enfant.
Ce secret donne des ailes à leur imagination ; elles attribuent la soudaine tristesse de la jeune femme au manque qu’elle a de son enfant, sans pouvoir y associer le départ subit de leur cousin.
Puis elles surprennent une conversation entre la gouvernante et leur mère qui leur semble très autoritaire et méchante dans ses propos insultants tandis que leur chère gouvernante parle tellement bas que ce murmure alimente encore leur imagination et leur haine grandissante envers leur mère.
Tandis qu’elles décident d’offrir un bouquet de fleurs à leur gouvernante pour la consoler et lui témoigner leur amitié, elles apprennent qu’elle a quitté la maison. Elles somment leurs parents de s’expliquer ; surpris, ils découvrent alors la lettre laissée par la jeune femme sur son lit…
Un texte tout en subtilité dans l’analyse des sentiments, comme sait si bien le faire cet auteur passé maître dans l’art de la nouvelle.

Destruction d’un coeur

Destruction-dun-coeur_7195 Nouvelle de Stefan ZWEIG

Un homme d’affaires est en vacances dans un hôtel avec son épouse et sa fille unique.
Alors qu’il est réveillé à l’aube par une crise de tachycardie, il se lève et déambule dans le couloir pour ne pas réveiller sa femme. C’est alors qu’il surprend sa fille sortant d’une chambre pour rentrer dans la sienne. Elle ne l’a pas vu, mais lui comprend que sa petite fille a grandi et qu’elle a des amants.
Ce constat le révulse et il décide de parler à son épouse. Mais quand il se trouve face aux deux femmes, il redevient ce qu’il est dans sa vie privée : un homme lâche.
Durant toute son existence, il n’a vécu que par son travail pour offrir à sa femme et à sa fille la vie facile et insouciante qu’elles apprécient.
Lorsqu’il les rejoint dans le salon où elles bavardent avec deux jeunes gens dont l’un, voire les deux, est certainement l’amant de la jeune fille, il est révolté mais se conduit de telle manière qu’il se ridiculise à leurs yeux, au point de susciter le mépris de sa femme et la honte de sa fille. Bientôt ignoré de tous, il se recroqueville sur sa rancœur.
Quand il parvient enfin à annoncer à sa femme sa décision d’abréger leurs vacances, celle-ci est ulcérée. Aussi part-il seul. Malgré la promesse des deux femmes de bientôt le suivre, elles n’en font rien et lui demandent au contraire, par télégramme, de leur envoyer un peu d’argent.
Lui commence à dépérir, petit à petit, sans que personne s’intéresse à ses états d’âme puis à sa santé.
On assiste ainsi à la lente dégradation physique et mentale de cet homme qui n’a vécu que pour le confort des deux êtres qui lui sont chers.

Bien écrit et palpitant.

 

La femme d’un autre et le mari sous le lit

La femme d'un autre Nouvelle de Fiodor DOSTOÏEVSKI

Un mari, jaloux, est persuadé que sa femme le trompe. Il l’épie et rencontre, dans la nuit, au pied d’un immeuble, un jeune homme qu’il soupçonne être l’amant.
Alors que les deux hommes décident de se poster chacun à une entrée différente de la maison pour intercepter la dame, ils pénètrent chacun séparément dans un appartement qu’ils ont estimé être celui de la dame de leur cœur. Le premier, surpris par l’arrivée du second, se glisse sous le lit et le second, à l’arrivée impromptue du mari, s’y faufile à son tour !
Il s’agit d’une farce dans le style du vaudeville cher au théâtre.
Très bien écrit, évidemment, mais un peu long, un peu répétitif.

Moi d’abord

Moi d'abord Roman de Katherine PANCOL

Sophie et Ramona sont amies d’enfance et elles s’aiment à la vie, à la mort. Alors que l’une se contenterait d’un bonheur tranquille, entre mari et enfants, l’autre est plus idéaliste et se garde pour l’homme de sa vie.

Encore adolescente, Sophie rencontre Patrick. Un peu plus âgé qu’elle, il prend vite le rôle du père, ce père qui lui a tant manqué quand il a quitté le domicile conjugal alors qu’elle-même et son petit frère Philippe n’étaient encore que des enfants. Lorsqu’elle se confie à Camille, sa mère, devenue presque une copine, sur les talents sexuels de son petit ami qui sait l’emmener au septième ciel à chaque fois, elle comprend que cela ne suffira pas à la rendre heureuse pour la vie. Car l’existence qui s’offre à elle par ce mariage s’annonce terne et ennuyeuse. Ramona la met en garde et lui propose de partir quelques jours pour enterrer sa vie de jeune fille. Là, elle rencontre Antoine, Américain par son père mais Français par sa mère, et tombe sous le charme du jeune homme qui lui paraît plus fantasque. Pourtant, elle va se marier…  Elle plaît aux parents de Patrick et Patrick plaît à sa mère…
Alors Ramona emploie les grands moyens et lui demande un jour de l’accompagner à l’aéroport. Antoine débarque d’un avion et Sophie rompt avec Patrick.
Les deux amoureux, vingt ans, partent pour Genève où Antoine poursuit ses études, payées par ses parents. En revanche, ils ne veulent pas entretenir le couple. Sophie doit mettre ses études entre parenthèses et travailler. Elle donne des cours de français dans une école privée. C’est là qu’elle rencontre Eduardo. Le riche Italien va changer la vie de la jeune femme. Apparemment désintéressé, il devient son ami, son confident, son mentor. Il va la réveiller et la faire sortir de cette petite vie dans laquelle elle s’apprêtait à entrer, finalement en tous points identique à celle que lui proposait Patrick.
Quant à Ramona, elle est partie en Egypte pour attendre l’Amour…

Une oeuvre de jeunesse de Pancol, en réalité son premier roman ! Un livre agréable.

Le bonheur est dans le pré

Le bonheur est dans le préNouvelle d’Emmanuelle CART-TANNEUR

Comme dans la célèbre émission télévisée, un agriculteur vit seule dans sa ferme isolée, entourée par une nature qui fait rêver les citadins…
Lui, qui vit au rythme de ses vaches et des saisons qui décident des travaux dans son exploitation, ne rêve pas forcément à l’amour. Mais quand même, une femme à ses côtés… Alors quand il entend à la radio un appel pour participer à une émission dont l’enjeu est de lui faire rencontrer l’amour, il s’inscrit. Il ne va pas tarder à regretter sa solitude passée…
Extraite du recueil « Ainsi va la vie », cette nouvelle pleine d’humour n’en est pas moins une tragédie…

Home sweet home

Home sweet home Nouvelle d’Anita BERCHENKO

Kate aime tellement sa petite chatte surnommée Sweety qu’elle veille rigoureusement à faire respecter la consigne dans sa maison d’hôtes : ne jamais ouvrir les fenêtres et bien fermer les portes avant de sortir afin que Sweety ne puise s’échapper.
Mais les chats n’en font qu’à leur tête et un jour, Sweety profite d’un moment d’inattention pour s’aventurer dehors…
Nouvelle extraite du recueil « Les Hirondelles sont menteuses ».
Très bien écrit, ce récit n’offre aucune surprise mais une petite touche psychologique intéressante.

Billets d’humeur de Chasseur d’images spirituelles

Billets d'humeur de chasseur d'images Billets de Loïc PEAN

 

Comme le premier opus, ce livre n’est ni un roman ni un recueil de contes et nouvelles ni un recueil de poésie ; mais il est un peu tout cela à la fois !
Dès les premières pages, l’auteur annonce :
« Imaginons puis créons le meilleur de notre art. Libérons les prisonniers de la peur, rendons sourire aux affligés des regrets. Indiquons la vraie direction aux errants sur les chemins du doute. Soyons vivants. Cette vie est nôtre. »

Loïc Péan, dans ce volume, nous parle bien sûr beaucoup d’amour, mais aussi de la peur, du doute, de l’amitié, de la folie.

Quelques extraits :

« Ce que tu donnes rend compte de ta véritable richesse. »

« Ainsi serions-nous cultivateurs de cette terre appelée vie. »

« Nous surmontons nos peines parce que ça en vaut la peine. »

« Grande et précieuse richesse en l’amitié accordée. »

« La bienheureuse folie créatrice de l’inédit,
De cet art tout empli de magie. »

« Le sage connaît sa fortune, son essentielle richesse, […]
L’argent a ses raisons que le cœur ne saurait entraver,
Arrive pourtant l’instant du doute,
Quand l’âme réclame son importance,
Veut retrouver sa première volonté,
Rendre bilan à ses sentiments,
Etablir la valeur de son amour,
Rencontrer sa sincérité,
En son être profond, en appeler à la vérité,
Envier alors le sourire, la sérénité du sage,
Son essentielle richesse. »

« Poésie et prière, vous seriez d’un autre temps,
Vous ne seriez d’aucune modernité,
Vous les chantres du bonheur,
Artisans de l’amour, artistes de la passion,
Combien sont vos adeptes sans se l’avouer. »

« Etre bien avec soi, apprécier son être,
Admettre son bilan, posséder la certitude de l’améliorer,
D’élever sa personnalité vers sa spirituelle apogée,
S’offrir alors en toute volonté aux félicités de son bonheur. »

Un petit livre qui remet les points sur certains i, que l’on emmène partout avec soi pour y picorer des phrases qui font réfléchir ou sourire, tant Loïc Péan sait mettre le doigt sur les évidences.

 

Comme un frère

Comme un frèreRoman de Françoise BOURDIN

Dans une auberge de village, quelque part dans le Jura, un vieillard raconte le drame qui a marqué la région.
La famille Desroches avait tout perdu en une nuit. Un gigantesque incendie avait dévasté la ferme, les écuries, le bétail, tout brûle. Les parents perdent la vie dans le brasier. L’aîné des enfants, Nathan, un colosse de vingt ans, parvient à sauver ses deux frères, Justin, simple d’esprit, et Joachim, un petit garçon de cinq ans.
Nathan prend sa vie et celle de ses frères en mains. Il fait construire une nouvelle maison sur une des terres familiales et se spécialise dans l’élevage des chevaux. Très vite, grâce à Joachim qui développe un grand talent de cavalier, il va devenir l’expert des chevaux de concours. Il se fait vite un nom dans le monde hippique.
Vis-à-vis de Justin, qu’il considère comme le responsable de l’incendie, il déploie une autorité sans faille. Envers Joachim en revanche, le géant à la fois craint et respecté dans sa région, il devient tout à la fois le père, la mère et le grand frère. Il est tout pour le jeune garçon. Depuis la nuit du drame, les deux frères font tout ensemble : ils mangent, travaillent et dorment ensemble.
Lorsque Suzanne, la fille du vieillard qui raconte l’histoire, depuis toujours amoureuse de Nathan, l’épouse, elle sait que rien ne changera à la complicité des deux frères. Elle espère longtemps que son mari, qui lui fait l’amour chaque soir, finira par rester à ses côtés ; mais il retourne toujours dans sa chambre où Joachim l’attend.
Alors quand Marie entre dans la vie de Joachim, Suzanne espère un changement. Joachim, dépendant volontaire de son grand frère, aura-t-il besoin et surtout envie de secouer le joug fraternel ?
Sixte, le père de Suzanne, qui a emménagé chez Nathan, veille. Il sent l’approche d’un nouveau drame…
Un bon livre qui se lit d’une traite.

