Roman de Françoise BOURDIN
Suite de « Le secret de Clara », ce roman commence avec le décès de la vieille dame de plus de quatre-vingts ans qui n’a pas su surmonter un nouveau drame : la mort d’un de de ses arrière-petits-fils. Avant de mourir, la chef de clan et gardienne des valeurs familiales, transmet le flambeau à Vincent, le fils aîné de son bien-aimé fils Charles.
Sur son lit de mort, Charles avait divulgué le secret de Clara à ses enfants, neveux et nièce. Par égard pour Clara, ses cinq petits-enfants avaient su, malgré les rancoeurs et les désirs de vengeance, rester unis autour d’elles. L’aïeule partie, le clan menace d’exploser. Certes ils se retrouvent à Vallongue, dans la maison familiale en Provence, que Clara leur a léguée en indivision. Vincent a divorcé de Magali, tombée dans l’alcoolisme. Alain exploite toujours ses oliviers sans parvenir à trouver une attache auprès de Jean-Rémi. Marie, qui a fait deux bébés toute seule, se retrouve soudain confronté à son passé. Et puis il y a Virgile, le fils aîné de Vincent, et Cyril, le fils de Marie, qui se détestent tellement qu’ils manquent reproduire le scénario dont leurs deux grands-pères ont été les principaux antagonistes. Alain, le sage de la fratrie, saura-t-il sauver le clan, avec pour leitmotiv la devise de Clara : « La famille avant tout ! » ?
Une histoire de famille bien ficelée avec des personnages très attachants. Bien sûr, c’est un peu trop conventionnel, un peu trop propret, un peu trop attendu, mais ces deux volumes offrent un excellent moment de lecture.
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Clara, la soixantaine, veuve, est désormais à la tête du clan Morvan. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle quitte Paris et fuit avec les autres membres du clan à Vallongues en Provence, dans la grande maison de famille. Charles, son fils aîné, prisonnier en Allemagne, vient juste de rentrer. Il apprend la mort en déportation de son épouse Judith et de leur petite-fille, tandis que leurs deux garçons, Vincent et Daniel, étaient restés aux bons soins de Clara, avec leurs cousins Marie, Alain et Gauthier, les enfants d’Édouard. Lui-même n’était pas parti pour le front, réformé… Quand il se suicide, dans le bureau de la grande maison, quasiment sous les yeux de son frère Charles, Clara devine la vérité mais refusera de l’entendre : ainsi pour tout le clan, le « pauvre » Édouard s’est-il donné la mort. Et Clara espère que Charles, son fils préféré, saura retrouver la joie de vivre dans les bras d’une autre femme. Mais il refuse d’oublier Judith et assume son rôle de chef de clan, élevant ses neveux et nièce avec ses deux enfants, avec l’aide de Clara, Madeleine, la veuve d’Édouard, vivant avec eux dans le souvenir de son cher époux…
Mais les enfants grandissent et tous n’acceptent pas l’autorité de Charles, notamment le jeune Alain qui refuse de poursuivre ses études et obtient, à peine sorti de l’adolescence, après une violente confrontation avec son oncle, de repartir en Provence pour s’adonner à l’exploitation des oliviers sur le domaine familial.
Un récit vivant dans la pure tradition des sagas familiales. Un roman populaire bien écrit, de ceux qu’on ne lâche plus à peine commencés.
L’action – si je puis dire – se déroule à Los Angeles, en novembre 2008, le jour de l’élection de Barak Obama.
Tandis que les Etats-Unis et le reste du monde sont suspendus aux postes de radio et de télévision dans l’attente des premiers résultats, Laura et Samuel sont à la dérive, absolument hors du temps. Elle s’est levée avec la ferme intention de se donner la mort à la fin de la journée ; il doit enterrer son fils de dix-sept ans, découvert pendu dans son lycée. Ces deux personnages, à la fois si différents et si semblables, vont-ils se rencontrer et peut-être se sauver mutuellement ?
Sur plus de deux cent cinquante pages, l’auteur nous raconte une journée d’un homme et d’une femme dans la même ville et l’on ne s’ennuie pas.
Philippe Besson fouille avec talent dans les âmes de ces personnages pour expliquer l’effroyable. Au fil des pages, on comprend que Laura, une femme qui a consacré sa vie à son mari et ses deux fils, se trouve absolument démunie lorsque son mari la quitte pour une plus jeune et que ses fils suivent le père par confort avant de voler plus ou moins de leurs propres ailes. Quant à Samuel, un homme divorcé et père un week-end sur deux, il fait ce qu’il peut pour aider son gamin à grandir malgré la séparation et se demande comment survivre au geste fatal de l’adolescent qu’il n’a pas su prévenir ni même deviner.
Un livre dont on ne sort pas indemne.
» Regardez-moi bien. Qui sait si je serai encore là demain… » Aussi célèbre soit-il, James Dean, symbole de la jeunesse éternelle, demeure toujours aussi insaisissable.
Philippe Besson, dans ce roman construit sur les « témoignages » des proches de l’acteur, parvient à saisir la fragilité et le paradoxe du personnage. Car ce garçon, si jeune orphelin, a suscité des sentiments très variés et très contrastés parmi celles et ceux qui l’ont côtoyé.
Bien sûr, les fans de l’acteur n’apprendront rien de nouveau, car sans doute tout a-t-il été déjà dit. Mais ils aimeront sans doute cet ouvrage, comme je l’ai aimé, alors même que je connaissais déjà très bien la vie de James Dean. Adolescente, je me suis intéressée à ce jeune homme qui voulait tellement vivre à cent à l’heure qu’il en est mort. J’ai lu une grande quantité d’ouvrages, y compris une biographie en anglais que j’ai déchiffrée avec pugnacité pour les besoins d’un exposé que je devais faire en classe de Terminale, bien sûr dans la langue de Shakespeare.
Quarante ans plus tard, j’ai aimé me replonger dans l’univers de cet acteur qui restera, malgré tous les ouvrages écrits sur sa personne, une énigme.
Sylvie, 45 ans, juriste, se retrouve très seule après la mort de son père. Plus de parents, pas d’enfants, pas de famille, peu d’amis, pas d’amant, même pas un chien ou un chat pour fêter ses retours du bureau. Du coup, elle travaille beaucoup. Mal dans sa peau, sans passé glorieux ni avenir réjouissant, elle vivote. Un jour, elle se réveille avec une décision : elle se suicidera le jour de Noël sans informer quiconque.
Pour l’aider à surmonter son deuil, son amie (la seule) Véronique lui conseille de consulter un psy. Sylvie choisit Franck, le plus proche de son domicile. Plutôt bel homme, ses méthodes insolites étonnent la jeune femme et mettent du piment dans sa vie. Ils ont deux mois jusqu’à la date fatidique. Franck réussira-t-il à faire changer sa patiente d’avis ?
Un petit livre plein d’humour qui traite pourtant d’un sujet très actuel et infiniment sérieux et triste. Et pourtant, on sourit et on rit même !
On passe vraiment un bon moment avec cet ouvrage écrit dans un style très moderne.
A lire absolument.
À quinze ans, Michaël Berg devient l’amant d’Hannah Schmitz, une femme de trente-sept ans. Pendant six mois, après le rituel du bain et de l’amour, celui de la lecture à haute voix par le garçon ponctue leur liaison. Puis Hanna disparaît. Michaël apprend qu’elle a refusé la promotion, induisant une formation, offerte par la société des tramways dans laquelle elle travaillait. Le jeune homme se souvient qu’elle lui a raconté avoir déjà quitté un poste dans une usine pour ne pas avoir à suivre une formation…
Sept ans plus tard, alors que Michaël suit des études de droit, il assiste au procès de cinq femmes, anciennes gardiennes dans un camp de concentration, accusées entre autres crimes, de n’avoir pas libéré des centaines de femmes enfermées dans une église, alors que celle-ci avait prit feu après un bombardement. Parmi les accusées se trouve Hannah…
Alors qu’il s’étonne du comportement de cette femme qui se défend si mal avant d’accepter l’accusation la plus grave, celle d’avoir décidé, dans des rapports écrits, quelles prisonnières devaient être envoyées chaque semaine aux fours crématoires, la vérité éclate dans l’esprit du jeune homme : Hannah ne peut pas avoir fait ce dont on l’accuse. Non pas qu’il refuse cette éventualité-là, trop douloureuse à accepter pour lui qui a tant aimé cette femme, mais parce que, pour une raison précise et irréfutable, il est tout simplement impossible qu’elle ait écrit ces rapports.
Va-t-il parler ? Va-t-il révéler la vérité qui disculperait cette femme ?
Le film tiré de cet ouvrage il y a quelques années m’avait envoûtée. Le livre m’a bouleversée. Car ce roman, merveilleusement écrit, pose la question de la culpabilité d’aimer un criminel. Il pose également la question de la culpabilité des générations après guerre, en Allemagne, par rapport au passé encore récent. Et il pose l’éternelle question qui souvent me hante : « Qu’aurais-je fait à sa place ? »
Un témoignage de Dave et Patrick Loiseau
Avant d’être Chance, elle était une chienne des rues sur une île lointaine, département français. Très jeune orpheline, elle doit apprendre à se débrouiller seule pour trouver sa subsistance, principale occupation de ses journées, disputant l’accès des poubelles à ses congénères.
Un jour, poussant plus loin ses investigations, elle arrive sur une plage où elle découvre des restes de poisson dont elle se repaît. Il y retourne jour après jour. Elle se familiarise avec la présence des pêcheurs. Lorsque l’un d’entre eux s’accroupit et lui tend un morceau de viande, elle se méfie, mais son odorat lui envoie des signaux tellement délicieux qu’elle oublie toute prudence et approche de l’homme, bien décidée à chiper le morceau de viande en un éclair avant de déguerpir. Mais l’homme est le plus rapide !
La chienne est saisie, emmenée et séquestrée avec d’autres chiens. Puis l’innommable survient : à vif, deux crochets sont implantés dans sa chair : un dans une patte avant et l’autre dans le crâne. Puis ils sont jetés dans des barques qui s’en vont rejoindre un plus gros bateau. Plus de doute possible, la chienne et ses compagnes et compagnons de misère vont servir d’appâts pour la pêche aux requins ! Profitant d’une seconde d’inattention, la chienne saute à l’eau et rejoint le rivage.
