Aujourd’hui, je me rendais chez une cliente pour commencer avec elle la lecture de sa biographie. C’est un moment toujours particulier dans la vie professionnelle d’un écrivain public que celui de confronter son travail rédactionnel à l’appréciation du client et c’est toujours avec une boule d’angoisse au creux du ventre que je m’y soumets. Le coût d’une biographie, relativement élevé, donne le droit au client à un certain niveau d’exigence. Après des semaines de travail à l’appui d’une dizaine d’heures d’enregistrement, malgré la trentaine d’ouvrages réalisés depuis que j’exerce ce métier, le doute et l’anxiété sont là, intacts. Et si ma prose n’était pas à la hauteur de la vie confiée à mon dictaphone ? Et si le client, dès les premières pages lues, m’interrompait pour me manifester son mécontentement ? Cela n’est jamais arrivé, mais il suffirait d’un malentendu, d’une mauvaise impression, d’une interprétation erronée. Malgré toute ma conscience professionnelle pour écrire au plus juste, malgré ma capacité d’empathie pour retranscrire les sentiments et les émotions évoqués, malgré mon investissement dans cette vie que je me suis appropriée pour mieux l’incarner et la traduire en mots, l’anxiété grandit à mesure que j’approche du moment de vérité.
Le verre d’eau à portée de main, je commence la lecture. Ma cliente est assise en face de moi et je lui lance régulièrement de brefs regards. Impassible, elle écoute…
Alors que, la gorge sèche, je tends la main vers le verre, elle me regarde, les yeux brillants :
« C’est incroyable ! J’ai l’impression de regarder le film de ma vie ! Comment avez-vous fait ? »
Gagné ! Soulagée, je poursuis. Et à cet instant précis, j’ai la conviction d’exercer un des plus beaux métiers, exaltant pour moi et foncièrement utile pour ceux qui me font confiance !
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Il y a une semaine, nous enterrions un être cher, la marraine de Monique…
Nous avions beau nous dire qu’à 88 ans, alors qu’elle n’avait plus comme horizon que le blanc plafond de sa chambre d’hôpital, c’était le meilleur qui pouvait lui arriver, selon la formule consacrée, nous avions du mal à retenir nos larmes, la voyant couchée là, les yeux définitivement clos, dans une pièce réservée à cet effet…
Le lendemain, elle avait été transférée au funerarium des Pompes Funèbres et là, quelle ne fut pas notre surprise de voir, glissée entre ses doigts joints, la photo de notre Hella !
Deux ou trois semaines auparavant, la marraine avait en effet demandé d’égayer un peu le panneau de liège qui se trouvait en face de son lit. En attendant de lui apporter des reproductions de ses derniers tableaux, Monique avait punaisé une photo de notre petite chienne. La marraine avait souri ; elle avait beaucoup aimé et gavé de gâteaux notre petite chipie !!! Les infirmières avaient dû faire le tour de la chambre et vu la photo qu’elles avaient in extremis glissée entre les doigts de leur défunte patiente, pensant peut-être qu’il s’agissait de son animal domestique !
Au milieu de toute cette tristesse, voir la chère marraine partir accompagnée de notre Hella fut un réel réconfort !
Voilà, j’ai terminé de lire mon premier numéro de Charlie-Hebdo.
Ne lisant jamais aucun journal ni magazine, je me suis trouvée un peu gauche avec ces seize feuilles en main. Pas commode à lire au lit et pas évident à emmener partout avec soi. Alors finalement, pendant cinq jours, sa place à été aux toilettes, punaisé à la porte en bois, sous le calendrier.
Je me suis trouvée aussi assez peu experte dans l’art de plier et déplier ce journal. J’essayais de me souvenir de mon grand-père lisant chaque jour son quotidien après le café, jusqu’à ce qu’il me demande de lui en faire la lecture, sa vue ayant trop baissé. J’avais à peine une dizaine d’années, il y a un bail…
Et puis j’ai lu, un peu à chaque passage dans ce qu’on appelle « le petit coin ». Comme j’aime beaucoup lire et que je lis plutôt beaucoup, mais toujours des romans – même chez le dentiste ou le coiffeur, j’emporte mon livre pour ne pas devoir piocher parmi les magazines mis à disposition – j’ai tout lu de ce premier numéro de Charlie-Hebdo, les textes et les dessins sur les seize pages.