Pleure, ô pays bien-aimé

Pleure, ô pays bien aimé Roman d’Alan PATON

Nous sommes en Afrique du Sud, juste après la Seconde Guerre mondiale.

Stephen Koumalo est pasteur anglican dans un village, très loin des turbulences et dangers des grandes villes.
Un jour, il reçoit un courrier d’un confrère en poste à Sophiatown, grande banlieue de Johannesburg. Il apprend que sa sœur Gertrude est très malade. Il décide donc de se rendre dans la grande ville, espérant du même coup ramener au village son fils unique Absalon.
Arrivé sur place, il s’en remet à son confrère Msimangu qui lui trouve un endroit où dormir sans dépenser tout l’argent durement économisé pour les études qu’Absalon n’a jamais suivies…
Koumalo retrouve sa sœur ; elle vit misérablement avec son petit garçon, vraisemblablement de la prostitution.
Le vieil homme rend aussi visite à son frère, homme d’affaires hostile aux Blancs et au gouvernement en place. Il apprend que son fils est parti avec le sien. Quand il retrouve les deux jeunes garçons, ils sont en prison. Avec un copain, ils ont essayé de cambrioler la maison d’un blanc. Contre toute attente, celui-ci, malade, se trouve chez lui au moment de l’intrusion des voleurs. Dans la panique, Absalon tire à bout portant et tue l’homme blanc qui n’est autre qu’Arthur Jarvis, fervent défenseur de la cause noire en Afrique du Sud, dont le père, James Jarvis, riche propriétaire terrien, est voisin de Koumalo.
Le vieux pasteur revoit son fils en prison. Ils savent tous deux qu’il risque la peine de mort. Le vieil homme garde cependant espoir et réserve un bon accueil à la jeune femme qui porte l’enfant de son fils.
Alors que la sentence de mort par pendaison est prononcée contre le seul Absalon Koumalo, ses deux complices étant acquittés, le pasteur rentre dans son village avec sa bru et son neveu, Gertrude ayant préféré disparaître de nouveau. De retour dans sa campagne, il rencontre un jour un petit garçon blanc, le fils d’Arthur Jarvis…
Un livre très fort sur le problème racial du temps de l’Apartheid en Afrique du Sud. Le texte, y compris les dialogues, est épuré à l’extrême. Reste l’essentiel : l’émotion.
A lire absolument, si toutefois vous parvenez à trouver ce livre édité en 1950…

Plumes de vies

plume-de-vie Roman d’Isabelle GUIGOU

Clarisse, orpheline de mère depuis sa naissance, arrive dans une famille d’accueil. La jeune citadine découvre la campagne et le village de ses hôtes, un couple franco-algérien. Son père, Matthieu, vient d’écoper d’une peine de prison pour usage et trafic de drogue. La vie de Clarisse, qui n’a pas connu sa mère morte d’une overdose ni ses grands-parents, n’a jamais été simple malgré l’amour qu’elle voue à son père qui le lui rend bien malgré ses erreurs. Mais ces derniers temps, elle était devenue très compliquée. La jeune fille d’à peine treize ans avait dû assumer le quotidien en plus de sa vie de collégienne, car Matthieu ne parvenait plus à subvenir à leurs besoins, drogué du matin au soir.
Dans sa famille d’accueil, elle découvre la vie qui aurait toujours dû être la sienne, une existence paisible entre un couple d’adultes responsables, parents d’une grande fille étudiante à Paris et d’un adolescent de quinze ans, Icham. Et Clarisse va très vite tomber sous le charme du garçon si différent des autres jeunes de son âge, ne serait-ce que parce qu’il joue du violoncelle au lieu de taper dans un ballon ! Elle découvre un milieu décrié par son père, un homme pas vraiment méchant mais influençable, qui déclarait, comme tant d’autres dans sa cité, ne pas aimer les Arabes. Amina, la maman d’Icham, d’origine algérienne, est à l’opposé des clichés si souvent entendus.
Dans ce roman original, les personnages ne s’expriment que par écrit : Amina et Icham tiennent un journal, Matthieu et Clarisse s’écrivent régulièrement pour maintenir le lien malgré l’éloignement dû à l’incarcération, l’assistante sociale Laurence, amoureuse de Matthieu, lui écrit aussi pour l’aider à se sortir de la drogue. Et puis il y a Grégoire, animateur d’un atelier d’écriture, Annabelle, la meilleure amie de Clarisse, Mme Carmen, la voisine à la fois bonne catho et langue de vipère.
Le lecteur passe ainsi d’une forme d’écriture à une autre, à la fois sur le fond et sur la forme puisque l’auteur adopte une écriture informatique différente pour chaque personnage.
Un ouvrage bien écrit et agréable à lire, même si le tout est un peu convenu, sans surprise et pétri de bons sentiments.

Une pièce montée

Une pièce montée Roman de Blandine LE CALLET

Bérangère et Vincent se marient.
Pour la jeune femme, la fête doit être parfaite. Aussi les moindres détails sont-ils organisés et planifiés longtemps à l’avance. Le plan de table est soigneusement élaboré, une petite trisomique discrètement écartée du cortège d’honneur pour ne pas gâcher les photos, la liste de mariage ouverte dans un grand magasin avec suivi sur Internet des sommes investies par chaque convive !…
Pour le jeune homme, la journée serait plus agréable sans les innombrables invités, le protocole draconien établi par sa fiancé et sa future belle-mère, le curé qu’il a dû aller voir plusieurs fois pour le choix des textes et des chants alors que ni l’un ni l’autre n’est croyant.
Un mariage, chacun a pu en faire l’expérience, est souvent l’occasion de réunir les membres des deux familles, parfois des parents éloignés, des cousins qu’on ne voit sinon jamais, des pièces rapportées dont on aurait aimé qu’elles eussent eu un empêchement, des célibataires que les mariés s’échinent à vouloir caser et qu’ils ont réunis pour la bonne cause à la même table, des enfants énervés qui courent partout et qu’on voudrait voir disparaître.
Au mariage de Bérangère et Vincent, il y a Pauline, une enfant d’une dizaine d’années qui vit la discorde qui règne entre ses parents. Il y a Bertrand, le curé, qui prend soudain conscience de la médiocrité du genre humain. Il y a Madeleine, la grand-mère de la mariée qui détient un bien lourd secret. Il y a Hélène, une tante par alliance de Bérangère et la maman de Pauline. Il y a Marie, la plus excentrique des tantes de Bérangère qui, elle aussi, abrite un petit secret. Il y a Jean-Philippe, un oncle de Bérangère, le vilain petit canard de la famille en raison de son mariage avec une fille d’ouvriers, autrement une mésalliance… Enfin, il y a Damien, un collègue de Bérangère, invité en sa qualité de célibataire, beau gosse et joli parti. Mais lui a bien d’autres projets en tête lors de ce mariage…
Un livre très plaisant, d’apparence légère, mais dans lequel l’auteur a épinglé quelque clichés sur la symbolique du mariage, la marginalité, le handicap, l’homosexualité.
Une lecture que je recommande pour passer un moment agréable.

Aleph

Aleph Roman de Paulo COELHO

Le narrateur, l’auteur lui-même, décide de partir en tournée mondiale et notamment à prendre le Transsibérien pour rencontrer des lecteurs de Moscou à Vladivostok. Cette décision fait suite à une frustration, une sensation de passer à côté du sens de sa vie. Il s’en ouvre à son « Maître », lequel lui conseille de redevenir le roi de son royaume…
Il part donc en laissant son épouse, qui doit le rejoindre en Allemagne, en compagnie de son éditrice, un traducteur et des journalistes. Une jeune femme s’invite alors de force, Hilal, une jeune femme d’origine turque, violoniste virtuose. Persuadée d’avoir déjà rencontré Coelho dans une vie antérieure, elle parvient à se faire accepter dans le groupe et même à partager le wagon réservé à l’auteur et sa suite.
Au cours de ce voyage, parcourant plus de neuf mille kilomètres en train, il va faire l’expérience du retour dans son passé, seul mais aussi en compagnie de la jeune femme. Lui aussi est persuadé qu’il a déjà rencontré Hilal dans une vie antérieure et qu’il doit se faire pardonner d’elle sa lâcheté de jadis. Prêtre au temps de l’Inquisition, il a en effet permis que des jeunes filles innocentes soient brûlées vives. Déjà lors d’un précédent voyage, il avait rencontré la réincarnation d’une de ces jeunes filles sans avoir pu obtenir le pardon tant désiré pour continuer sa rédemption.

Le thème du livre m’avait attirée ; pourtant, je me suis ennuyée ! La mayonnaise ne prend pas. Il faut dire que depuis « L’alchimiste », j’ai souvent été déçue par Coelho et à chaque livre un peu plus. Je me souviens de ma dernière lecture, « Le Zahir », qui m’avait même profondément agacée. Cette manie qu’a l’auteur de multiplier les conquêtes tout en affirmant aimer son épouse m’avait un peu « gavée ».
« Aleph » aurait pu être un bon livre, mais il y manque trop de choses et l’auteur se laisse parfois aller à une certaine forme de facilité. Quelques passages retiennent l’attention, notamment la personnalité de Yao, le traducteur qui aide l’auteur à retrouver l’équilibre entre le corps et l’esprit.
Mais je n’ai pas été assez séduite pour recommander la lecture de ce livre.