Après ce départ difficile dans une vie qui devait se terminer à peine commencée, la chienne a la chance de rencontrer une fée sur cette île hostile aux chats et aux chiens. Et de chienne sauvage à l’existence misérable, elle va devenir chienne de stars !
Un livre écrit par Chance elle-même – celles et ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas du genre à m’offusquer ou me moquer de cette fantaisie – dans un style agréable, même si elle fait preuve souvent de jugements à l’emporte-pièce, de généralités agaçantes sans parler de ces paragraphes dans lesquelles elle se transforme en donneuses de leçons. Mais cet ouvrage a surtout pour but de dénoncer les atrocités qui se passent sur l’île de la Réunion, même si celle-ci n’est jamais nommée, en dépit de lois sur la protection des animaux, malheureusement totalement ignorées en toute impunité.
Le narrateur est un monsieur d’un certain âge, marié et père d’un fils unique un peu volage. Écrivain et critique littéraire, il a consacré sa vie à son métier au détriment de sa vie personnelle et familiale, jusqu’au jour où il acquiert une maison dans un village du Sud de la France.
Alors qu’il avait toujours appliqué la consigne ancestrale « Pas de bête à la maison », il sauve un chiot que le propriétaire s’apprêtait à fracasser contre un muret, comme ses autres frères et sœurs. Interloqué lui-même par cet acte transgressif, l’homme un peu rigide, économe de sentiments et bourré de certitudes, promet au paysan d’adopter le chiot après le sevrage.
Ainsi Maya, le jeune chienne bâtarde, entre-t-elle dans la vie de ce vieux couple poursuivant côte-à-côte une vie sans fantaisie ni surprises ni illusions. Et elle va changer leur existence ! L’homme va découvrir un monde insoupçonné en se laissant apprivoiser par « la bête » dont il devient littéralement gaga ! Ce faisant, il s’humanise, baisse un regard toujours trop haut fixé, découvre des gens formidables de sincérité et de simplicité. Grâce à Maya, chienne folle, dépensière d’amour sans compter, il va renouer avec son fils un dialogue à peine amorcé et redécouvrir la femme qu’il a toujours aimée sans pouvoir le lui dire ni même se l’avouer.
Tendre et drôle, ce récit est la preuve que l’homme s’humanise au contact des animaux. Déjà convaincue que les êtres humains qui n’aiment pas les animaux ne sont pas fréquentables, ce roman plaisamment écrit le confirme !
Recueil de poésie illustrée de Nicole METIVIER
La poésie de Nicole, artiste que je connais bien, est aussi fine qu’une dentelle de Bruxelles ! Et n’allez pas croire que l’amitié que je lui porte me rende sourde et aveugle ! Quand il s’agit d’apprécier un poème classique, l’amitié n’a plus sa place. Au pire je me tais, au mieux je lui indique les erreurs de prosodie. Car il n’y a pas si longtemps, je l’aidais à maîtriser les règles aussi strictes que complexes de la versification. Je ne suis pas peu fière d’avoir contribué à « faire » de Nicole un poète résolument classique.
La preuve indéniable de ses progrès est que ce recueil, le troisième qu’elle publie, est le plus abouti.
Sa poésie ne sent plus la sueur et les alexandrins de vrais alexandrins, n’en déplaise aux rimailleurs qui n’ont que ce mot à la bouche sans savoir ce qu’il signifie et ce qu’il suppose de connaissances techniques, qui chantent ou qui claquent selon l’effet souhaité. Et c’est à cela qu’un poète classique averti reconnaît un autre poète classique : le poème coule comme une eau limpide sans s’accrocher à des hiatus désagréables, des e qui ne s’élident pas à l’hémistiche, des rimes au minimum suffisantes quand elles ne sont pas riches ! Je ne vais pas ici déterrer la hache de guerre des Anciens contre les Modernes, mais un poème en parfaits alexandrins est une pure merveille à murmurer ! Et quand le fond épouse la forme, comme c’est le cas dans ce recueil, alors les larmes vous montent aux yeux de plaisir et d’émotion.
Certes les puristes dont je suis trouveront quelques imperfections dans quelques-uns des vingt-trois poèmes que contient ce recueil, joliment illustré de surcroît, mais elles sont infimes et ne nuisent guère à l’impression d’ensemble qui force l’admiration.
N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez acquérir cet ouvrage au prix modeste de 12,50€ ; je transmettrai à Nicole Metivier avec grand plaisir.
« L’Enfant » puis « Le Bachelier » ont donné naissance à « L’Insurgé » !
On avait laissé Jacques Vingtras, bachelier, à l’aube de sa vie adulte et on le suit, tant bien que mal, dans son apprentissage de la vie politique et son difficile combat contre la pauvreté qui se résume à la simple survie dans un monde et une époque où le terme « social » n’avait pas encore revêtu son costume d’assisté qu’on lui prête aujourd’hui.
Le roman se situe à la fin de XIXe siècle, dans cette période historique nommée « La Commune ». Pour l’inculte que je suis concernant cette tranche de l’histoire de mon pays, Jules Vallès n’a pas vocation de professeur et ne m’enseigne donc pas grand-chose. Difficile, dans ces conditions, de se passionner pour son roman. Il eût fallu, pour mieux l’apprécier, remettre le nez dans mes anciens manuels scolaires… Je n’ai pas eu cette curiosité et ce courage ; aussi l’ouvrage de cet auteur m’est-il resté aussi hermétique, voire encore davantage, que les deux précédents tomes.
Bref, je me suis ennuyée durant cette lecture qui a duré des mois, car au livre j’ai souvent préféré la tablette pour jouer au scrabble !
Jacques Vingtras, « l’enfant » de Jules Vallès, est toujours le personnage principal de ce tome II de la trilogie.
Baccalauréat en poche, il quitte Nantes pour Paris, enfin libre, plein de haine pour la bourgeoisie et aux fortes convictions républicaines. Son enfance difficile et ses rapports conflictuels avec son père lui ont fait prendre l’enseignement en grippe. Refusant violemment d’être asservi comme son géniteur, il rêve de devenir ouvrier. Mais les patrons se méfient d’un garçon trop vieux (dix-sept ans) et trop cultivé.
Pour survivre, Jacques accepte n’importe quelle tâche et avec ses amis, il refait le monde et notamment le coup d’État manqué contre Louis Napoléon Bonaparte, au cours duquel lui et ses amis n’ont pas réussi à entraîner les ouvriers dans un mouvement de révolte et de défense de la démocratie. Mais la malchance l’accable et il ne semble jamais faire l’affaire dans les petits métiers ingrats qu’il exerce. Il est toujours pas assez ceci ou trop cela. Au bord de la misère et encore mineur, il n’a d’autre choix que retourner à Nantes et vivre chez ses parents.
Lorsqu’il revient dans la capitale, bien des choses ont changé. Ses anciens camarades sont moins engagés dans la lutte politique, sa fiancée en aime un autre. Au gré d’une rencontre, il essaie de percer dans le journalisme, mais ses articles trop sulfureux effraient ses employeurs.
Après la séparation de ses parents, Jacques rend visite à sa mère qui espère le marier avec une jeune fille qui dit l’aimer depuis longtemps déjà et le convaincre à accepter d’entrer dans l’enseignement. Le jeune homme, un peu désabusé et fatigué par tant de pauvreté, va-t-il baisser les bras et accepter de s’engager finalement dans la vie bourgeoise qu’il a tant décriée ?
Ecrit avec un humour grinçant, cette suite parvient toutefois difficilement à me passionner… L’auteur en fait trop, son personnage perd en crédibilité.
Autobiographie ou roman de fiction, ce récit est l’histoire d’un enfant maltraité, physiquement et psychologiquement.
Fils d’un professeur de collège mal considéré et d’une paysanne bornée, bête et méchante, Jacques Vingtras subit les coups et les humiliations avec le stoïcisme de tous les enfants battus qui assimilent les coups à des marques d’attention et qui souvent mettent longtemps à comprendre que le comportement de leurs parents n’est pas normal. Le petit Jacques aime ses parents et est convaincu qu’ils l’aiment en retour puisqu’ils le frappent « pour son bien ». Il est alors très étonné de découvrir que ses camarades ne reçoivent pas tous gifles et coups de fouet et il les plaint même d’avoir des parents aussi peu aimants ! Vers la fin de l’adolescence, alors qu’il séjourne à Paris, il cherche à s’émanciper, après avoir enfin compris qu’il était préférable pour lui de se séparer de ses parents afin qu’ils l’aiment un peu moins !…
Ecrit dans un style grinçant, avec un humour qui met le lecteur souvent mal à l’aise, cet ouvrage est celui de la maltraitance universelle et intemporelle.
Dernier tome des « Muchachas » mais certainement pas la fin de la saga de l’auteur des « Crocodiles », « Tortues » et « Ecureuils » car aucune des intrigues développés dans les deux tomes précédents ne se termine, si ce n’est celle de Léonie et Ray Valenti… Mais même dans ce cas, si le sort du méchant macho est scellé – et plutôt mal scellé je trouve, car le salopard ne méritait pas la mort que lui offre l’auteur ! – celui de Léonie est encore ouvert.
Quant à Hortense et Gary, ils sont en pleine déroute sans qu’on sache si Gary s’est décidé à quitter Hortense pour Calypso et si Hortense acceptera de mettre sa carrière en construction entre parenthèses pour récupérer l’homme qu’elle dit aimer.
Et puis que deviennent Joséphine, Shirley et Philippe que l’auteur laissent un peu tomber ?
Bref, c’est du pur Pancol et j’ai aimé, mais qu’on ne me dise pas qu’il n’y aura pas une suite dans un, deux ou trois ans !