J’ai été très émue par la plume de Patrick Pelloux, autant que par le bonhomme en larmes dans les bras du Président tandis que son copain Luz se marrait à ses côtés, rendu hilare malgré le chagrin par une fiente de pigeon ! J’ai aimé aussi la petite carte de Matthieu Madénian alors que le comique, à la TV, ne me fait pas toujours rire. J’ai apprécié certains dessins, particulièrement irrévérencieux !
Bref, il a fallu que douze personnes se fassent trouer la peau pour que je découvre ce journal que je ne connaissais que de nom, quand ses caricatures faisaient scandale ou que ses locaux partaient en fumée suite à un feu allumé par quelques fous agissant au nom de Dieu.
(Photo parue dans LesEchos.fr)
Mercredi 7 janvier peu avant midi, deux ou trois hommes armés se réclamant de Allah attaquent le siège de l’hebdomadaire « Charlie hebdo » à Paris.
Dans cet attentat terroriste, douze personnes ont trouvé la mort, dont deux policiers et quatre dessinateurs qui ont fait la renommée du journal : Cabu, Charb, Tignous et Wolinski.
L’économiste Bernard Maris, chroniqueur présent ce jour-là à la rédaction, a également été tué.
Super émission hier sur France 2 avec de jeunes talents français très prometteurs pour les représentations artistiques futures.
Ils étaient 13 candidats, 4 en chant, 5 en instruments et 4 en danse.
Les trois finalistes étaient Jules en chant, Camille en instrument et Hannaé en danse. Et le prodige de l’année 2014 est Camille.
Sa prestation était époustouflante de professionnalisme !
Personnellement, j’avais un gros faible pour Jules et sa voix cristalline. Mais que deviendra-t-elle après la mue ?… Pour écouter le jeune garçon, cliquer sur la vidéo ci-dessous :
L’acteur américain Robin Williams est décédé hier 11 août 2014.
Il a été retrouvé à son domicile, pendu à l’aide d’une ceinture.
Le comédien s’était rendu célèbre dans des rôles très différents, comiques et dramatiques : « Madame Doubtfire », « Good morning, Vietnam » et l’inoubliable professeur atypique initiateur du « Cercle des poètes disparus ».
Il avait 63 ans et traversait une sévère dépression…
Merci à tous les amis réels et virtuels – j’ai été très touchée par les nombreux petits mots gentils postés sur mon mur Facebook – qui m’ont écrit ou téléphoné pour mon anniversaire.
J’ai passé ma journée à travailler, mais le soir, nous étions chez mon fils et sa copine. Et j’ai été très gâtée ! En plus d’un succulent repas, j’ai eu de beaux cadeaux :
auxquels il convient d’ajouter des ebooks, par définition immatériels mais qui me garantissent toutefois de délicieuses heures de lecture !
Merci à ma chérie, mon fils et sa copine qui ont su tomber juste avec leurs présents.
C’est une bien triste nouvelle qui vient de nous parvenir : Dominique Hesse, peintre de talent qui n’avait pu venir honorer de sa présence notre récent Salon d’Automne dont elle était l’invitée d’honneur, est décédée ce matin.
Malgré ma tristesse, comme je suis heureuse de lui avoir commandé le tableau représentant nos trois chiens successifs, que j’ai offert à Monique pour son anniversaire ! Quelques adhérents, ma meilleure amie et un homme public dont je ne peux dévoiler l’identité avaient tenu à se joindre à moi, et je pense qu’ils seront à la fois fiers et tristes de savoir qu’ils ont contribué à ce qui est sans doute l’une des dernières toiles de Dominique.
Ce tableau, ô combien réussi, trône depuis le 28 septembre sur notre meuble TV. Il va, hélas, revêtir une autre symbolique : celle d’une jeune artiste à l’avenir prometteur, enlevée à la fleur de l’âge à sa famille et ses amis.
Toutes nos pensées vont à son mari et ses enfants et tous ses proches.