A l’encre de la Moselle

A l'encre de la Moselle Nouvelles d’Armand BEMER

Originaire du pays des Trois Frontières, ce petit territoire lorrain coincé entre le Luxembourg, l’Allemagne et le reste de la France, Armand Bemer nous conte l’histoire de cette région terriblement marquée par l’Histoire, ballotée entre l’Allemagne et la France, devenant tour à tour annexée de l’un ou l’autre pays, au gré des guerres, des défaites et des victoires. De ces conflits successifs, de ces échanges, son peuple a gardé les traces, des blessures ou pour le moins des cicatrices mal fermées, et un parler commun, pas tout à fait allemand mais quand même beaucoup pour qui maîtrise la langue de Goethe.
En dix nouvelles, l’auteur nous emmène en voyage dans le temps et dans une contrée qui a vu tant de sang et de larmes couler durant les trois dernières guerres dont deux précipitèrent le monde entier dans l’horreur et la mort. Mais la particularité des soldats de cette contrée est bien leur double appartenance : un jour français, ils devenaient allemands au lendemain d’une guerre, obligés de se battre aux côtés des ennemis d’antan pour tuer leurs parents, leurs amis, leurs voisins d’hier.
Mal compris, mal aimés, tiraillés d’un côté puis de l’autre, ils ont cultivé leur propre culture et leur propre langue dont les héritiers aujourd’hui encore demeurent fiers et désireux de transmettre aux jeunes générations, comme un défi à la mondialisation et à la suprématie de la langue de Shakespeare.
Dans une écriture à la fois limpide et riche, Armand Bemer nous invite à vivre ou revivre pour les lecteurs plus âgés, les rites religieux et familiaux. Il évoque le métier de facteur quand celui-ci, à une époque à la fois récente et à des millénaires de notre ère informatisée, transportait une petite fortune dans sa sacoche, les jours où il distribuait les paies de certains salariés, les allocations familiales et les pensions, le tout en billets et pièces de monnaie ! Sans oublier les longs trajets en train et les bals, souvent à l’origine d’émois et d’amours naissantes, toujours évoqués avec beaucoup de pudeur.
Bref, un petit ouvrage que l’on découvre avec beaucoup de plaisir, émaillé de dialogues en « platt » simultanément traduites, qui ancrent les récits dans le paysage comme autant de racines authentiques.

Le phare

Le phare  Roman de Henri QUEFFELEC

Ce roman relate l’histoire de la construction du phare de la Jument avec, en parallèle, l’histoire d’amour entre un Molénais et une Ouessantine.
Au début du XXe siècle, un généreux donateur parisien, Charles Eugène Potron, lègue une somme considérable pour la construction d’un phare muni d’une lanterne hypermoderne pour l’époque. Une seule condition à ce don : que l’édifice soit terminé en sept années.
L’administration des Phares et Balises, rue du Trocadéro à Paris, avait déjà décidé d’ériger une tourelle sur un écueil situé en mer d’Iroise, à deux km au sud-ouest de l’île d’Ouessant, sur la roche dite Ar Gazec (la jument en breton) dont la réputation d’« enfer » se justifiait en raison des nombreux naufrages dont celui du Drummond Castle, paquebot britannique qui avait coulé en un quart d’heure dans le Passage du Fromveur, à la fin du XIXe siècle, causant la perte de la totalité des 361 personnes embarquées, passagers et membres d’équipage, exceptés trois rescapés.
Evidemment, le don de feu Potron change les plans de l’administration qui décide de construire un beau et grand phare sur cet écueil malgré les difficultés liées au délai très court pour un tel ouvrage.
Le défi est relevé puisque le feu de la Jument s’allume pour la première fois en octobre 1911, exactement sept ans après le fameux legs. Mais à quel prix ? Les ingénieurs et ouvriers doivent en effet se battre contre les éléments car la construction devait être arrêtée durant les mois d’hiver et l’océan en colère a plusieurs fois démoli la base du phare avant que les hommes ne parviennent à construire un édifice qui résiste… Pourtant, dès que le gardien, accompagné d’un ingénieur et d’un cuisinier, prend possession du phare, la crainte d’un éboulement sera quasi constante. Les hommes ne peuvent être ravitaillés et relayés que par la mer, à l’aide d’un treuil ; chaque année, ils sont plusieurs mois à ne voir personne et à vivre sur leurs réserves à cause du mauvais temps. Quand ils sont enfin relevés, les coups de butoir des vagues les ont presque rendus fous. De fait, les craintes des ingénieurs et du directeur de l’Administration des Phares et Balises sont fondées puisque l’ouvrage a dû régulièrement subir des travaux de consolidation jusqu’en 1940.
L’histoire d’amour entre Alain, un gars de Molène, et Françoise, une fille d’Ouessant, n’est qu’un prétexte à la grande histoire de ce phare.
Henri Queffelec, pour moi « le Giono de la mer » a cependant réussi à me captiver. Mais il m’a quand même fallu du temps et de la ténacité pour venir à bout de ce grand roman aride, à l’écriture cependant magnifique.

 

 

Confluences

Confluences dans Livres lus confluences Recueil de poèmes de Jean-Jacques CHIRON

Si la plume de Jean-Jacques Chiron est souvent trempée dans l’harmonie des sons, le regard du lecteur, s’il est curieux, sera souvent plongé dans le dictionnaire ! Car le poète n’est pas avare de mots sortis des sentiers battus, qu’on ne trouve dans nulle bouche et rarement dans les romans contemporains. Silène rime avec sélène, phalène et hellène ; sortilège, privilège et florilège riment avec… lège ; le plus grand des poètes niche dans les cœurs lisboètes ; hyalins et vélins côtoient les actes malins et les tendres câlins. Bref, l’œuvre de Jean-Jacques Chiron fourmille d’un vocabulaire très riche. Et ce n’est pas la seule originalité. Car le poète, s’il inscrit ses vers dans la très pure tradition de la versification, n’en aime pas moins les fantaisies sous forme de vers récurrents qui reviennent comme une antienne dans chaque strophe. Celles et ceux qui pratiquent cet art du vers glissant sauront à quel degré de difficulté je fais allusion car il faut énormément de talent pour que ces alexandrins rigoureusement identiques réapparaissent plusieurs fois dans le même poème sans pourtant tomber comme un cheveu dans la soupe ! Eh bien Jean-Jacques réussit magnifiquement ce tour de force sans jamais lasser le lecteur !

« Au bord du Saint-Laurent, d’un noble cœur féal,
Attirés vers l’espace où naîtra Montréal,
Ils vécurent, troublés, un instant mémorable. »

« Sur l’océan d’amour, tel un navire lège,
D’en goûter simplement l’ineffable langueur,
Nous rêvons de subir le divin sortilège :
Sentir nos corps vibrer au séisme du cœur. »

« Dans ce paisible lieu, joyau du littoral,
Où s’exposent sans fin tant de roses trémières,
De l’aube jusqu’au soir, sous diverses lumières,
Chaque ruelle arbore un même écho floral. »

Avec ces trois extraits choisis de façon très arbitraire, je ne peux que vous recommander d’offrir et/ou de vous offrir ce petit opuscule de 40 pages au prix très modique de 6 euros.
J’ignore où l’ouvrage est commercialisé, mais je peux mettre les internautes intéressés directement en rapport avec l’auteur.

 

Murmures

Murmures dans Livres lus murmures-150x150 Recueil de poèmes de Khaled YOUSSEF

Khaled YOUSSEF est né en 1975 en Syrie. Après des études de médecine à Damas, il termine son internat en chirurgie en France. Il exerce désormais à Nice et entre deux coups de bistouri, il trempe sa plume dans l’encrier de la poésie.

J’ai rencontré ce poète à l’occasion d’une remise de prix. Il avait remporté un prix pour ce recueil et nous avions échangé nos ouvrages.
Quand on sait que l’homme ne parlait pas français à son arrivée dans notre pays en 1999, on ne peut qu’être admiratif par sa maîtrise de notre langue.
Discret et timide, c’est au papier qu’il confie ses émois, sa tristesse, ses espoirs.
Ses poèmes en vers libres sont plutôt courts mais denses. Et si la langue est occidentale, le cœur et l’esprit du poète sont bien tournés vers l’Orient.

« Ta voix sera ma terre…
Et tes lèvres…
Mon itinéraire… »

« Routes et caravanes…
Je ne suis qu’un bédouin…
Qui ne connaît que la rose du sable…
Et jamais vu le jasmin…
J’habite partout et nulle part…
Et j’erre dans les déserts…
Cherchant l’amour… »

« Le ciel s’ajoure…
Pour mettre à jour…
L’ennui de ma nuit…
Ton doute…
Me nuit…
Ni non ni oui…
C’est inouï… »

« Peu importe la distance…
Quand le soleil se lève sur ton continent…
Une lumière me caresse le visage…
Quand il pleut chez toi…
Je sens les gouttes d’eau sur ma peua…
Et quand tu lèves la tête…
Des étoiles naissent dans mon ciel… »

« Certains murmures qui ne sont nés de rien deviennent tout…
Certaines ombres sont plus vraies que tous les corps…
Certains échos sont plus assourdissants que toutes les voix…
Et certaines illusions sont plus denses que toute la vérité… »

Moi qui ne goûte guère la poésie contemporaine, j’ai été charmée par ce petit recueil autoédité chez Edilivre.

Pour acheter l’ouvrage : www.edilivre.com ou par l’auteur sur sa page Facebook : http://www.facebook.com/KhaledYoussefPhotographieEtPoesie

 

La barbare

La barbare dans Livres lus la-barbare-150x150 Roman de Katherine PANCOL

Anne a vingt-deux ans. Mariée à un brillant polytechnicien, elle habite à Paris, dans un très beau logement proche du Trocadéro. Elle pourrait être heureuse, mais… elle s’ennuie. Alors pour avoir l’impression de vivre, elle prend des amants, des cinq à sept qui ne lui apportent aucune joie, à peine un peu de plaisir. Jusqu’au jour où un télégramme arrive, lui annonçant le décès de son père au Maroc où elle a grandi jusqu’au divorce de ses parents.
Pour assister aux obsèques, elle quitte Paris très vite, au grand désespoir de son mari, Alain, à qui elle manque déjà.
A l’aéroport de Casablanca, elle retrouve Serge Alsemberg, le vieil ami de son père. Ils ne se reconnaissent pas ; trop d’années ont passé depuis le départ d’Anne qui a dû suivre sa mère lorsque celle-ci, lasse des infidélités de son mari, a décidé de quitter le Maroc pour retourner en France. Paul avait promis à sa fille de la faire venir à Casablanca pendant les vacances, mais il ne l’a finalement jamais fait, par négligence et par crainte de ne plus retrouver sa petite fille qu’il aimait tant.
Serge aussi aimait beaucoup cette petite fille qu’il portait sur ses épaules et à qui il offrait des roses en plastique gagnées sur la foire. Alors quand Anne lui tombe dans les bras, anéantie par le chagrin, il lutte contre le désir qui l’assaille. Mais comme elle réclame ses baisers et sa chaleur, il se laisse aller et ils font l’amour.
Mais il revient vite à la raison et il la met dans le prochain avion pour Paris.
Peu de temps après, Alice, l’épouse de Serge, rend visite à Anne et lui confie sa peine de se savoir souvent trompée ; mais c’est le prix à payer pour garder son mari et elle l’accepte. Car les années n’ont rien changé à son amour pour lui. Amoureuse du Docteur Alsemberg, elle a financé sa clinique privée et a tout fait pour qu’il devienne le chirurgien le plus renommé de Casablanca.
Alors Anne n’a plus aucun scrupule et repart pour le Maroc. Elle traque Serge et s’introduit dans son lit pour le forcer à devenir son amant. Il finit par succomber et à tout quitter pour l’amour de cette jeune femme fantasque qui apparaît pour le quinquagénaire comme la dernière chance de vivre un grand amour.
Jusqu’où ira-t-il dans la descente aux Enfers ?
Un très bon roman qui laisse un goût amer sur la versatilité des sentiments…