Dans ce tome 2, on retrouve Hortense et Garry à New-York. Sûre de son talent, elle travaille dur pour percer dans le monde de la mode. Gary quant à lui se prépare au concert qu’il doit donner avec Calypso, étudiante comme lui dans la célèbre Julliard School. La violoniste au physique ingrat a subjugué le jeune-homme par sa virtuosité. Le beau et riche Gary, petit-fils de la reine d’Angleterre – oui, PANCOL avait osé cette filiation dans la trilogie précédente ! – serait-il en train de tomber amoureux de cette jeune-fille si différente de son Hortense ? Elle-même à d’ailleurs un doute quand elle voit les deux musiciens arriver sur scène, Calypso vêtue d’une magnifique robe fourreau bleu ciel. Mais elle secoue la tête, certaine que Calypso redeviendra Cendrillon dès qu’elle aura posé son violon.
Il faut bien admettre qu’on est un peu frustré de ne pas retrouver Stella, nouveau personnage apparu dans le tome 1. On l’a devine sous les traits de l’inconnu qui suit Joséphine dans ses conférences…. Pour nous faire patienter, l’auteur introduit un nouveau personnage haut en couleurs, qui se présente comme la reine de la turlute, et qui n’est autre que la mère de….
Bref on se rue avec délice sur le tome 3 en se demandant comment tous ces personnages, anciens et nouveaux, vont se croiser et former un ensemble cohérent !
Dès les premières pages, on retrouve Hortense et Gary que nous avions quittés à New York dans le dernier tome de la précédente trilogie, puis Joséphine et Philippe, plus amoureux que jamais, en voyage à Sienne. Après le plaisir de retrouver ces personnages attachants, on passe à l’histoire de Stella, nouveau personnage, enfant battue d’une maman battue par un homme lui-même petit garçon souffre-douleur. Comme tous les hommes violents avec leur épouse, il cogne et humilie et plus il cogne et plus il humilie, plus Léonie, la maman de Stella, courbe l’échine et rentre la tête dans les épaules. Mais Ray a une personnalité complexe car s’il est assez lâche pour frapper une femme, il est assez courageux pour être le pompier le plus valeureux de la ville, qui n’hésite pas sauter dans les flammes pour sauver une femme ou un enfant. Aux yeux du monde, ce salopard est un héros ! Dès qu’elle l’a pu, Stella s’est sauvée de chez elle et vit dans une ferme avec Tom, son fils, et le père de celui-ci qui doit toutefois se cacher car il est un migrant sans papiers que Ray, pour se venger de Stella, a juré de livrer à la police. Stella s’accroche à un détail : pour justifier les viols récurrents, Ray lui a dit qu’il n’était pas son père. Mais alors, qui est le père de Stella ?
On plonge dans le roman avec délice et on ne le lâche plus avant d’avoir atteint la dernière page !!!
A lire, mais pas avant d’avoir lu la trilogie précédente (Les yeux jaunes des crocodiles+La valse lente des tortues+Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi).
Ray Miller, octogénaire, ancien scientifique dans l’armée américaine, s’apprête à révéler un secret très important dans l’émission de téléréalité « Révélation ou imposture » présentée par Laurent Lopez, animateur vedette du moment. Le principe est simple : une personne révèle un fait et les nombreux journalistes au service de l’animateur doivent tenter de prouver, dans le temps de l’émission, qu’il ne s’agit pas d’une révélation mais d’une imposture.
La révélation de Miller est une telle bombe que la CIA le traque depuis plus de dix ans pour l’empêcher de parler, après l’avoir plongé dans un profond coma, plus de cinquante plus tôt, et avoir fait croire à son épouse qu’il était mort en mission. Une fois sorti du coma, le scientifique n’était plus Ray Miller mais Bill Wallace. Il avait subi un lavage de cerveau et n’a donc aucun souvenir de sa vie passée et ne se souvient ni de son épouse française Clémence ni de leur fils Bradley… Mais lorsque la mémoire lui reviendra, sa vie deviendra un enfer et en perpétuel danger de mort. D’ailleurs, au moment où il commence à descendre les marches pour rejoindre l’animateur sur le plateau, en direct face à des millions de téléspectateurs, il s’écroule, apparemment foudroyé par un arrêt cardiaque, en réalité assassiné… Quelle est donc la révélation qui a coûté la vie au vieil homme ?
Un roman à mi-chemin entre le policier et la science-fiction qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.
Mathilde, femme de l’ambassadeur de France à Moscou, a, selon la formule consacrée, tout pour être heureuse. Pourtant, elle ne l’est pas.
Marius, son mari, est un homme beau et gentil, elle vit dans un bel appartement, possède une multitude de toilettes élégantes, dispose d’une voiture avec chauffeur, fréquente artistes et personnalités. Elle a vraiment tout sauf l’essentiel : une raison de vivre. Son plus grand ennemi : l’ennui. Au point qu’elle songe, mollement, à quitter cette vie facile, superficielle et futile pour retourner en France et reprendre peut-être sa vie de brillante universitaire qu’elle a abandonnée pour suivre l’homme qui l’avait choisie. Alors qu’elle y songe vraiment, elle rencontre un homme lors d’un vernissage.
Il est l’opposé de Marius : rustre, taciturne, effacé. Il semble à Mathilde qu’il suit l’ambassadeur comme son ombre. Mais quand il lui adresse la parole, en quelques mots abscons, elle sent son coeur s’accélérer. Elle ne pense dès lors plus qu’à lui. Bien qu’elle s’en défende, la passion s’est emparée d’elle, de son coeur, de son corps et de sa tête. Et la voilà vivante, enfin actrice de sa propre vie.
Lorsque Andreï lui propose une escapade à la campagne, tandis que son mari est parti à Saint Petersbourg, elle accepte…
Un excellent roman, petit mais dense, avec une écriture à la fois incisive et infiniment poétique. L’âme russe vibre dans chacune des pages et on évolue à Moscou aux côtés de Mathilde, si fragile et si forte, jusque sur les rives du lac Baïkal.
A lire absolument.
Nous sommes en 2027, autrement dit demain, année d’élection présidentielle.
François Fessenac, président sortant, s’apprête à assumer un second mandat. Mais Julien Lessner, député-maire lorrain, soutenu par son parti et de nombreux Français, monte dans les sondages au point d’inquiéter le groupe financier qui soutient le candidat républicain. Le candidat socialiste est jeune, charismatique, proche du peuple car issu de la classe moyenne. Fessenac commence à douter et ses « amis » encore davantage car l’arrivée au pouvoir de cet homme de gauche serait une catastrophe pour ces hommes qui ne jurent que par la finance. Aussi un plan est-il échafaudé, dans le dos du président, pour éliminer Lessner. Un regrettable accident assurera la victoire de leur candidat. Mais lorsque Fessenac apprend que Lessner n’est autre que son fils, un enfant dont il ignorait l’existence après avoir rompu, sous la pression familiale, avec son amour de jeunesse, la donne change…
Un livre passionnant, une histoire crédible dans un futur si proche qu’on oublie qu’il s’agit d’un roman d’anticipation.
Boris, étudiant en lettres modernes, enquête sur la mort mystérieuse du poète polonais Josef Michowski. Arrivé avec sa mère dans un village meusien après avoir fui les nazis, il avait poursuivi ses études et devenu écrivain célèbre, partageant sa vie entre Paris et la Meuse.
Dans la capitale, il vit des amours sans lendemain avec des filles faciles à conquérir ; dans son village l’attend son amie de toujours, Louison, amoureuse depuis l’enfance de son petit voisin. Un soir, il se laisse séduire par la jeune fille qui lui avoue ses sentiments. Effrayé par l’attitude de la jeune Lorraine, Josef s’enfuit dès l’aube.
Le temps passe, Louison attend et sombre peu à peu…
Josef part en Pologne, sur les traces de son enfance et des membres de sa famille. Un jour, il rencontre Anna et pour la première fois, son cœur bat la chamade. Quand il ramène sa fiancée dans son village d’adoption, il ne se doute pas que Louison l’attend…
Un bon roman, un peu trop court à mon goût, avec des personnages attachants aux destins croisés.
« Tu seras leveuse de maux, ma belette, quand tu seras grande. Je t’apprendrai mes secrets. Et tu diras aussi de bonnes prières de missel : ça ne peut rien gâter. » Ainsi parlait « la » Segonde, une vieille guérisseuse qui avait recueilli Aline après sa naissance. Quant au missel que possédait Aline, c’était le seul héritage que sa mère lui avait laissé avant de mourir. Auprès de la vieille femme qui décela chez l’enfant le don, Aline apprit à ôter le feu, enlever des épines, soulager des migraines, relever des estomacs, assécher des eczémas, replacer des membres démis et bien d’autres maux encore.
À peine adolescente, l’enfant se retrouve seule après la mort de sa mère adoptive. C’était au milieu du XIXe siècle et la vie dans la campagne limousine était bien misérable. Aline se marie avec un homme en âge d’être son père et devient mère de deux garçons.
La veuve Colin, comme on l’appelle dans son village et ses environs, entreprend à presque soixante-dix ans, avec l’aide du notaire de son village, la lourde tâche d’écrire le roman de sa vie et de lever certains secrets avant de partir tranquille ayant su, après bien des hésitations et des déceptions, à qui transmettre le fameux don…
Un roman très bien écrit, dans une langue à la fois simple dans la bouche d’Aline et précise pour rendre le décor et l’atmosphère de l’époque.
Une histoire à la fois d’une grande violence et d’une grande beauté. À lire.
Jacques Klein est le fil d’un aventurier, champion de courses à la voile en solitaire disparu en mer alors qu’il était adolescent, et d’une scientifique, Caroline, spécialisée dans l’étude du sommeil.
Âgé de vingt-sept ans, étudiant en médecine, il présente sa fiancée Charlotte à sa mère qui évoque la poursuite de ses recherches malgré le cuisant échec qu’elle vient d’essuyer en plongeant un cobaye humain volontaire dans un stade de sommeil au-delà du sommeil paradoxal, le stade de tous les possibles, dont il ne revient cependant pas. Et puis voilà qu’elle disparaît sans laisser aucun signe. Persuadé que sa mère est vivante, Jacques plonge dans le sommeil en utilisant la technique enseignée par sa mère jusqu’à la plage de ses rêves inventée par son père. Là, il rencontre l’homme qu’il sera dans vingt ans. Celui-ci lui apprend que sa mère est bien vivante mais en grand danger. Jacques le jeune doit immédiatement partir pour la Malaisie, chez les Sénoïs, un peuple qui maîtrise le rêve lucide et qui a accueilli Caroline.