Pour ceux qui ne connaissent pas le talent de Dominique, n’hésitez pas à visiter son site : http://www.hesse-dominique.fr/index.html
Véga, notre petite Cavalier King Charles, nous quittait le lundi 9 juillet 2012, victime dans son sommeil d’un brusque arrêt cardiaque.
Mon année professionnelle 2013 sera sans doute pour moi marquée par des décès douloureux. Car après mon premier client, mon client fétiche comme j’aimais le dire, un client régulier puisque j’ai travaillé pour lui pendant presque dix ans, voici qu’une ancienne cliente vient de décéder à son tour.
La dame, Anna, aurait eu 89 ans la semaine prochaine. Elle avait fait appel à moi en 2009 pour écrire le roman de sa vie. Et quelle vie ! Ukrainienne, elle avait été déportée à l’âge de 18 ans pour aller travailler dans une ferme en Allemagne. Elle y avait rencontré son futur mari, un Polonais vivant en France depuis l’enfance. Il avait réussi à la ramener en France au moment de la libération par les Canadiens, sans savoir qu’elle ne pourrait alors jamais retourner dans son pays. Anna s’était ainsi retrouvée coupée de sa famille pendant des décennies. Quand elle avait pu reprendre contact, après Gorbatchev, ses parents étaient décédés… J’avais adoré écrire son histoire, j’avais apprécié nos rendez-vous, j’avais aimé cette femme dynamique qui ne se plaignait jamais et qui n’avait pas hésité à cuisiner un « bortsch » pour me faire goûter cette spécialité russe ! Alors une fois le travail terminé, nous étions tout naturellement restées en contact. Cela arrive rarement ; dans l’exercice de ma profession, j’essaie de ne pas développer trop d’affect avec mes clients. Mais dans le cadre des romans de la vie, ce n’est pas évident car je pénètre dans leur intimité pendant plusieurs mois. Si j’y parviens avec certains, je n’y arrive pas avec d’autres. Ainsi ai-je appris, par hasard et longtemps après, le décès de certaines personnes dont j’avais écrit l’histoire mais avec lesquelles je n’avais pas gardé contact. Avec Anna, c’était différent. Je n’oubliais jamais son anniversaire et je lui envoyais mes voeux chaque année et elle m’appelait pour me remercier. Et grâce à Internet, j’avais des contacts réguliers avec sa fille aînée, qui m’a appris aujourd’hui la mauvaise nouvelle après m’avoir fait part, il y a quelques semaines, de l’hospitalisation de sa maman.
Quatre-vingt-neuf ans, c’est un âge raisonnable pour partir, mais je comprends quand la fille d’Anna m’écrit qu’elle se sent orpheline.
Pour ce qui me concerne, je ne suis pas près d’oublier Anna puisque, avec son accord, elle sera l’héroïne de mon prochain roman. Cet ouvrage ne sera pas sa biographie, mais je me suis inspirée d’une partie de son histoire pour en imaginer une autre.
J’ai appris ce soir le décès d’un client. Je travaillais pour lui depuis juin 2004, deux à trois demi-journées par semaine. Il était mon premier client, celui qui m’a mis le pied à l’étrier et qui m’a permis, par la régularité de ses besoins, de démarrer puis de maintenir mon activité indépendante.
Fin juillet dernier, de retour de ses vacances, il m’avait annoncé sa maladie et ses espoirs de guérison du fait d’un diagnostic précoce.
Une fois le traitement par chimiothérapie en place, je l’ai vu très rapidement se dégrader. Alors âgé de 68 ans, il était encore bel homme ; en l’espace de trois semaines, il s’est transformé en vieillard qui marchait courbé à pas menus… Une pause dans le traitement a permis qu’il reprenne du poids et belle figure ; il était presque redevenu le monsieur que j’avais toujours connu. Puis après les fêtes de fin d’année et le début d’une nouvelle phase de traitement, son état s’est de nouveau dégradé.