La cathédrale de la mer

La cathédrale de la mer dans Livres lus la-cathedrale-de-la-mer-150x150 Roman de Ildefonso FALCONES

Au XIVe siècle, en Espagne, Bernat Estanyol épouse Francesca. Serf d’un riche seigneur, il doit se plier à la volonté de celui-ci et lui offrir la virginité de son épouse avant de la violer à son tour sous les yeux du seigneur afin qu’il ne puisse être désigné comme le père d’un éventuel enfant.
Le bébé qui naît neuf mois plus tard est clairement le fils de Bernat, reconnaissable grâce à un grain de beauté près d’un œil. Ce détail toutefois, loin de contenter le seigneur, le blesse dans son orgueil et il décide d’humilier Bernat. Il lui ordonne d’envoyer son épouse au château pour servir de nourrice ; Bernat cependant découvre qu’elle est régulièrement violée par l’ensemble des soldats au service du château. Il décide alors de kidnapper son fils et de s’enfuir à Barcelone, chez sa sœur qui a épousé un homme devenu puissant.
Un an et un jour plus tard, Bernat obtient la liberté, pour lui et son bébé, Arnaud. La vie cependant n’est pas facile pour eux, chez un noble qui refuse de traiter son beau-frère comme un membre de sa famille. Arnaud, mal traité par ses cousins, fait la connaissance de Joanet, un enfant dont la mère vit séquestrée dans sa propre maison pour avoir trompé, punie à vie par son mari. Lorsqu’elle décède, Bernat Estanyol adopte Joanet. Avec lui, Arnaud découvre Barcelone et les porteurs de pierres, les bâtisseurs de la cathédrale de la mer. Alors à 14 ans, Arnaud devient l’un d’eux. Mais peu de temps après, il perd son père, accusé de rébellion et pendu. Arnaud est désormais seul, avec Joanet et toute la communauté des porteurs de pierres. Il fait alors la connaissance de la jeune Alédis qui jette son dévolu sur lui. Quand un beau parti se présente, Arnaud se marie mais continue à fréquenter Alédis. Pour se sortir de cette situation qui le détruit, Arnaud s’engage dans l’armée du roi.
Un livre passionnant sur le destin hors du commun du fils d’un serf qui va devenir un des hommes les plus riches et les plus influents de Barcelone. Il devra affronter la terrible épidémie de peste qui emportera son épouse, puis s’unir à la filleule du roi qu’il n’aimera jamais avant de devoir affronter l’Inquisition.
Arnaud Estanyol finira-t-il par trouver la paix et l’amour ?
Très bien écrit et exaltant, ce livre tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page.

Conte-moi la vie

Conte-moi la vie dans Livres lus metivier-1ere-couverture-150x150 Poèmes de Nicole METIVIER

 

Dans ce deuxième recueil, que j’ai eu l’immense joie de préfacer, Nicole nous emmène dans un monde poétique un peu particulier. Car elle a pris l’habit du fabuliste pour nous parler de sujets graves en mettant des animaux en scène.
Dans « Le petit loup », elle nous parle de la peur naturelle de l’enfant.
Dans une autre poésie, il est question du don et du partage. Pour évoquer le chagrin d’une petite orpheline, Nicole écrit :
« Son tissu de coton et d’éponge-douleur
Nourrissait, chaque soir, son amour pour sa mère
Qui, les doigts repliés sur un fil de couleur,
En petits points de croix, l’avait cousu naguère. »
Dans ce très beau poème, le poète a l’audace heureuse de faire rimer primerose avec ecchymose !…

Pour évoquer le passé, elle nous raconte une histoire qui se termine ainsi :
« Lorsque vous achetez un objet de grand âge,
Sans même le savoir, vous faites l’héritage
D’une histoire passée… »

Un peu plus loin, pour parler de la différence et d’un défaut a priori, l’auteur nous raconte l’histoire de deux seaux dont l’un fuit. Leur propriétaire aurait pu décider de jeter l’ustensile défectueux. Elle n’en fait rien car les gouttes qui s’échappent du fond du seau arrosent des graines qui fleuriront le chemin !

Dans « Cadeaux d’anniversaire », Nicole décrit l’amour, le vrai, celui qui est oubli de soi. Elle veut lui offrir une chaîne de montre, il veut lui offrir un joli peigne. L’argent manquant aux deux amants, elle vend ses
cheveux et lui sa montre !…

Les thèmes sont multiples et variés : l’amour, l’amitié, la vérité, le partage, le don, l’enfance, la vieillesse, la mort, le tout écrit en vers néo-classiques voire classiques.
Les puristes remarqueront bien sûr les manquements à la prosodie, mais si Nicole ne compose pas toujours en parfaits alexandrins, ce n’est pas par ignorance ou paresse, mais par choix délibéré et donc respectable.
Quant aux illustrations qui émaillent les pages de ce recueil, elles sont en harmonie avec les poésies, belles, émouvantes et explicites.
Bref, un très beau recueil, à la fois grave et léger, que l’on feuillette encore et encore, même une fois entièrement lu, car la musique des mots (le poète est en outre violonniste) résonne longtemps après avoir fermé le livre.

Immortelle randonnée – Compostelle malgré moi

Immortelle randonnée - Compostelle malgré moi dans Livres lus immortelle-randonnee-150x150 Récit de voyage de Jean-Christophe RUFIN

Ce livre n’est pas un roman, mais le récit du pèlerinage que l’auteur a effectué jusque Saint-Jacques de Compostelle.
Parti de Hendaye, il a effectué plus de huit cents kilomètres, en empruntant l’itinéraire côtier, le Camino del Norte, plus sauvage et beaucoup moins fréquenté que le mythique Camino Frances. On le suit ainsi durant son périple qu’il nous raconte par étape, sans fioritures. Il nous parle de sa motivation, finalement assez floue et qu’il explique par une quasi nécessité qui s’est imposée à lui, de son optimisme du départ et des phases de découragement qui ont vite suivi. Il évoque la brutale métamorphose de l’homme social – il est médecin et fut ambassadeur – en une sorte de sous-homme, proche de l’animal, qui n’a bientôt plus en tête qu’à se nourrir, s’abreuver, s’abriter et se soulager dans la nature… Mais il nous confie aussi son cheminement philosophique sinon religieux, son détachement progressif de tout ce qui semble important à l’homme moderne, sa totale communion avec la nature. Son chemin de Compostelle n’est pas un long fleuve tranquille ni une carte postale pour tout candidat pèlerin qui rêve de prendre son sac à dos et son bâton pour effectuer à son tour ce périple qui se révèle être bien plus qu’une randonnée pédestre.
Dans son livre, Rufin donne une foule de conseils sur la façon de préparer et d’aborder le pèlerinage sans doute le plus célèbre au monde, mais il en expose aussi les éventuels écueils à en attendre. Il brosse également une galerie de portraits de tous les types de pèlerins qu’il est possible de rencontrer sur le Chemin, aux motivations diverses et variées.
Ecrit avec beaucoup d’humour et une bonne dose d’autodérision, ce livre n’est pas un journal de bord, rédigé chaque soir à l’étape, mais un récit qui rassemble les souvenirs qui ont émergé, quelque temps après le retour du pèlerin, autrement dit la quintessence de son chemin.

Le caveau de famille

Le caveau de famille dans Livres lus le-caveau-de-famille-150x150 Roman de Katarina MAZETTI

C’est la suite du livre à succès « Le mec de la tombe d’à côté ». On retrouve donc les deux personnages principaux : Désirée, bibliothécaire et citadine convaincue, et Benny, paysan et campagnard dans l’âme.
Ils s’étaient rencontrés au cimetière : l’une rendait régulièrement visite à son époux brutalement décédé et l’autre allait fleurir la tombe de sa mère. Malgré leurs différences, ces deux-là étaient tombés amoureux et, à défaut de partager des centres d’intérêt, ils partageaient une véritable passion sexuelle ! À la fin du livre, ils s’étaient néanmoins séparés, aucun des deux ne souhaitant faire un pas vers l’autre. Il faut que dire que pour Benny, avec sa ferme et ses vaches, ce n’était pas du tout évident. Quant à Désirée, dite la Crevette, elle ne se voyait pas en fermière…
Au début du tome deux, on retrouve donc Désirée, titillée par son désir d’enfant. Et comme géniteur, elle ne voit pas un autre homme que… Benny ! Le fermier entretemps s’est résolu à se mettre en ménage avec sa cousine Anita… dont il n’est pas amoureux mais qui se montre à la ferme et dans la maison d’une efficacité convaincante.
Désirée propose donc un marché à Benny : ils feront trois essais et si elle ne parvient pas à tomber enceinte, elle disparaîtra à tout jamais de son existence. Alors quand le test s’avère positif, Benny donne congé à sa cousine
sans grand remords et accueille celle qu’il a toujours surnommée « la crevette » ! Et Désirée saute le pas : elle vend son appartement et emménage dans la ferme ! Elle ne quitte toutefois pas son emploi…
Après un premier fils naît à peine un an plus tard un deuxième, puis… Désirée est plus féconde que la meilleure vache reproductrice de Benny !
L’effet de surprise du premier roman n’agit bien sûr pas dans le deuxième ! L’histoire est plus conventionnelle et l’humour un peu moins efficace. Mais on passe quand même un bon moment !