A son arrivée à Kuala Lumpur, Jacques rencontre Frankie Charras, un reporter déchu atteint par la maladie du sommeil, mais expert dans la tribu des Sénoïs. Quand enfin ils arrivent sur place, Jacques apprend qu’il est malheureusement trop tard, sa mère est morte à l’occasion d’une attaque par un groupe de mercenaires à la solde de Malaisiens intéressés par leur île en raison d’un « trou bleu » dans l’océan, endroit rêvé pour les plongeurs en apnée et les amateurs de dauphins.
Jacques et Frankie décident de rester sur place pour aider les Sénoïs, d’autant qu’ils sont tombés amoureux de deux femmes de la tribu. Les années passent et alors qu’ils vivent une existence paisible, Jacques voit en rêve l’homme qu’il sera dans vingt ans, et celui-ci lui apprend qu’il doit rentrer à Paris pour sauver sa mère !
Si Caroline Klein n’est pas morte, que lui est-il arrivé et son fils peut-il la sauver ?
Pour un roman sur le sommeil, je dois dire qu’il contient des passages carrément soporifiques ! Mais si on parvient à assimiler les explications un peu tarabiscotées et les dialogues un peu fades entre le Jacques du présent et celui du futur, l’ensemble se lit assez bien et on se laisse entraîner dans cette aventure onirique. Mais nous sommes loin du grand Werber du temps des « Thanatonautes » et de « L’empire des anges » !
Un écrivain, Delphine comme par hasard, traverse une période difficile après l’immense succès de son dernier roman qui mettait en scène sa mère bipolaire. Alors qu’elle s’apprête à écrire une histoire sur la téléréalité, elle rencontre une femme qui ne sera jamais mentionnée autrement que par son initiale : L.
Elles sympathisent et, progressivement, L est nègre et va prendre l’ascendant et s’immiscer dans la vie de l’écrivain au point de l’isoler de son cercle d’amis. L’homme qu’elle aime, un critique littéraire souvent aux Etats-Unis, met du temps à s’inquiéter car L sait garder ses distances vis-à-vis de lui.
A chaque fois que Delphine évoque son projet d’écriture, L. insiste sur la vacuité du propos et la pousse à rejeter la fiction pour continuer à écrire du réel. En même temps, L. sait se rendre indispensable car elle sait comprendre Delphine mieux que quiconque.
Petit à petit, à force d’entendre L. critiquer son projet , Delphine éprouve de plus en plus de difficultés à écrire, ne serait-ce qu’une liste de courses. Puis elle ne peut plus ouvrir une page word ou sa messagerie. Elle fait appel à L. pour lui venir en aide. Et lorsque ses enfants quittent l’appartement pour suivre leurs études en province, L. vient s’installer chez Delphine…
Delphine de Vigan joue avec ses lecteurs qui veulent toujours démêler le vrai du faux dans un roman. Dans celui-ci, l’auteur met la barre très haut, elle emmène son lecteur très loin et le balade du début à la fin du livre…
Une histoire étonnante, un roman très bien écrit, récompensé du Prix Renaudot 2015.
En 1908, le roi de Portugal et son fils aîné sont assassinés. Amélie, reine de Portugal, devient veuve à l’âge de 43 ans et doit aider son fils cadet, Manuel, à assumer son rôle de roi, auquel le jeune homme n’était pas préparé et subir à ses côtés la révolution de 1910 et enfin l’exil.
Marie-Amélie d’Orléans, princesse de France, est née en Angleterre en 1865. Elevée avec rigueur et sévérité par sa mère, elle partage néanmoins une tendre complicité avec son père.
Alors que la jeune fille ne se sent pas bien dans sa peau en raison d’une taille au-delà de la norme, elle épouse en 1886 dom Carlos de Bragance, héritier du trône portugais. Très amoureux, le couple vit ses premières années dans une atmosphère féérique. Mais très vite, alors que le jeune homme est devenu roi et après la naissance de leur premier enfant, la vie sentimentale d’Amélie se dégrade et elle doit supporter les humiliations d’un époux volage.
Plutôt bien écrit, à la première personne du singulier, le livre est intéressant par cette part de l’histoire du monde que personnellement, je ne connaissais pas. En revanche, je me suis franchement ennuyée à la lecture de certains passages dans lesquels l’auteur abreuve ses lecteurs de détails aussi insipides que les nombreux plats constituant un repas de noces ou les toilettes des invités.
Tistou est berger transhumant originaire de la Camargue. Un jour, alors qu’il séjourne avec son troupeau sur un plateau en Lozére, il rencontre Jacquotte et les deux jeunes gens tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Mais leur projet de mariage ne plaît pas à Maria, la sœur aînée de Jacquotte qui l’a élevée seule dès sa naissance, après la mort de leur mère en couches puis du père.
Maria a épousé Philippe, un fermier pour le compte d’un riche propriétaire, et a trouvé un bon parti pour sa sœur. Mais Jacquotte lui tient tête et épouse Tistou qui accepte de renoncer à la vie errante de berger transhumant pour se fixer avec son épouse et emménager dans la petite maison dont Jacquotte a héritée. La vie est difficile, mais ils vivement heureux.
Une nuit d’hiver 1870, Tistou tue accidentellement un maquignon malhonnête qui lui devait de l’argent. Cette mort passe pour un accident à cause du sol verglacé et Tistou, qui a récupéré son argent sans rien voler, reprend sa vie auprès de son épouse sans rien révéler de son secret.
Alors que le jeune couple se réjouit de la naissance prochaine de leur premier enfant, un homme laisse sous-entendre à Tistou qu’il a été témoin de l’accident mortel…
Après la mort soudaine de Philippe, Maria demande à sa sœur et son beau-frère de venir habiter à la ferme afin de l’aider à l’exploiter et surtout rassurer le propriétaire par la présence d’un homme pour gérer l’exploitation. Mais ce n’est qu’une façade, car Maria n’a nullement l’intention de mêler Tistou à la gestion de ses affaires. Pour elle, il reste un bon à rien et le traite en domestique.
Lorsque Maria apprend les vraies circonstances de la mort du maquignon, elle voit là enfin une occasion de se débarrasser de Tistou qu’elle chasse en le menaçant de dénonciation auprès des gendarmes s’il ne quitte pas la ferme sur le champ, sans même embrasser son épouse et ses jumeaux.
Tistou s’en va en espérant retrouver un jour sa famille. Mais Jacquotte aura-t-elle la force de l’attendre ?
Pas de la grande littérature, mais on ne s’ennuie pas et le récit se situe dans une superbe région : celle de mes récentes vacances !
Marie est attachée de presse indépendante. Mais Marie est surtout une femme abandonnée par son conjoint.
Ils n’étaient pas mariés, mais elle et Pierre avaient une longue vie de couple derrière eux et un fils en commun qui leur a donné une petite-fille, Léa, dix ans.
Marie avait supporté les infidélités de Pierre qu’elle mettait sur le compte d’un appétit sexuel plus grand… Mais la rupture pour une jeunette est difficile à accepter.
En séjour seule dans leur maison de vacances en Bretagne, elle fait la connaissance des nouveaux propriétaires de la maison mitoyenne et d’un groupe de cinq jeunes gens amateurs de théâtre.
Alors un élan d’espoir envahit Marie. Va-t-elle pouvoir, avec et grâce à eux, réaliser le rêve avorté avec son fils Etienne qui avait refusé son idée de monter une pièce de théâtre avant de définitivement abandonner sa carrière naissante de comédien pour une vie plus conventionnelle ?
Marie s’investit entièrement dans ce projet et entraîne avec elle sa petite-fille, aussi passionnée qu’elle.
Pour la gloire ou la désillusion ?
Un petit roman superbement écrit, sans périphrases ni avalanche d’adjectifs et adverbes. Un style épuré, concis et efficace avec une fin abrupte à laquelle on s’attend un peu, mais qui surprend quand même…
A lire.
Mélina Fontanel a perdu sa mère dans un feu de forêt qu’elle essayait d’éteindre pour sauver ses truffières. Depuis, l’enfant vit seule avec son père, paysan pour le compte des Carsac, les châtelains.
Sous la menace du maire et du curé, Louis Fontanel laisse sa fille fréquenter l’école communale. Elle s’y rend avec Pierre, le fils unique des Méthivie, les métayers du château.
A l’école, inévitablement, la petite fille apprend des bribes de l’histoire de sa mère que personne ne veut lui révéler. Sauf Pierre, contraint et forcé, le soir de leur mariage.Mais il apporte davantage de questions que de réponses ! Qui a mis le feu à la fore^t ? Et de qui est-elle la fille ? De Louis Fontanel ou de Philippe Carsac, l’aîné des deux fils du châtelain ?
Très bien écrit, ce roman nous emmène dans le décor favori de l’auteur : le Périgord. Et l’on découvre grâce à cette histoire une partie du mystère des truffes.
Recueil de Claude GREGOIRE-AMMANN
Dans ce recueil de souvenirs, l’auteure s’est glissée dans la peau de l’enfant qu’elle était à dix ans.
Elle nous prend, lecteurs, par la main pour nous emmener à Remiremont, cette petite localité vosgienne où elle a grandi, aux côtés de ses parents épiciers. Elle ne mâche pas ses mots pour expliquer ses états d’âme de petite fille matériellement gâtée par des parents aisés mais affectivement un peu trop délaissée par un papa gentil mais débordé par le travail et une maman autoritaire qui n’a pas que de son enfant à s’occuper ! Heureusement, dans la vie de la fillette, il y a des personnes très différentes de ses parents, qui lui apportent de l’amour, de l’attention, des divertissements et qui, somme toute, participent à son épanouissement et son équilibre.
En une vingtaine de rubriques, Claude nous parle de l’école d’antan, des fêtes religieuses, des colonies de vacances, des amours enfantines et néanmoins sérieuses, des kermesses, bref de tout ce qui construit l’univers d’un enfant, forge son caractère et nourrit sa mémoire.