Malgré tout, il continuait à travailler en dépit des risques. Une fois, il est tombé de sa chaise de bureau. Incapable de se relever seul, j’avais dû l’aider… Très vite son état empira. Il maigrissait et perdait des forces, ses joues se creusaient, ses yeux s’enfonçaient dans les orbites… Et pourtant, il travaillait toujours même s’il avait un peu ralenti l’activité et je me demandais combien de temps il allait encore tenir… En mars, je ne l’ai guère vu ; il dictait le courrier et comme j’avais depuis toujours les clefs du cabinet médical, je tapais les lettres en son absence. Durant le mois d’avril, il m’a décommandée deux fois, s’excusant de me prévenir à la dernière minute, mais il n’avait pas eu la force de dicter…
La dernière fois que je l’ai vu, mi avril, il était très mal en point et j’attendais chaque jour un appel me disant qu’il cessait son activité.
Ce coup de fil arriva vendredi dernier. Il me demandait de taper les derniers courriers qu’il avait dictés, avec bien du mal tant le souffle lui manquait. Il y avait des photocopies à faire, des dossiers à ranger. Il avait enregistré un message téléphonique expliquant sa cessation d’activité. Il me demandait de laisser les clefs dans la boîte aux lettres et me remerciait pour toutes ces années de travail pour lui. Il me promettait même de parler avec des confrères afin que je n’aie pas à souffrir de sa brutale décision d’arrêter de travailler.
Dans l’après-midi, son épouse m’appela ; elle pleurait… J’étais triste, malgré ma volonté de ne pas développer de relations affectueuses avec aucun de mes clients. Mais le coeur souvent n’écoute pas la raison…
Ce soir, j’ai reçu un sms pour m’annoncer le décès de mon client. Putain de cancer !
Cette vidéo n’est pas récente – elle date de janvier 2012 – mais elle est toujours d’actualité.
Alma, une lycéenne de seize ans, a remporté ce jour-là le concours de plaidoierie organisé par le Mémorial de Caen. Elle avait choisi pour thème le bout du bout de la vie, celui que nous redoutons tous plus ou moins, et elle l’a transcendé.
Cette intervention a dû réconcilier plus d’un adulte avec notre jeunesse…
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Il fait si bon vieillir... par MEMORIALCAEN
La nouvelle est tombée : Junior a été retrouvé mort. Il n’y a aucun doute possible, il a été identifié par un vétérinaire grâce à sa puce.
Je suis très triste pour mon copain que je connaissais depuis ma naissance. Pour moi, c’était un grand, une sorte d’oncle. Je suis aussi tellement triste pour Nicole et Virginie, mes premières maîtresses et celles de Junior avant ce départ pour sa destinée… Je comprends qu’il ait pu paniquer après avoir quitté sa maison en compagnie de ces étrangers. Il m’a fallu une semaine pour me sentir en totale confiance avec mes nouvelles maîtresses ! Et je n’avais que quatre mois et demi alors que Juju avait plus de deux ans.
La Zaza a immédiatement téléphoné à son amie Jeannette. Elle était triste aussi car elle aime beaucoup les animaux. Je vais bientôt faire sa connaissance et j’ai hâte de la voir ! Elle dit que maintenant qu’on ne peut plus sauver Junior, il faut le laisser partir tranquillement de l’autre côté. Il faut que ses maîtresses fassent un effort pour ne pas le retenir et l’empêcher d’aller dans le paradis des chiens. La Zaza est d’accord… Je trouve qu’elle est gonflée car elle a eu beaucoup de mal à lâcher Véga quand celle-ci est morte !… Même encore aujourd’hui, elle parle beaucoup d’elle : « la Véga ceci et la Véga cela… ». Je ne suis pas jalouse, je trouve ça chouette d’avoir été autant aimée et je crois que j’ai plus de chance que toi avec mes nouvelles maîtresses !
Juju mon pote, sois heureux dans ton paradis. Tu vas rencontrer Véga, Lorca, et plein d’autres chiens et chats qui vont t’accueillir. Nous t’accompagnons tous sur ce beau chemin où la souffrance et la méchanceté n’existent plus. Veille sur nous qui t’avons tant aimé !
Quant aux gens qui t’ont laissé t’échapper et qui, semble-t-il, ont tant tardé à donner l’alerte, ils ne méritent même pas notre colère. Nous préférons réunir nos énergies pour t’aider à passer de l’autre côté en toute quiétude et te dire que jamais, nous ne t’oublierons.