La chambre écarlate

La chambre écarlate dans Livres lus la-chambre-ecarlate-150x150 Roman de NICCI FRENCH

Kit Queen, psychiatre, travaille à Londres pour la police. Lorsqu’elle est appelée pour donner un avis sur le profil psychologique de Michael Doll, un marginal soupçonné de multiples petits délits, elle est violemment agressée par celui-ci. Après un séjour à l’hôpital et marquée à vie par une balafre qui court de sa tempe à sa mâchoire inférieure, elle retrouve son métier mais son mari l’a quittée. C’est alors qu’une amie d’enfance arrive dans sa vie. Julie n’a jamais accepté de vivre une existence conventionnelle ; elle a choisi l’errance et l’avanture à travers le globe. Kit l’accueille et la laisse s’installer chez elle.
Kit est appelée par la police dans une affaire de meurtre. Une jeune SDF a été assassinée près d’un canal ; Michaël Doll est suspecté. Kit accepte de le rencontrer et, de nouveau, donne un avis contraire à celui des enquêteurs.
Un deuxième meurtre est commis. Le cadavre a été trouvé au même endroit, au bord d’un canal. Mais le profil de la victime est complètement différent puisqu’il s’agit d’une jeune femme issue de la riche bourgeoisie londonnienne, épouse et mère d’une petite fille de cinq ans.
Alors que la police soupçonne de nouveau Michaël Doll, Kit est persuadée de l’innocence du garçon, mais convaincue d’un lien entre les deux meurtres. Contre l’avis de la police qui veut clore les deux affaires et incarcérer Michaël Doll, elle se rend dans un foyer d’accueil pour jeunes délinquants, dirigé par Will Pavic. L’homme est d’un abord difficile et Kit se heurte à son manque d’enthousiasme et de coopération. Lorsqu’elle apprend qu’il est un ancien homme d’affaires de la City qui a tout plaqué du jour au lendemain pour ouvrir ce centre dans un quartier mal famé de la capitale, la curiosité de la psychiatre est piquée au vif. Sans parler de Michël Doll qui, après l’avoir méchamment agressée, a jeté son dévolu sur la jeune femme, persuadé qu’elle seule peut le comprendre. Heureusement, il y a Julie qui apporte beaucoup de fantaisie et de légèreté dans l’existence de Kit qui va remuer ciel et terre pour apporter la preuve de l’innocence de Doll.
Un thriller très lent à démarrer. Contrairement aux autres romans des mêmes auteurs (Nicci French sont deux), il faut attendre les cinquantes dernières pages pour être enfin tenu en haleine. Et la fin surprend le lecteur. Malgré tout pour moi pas un grand roman et surtout pas le meilleur de Nicci French !

L’Olympe des Infortunes

L'Olympe des Infortunes dans Livres lus lolympe-des-infortunes-131x150 Roman de Yasmina KHADRA

L’Olympe des Infortunes est un endroit hors du temps et des conventions, un espace à part entre une décharge publique et la mer. Ce terrain vague cependant n’est pas désert ; il est au contraire peuplé d’une bande de marginaux, des hommes déchus, des hommes déçus, des hommes qui ont volontairement tourné le dos à la société, à la ville et ses dangers, leurs concitoyens hypocrites et individualistes.
Parmi ces hommes, on trouve Ash le Borgne dit le Musicien parce qu’il joue du banjo. Il y a aussi le Pacha, clochard qui se prend pour le roi du terrain vague mais qui pleure comme une femme lorsque son amant disparaît. Il y a Haroun, toujours en quête d’une fourmilière pour que les petites travailleuses débarrassent son caleçon de la multitude de morpions qui le peuplent. Il y a Mama et Mimosa, lui toujours soûl et elle le transportant dans une brouette pour aller le laver dans la mer. Il y a Bliss, toujours méfiant envers ses semblables et ne portant d’intérêt qu’à sa chienne et ses chiots. Il y a Négus, le nain teigneux qui rêvait d’intégrer l’armée ; aigri, il terrorise tous les habitants du terrain vague et même le Pacha, le roi de la communauté, craint les colères du gnome.
Et puis il y a Junior, un jeune homme simplet qui vit aux côtés d’Ash. Pour le garçon, Ash est un sage, un dieu, un protecteur ; il incarne tout à la fois le père, la mère, le frère, le copain et l’autorité. Ash connaît tout, il parle comme un philosophe, il explique les dangers de la ville pour mieux préserver Junior de son attirance pour elle, il expose les problèmes mieux que personne et raconte des histoires pour endormir Junior. Même si le jeune homme parfois se rebelle contre l’autorité d’Ash, il l’aime et le vénère. Alors quand surgit Ben Adam, mystérieux personnage proche de Jésus-Christ, il sème le trouble par ses brillants discours. Junior ne voit plus que par lui et passe ses journées à ses côtés.
Avant de disparaître, Ben Adam rend visite à Ash et lui rappelle que Junior n’est ni un enfant, ni un animal domestique ni un jouet. Après mûre réflexion, Ash décide de laisser sa chance à Junior et le persuade de se rendre en ville. Le garçon pourra-t-il survivre dans ce monde étrange et fascinant ?
Un livre qui dérange.

Le secret de Diane

Le secret de Diane dans Livres lus le-secret-de-diane-125x150  Roman de Jean-Robert LEPAN

Diane surprend Roger, son petit ami, dans les bras de sa meilleure amie. La rupture lui coûte, mais elle décide de tirer un trait sur les deux indélicats.

Afin de pouvoir payer seule le loyer de l’appartement, elle décide de répondre à une petite annonce : transcrire des cassettes audio. Secrétaire médicale, ce boulot est dans ses cordes. Elle se rend donc à l’adresse indiquée, un manoir dans la grande banlieue de Namur. Une baronne âgée la reçoit, lui indique le rythme des retranscriptions et le montant de la rémunération. Le travail est très bien payé et Diane accepte volontiers cette
mission. Le majordome la raccompagne à la porte et le chauffeur, un monsieur tout en muscles à la mine patibulaire, la reconduit jusque chez elle.

Très vite, elle se prend d’affection pour le narrateur, un certain Max. Représentant, il parle dans un dictaphone durant ses nombreux trajets et confie à l’appareil tous ses faits et gestes et autres états d’âme. Lorsque Diane ose demander à la baronne qui est Max, elle se heurte à un violent refus de répondre.

Suite à un accident de voiture – elle pulvérise l’auto empruntée par son ex – elle effectue sa convalescence au manoir et peut ainsi transcrire les cassettes à un rythme plus soutenu. Par ailleurs, elle se lie d’amitié avec le majordome Fernand et la cuisinière Anna. Mais un jour, après la retranscription très courte d’un accès de colère de la part de Max vis-à-vis du dictaphone qu’il a surnommé Hélène pour plus de commodité, la baronne met brutalement fin à la mission de Diane. Celle-ci accepte très mal cette décision car elle veut découvrir qui est Max et ce qu’il est devenu. Devant le refus inflexible de la baronne, elle tombe dans la déprime.

C’est alors que Roger refait surface et l’aide à remonter la pente. Puis il lui propose de l’aider à s’introduire dans le manoir pour récupérer les autres cassettes et ainsi connaître la vérité sur Max. Roger, petit escroc minable, a d’autres  desseins en tête. Mais Diane accepte. Cependant Georges, le chauffeur et garde du corps de la baronne, veille sur sa patronne.

Qui donc est Max et quel est son lien avec la baronne ?

Un livre dans lequel j’ai eu beaucoup de mal à entrer et dont la fin m’a déçue. Quant à l’écriture… trop moderne à mon goût.

Salam Ouessant

Salam Ouessant dans Livres lus salam-ouessant-121x150 Roman de Azouz BEGAG

Le narrateur, père divorcé qui n’a pas réussi à obtenir la garde alternée de ses enfants, part en vacances avec ses deux filles, Sofia et Zola.
Algérien d’origine mais Français de naissance et de cœur, il a jeté son dévolu sur Ouessant, île bretonne au large de Brest, en souvenir d’Yvon Le Guen, natif de l’île et camarade de classe, qui lui avait naguère redonné sa dignité de Français un peu trop bronzé pour passer inaperçu. Sofia et Zola cependant rêvaient du soleil d’Algérie… Leur père a beau leur expliquer qu’en juillet, ce soleil du pays de leurs ancêtres est implacable et parfois même meurtrier, elles n’en démordent pas et leurs mines est aussi grise que la mer et le ciel à leur arrivée sur l’île.
Le père, mal remis de son divorce et toujours malade de la séparation d’avec ses filles, a loué une maison. Malheureusement, elle sent l’humidité… Pour parcourir l’île, il loue trois vélos. Hélas, celui de la petite n’arrête pas de dérailler… Le malheureux déploie des trésors d’inventivité pour séduire ses filles et leur arracher un sourire à défaut d’une réelle joie de vivre. Lui qui voudrait tant les voir heureuses de partager une semaine de vacances avec lui soit se rendre à l’évidence : elles ne pensent qu’à leur mère qui leur manque et à l’Algérie où elles auraient aimé aller.
La veille de leur départ, le père est sur le point de percer le mystère qui entoure monsieur Le Bihan, le marchand et loueur de cycles de l’île. Il a l’air aussi bronzé que lui et au moins aussi malheureux. La pudeur, qu’ils ont aussi en partage, l’empêche de poser les bonnes questions. Et ce n’est que le jour du départ que Le Bihan lui révèle enfin son secret.
Un livre drôle et tendre, écrit avec une plume moderne et légère. Azouz Begag, à qui on doit « Le gone Chaâba », saisit le prétexte de vacances pour évoquer un problème plus profond : le malaise des Arabes nés sur le sol français, étrangers d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Un bon roman pour la plage des vacances !

Le Montespan

Le Montespan dans Livres lus le-montespan-150x150 Roman de Jean TEULE

Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan, et Françoise de Rochechouart de Mortemart s’épousent par amour. Entre eux, c’est l’entente cordiale sur tous les plans et une véritable passion amoureuse qui ne faiblit pas après la naissance de leur premier enfant, Marie-Christine, puis bientôt d’un deuxième, Louis-Antoine.
Louis-Henri n’est pas riche et Françoise, qui se fait appeler Athénaïs, rêve de robes somptueuses, d’une demeure autrement plus grande et confortable que le petit appartement qu’ils louvent à Paris, d’une ribambelle de domestiques en plus de la cuisinière et de sa fille. Pour tenter d’être admise à la Cour, ce dont le marquis se moque royalement, elle fréquente les gens bien en vue. Alors le jour où le roi, Louis XIV, la remarque, elle ne cache pas sa joie. Et Louis-Henri est heureux pour elle, même s’il doit accepter de la voir de moins en moins. Jusqu’au jour où il apprend qu’il est cocu ! Françoise l’avait pourtant prévenu, mais il n’avait pas prêté attention à ses propos tant il lui semblait impossible qu’elle pût lui être infidèle. Mais comment aurait-elle pu résister au monarque tout-puissant s’il ne voulait pas l’éloigner de Versailles ?
Partout où il va, Montespan est félicité. En effet, le rang de favorite de son épouse lui assure un confort et des richesses insoupçonnés. Le marquis cependant ne veut rien, sauf le retour de son épouse qu’il aime comme un fou. Il rejette toutes les propositions royales, tous les trésors, tous les avantages, tous les privilèges. Il va même jusqu’à crier haut et fort son mépris pour le roi qui s’approprient la femme des autres. Pour que chacun sache son infortune, il fait orner son carrosse de gigantesques cornes de cerf ! Françoise cependant ne revient pas. Et il fait tant de tapage qu’il doit fuir Paris et se réfugier dans son château en Gascogne avec ses deux enfants. Puis il devra s’exiler en Espagne.
Le récit est intéressant et le marquis franchement attachant ; le seul personnage honnête et sympathique du roman. Sa rébellion face au puissant Louis XIV et son amour à toute épreuve forcent l’admiration et le respect.
En revanche, comme dans « Fleur de Tonnerre », la plume de Jean Teulé m’a déplu. Certains passages sont très crus et, à mon avis, inutilement grossiers.