Dictionnaire intime de Patrick POIVRE D’ARVOR
En ce temps-là, la DS incarnait l’élégance faite automobile, les femmes portaient des mini-jupes et les vacanciers envoyaient des cartes postales à ceux qui n’avaient pas la chance de bénéficier des congés payés. Dans les transports en commun, les voyageurs tendaient leurs ticket à un poinçonneur pour le valider, la musique s’écoutait sur 45 ou 33 tours puis grâce à un walkman, une petite révolution déjà. La bagarre des chaînes n’existait pas dans les foyers qui avaient la chance de profiter de la télévision. Dans les cinémas, des ouvreuses munies d’une lampe de poche électrique menaient les spectateurs à leur fauteuil et leur proposaient des friandises et des glaces pendant l’entracte. Si on avait raté le début d’un film, on pouvait rester pour la séance suivante et même le revoir une seconde fois jusqu’à la fin et si on avait raté la sortie d’un film au ciné, on devait attendre qu’il sorte sur cassette VHS pour le regarder chez soi grâce au magnétoscope. Les ordinateurs personnels n’existaient pas encore mais le minitel avait de nombreux adeptes. Les enfants jouaient avec trois fois rien en silence pour permettre à leurs parents de suivre leur feuilleton radiophonique qu’ils n’auraient raté pour rien au monde. La ménagère payait en francs ses achats effectués dans une épicerie et si elle oubliait quelque chose, elle courait vers une cabine téléphonique pour glisser une pièce dans le monnayeur et appeler son mari.
Dans cet abécédaire, Patrick Poivre d’Arvor aborde une trentaine de thèmes et un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, une époque où la crise n’existait pas.
Certes ce n’est pas le titre de l’ouvrage qui m’incita à le lire tant la nostalgie est un sentiment qui m’est étranger, mais bien le fait qu’il était écrit par PPDA dont j’apprécie la plume. Certaines mauvaises langues diront qu’il n’est pas l’auteur de ses livres. Peut-être… Moi qui écris pour les autres, je n’en suis pas choquée. L’aurais-je moins aimé si l’auteur était un autre ? Non ! Car peu m’importe qui a tenu le stylo ou tapé sur le clavier de l’ordinateur ; ce qui m’importe est davantage le contenu du livre. Le reste n’est qu’une affaire très personnelle et intime entre celui qui signe l’ouvrage et le miroir qu’il rencontre chaque matin dans sa salle de bain…
En 1506, Michelangelo Buonarotti n’a pas encore atteint l’apogée de son art et de la notoriété, mais son David qui trône à Florence a déjà fait de lui un artiste accompli et reconnu.
Alors qu’il travaille à un tombeau pour Jules II, pape guerrier et mauvais payeur, Michel-Ange se rend à Istanbul, ou plus exactement Constantinople, suite à une invitation du sultan qui souhaite lui confier la réalisation d’un pont sur la Corne d’Or après avoir rejeté les plans dessinés par Léonard de Vinci. Flatté, Michel-Ange accepte la mission et tombe sous le charme de l’Orient et des beautés, à la fois naturelles et charnelles, du monde ottoman. Ce voyage, qui transformera l’artiste de la Renaissance italienne, entraîne le lecteur dans un univers flou et fascinant où les êtres et les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent.
Un court roman captivant grâce à une écriture précise et ciselée, fine et élégante comme une dague orientale.
Prix Goncourt des lycéens en 2010.
A lire.
Johann et Pierre sont amis d’enfance. L’année de leurs dix-huit ans, ils partent en camp de vacances en Vendée. Ils connaissent leurs premiers émois et leurs premières peines de cœur. Alors que Johann doute de son attrait sur les filles, Pierre au contraire les séduit trop facilement par son physique avantageux. Alors il doute de sa vraie valeur, de la sincérité du sentiment amoureux qu’il éveille chez les filles et se sent finalement bien seul. A la fin des vacances, sûr de revoir sa conquête quelques mois plus tard en Alsace, quelle n’est pas sa surprise et sa déception face au peu d’enthousiasme de la jeune fille. Et de fait, il aura bientôt la triste confirmation de la rupture.
Chacun termine ses études et poursuit son parcours professionnel. Quand ils se retrouvent, rien n’a vraiment changé : Pierre souffre toujours de solitude et Johann court après l’amour impossible. Certain d’avoir trouvé la bonne personne, Pierre envisage de l’épouser avant de finalement y renoncer. Mais quand les deux amis se revoient, Pierre est marié à une autre et a un enfant ; Johann a fini par trouver la femme de sa vie et il est également père d’un enfant. Mais si Johann est épanoui dans son mariage et sa vie familiale, Pierre est toujours en quête de l’amour idéal, absolu, impossible et plus que jamais esseulé.
C’est alors qu’il rencontre Stella, comme lui éprise de poésie. Pierre sait qu’elle est l’âme soeur, celle qu’il attend depuis toujours, et Stella comprend que le poète ne sera pas qu’une aventure. Leur histoire commence par une relation épistolaire…
Un roman non dépourvu de coquilles, marque de fabrique de la plupart des ouvrages autoédités, mais elles ne gâchent en rien le plaisir de découvrir cette histoire de deux jeunes hommes à peine sortis des affres de l’adolescence que l’auteur décrit si bien !, et en quête d’un amour différent, sincère, profond et absolu. L’écriture est soignée et poétique et les aquarelles qui illustrent l’ouvrage sont très belles.
A lire.
Aurélien, vieux monsieur solitaire, vit pauvrement sur un causse du Massif Central, des produits de son jardin et du troupeau de moutons qu’il élève.
La vie n’a pas été tendre avec lui. Après avoir le père qu’il adorait, il a dû renoncer à la femme qu’il aimait pour s’occuper de sa mère qui n’entendait pas partager le logis avec une belle-fille !… Ce regret, et pire encore celui de n’avoir jamais eu le fils auquel il aurait tant aimé transmettre tout le savoir simple hérité de son père, ne le quitte plus depuis le décès de sa mère et depuis que lui-même approche de la fin.
Lorsque les Parisiens, nouveaux propriétaires d’une maison voisine, arrivent avec leur fille adolescente et leur fils d’une dizaine d’années, Aurélien voit sa vie transfigurée. Car entre Benjamin et lui se produit un véritable coup de foudre. L’enfant des villes se sent étonnamment à l’aise dans cette campagne aride et isolée. Bientôt, le garçon passe toutes ses journées puis toutes ses nuits chez Aurélien. Mais tout a une fin et les vacances se terminent sur une promesse : le retour pour les grandes vacances. Là, ce ne sont pas deux semaines qu’ils passeront ensemble mais deux mois !!!
Aurélien ne vit plus que dans cette attente, assailli parfois par le doute puis rasséréné par l’arrivée d’une lettre du garçon.
Enfin juillet arrive ; le vieil homme et l’enfant se retrouvent et leur complicité reprend, intacte. Mais les parents de Benjamin ne voient plus d’un très bon œil cette amitié qu’ils jugent dangereuse pour leur fils. Aurélien prend trop de place dans la vie du garçon. Les vacances se terminent sur des propos amers, presque des menaces. Mais le gamin promet de revenir à Noël, envers et contre tout…
Un petit roman très agréable, tout plein de bons sentiments comme souvent les ouvrages de Signol.
Roman de Jon Kalman Stefánsson
« Le cœur de l’homme » clôt la trilogie de l’auteur islandais.
Jens, le postier, et celui qu’on n’appelle pas autrement que « le gamin », ont failli ne pas sortir vivants du long périple à travers l’Islande qui nous avait occupés tout au long du tome 2. Chargés du cadavre d’une femme enfermé dans un mauvais cercueil, ils s’étaient égarés dans la tempête de neige et avaient chuté sur le toit de la maison du médecin du village, la destination de leur voyage. Et le gamin était reparti, foudroyé par l’amour d’une jeune fille-mère dont la chevelure flamboyante hante dès lors ses nuits.
Il poursuit cependant son apprentissage de l’anglais et la découverte des grands poètes. Après avoir échappé à la triste existence de pêcher grâce à la mort de son meilleur ami, il croit encore pouvoir aspirer à une autre vie où les livres remplaceraient les poissons.
Cependant, l’infortune qui s’abat sur sa bienfaitrice, qui l’héberge et lui procure l’éducation dont il rêve, le met devant un cruel dilemme : essayer coûte que coûte de suivre le chemin qu’il s’était tracé ou revenir en arrière, vers la belle aux cheveux roux.
Comme les deux premiers tomes, le récit est très lent et très long. Certes c’est merveilleusement bien écrit, mais j’avoue m’être parfois ennuyée… Sans parler du handicap de la langue islandaise ! J’ai souvent mélangé les noms de personnages et de lieux et cet obstacle des noms imprononçables impossibles à retenir n’a pas été étranger à ma difficulté à arriver au terme de cet histoire !…
Roman de Jon Kalman Stefansson
Suite du roman Entre ciel et terre, on retrouve le gamin, attachant personnage qui avait perdu son seul ami en mer, lorsque celui-ci, occupé à apprendre une poésie par coeur, avait oublié d’emporter sa grosse veste. Le marin était tout simplement mort de froid, entre les bras de son jeune ami, tandis que leurs compagnons et le patron de la barque les ramenaient à terre après une longue journée de pêche. Le roman se passe en Islande et mourir de froid est tout simplement un fait divers…
Après ce drame, le gamin, pas vraiment bâti pour la rude vie de pêcheur, quitte la communauté au sein de laquelle il vit depuis la mort de son père, séparé des autres membres de sa famille, pour aller rendre à son propriétaire le recueil de poèmes que Barour, son ami, avait emprunté. Pour cela, il traverse une partie du pays et manque mourir à son tour. Mais il arrive à bon port et trouve refuge chez la patronne d’un café qui lui offre le gîte et le couvert en échange de quelques travaux avant de lui proposer d’apprendre l’anglais afin de traduire les grands auteurs. Mais le destin en décide autrement…
Un soir, on frappe à la porte. C’est Jens, le postier. L’homme et son cheval ne font qu’un, unis par la glace qui a soudé l’homme sur sa monture.
Réchauffé et reposé, le postier doit repartir. Mais il doit traverser les fjords et a besoin pour cela d’un homme habitué des sorties en mer. La patronne demande au gamin de l’accompagner.
Un long voyage commence, au cours duquel les deux hommes vont tour à tour manquer perdre la vie. Malgré leurs différences et leur antipathie réciproque, ils n’ont d’autre choix que de se raccrocher l’un à l’autre pour survivre dans cette nature hostile, dans un hiver interminable, malmenés par un blizzard implacable qui transforme les tempêtes de neige en un véritable enfer.
Au cours de leurs rares rencontres avec des habitants de fermes isolées et quasiment enfouies dans la neige, des liens se tissent car ils reposent sur l’essentiel : éviter la mort à ces deux voyageurs. Lors de la dernière halte, le fermier leur confie une mission : transporter le cercueil contenant le cadavre de son épouse pour qu’elle soit dignement enterrée dans la ville la plus proche et cependant très éloignée…
L’auteur nous plonge dans un univers à la fois très poétique et d’une extrême violence. Un récit très lent mais très bien écrit.
Roman de Jón Kalman Stefánsson
L’histoire se passe en Islande, dans un petit village de pêcheurs.Le gamin – dont on ignore le prénom du début à la fin – et son ami Bárour n’étaient pas faits pour devenir pêcheurs. Tous deux aiment les mots et en particulier la poésie. Ils sont leur raison de vivre, même si le poisson assure leur subsistance. Mais les mots, si doux et si musicaux, peuvent parfois se retourner contre celui qui les aime trop. Comme Bárour. Au moment de prendre sa vareuse, il jette un dernier coup d’oeil à un poème de Milton pour bien le fixer dans sa mémoire et pouvoir se le répéter durant les heures qu’il passera en mer. Puis il quitte le baraquement en murmurant ces vers sublimes. Assis à côté du gamin, il rame avec les autres, jusqu’à l’endroit de pêche décidé par le patron. Lorsque le vent se lève et que la neige commence à tomber, tous sortent leur vareuse. Tous sauf Bárour. Il l’a oubliée… Malgré les efforts du gamin pour garder son ami en vie en le frictionnant vigoureusement, Barour meurt dans la barque, sur le chemin du retour de pêche.
Sans vraiment en prendre la décision, obéissant à une évidence, le gamin récupère le recueil de poésie pour le restituer à son propriétaire, un patron-pêcheur devenu aveugle, amoureux des livres. Pour cela, il marche pendant des heures au péril de sa vie, luttant contre la neige et le froid et l’envie de se laisser dissoudre pour rejoindre son ami. La vie aura-t-elle le dernier mot ?
Une écriture très belle, très poétique, très lente. Indigeste par sa forme – il n’y a aucun dialogue – ce livre séduit par son fond. On se trouve comme en apesanteur dans cet univers blanc et silencieux. Seul bémol : les prénoms islandais sont difficiles à assimiler et j’ai peiné à mémoriser qui est qui !
Roman n’est pas forcément l’appellation que j’aurais donnée à cet ouvrage. Déjà parce qu’il s’agit d’une biographie, celle de Charlotte Salomon, peintre née en Allemagne en 1917 et morte en déportation à Auschwitz en 1943. Et puis la forme n’est pas non plus celle du roman.
En effet, l’auteur a choisi d’écrire dans un style qui s’apparente à la poésie libre, en phrases très courtes. Un peu déroutante au début, cette façon d’aller à la ligne après chaque phrase donne un rythme très particulier à l’ouvrage, une sorte de respiration, parfois un peu saccadée, comme oppressée, parfois au contraire plus longue, apaisée, rêveuse.
Le tout raconte la vie de Charlotte Salomon, artiste marquée dès l’enfance par le suicide qui est, en quelque sorte, la marque de fabrique, la tradition, j’allais dire l’art de vivre, de sa famille maternelle. A chaque génération, une ou plusieurs personnes mettent fin à leurs jours. Charlotte semblait donc vouée à ce rituel… si les nazis n’en avaient décidé autrement…
Un livre agréable à lire – même s’il n’est pas, selon moi, à la hauteur de l’engouement qu’il a suscité – sur une artiste inconnue du grand public à l’enfance tronquée et au destin brisé.
Lorsqu’une amie me proposa de me prêter cet ouvrage, mon premier réflexe fut de refuser car j’avais déjà lu un ou deux livres de cet auteur, et ce n’était pas vraiment le genre de romans que j’apprécie. Mais elle insista et devant son enthousiasme, j’acceptai, d’autant qu’il ne s’agissait pas d’un roman mais d’un récit de vie, plus précisément celui de son fils.
Dès sa naissance, Nick se révèle être un enfant différent : il dort très peu, fait preuve d’une grande précocité et semble la proie tour à tour d’un dynamisme fatigant puis d’une léthargie déroutante. Ainsi vite, sa mère décèle une anomalie chez ce garçon plein de charme, mais il faudra du temps, beaucoup trop de temps, aux divers médecins qu’elle consulte pour arriver au terrible diagnostic : le garçon souffre de psychose maniaco-dépressive.
En tant que maman, je comprends le besoin qu’a éprouvé l’auteur d’écrire sur le sujet. D’ailleurs, de ce point de vue, l’ouvrage est intéressant tant le trouble bipolaire est méconnu voir inconnu du grand public. Dans son récit, Danielle Steel nous présente la maladie sous tous ces aspects.
En tant que lectrice, je me suis ennuyée… On comprend très vite dans quel enfer l’enfant puis l’adolescent sombre avant de rejaillir dans la lumière, éclaboussant copieusement sa famille et ses amis de son humeur en dents de scie. Je me suis vite lassée des nombreux détails, des poèmes et des lettres recopiés par l’auteur et j’ai vraiment eu du mal à terminer cette histoire dont on sait dès la première page qu’elle se terminera mal.
Bien sûr, on éprouve de l’admiration et de la compassion pour cette maman qui se bat au quotidien afin que son fils, par ailleurs talentueux, puisse vivre ses passions et mener une vie la plus normale possible. Mais on éprouve aussi, au fil des pages, beaucoup de peine pour les nombreux frères et soeurs de Nick qui passent un peu à la trappe dans ce livre dédié au fils chéri dont ils ont néanmoins partagé le drame…
Félix Kersten, de nationalité hollandaise, très tôt conscient de détenir un don de guérison, s’était spécialisé avant la Seconde Guerre mondiale dans le massage médical. Malgré sa pauvreté, il suit une formation à Londres puis rencontre le mystérieux Dr Kô, maître masseur, qui lui dit : « Vous ne savez encore rien, mais vous êtes celui que j’attends depuis trente ans. » Le maître lui prodigue un enseignement secret venu du Tibet avant de disparaître de la vie de Félix qui commence à exercer son art consistant à diagnostiquer les maux dont souffrent ses patients puis de les soulager, sinon guérir, par des massages à mains nues.
Devenant de plus en plus célèbre par la qualité de ses soins, sa clientèle augmente et avec elle sa situation financière. Le Dr Kersten n’est pas un ascète mais un bon vivant, un homme qui aime les plaisirs de la table et qui aspire à une vie facile et paisible. Il se marie et fonde une famille. Bref, Félix Kersten est un homme heureux.
Sa vie bascule lorsqu’on lui fait rencontrer Heinrich Himmler, puissant chef de la Gestapo et numéro deux du IIIe Reich après Hitler. Or Himmler souffrait d’intolérables crampes d’estomac qu’aucun docteur ne parvenait à soulager. En tant que médecin, Kersten ne vit en Himmler qu’un patient en plein désarroi et le soigner était donc pour lui une évidence.
Cependant, constatant le pouvoir que ses mains de guérisseur exerçaient sur l’homme fanatiquement attaché et dévoué au fou qui menaçait d’asservir l’Europe entière et d’exterminer une partie de sa population, Kersten mit à profit son aptitude à soulager Himmler pour sauver des milliers d’hommes, femmes et enfants de la déportation et de l’extermination. Himmler, homme plein de haine et de détermination à obéir aveuglément à son Führer quand il se portait bien devenait une marionnette aux mains de son médecin dès qu’il souffrait. Et c’est ainsi que Kersten, ménageant les effets bienfaisants de ses massages sur son patient, obtient pour lui-même et sa famille des faveurs impensables pour un civil étranger dans une Allemagne nazie à la veille de la Seconde Guerre mondiale, mais surtout la vie de milliers d’êtres humains.
Joseph Kessel, dans un style admirable, réussit un difficile travail d’équilibriste ; car s’il parvient à rendre Himmler humain quand il git, exsangue, sur sa couche, prêt à tout donner à Kersten pour ne plus souffrir, il ne manque jamais de rappeler au lecteur que cet homme qui souffre le martyre est aussi un impitoyable bourreau déterminé à exterminer tous les juifs d’Europe.
Une histoire vraie et passionnante, admirablement documentée, qui donne à la folie des dirigeants du IIIe Reich un éclairage nouveau.
A lire absolument.
L’histoire se passe an 1788, à la veille de la Révolution française, dans une île que l’auteur a appelée Loadic (Hoëdic).
Jacques Andro, enfant unique d’un couple de petits paysans bretons, est devenu prêtre grâce à l’aide financière d’un gros propriétaire. Il exerce la prêtrise sur l’île de Loadic. Mais lorsque la Révolution éclate, les prêtres sont en danger.
Alors qu’il est, a priori, plutôt favorable aux idées nouvelles des révolutionnaires qui sont si proches des préceptes religieux, il n’en devient pas moins un prêtre réfractaire. Il s’en remet à la solidarité des Loadicais qui ne veulent pas perdre leur ministre du culte.
Dernier récit de la série des romans des îles, cette histoire nous embarque dans une période trouble de l’Histoire de France.
C’est superbement écrit mais… franchement… je n’ai pas réussi à me passionner pour cette histoire…
D’étranges suicides ont eu lieu à l’Ecole Supérieure de Police de Lyon. Mathias, professeur dans l’établissement, soupçonne plutôt des meurtres, d’autant plus qu’il a lui-même failli par deux fois être tué. C’est pourquoi il sollicite l’aide de son ancien collègue, le commissaire San Antonio assisté par l’inénarrable Alexandre-Benoît Berurier.
Afin de pouvoir enquêter, San Antonio a l’idée géniale de se faire passer pour un élève tandis que Bérurier devient professeur des bonnes manières, ce qui est un comble pour ce personnage très… pittoresque !