Dans les pas d’Ariane

Dans les pas d'Ariane dans Livres lus dans-les-pas-dariane-150x150 Roman de Françoise BOURDIN

C’est la suite de « Le testament d’Ariane ».
Anne Nogaro est la seule héritière de la maison familiale, une bastide au milieu d’une forêt de pins dans les Landes, à proximité de l’océan, et d’une grosse sommes d’argent pour pouvoir payer les droits de succession. Sa tante Ariane avait tout prévu pour que sa nièce préférée, la seule de la famille à lui avoir témoigné de l’affection, puisse garder la maison.
Cet héritage inattendu a divisé la famille d’Anne : ses parents et sa sœur aînée lui en veulent de ne pas vouloir vendre et partager l’argent ; ses deux frères sont heureux pour elle et l’aident à aménager la bastide. Et c’est aussi son couple qui vole en éclats. En effet, Paul refuse d’aller habiter la bastide. Ce désaccord creuse une faille car dans le refus de Paul, Anne y voit surtout un rejet, celui de ne pas vouloir l’épanouissement de son épouse qui a jusqu’à présent consacré son existence à son mari et à son fils. Chacun campe sur ses positions et, progressivement, le couple part à la dérive, d’autant qu’Anne se sent de plus en plus chez elle, dans sa bastide. Alors quand Jérôme, son petit frère que toute la famille tient pour un raté car il n’a effectivement rien accompli jusqu’à présent, lui propose de l’aider à aménager des pièces en chambres d’hôtes, Anne accepte de tenter l’aventure pour rentabiliser la maison et lui permettre ainsi de la garder. Alors que le divorce est prononcé, le deuxième cahier constituant le journal d’Ariane vient troubler la jeune femme. Le premier, déjà, donnait un éclairage peu flatteur sur ses parents ; les révélations qu’elle découvre dans le second vont encore un peu plus la perturber. Anne Nogaro parviendra-t-elle à marcher dans les pas d’Ariane pour vivre selon ses choix en faisant fi de l’opinion de ses proches ?
Malgré un début un peu laborieux car redondant par rapport au premier tome, ce second opus est à la hauteur du premier et on dévore l’histoire jusqu’à la dernière page.

 

Le testament d’Ariane

Le testament d'Ariane dans Livres lus le-testament-d-ariane-150x150Roman de Françoise BOURDIN

Dans les Landes, une vieille dame s’apprête à faire son testament. Ariane Nogaro, descendante d’une grande famille d’exploitants résiniers, a vécu douloureusement la ruine de son père et la vente de la propriété familiale. Elle avait alors dix-huit ans et s’était juré de racheter la maison. Elle s’y emploiera durant toute sa vie, avec la seule arme dont elle dispose : la séduction. Une fois de nouveau propriétaire de sa chère bastide, elle invite son jeune frère Gauthier avec son épouse Estelle et leurs quatre enfants, deux garçons et deux filles. Mais Gauthier n’a jamais aimé cette grande bâtisse perdue au milieu de la forêt proche de l’océan. La seule qui semble sensible à la beauté et l’élégance de la bastide et des objets qu’elle recèle est Anne. Elle est aussi la seule à avoir toujours montré de l’affection envers sa tante qui passe pour une folle auprès des autres membres de la famille. Aussi Ariane a-t-elle décidé de faire de cette nièce son unique héritière.
Anne vit alors avec son mari, vétérinaire associé dans un village à l’intérieur des terres, Castets, à une vingtaine de kilomètres de Dax, et leur fils unique Léonard. Afin de concilier vie professionnelle et vie familiale, Anne a repris à mi-temps et à domicile une activité de comptable indépendant. Régulièrement, elle rend visite à sa tante qu’elle apprécie pour son originalité et son humour. Anne ne s’interroge guère sur son existence ; elle aime son mari et il lui a paru normal de l’aider à réaliser ses projets : investir dans une clinique vétérinaire et construire un petit pavillon.
Lorsqu’elle se retrouve seule héritière de la bastide des Nogaro avec un petit pécule en prime pour pouvoir s’acquitter des droits de succession, Anne ne se doute pas des conséquences désastreuses du testament d’Ariane. Car elle va devoir affronter la jalousie et la rancœur dès lors qu’elle décide de garder la bastide au lieu de la vendre comme chacun s’y attend. La famille se divise alors en deux camps…
Une belle histoire familiale en deux tomes pour un très agréable moment de lecture.

Les Précieuses ridicules

Les Précieuses ridicules dans Livres lus les-precieuses-ridicules-150x150 Comédie de Molière

La fille et la nièce d’un bourgeois nommé Gorgibus, rêvent de recevoir des gens à la mode, des beaux esprits qui s’expriment dans un style à peine compréhensible à force de prétention. Magdelon et Cathos, les deux jeunes filles, ont abandonné leurs prénoms qu’elles jugent trop vulgaires pour adopter ceux d’Aminte et Polyxène. Elles refusent par ailleurs l’idée de se marier aux deux jeunes gens que Gorgibus, soucieux de la respectabilité de sa fille et de sa nièce, leur destine pour époux : Du Croisy et La Grange. Alors qu’ils sont des gentilhommes honnêtes et sérieux, elles les trouvent soudain vulgaires et indignes d’elles. Pour se venger des deux précieuses, les deux amis, un peu vexés par l’attitude dédaigneuse de Magdelon et Cathos, leur envoient leurs valets qui se font annoncer assez pompeusement auprès des deux jeunes femmes : le marquis de Mascarille et le vicomte de Jodelet. Les deux précieuses tombent littéralement sous le charme des valets déguisés et trouvent d’un goût exquis les extravagances qu’ils débitent l’un et l’autre. Seule l’arrivée des maîtres qui ne manquent pas de se moquer des deux femmes va leur faire entendre raison et prendre conscience de leur bêtise et de leur manque de discernement. Honteuses de s’être aussi facilement trompées, elles rudoient les deux valets qui se plaignent à leur tour du mauvais traitement qu’ils ont à subir.
Cette pièce de Molière, très courte, se lit très vite et le lecteur, en dépit des siècles qui le séparent de l’auteur, découvre une prose tout à fait moderne et une intrigue absolument transposable dans notre vingt et unième siècle. Car il y a toujours des hommes et des femmes dépourvus de bon sens, facilement séduits par le langage et l’apparence de personnes qui brillent davantage par leur superficialité que par la profondeur de leur esprit !…
Se replonger dans les grands classiques est toujours un plaisir !

La rose de Blida et autres nouvelles

La rose de Blida et autres nouvelles dans Livres lus la-rose-de-blida-150x150 Nouvelles de Yasmina KHADRA

Mohammed, douze ans, est élève d’une école militaire en  Algérie. Alors qu’il vient de purger une peine de prison dans son établissement  pour insubordination, il découvre dans la cour de l’école une dame sublime, qui le subjugue par son beauté, son élégance et son inaccessibilité. Mohammed n’a  alors qu’une obsession : savoir qui est cette dame, connaître son nom et  son adresse, la revoir, faire sa connaissance et plus si affinités !
Son meilleur ami parvient à lui obtenir les renseignements demandés : la  belle dame est la mère d’un élève plus jeune, un garçon taciturne et sauvage  qui ne se laisse pas facilement approcher. Mohammed va devoir se montrer  patient pour gagner la confiance de son camarade. Jusqu’au jour où le jeune  élève confie à Mohammed une lettre pour sa mère que ce dernier promet d’aller  lui porter après avoir fait le mur de l’école. Il espère, par ce service, enfin  rencontrer la femme qu’il aime. Mais rien ne se passe comme prévu…
Une belle nouvelle sur les amours adolescentes, ces rêves de petit garçon  troublé par le charme de la femme mûre.

Suivent quatre courtes nouvelles sur des thèmes différents : l’importance  des racines et le poids des traditions, la bêtise et la cruauté des hommes face  à la fragilité de leurs congénères, la légende de Wadigazen et la révélation d’une  des facettes de l’Afrique, et enfin un texte émouvant sur l’incompréhension d’un  être cher face à certains événements dérangeants de la vie.
Ces textes de jeunesse, parfois un peu hermétiques pour le lecteur français, bien  avant le grand roman « Ce que le jour doit à la nuit » qui révéla l’auteur  au grand public, montrent néanmoins la voie que prendra Yasmina Khadra, attiré  par les histoires vraies, tirées de son quotidien, observées dans son  environnement proche, mais aussi son univers romanesque relié aux valeurs de  son pays et de son continent.

Si c’est un homme

Si c'est un homme dans Livres lus si-cest-un-homme-150x150Témoignage de Primo Levi

Fin 1943, Primo Levi, chimiste italien, de religion juive, est arrêté et déporté à Auschwitz. Il a vingt-quatre ans. Après avoir subi les lois raciales du régime fasciste de Mussolini, il découvre l’horreur des camps de concentration allemands. Pendant un peu plus d’un an, jusqu’à l’arrivée des Russes en janvier 1945 qui libéreront le camp, il va tenter de survivre aux conditions extrêmes de détention. Parqués dans des baraques, sur des couchettes en bois où souvent deux prisonniers se partagent un méchant matelas et une mince couverture, ils doivent affronter la faim, le froid et un labeur digne des travaux forcés.
Confronté à la promiscuité, le jeune homme devra surmonter l’effroi matinal en découvrant des camarades de chambrée morts pendant la nuit, déjà raidis par le froid. Il apprend à se battre pour sa survie, à surveiller ses quelques effets pour ne pas se les faire voler par ses codétenus, à courber l’échine sous les coups et les humiliations des petits chefs parfois plus zélés que les SS eux-mêmes. Il est témoin des sélections périodiques pour séparer les malades des mieux-portants sur un simple signe du « médecin » qui décide en une seconde, sans le moindre examen, qui peut continuer à espérer vivre et qui sera conduit vers les chambres à gaz. Il assiste aux pendaisons publiques pour l’exemple, il piétine dans la neige, pendant des heures d’un appel interminable.
Primo Levi n’avait pas d’aptitudes particulières pour survivre à un tel cauchemar. Il doit sa survie à la chance, celle de n’avoir pas été désigné pour alimenter le four crématoire, celle d’avoir été choisi parmi d’autres chimistes pour travailler, vers la fin de sa détention, dans un laboratoire chauffé, et celle d’être tombé malade à la toute fin de la guerre, quand les Allemands désertaient les camps pour tenter d’échapper aux Alliés.
Durant cette année de détention, Primo Levi a beaucoup observé, avec un certain détachement semble-t-il, pour tout raconter à son retour, sans haine ni jugement. Si le livre a été écrit dès 1947 dans une certaine urgence, il n’a été publié que plus de dix ans plus tard, tant ce témoignage, si tôt après la fin de la guerre, paraissait irracontable.