C’était mon premier San Antonio et je pense le dernier, même si je reconnais avoir ri à certains passages. Mon problème est que je connais très peu l’argot et je ne pouvais comprendre les expressions que par le contexte, et encore…
Roman de Frédéric LENOIR et Violette CABESOS
Selon les Evangiles, Jésus n’aurait écrit qu’une seule fois dans sa courte vie, une phrase tracée dans le sable, aux pieds de la célèbre pécheresse Marie-Madeleine.
Ces quelques mots en araméen auraient été retranscrits par la femme adultère avant de mourir mais demeurent secrets car lorsqu’ils ont été découverts, ils ont vite été de nouveau cachés car susceptibles de bouleverser toute la chrétienté.
C’est autour de cette parole perdue que le roman s’articule. Il se déroule sur trois périodes : la Rome antique, le Moyen Âge et aujourd’hui.
Le lecteur qui avait aimé il y a quelques années « La promesse de l’ange » écrit à quatre mains par ces mêmes auteurs retrouvera avec plaisir l’archéologue Johanna. A la fin du roman, elle était victime d’un très grave accident de la circulation après avoir vécu de folles aventures au Mont Saint-Michel. Six années ont passé ; Johanna a perdu l’homme de sa vie mais elle a de lui une petite fille qu’elle a appelée Romane.
Et comme elle, Romane est habitée par un esprit du passé qui vient la hanter après le meurtre d’un archéologue sur le site de Pompéi, chantier dirigé par Tom, un ami de Johanna.
Lorsque la fillette commence à dépérir, en proie à une violente fièvre nocturne et des cauchemars qui lui font revivre l’éruption du Vésuve, la jeune femme comprend qu’elle ne pourra libérer sa fille qu’en résolvant l’énigme de la parole perdue.
Dommage que les auteurs n’aient pas rédigé un résumé de leur précédent ouvrage en commun car ils font souvent référence au passé de Johanna au Mont Saint-Michel… sauf que quelques années ont passé depuis !
Il n’en reste pas moins que ce roman est passionnant – après un démarrage un peu lent – et l’épisode de l’éruption du Vésuve, notamment, est saisissant. On s’y croirait et on se surprend à avoir presque aussi chaud que les personnages qui fuient la pluie de braises !
Malgré quelques passages un peu invraisemblables et une fin ébouriffante, on passe un excellent moment de lecture.
Quelques jours avant l’armistice, Albert Maillard et Edouard Péricourt participent à un dernier assaut sous le commandement de l’officier Henri d’Aulnay-Pradelle. Alors que le combat fait rage, tous deux sont témoins d’un crime. À l’instant précis où ils découvrent l’acte abominable auquel ils n’auraient jamais dû assister, Albert se retrouve enterré vivant dans un trou d’obus et Edouard touché à la jambe par un éclat d’obus. Alors qu’Albert est sur le point de rendre l’âme, Edouard mobilise toute son énergie pour déterrer son camarade et le ramener à la vie. C’est alors qu’un éclat d’obus le frappe au visage.
Albert est d’origine modeste, un homme terne et sans panache, comptable célibataire. Edouard est le fils d’un puissant banquier, artiste et homosexuel. Depuis que les infirmiers les ont découverts l’un près de l’autre sur le champ de bataille, les deux hommes sont devenus inséparables, Albert se sentant redevable de sa vie à Edouard qui a payé très cher son acte héroïque.
Le retour à la vie civile des deux rescapés s’avère difficile, surtout pour la gueule cassée qu’est devenu Edouard. Alors qu’il refuse catégoriquement de rentrer chez lui, un hôtel particulier parisien où l’attendent pourtant un père peu attentif à lui mais surtout une soeur aimante, Albert ne voit qu’une solution : le faire passer pour mort et échanger son identité avec une réelle victime des derniers jours de la guerre. Incapable d’abandonner l’homme qui lui a sauvé la vie en exposant la sienne, Albert le prend en charge et s’en occupe jour et nuit.
Tandis que le gouvernement français songe à ériger dans toutes les communes du pays des monuments à la mémoire des victimes du plus grand carnage du XXe siècle, les deux hommes, incroyablement complémentaires dans leurs caractères et leurs compétences, vont se lancer dans une escroquerie d’envergure, aussi spectaculaire qu’amorale.
Le livre de Pierre Lemaître n’a pas volé le Prix Goncourt obtenu en 2013 ! C’est un livre extraordinaire, le récit d’une grandiose arnaque mise au point par deux rescapés des tranchées. Tout au long des 567 pages, on ne s’ennuie pas une seconde. Il n’y a pas de longueurs et le récit tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page avec un dénouement incertain. Le style est admirable, le vocabulaire simple mais efficace. Le succès de ce livre ne doit rien aux phrases emberlificotées et aux situations incongrues comme on en trouve souvent dans les Goncourt, mais à l’histoire bien ficelée racontée dans un langage fluide et évocateur d’images.
Bref, cet excellent Goncourt vous procurera beaucoup de plaisir. A lire absolument.
Ce petit livre (qui est tout sauf un roman !) de 120 pages est le dernier ouvrage de Jean d’Ormesson.
L’écrivain de quatre-vingt-neuf ans nous parle encore et toujours de l’univers, de la création du monde, du Big Bang, du sens de la vie, de l’amour, de la beauté de la nature, de Dieu.
Ses détracteurs diront qu’il ratiocine et ils n’auront pas tort car les thèmes abordés dans ce livre ont déjà été traités dans les précédents. Ses admirateurs, dont je suis, diront que c’est un passionné par le sujet et quand on est passionné, on ne se lasse pas.
Alors bien sûr, rien de bien nouveau sous la plume du presque nonagénaire, et pourtant, quel plaisir de le lire !
Quelques extraits :
« L’un des arguments les plus forts de ceux qui ne croient pas en Dieu est que Dieu n’a pas créé les hommes à son image, mais que les hommes ont créé Dieu à la leur. »
« Le Soleil, […] est la beauté du monde. Le monde est beau parce que le Soleil est là. Et il est beau un peu partout. Sur la mer, sur le désert, sur les montagnes, sur les fleuves et sur les rivières – et même, mais il a du mal, sur nos grandes villes et les usines dans leurs banlieues. Il est permis de soutenir qu’il n’y aurait pas de beauté, ni dans la nature ni dans l’art, s’il n’y avait pas de Soleil. Ce qu’il y a de mieux dans le Soleil, c’est la lumière. »
« Presque autant que le temps, moins cruelle, plus tendre, moins secrète et moins mystérieuse, mais tout aussi répandue à travers tout l’univers, la lumière m’a toujours semblé murmurer en silence quelque chose de Dieu. »
« Sans Dieu, il n’y aurait pas d’histoire, mais ce sont les hommes qui font l’histoire. »
« Dieu a fait sortir le monde du néant pour que l’homme puisse le créer. »
« Entre le monde sur lequel il règne et Dieu qui règne sur lui, l’homme est un sujet aux deux sens de ce mot : presque un roi d’un côté et presque un esclave de l’autre. Comme l’univers lui-même à ses premiers débuts, l’homme est un oxymore : tout, ou presque tout, dans ce monde dont il est responsable, qu’il développe et qu’il transforme, il n’est rien, ou presque rien, au regard de ce Dieu qui lui a confié l’univers. »
Roman de Jean-Christophe RUFIN
La Première Guerre mondiale est terminée. Dans la caserne d’une petite ville du Berry, un prisonnier unique attend son jugement. Son geôlier, Raymond Dujeux, écrasé par la chaleur et la fatigue à cause du chien du détenu qui, planté sur la place face à l’édifice, aboie sans discontinuer, attend avec impatience l’arrivée du juge.
L’officier Hugues Lantier du Grez débarque dans la caserne durant l’été 1919 pour juger l’affaire du soldat Morlac, un ancien poilu, un héros qui a commis un acte déshonorant, crime pour lequel il risque le
Le paysan et l’aristocrate, assis face à face dans la cellule, se jaugent. Alors que tout les oppose, Lantier ne peut s’empêcher de penser que l’acte ignoble du soldat, plus cultivé que tous ceux de sa condition, masque un mal-être plus profond et une blessure psychologique bien plus à vif que les lésions corporelles qui ont fini par cicatriser.
C’est alors qu’il fait la connaissance de Valentine, une paysanne aussi énigmatique que Morlac dont elle fut la maîtresse et qui élève seule son enfant. Comme Morlac, Valentine est une écorchée vive. Comme lui, elle nourrit un idéal qu’elle entretient par la lecture de grands auteurs.
Et puis il y a le chien, surnommé Guillaume par son maître, fidèle comme tous ceux de son espèce, à l’amour indéfectible pour l’homme qu’il a choisi de suivre dans les tranchées et sur le front comme à l’arrière, blessé comme lui par des balles et des éclats d’obus. Pourtant, cet amour n’est pas réciproque et l’officier chargé de régler cette affaire ne comprend pas l’indifférence voire la haine de l’ancien soldat pour son compagnon à quatre pattes qui a si longtemps partagé son quotidien dans l’enfer de la guerre. Quelque chose cloche. Morlac est un détenu bien trop pressé d’en finir pour rejoindre le bagne.
Avec patience et humanité, l’officier parviendra-t-il à gagner la confiance des trois protagonistes – Morlac, Valentine et le chien – pour démêler cette affaire et rendre un jugement éclairé ?
En 150 pages à peine, Rufin nous raconte une histoire dont le dénouement n’a lieu que dans les toutes dernières pages. C’est l’histoire d’ « un nain que dévoraient des ambitions de géant ». C’est l’histoire d’une femme amoureuse dont le cri « laisse toujours aux hommes l’impression qu’en cette matière ils sont d’une grande faiblesse. » C’est un récit sur la condition humaine : « L’humanité, c’est aussi avoir un idéal et se battre pour lui. »
A découvrir.
Comme souvent, il faut le décès d’un être cher pour réaliser combien on l’a aimé !