Fleur de Tonnerre

Fleur de Tonnerre dans Livres lus fleur-de-tonnerre-150x150 Roman de Jean TEULE

Au début du XIXe siècle, Hélène Jégado vit à Plouhinec, en Basse Bretagne, dans le Morbihan précisément. Autour d’elle, auprès de son père et de sa mère, en compagnie des voisins et des voisines, avec les autres enfants, il n’est question que de légendes celtiques, de menhirs, de l’Ankou, celui qui, souvent précédé d’une charrette qui couine, armé d’une faux envoie les habitants ad patres.
Vers l’âge de huit ans, la petite Hélène découvre les propriétés de la belladone. Elle ajoute quelques baies dans la soupe d’Emilie, une petite copine, et rate ainsi son premier empoisonnement. C’est sa mère qui va lui donner la recette sans le vouloir vraiment : si elle avait écrasé les baies pour en former une bouillie ajoutée à la soupe, la malheureuse Emilie serait morte. Hélène se le tient pour dit et teste la recette sur sa propre mère. Elle réussit son premier crime et entame ainsi une très longue liste.
Durant toute sa vie, Hélène, exceptionnellement belle, va parcourir la Bretagne du sud au nord puis de nouveau du nord au sud avant de se rendre à Vannes puis à Rennes où s’arrêtera sa vie itinérante. Partout où la jeune Morbihannaise arrive, elle sème la mort. Engagée comme cuisinière, sur le crédit de sa première lettre de recommandation, elle a dès lors pour objectif d’empoisonner tous les membres de la famille qui l’emploie. Aux délicieuses soupes, aux savoureux ragoûts ou aux succulents gâteaux qu’elle prépare avec soin, elle ajoute un poison et assiste au décès de ses victimes. Après les obsèques, avec le sentiment du devoir accompli et du travail bien fait, elle quitte la ville et se fait engager ailleurs. Et elle poursuit ainsi sa mission, comme elle l’appelle.
Il faudra un concours de circonstances et l’avancée de la science pour que la tueuse en série, qui a commis un nombre impressionnant de crimes, tuant indifféremment des hommes, des femmes et des enfants, soit enfin confondue, jugée et exécutée à Rennes.
Un livre facile à lire car les crimes ne sont pas atroces. J’ai cependant été déçue par le style d’écriture.

Billets d’humeur spirituelle par Chasseur d’Images Spirituelles

Billets d'humeur spirituelle par Chasseur d'Images Spirituelles dans Livres lus billets-d-humeur-spirituelle-par-chasseur-d-images-spirituelles-loic-pean1-150x150 Recueil de Billets d’humeur de Loïc Péan

Ce livre n’est ni un roman ni un recueil de contes et nouvelles ni un recueil de poésie ; mais il est un peu tout cela à la fois !
Ce n’est certainement pas par hasard si l’ouvrage commence par « L’amour sauveur, l’amour guérisseur » car l’amour est le fil conducteur, le leitmotiv, l’antienne de ce recueil de billets d’humeur spirituelle. « N’aurais-tu qu’aimé en ta vie, Que tu l’aurais réussie. »
Il est aussi question de la vie : « Avance encore et encore […] Ne doute pas, avance encore et encore. », « La vie est prioritaire, La vie est une Œuvre en cours de création, La vie s’évalue à son amour semé, partagé et reconnu, Point trahi, jamais trop de vie », « Est-il plus sacré réceptacle d’amour que le cœur d’une mère », « Nous sommes par le droit de notre naissance, Héritiers de l’existence, Crédit de vie qu’il serait fou de renier, De dilapider en une folie destructrice », « Qui se demande s’il est heureux ne l’est sans doute pas. », « Quand l’éternité impose l’instant de pause à ce présent qui fait nos jours, Sublime parenthèse d’existence où l’oubli de soi occulte la mémoire de nos nécessités vitales », « L’apparence est un maquillage permanent de l’être, Ce besoin finalement inné de cacher le vrai de l’âme », « Aimer faire pour aimer vivre, Aimer simplement. »
L’auteur parfois se montre volontiers autocritique quand il parle des écrivains : « L’auteur donne vie à ses personnages, Lui le créateur, impose son droit de vie ou de mort […] Il est maître en son histoire, L’auteur se prendrait-il pour Dieu ? », « L’auteur des mots qui sèment la terreur, Voit souvent ses écrits se retourner contre lui. », « L’œuvre œuvre encore en les cœurs, Etait-elle divinement inspirée, Car en elle la pure vérité, l’amour sublimé. »
En deux cents billets plus ou moins longs, mais jamais plus de vingt lignes, Loïc Péan aborde une multitude de sujets. Mais il n’assène aucune vérité ; il s’interroge et nous invite à en faire de même.
Pour en savoir plus, voir le blog de l’auteur :
http://chasseurdimagesspirituelles.unblog.fr/

Le regard des femmes

Le regard des femmes dans Livres lus le-regard-des-femmes-150x150  Roman de Max GALLO

Philippe Guibert, énarque, haut fonctionnaire, membre éminent de la commission de Bruxelles, n’est pas peu fier de sa réussite, s’interdisant par ailleurs de s’interroger sur son passé et notamment celui de ses parents. Fils de résistant dont l’épouse a refusé d’accoler le nom de guerre au sien, Philippe a avancé sur son chemin pour atteindre le sommet et la considération qui l’accompagne.
Quand il rencontre Lisa Romano, historienne italienne spécialisée dans le Moyen Âge vénitien, enseignante dans plusieurs universités européennes, il est ébloui par le regard de cette jeune femme beaucoup plus jeune que lui. Lisa se donne sans conviction mais, le jour de l’enterrement de son père qu’elle chérissait et admirait plus que n’importe qui d’autre, elle demande à Philippe de l’épouser.
Avant lui, la jeune femme a vécu une relation passionnelle avec un journaliste grec, également beaucoup plus âgé qu’elle. Alors elle n’est pas étonnée de ne rien ressentir avec Philippe, de se dématérialiser de son corps pour observer avec froideur leurs ébats où seul son mari s’agite et crie avant de retomber sur le côté, épuisé et heureux. Lentement, leurs relations se dégradent. Lisa ne supporte plus son époux et le monde qu’il incarne ; tout lui semble superficiel, artificiel, hypocrite. Philippe quant à lui ne s’intéresse pas aux travaux de son épouse qu’il juge sans intérêt puisque ancré dans le passé ; lui est un homme d’avenir, un bâtisseur de l’Europe ! Alors que Lisa s’éloigne de plus en plus, Philippe s’accroche ; plus elle le traite en un petit garçon capricieux, plus il s’attache. Et l’on assiste à la lente dégringolade de cet homme politique qui redevient, dans sa vie privée, ce qu’il n’a jamais cessé d’être : un enfant apeuré par le regard des femmes, en demande permanente d’amour et d’admiration. Lisa, qui a vécu dans le regard de son père, ne peut comprendre cet homme ambivalent.
Le jour où Vassos, son ancien amant grec, décide de publier un livre sur le père de Philippe, tout bascule.
Un livre très bien écrit, bien sûr, dont le propos est parfois un peu difficile en raison des incessants retours en arrière, mais qui laisse, quand on le referme, un goût amer dans la bouche. Soit on se réjouit de constater que les hommes politiques sont des êtres humains comme vous et moi, tourmentés par les affres de l’amour, soit on est effrayé de voir que des êtres au profil psychologique aussi fragile sont au pouvoir et prennent des décisions importantes pour le quotidien de chaque Européen.
A lire, même si le livre n’est pas nouveau, il est toujours d’actualité !

Si c’était à refaire

Si c'était à refaire dans Livres lus si-cetait-a-refaire-150x150  Roman de Marc LEVY

Andrew Stilmann est reporter au New York Times. Célibataire endurci comme son ami Simon, il retrouve un soir un amour d’adolescence. C’est le coup de foudre ! Valérie, vétérinaire pour la police montée de New York, rompt avec son petit ami et les deux jeunes gens filent le parfait amour, tantôt chez lui tantôt chez elle.
Quelques jours avant son mariage, dans un bar où il enterre sa vie de garçon avec Simon, il rencontre une femme mystérieuse dont il tombe éperdument amoureux. Toujours amoureux de sa fiancée, il lutte contre cette attirance dont il se doute qu’elle sera dévastatrice. La tête ailleurs, il épouse Valérie. Mais au moment de lui faire l’amour, il réalise qu’il ne pourra pas ; il ne s’agit pas d’une simple panne sexuelle. Le soir de ses noces, il quitte donc sa femme et se plonge dans la préparation de son second voyage en Argentine. Car après avoir dénoncé un trafic de nourrissons en Chine, il est maintenant sur la piste de criminels de guerre du temps de la dictature où des bébés avaient été enlevés à leurs parents opposants au régime. Il est sur la piste d’un ancien commandant de l’armée argentine, pilote d’avion accusé d’avoir largué à la mer des dissidents morts sous la torture et parfois même encore vivants. Ce grand reportage pourrait lui valoir les prestigieux Prix Pulitzer.
Un matin de bonne heure, alors qu’il fait son jogging quotidien, Andrew est soudain frappé dans le dos. Sous le choc de la douleur fulgurante, il tombe à terre et perd connaissance. Quand il revient à lui, il réalise qu’il a fait un bon de deux mois dans le passé. Il dispose donc de ces huit semaines pour tenter de débusquer son agresseur et changer le cours du destin.
Un roman agréable à lire. Contrairement à l’accroche racoleuse de la quatrième de couverture, la fin du récit ne m’a pas coupé le souffle, mais j’ai passé un bon moment de lecture.

Les noces de Marie-Victoire

Les noces de Marie-Victoire dans Livres lus les-noces-de-marie-victoire-150x150Roman d’Elise FISCHER

Henri, pour la première fois de sa vie, se heurte à son oncle qu’il vénère, tout comme sa grand-mère maternelle, car tous deux l’ont élevé après la mort de sa mère. Mais il est sur le point d’épouser Marguerite Bauer et pour une raison qu’il ignore, Charles n’approuve pas ce projet de mariage sans toutefois vouloir en dire la raison. Car le fait que la femme qu’il aime soit de six ans son aînée ne peut être un argument valable pour expliquer le rejet de Charles. C’est finalement Louise, l’épouse de Charles, qui parviendra à convaincre son mari de ne pas s’opposer à ce mariage pour ne pas perdre l’amour de son neveu. Par ailleurs, Marguerite est son amie de toujours et elle sait qu’elle vient d’une famille respectable ; elle a en outre veillé sur ses parents jusqu’à leur dernier souffle.
Henri a toujours souffert et souffre encore du mystère qui entoure la mort de sa mère alors qu’elle n’avait que vingt-six ans et bien plus encore l’identité de ce père qui a abandonné sa mère bien avant sa naissance. Et cette souffrance se répercute sur ses enfants, Louis et Marie-Thérèse, plus affectueusement surnommés Loulou et Nénette. Lorsque l’institutrice demande à ses élèves de rédiger une rédaction sur le thème d’un dimanche en compagnie de ses grands-parents, Loulou rend une copie blanche pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas de grands-parents avec qui passer un dimanche agréable !
Henri devra attendre le décès de Charles pour découvrir enfin le secret. Sa mère, Marie-Victoire, avait écrit son autobiographie sur trois cahiers qu’elle a confiés à son frère Charles avant de mourir. Henri profite de l’absence de son épouse et des enfants, partis rendre visite à des cousins en Alsace, pour ouvrir le premier cahier et ainsi, enfin, connaître ses origines et découvrir l’histoire d’amour entouré d’opprobre dont il est le fruit.
Un roman agréable, qui se passe tout près de chez moi, à Vézelise et Charmes, sur un sujet qui semble inépuisable…

Jeux de dupes

Jeux de dupes dans Livres lus jeux-de-dupes-150x150 Roman de NICCI FRENCH

Samantha Laschen est médecin psychiatre spécialisée dans le traitement du stress post traumatique.
Maman d’une petite fille de quatre ans dont le père s’est donné la mort par pendaison, elle entretient depuis quelque temps une liaison un peu difficile avec Dany, un artisan qui a du mal à trouver sa place. Sur un coup de tête et contre l’avis de Dany, Sam décide de quitter Londres pour venir habiter à la campagne avec sa petite fille, Elsie.
Alors qu’elle n’a pas encore pris ses fonctions à l’hôpital de Stamford, on lui demande d’héberger une jeune fille de dix-huit ans dont les parents ont été sauvagement assassinés ; elle-même n’a survécu à ses blessures que par miracle. Samantha commence par refuser, mais pressée à la fois par son supérieur et la police, elle accepte et accueille Fiona Mackenzie. D’emblée, Elsie s’entend à merveille avec Finn et Sam baisse la garde. Le comportement de la jeune fille est en tous points conforme à celui des victimes de violences physiques et psychiques et Samantha ne se méfie ni de la jeune fille, ni de son médecin traitant ni des policiers qui veulent classer l’affaire après avoir été amenés sur une fausse piste.
Lorsque son amant et la jeune fille disparaissent ensemble, pour apparemment vivre leur amour passionnel, Samantha peine à croire Dany capable d’une telle trahison. Puis le couple de fuyards est retrouvé dans une voiture, leurs corps entièrement carbonisés dans la carcasse de l’automobile qui a mystérieusement pris feu. La thèse est celle du suicide ; les deux amants n’auraient pas supporté le mal qu’ils faisaient à Samantha. Mais lorsqu’elle découvre que Fiona a rédigé un testament en la faveur exclusive de son médecin traitant, le Docteur Michael Daley, qui deviendrait du jour au lendemain multimilliardaire, le doute s’incruste. Lorsque celui-ci l’invite à une sortie en mer sur son bateau, Sam accepte en se préparant au pire. Au cours de cette virée, elle apprend au péril de sa vie une partie de la vérité. Mais qui est vraiment Fiona Mackenzie ?
Pas le meilleur roman de Nicci French, mais agréable quand même.

L’Amour, Sexa

L'Amour, Sexa dans Livres lus lamour-sexa-150x150 Roman de Joseph G. CICCOTELLI

Jean et Laetitia filent le parfait amour depuis trente ans. Alors qu’il réfléchit à un cadeau d’anniversaire de mariage pour sa femme à l’occasion de la fête qu’ils vont organiser, il se souvient avoir lu que trois couples sur dix seulement vivent aujourd’hui un amour durable, pour ne pas dire éternel. Tous deux connaissent le secret de cette longévité de leur amour ; il tient en quatre lettres : R, P,-E et S pour Respect, Partage, Ecoute et Sexe.
Scientifique en robotique sociale, Jean travaille avec Thierry. Tous deux ont élaboré une machine révolutionnaire nommée SEXA pour Système EXpert en Amour. Jean décide d’offrir à son épouse l’analyse de leur union.
Pour cela, il doit entrer dans la machine comme dans un scanner et revivre sa vie conjugale avec Laetitia à plusieurs étapes de leur amour, de leur rencontre à aujourd’hui. Le résultat cependant est catastrophique : la machine prévoit une rupture à deux ans !!! Incrédule, le scientifique se soumet à de nouveaux tests avant de tomber amoureux fou d’une collaboratrice. Lui qui se croyait à l’abri de l’adultère et de toutes les vilénies qui le précèdent et l’accompagnent, ne comprend pas ce qui lui arrive.
Par ailleurs, le leader des sites de rencontres sur Internet s’intéresse à cette fabuleuse machine…

Un livre qui se lit d’une traite en dépit de passages un peu trop techniques pour le néophyte, car l’auteur est un vrai scientifique. Publié en autoédition, ce roman est d’assez bonne qualité littéraire, même si le lecteur attentif ne manquera pas de débusquer quelques coquilles. Mais je suis bien placée pour savoir combien il est difficile, en autoédition, de publier des ouvrages sans coquille ! Même les grandes maisons d’édition qui disposent de correcteurs n’y parviennent plus !…
Je vous recommande donc vivement ce livre que vous pourrez acquérir auprès de l’auteur lors des différents salons qu’il fréquente ou directement sur son site : http://www.ciccotelli.fr/

La délicatesse

La délicatesse dans Livres lus la-delicatesse-150x150Roman de David FOENKINOS

La rencontre entre Nathalie et François ressemble à un conte de fée. Ils s’aiment au premier regard, se marient aussitôt et vivent le parfait amour, sans jamais un mot plus haut que l’autre. Ils pensent à faire un enfant, mais pas tout de suite ; ils pensent d’abord à eux et à leur bonheur sans tache. Et puis un jour, toute cette félicité qui semblait immuable s’écroule. François part faire son jogging dominical, laissant son épouse lire, allongée sur le canapé. Renversé par une voiture, il ne rentrera jamais de sa séance sportive. Nathalie le revoit à l’hôpital puis à la morgue puis plus du tout. Sa vie bascule presque du jour au lendemain et sans avertissement. Comment vivre après un tel cataclysme ?
Son premier réflexe est de s’abrutir avec le travail. Après un certain temps accordé par son patron pour digérer cette bombe qui a fracassé sa vie, Nathalie retourne au bureau. Cadre dans une société dont le siège se situe en Suède, elle travaille pour oublier.
Charles, son patron, amoureux d’elle avant même d’avoir mené son entretien d’embauche, ne tarde pas à tenter sa chance puisque le chemin est dorénavant libre. Mais Nathalie est réfractaire à toute tentative de séduction. Il lui semble que l’amour et le sexe ont disparu avec François. Jeune veuve, elle semble inaccessible. Charles pourtant ne s’avoue pas vaincu.
Et puis un jour, Nathalie rencontre Markus. Ce Suédois fait partie de l’entreprise et même de son équipe. Pourtant, durant toutes ces années, elle l’a à peine remarqué. Il faut dire que d’emblée, il est tout sauf remarquable ! Markus est un homme fade qui se fond dans le paysage. Un jour, sans pouvoir s’expliquer son geste, Nathalie va l’embrasser à pleine bouche. Dès lors, la vie du Suédois bascule et il va tout faire pour conquérir cette femme sublime qui n’aurait jamais dû le choisir. Sa recette, aussi inconsciente qu’imparable : la délicatesse !
Un livre à la fois plaisant et lourd. L’histoire défile avec aisance. Mais pour une raison que je n’ai pas comprise, l’auteur a cru nécessaire d’intercaler des informations aussi loufoques qu’inutiles. De même a-t-il utilisé des notes de bas de page pour ajouter des éléments humoristiques… Bref, tous ces artifices cassent un peu le rythme du récit linéaire ou presque, sans rien apporter d’autre que des pages supplémentaires…
Je me demande si ce Foenkinos qui a fait tant de bruit est vraiment le meilleur. A voir.

Un homme à distance

Un homme à distance dans Livres lus un-homme-a-distance-150x150 Roman de Katherine PANCOL

Kay Bartholdi est libraire à Fécamp. Un jour, son assistante lui fait part de la visite d’un homme, un Américain, qui a laissé une commande importante de livres à envoyer à l’adresse qu’il a indiquée. Kay lui envoie le colis avec un petit mot ; Jonathan Shields lui répond. Une correspondance se développe entre les deux personnages et évolue au gré de leurs lectures qui entraînent des confidences. Mais la jeune femme se méfie car elle a vécu un grand chagrin d’amour et ne veut en aucun cas retomber dans les filets de l’amour, étrangement lié à la souffrance dans son esprit. Mais lorsque Nathalie, son assistante, lui révèle que le monsieur en question a l’âge d’être son père, voire de son grand-père, Kay se détend et se livre un peu.
Leur correspondance suit leurs humeurs ; ils se disputent parfois, l’un et l’autre jaloux des sentiments de l’autre. Jonathan parfois est maladroit dans les mots qu’il écrit et Kay immédiatement se rétracte, imitant l’huitre dans sa coquille. L’Américain alors ne sait comment se faire pardonner et déploie des trésors de style pour toucher le cœur de la Française. Leur relation épistolaire est d’ailleurs essentiellement basée sur les livres qu’ils se conseillent mutuellement et chacun semble dévoiler la personnalité et le vécu du lecteur, éclairant l’autre un peu plus sur son histoire et son passé. Les révélations sont d’ailleurs parfois très troublantes, au point que Kay se demande qui donc est véritablement Jonathan Shields, cet homme qui semble trop bien la connaître…
Une très belle histoire qui se lit en quelques heures. Une fois le livre ouvert, on ne le referme plus avant d’avoir lu la dernière ligne.
Ayant écrit moi-même un roman épistolaire il y a quelques années, le livre m’intéressait d’emblée et j’étais curieuse de savoir comment un autre auteur avait traité le sujet. Je n’ai pas été déçue.
C’est un très grand petit livre, à découvrir absolument ! 

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