Après la mort de sa mère, qui a survécu à son mari quelques années dans l’attente et presque l’impatience de le rejoindre, le narrateur retourne dans la maison de son enfance pour la débarrasser. C’est l’occasion pour lui de faire un travail de mémoire. S’il a aimé sa mère, c’est le portrait de son père qu’il nous trace, homme pudique très amoureux de sa femme et très fier de son fils. Mais la pudeur justement l’empêchait de dire les mots qui auraient matérialisé cet amour et l’enfant n’a pas su interpréter les silences. Puis il y eut une fracture lorsque le fils, bien malgré lui, déçut le père…
Avec beaucoup de simplicité mais de profondeur, l’auteur ressuscite en quelque sorte ce père qu’il a adoré sans le comprendre. Comme on revient sur les lieux de son enfance pour se souvenir des événements tristes et joyeux qui l’ont jalonnée, le narrateur plonge dans sa mémoire pour faire revivre le couple fusionnel qu’ont formé ses parents. Au fil des anecdotes, il reconstruit l’histoire paternelle marquée par le devoir et l’amour et comprend, petit à petit, combien son père l’a aimé et combien sa propre vie a été façonnée par cet amour si fort qu’il n’a jamais cessé de le réinventer.
Ce petit livre est l’hommage d’un fils à ses parents disparus, mais en particulier à son père, figure à la fois énigmatique et emblématique d’un bonheur familial fragile.
Avec beaucoup de délicatesse, de pudeur à son tour, l’auteur puise au plus profond de son être pour évoquer son histoire et avant la sienne celle de l’amour réciproque d’un homme et d’une femme. Avec des mots simples, il décrit son enfance faite de petits bonheurs qu’il décrypte aujourd’hui à la lumière de l’absence du couple uni de ses parents.
On sort bouleversé de ce petit livre très émouvant.
Suzie Baker, jeune Américaine, s’est mise en tête de devenir alpiniste aguerrie, non pour son plaisir mais pour se rendre dans une crevasse du Mont Blanc au fond de laquelle git un avion depuis plusieurs décennies. Dans la carlingue de l’appareil se trouve probablement la preuve de l’innocence de sa grand-mère qu’elle n’a pas connue, accusée de haute trahison envers son pays. Dans l’expédition périlleuse, elle trouve effectivement ce qu’elle cherche, mais elle perd aussi son compagnon, Shamir, guide indien qui sacrifie sa vie au profit de celle de Suzie.
Cet acte d’amour, loin d’anéantir la jeune femme, va au contraire la galvaniser pour faire toute la lumière sur cette affaire et rendre ainsi justice à sa famille.
Pour l’aider dans cette quête, elle jette son dévolu sur Andrew Stilman, grand reporter au New York Times. L’homme traverse une période difficile : il a stupidement perdu l’amour de sa femme et a miraculeusement survécu à une tentative d’assassinat. Pour oublier et parvenir à survivre sans celle qu’il aime toujours, il puise dans la bouteille…
Suzie Baker parvient à éveiller la curiosité du talentueux reporter qui tombe sous son charme et dans le piège qu’elle lui tend pour l’inciter à mener une enquête, sans jamais réussir à l’apprivoiser complètement. Mais le veut-il seulement ?
Les deux jeunes gens, à la fois fragiles suite aux mauvais coups du sort et forts face à l’adversité, vont faire équipe pour mener une enquête qui va les conduire vers un secret d’Etat le mieux gardé de tous les temps et dont la divulgation entraînerait la chute d’un nombre considérable de personnages les plus haut placés.
Personnellement, je n’ai pas été séduite par cette histoire d’espionnage. Je n’ai pas réussi à m’enthousiasmer pour le sujet développé et les personnages, au demeurant fort sympathiques, ne m’ont quand même pas fait vibrer.
Je pense que je suis nostalgique du Marc Lévy du début, quand il surprenait ses lecteurs avec son premier livre Et si c’était vrai…
Mais je suppose que ses fans trouveront du plaisir à découvrir ce roman sur la plage…
Emma, jeune Parisienne un peu fragile, débarque sur l’île de Sein avec son fils de 7 ans, Camille, pour y passer les deux mois de vacances d’été.
On apprend très vite que le séjour est forcé et l’île se transforme pour Emma en lieu de semi-liberté. Son époux, Boris, resté dans la capitale, a tout payé d’avance, la location d’une petite maison, leurs quotidiens dans un restaurant, y compris un compte ouvert chez l’épicier.
On comprend que la jeune femme était tombée amoureuse de son masseur, un Chinois reparti à Shanghai où elle devait le rejoindre. Le désespoir envahit Emma qui se sent piégée et à l’étroit sur cette île à fleur d’eau. Le séjour est d’autant plus difficile que les rapports avec son fils sont compliqués. Le garçon n’est pas comme les autres enfants. Sa précocité, la fulgurance de son intelligence et son besoin de liberté rendent leurs relations très électriques.
Heureusement, sur cette île minuscule, ils vont rencontrer trois êtres d’exception : Louis-Camille, un musicien qui va détecter et encourager la vivacité d’esprit de l’enfant, Armelle, la patronne du restaurant, qui va se prendre d’amitié pour la jeune Parisienne désorientée et d’affection pour Camille à qui elle va donner la tendresse qui lui fait défaut, et Ronan, un marin qui assure la navette quotidienne entre le continent et l’île, écrivain public bénévole à ses heures perdues, qui va tout faire pour apprivoiser la farouche Emma et la libérer d’un mari qui la surveille jour à nuit grâce à la géolocalisation de son téléphone portable.
Mais pourquoi Emma est-elle consignée sur cette île du bout du monde ? La jalousie du mari est-elle vraiment la seule raison de ce séjour contraint ?
Alors que ces vacances s’annoncent désastreuses, le charme de l’île va progressivement opérer et séduire ces deux êtres à fleur de peau.
Un bon roman à mettre dans ses bagages pour les vacances. Un livre qui avait d’autant plus attiré mon attention que l’action de mon prochain ouvrage se situe également sur cette île fascinante qui m’avait séduite il y a quelques années.
Nicolas Duhamel, alias Nicolas Kolt, pas encore trente ans, est un auteur traduit et adulé dans le monde entier. Afin de lui offrir un cadre luxueux et paisible pour lui permettre d’avancer dans l’écriture de son deuxième roman, son éditrice lui a versé un bel acompte et une semaine dans un palace italien. Nicolas s’y rend avec Malvina, sa petite amie.
Hélas, l’écrivain est en panne d’inspiration… Il faut dire que l’idée de son premier livre lui avait été fournie par un événement de sa vie privée. Il n’était encore qu’un enfant lorsque son père, Théodore, a disparu en mer. Son corps n’a jamais été retrouvé et le mystère de sa disparition demeure entier.
A l’occasion du renouvellement de son passeport, Nicolas découvre ses origines russes ! Jamais personne ne lui avait parlé de cette parenté russe du côté de son père, né Koltchine à Saint Petersburg et adopté par un Français, Lionel Duhamel. Il avait alors décidé d’aller sur les traces de ses ascendants paternels.
Dans cet hotel de luxe, Nicolas Kolt est davantage enclin à paresser et communiquer sur les réseaux sociaux à partir de son Blackberry qu’à écrire. Trois années se sont écoulées depuis la sortie de son livre et son succès phénoménal l’a propulsé devant les caméras de tous les pays à l’occasion d’une interminable tournée mondiale. Dans cette aventure, il a perdu la femme qu’il aime et son ami d’enfance sans oublier sa mère dont il s’est éloigné. Le garçon, qu’on devine sympathique, s’est transformé avec le succès en homme superficiel et imbu de sa personne.
Malgré quelques passages intéressants sur le monde de l’édition, on s’ennuie car il n’y a pas vraiment d’histoire. On assiste sur plus de trois cents pages à la vie oisive de cet auteur antipathique et nombriliste. Et puis soudain, comme pour racheter une conscience à son anti héros, voilà que Tatiana de Rosnay se sert de l’affaire du Concordia, ce bateau de croisière échoué sur les côtes italiennes. Mais la mayonnaise ne prend pas et Nicolas Kolt ne sort pas grandi de l’action héroïque à laquelle il participe.
Bref, j’ai voulu faire connaissance avec cet auteur à succès, c’est fait !…
Milly Greenberg vit à Philadelphie, à des milliers de kilomètres du Nouveau-Mexique où elle a grandi. Elle travaille comme assistante au service juridique de l’université où elle a fait ses études et vit aux côtés de Frank, son compagnon, et de Jo, son meilleur ami, une existence paisible et sans surprise. Mais son destin va basculer le jour où elle rencontre Agatha.
De sa peine de trente-cinq ans de prison, Agatha a déjà purgé trente ans lorsqu’elle s’évade. Son plan, longuement, minutieusement et solitairement mis au point, fonctionne à merveille. Armée d’un petit révolver, elle s’introduit dans la vieille voiture mythique de Milly, héritée de sa grand-mère et dont elle prend le plus grand soin. Sous la contrainte de l’arme, la jeune femme s’exécute et prend le volant pour conduire la fugitive à San Francisco, à l’extrême opposé sur la carte, soit plus de quatre mille cinq cents kilomètres !
Mais très vite, les deux femmes vont sympathiser et devenir complices, malgré leurs caractères bien trempés. Sur l’insistance de Milly, Agatha lui livre quelques bribes de son histoire. Dans sa jeunesse, aux côtés de sa sœur aînée qu’elle adulait, elle a intégré un groupe de jeunes révoltés qui n’acceptaient le monde qu’on leur proposait. Ils voulaient lutter contre la guerre du Vietnam, les inégalités sociales et le racisme d’Etat. Au nom de la liberté et de la justice, ils ont mené des combats et des actions criminelles qui ont conduit Agatha en prison, seule du groupe à être tombée dans les filets de la police…
Milly très vite découvre que sa passagère n’est pas seulement en cavale ; elle veut surtout contacter ses anciens amis, en tout cas celles et ceux qui sont encore vivants. Sa propre sœur est décédée il y a quelques années. A chaque étape, Milly en apprend un peu plus sur Agatha qui lui devient chaque jour plus sympathique. Mais il lui faudra attendre le cinquième jour de cette course contre la montre – Milly apprend que la police est à leurs trousses – pour connaître le secret d’Agatha dont l’existence est liée à la sienne.
Un roman sympa, facile à lire. Un bon livre de vacances avec une happy end et une bonne petite morale, comme souvent chez Marc Lévy…
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