Ta copine Hella
Quand on est soi-même dans la peine, la compassion peut être un excellent remède.
J’ai reçu ce matin l’appel d’un jeune homme qui souhaitait acquérir mon recueil de nouvelles « Rencontres ». Quelle excellente idée ! Quand je lui demande son prénom pour la dédicace, il fond en larmes. Interloquée, mais habituée par mon métier à ces vagues d’émotion qui submergent mes clients dont j’écris la biographie, je me tais et attends. Soudain un reniflement puis quelques mots d’excuse. Et il m’explique de lui-même. Sa copine l’a largué… Passionnée par le thème des rencontres et l’écriture, elle collectionne tous les livres qui traitent du sujet. Il veut donc lui offrir le mien. Une manière de lui dire qu’il l’aime et qu’elle lui manque.
Je ne connais pas ce garçon, mais un homme qui pleure est toujours émouvant. Et si je pouvais contribuer, par mon modeste recueil de nouvelles, à « rabibocher » ces deux êtres déchirés, alors quelle joie !
Une semaine après le décès de Véga, nous allons demain comme prévu dans les Vosges, sur l’invitation de mon amie Jeannette qui y passe deux semaines de vacances avec son compagnon et leurs animaux : deux chats et un cochon d’Inde. Véga devait bien sûr nous accompagner, malgré sa détestable attitude envers Figaro, Félicie et Casper lors de nos passages chez eux !
Cette journée à la campagne, loin de nos quatre murs qui résonnent de l’absence de Véga, va sans doute nous faire du bien, même s’il n’est pas certain que la météo nous soit favorable… Mais la chaleur de l’amitié compensera l’atmosphère un peu fraîche de ce mois de juillet annonciateur d’automne.
Je profite de ce court message pour vous remercier tous, ami(e)s qui nous avez témoigné votre amitié durant cette semaine éprouvante par votre présence, vos appels téléphoniques, vos mails et messages dans ce blog. Nous en avons reçu d’innombrables, parfois d’internautes que n’avons jamais rencontrés mais qui sont devenus ces amis virtuels grâce au blog et que la mort de notre petite chienne a fait sortir de leur virtualité pour nous apporter un soutien et une sympathie bien réels.
Vous êtes nombreux à me demander si « Chroniques d’un CKC » sera bien publié en 2013. La réponse est oui. Le livre est à moitié écrit et malgré la tristesse qui tentera peut-être de s’imposer et de guider ma plume, je m’efforcerai de mener ce travail à bien dans le respect du caractère à la fois tendre et espiègle de son héroïne.
Véga a été pendant huit ans un super chien et je lui dois bien cet hommage et, en quelque sorte, ce petit gage d’immortalité.
Si quelqu’un m’avait dit, en mai 1998, que j’irais un jour voir le chanteur Frank Michael en concert, j’aurais regardé cette personne avec incrédulité et hoché la tête avec condescendance.
Un mois plus tard, je rencontrais Monique et elle me parla de Frank Michael. Comme j’avouais mon ignorance, atterrée, elle me fit écouter une chanson. Mes oreilles nourries pendant des décennies de Wagner, Mozart et autre Verdi, voire en alternance Piaf, Ferrat et Brel, n’aimèrent pas.
Et pourtant, il y a quinze jours, j’entrai dans un magasin pour acheter deux billets pour le concert que donnait le chanteur encore quinquagénaire à Vandoeuvre. J’avais hésité à prendre deux places, mais je savais que Monique n’irait pas seule. Et puis après tout, que valent deux heures d’hypothétique ennui contre deux heures de probable bonheur ? D’ailleurs, en sortant du magasin avec mes deux billets en poche, je me sentais étonnamment légère, heureuse à l’idée du plaisir que j’allais procurer à la personne que j’aime. Je ne fus pas déçue, Monique n’en revenait pas et répétait « merci » pour juguler l’émotion.
Arrivées trente minutes avant l’heure du concert, nous trouvons une file déjà fort longue devant les grilles du Parc des Expositions ! Autour de nous, que des personnes du troisième voire quatrième âge ! Papis et mamies sont nombreux, munis d’une canne, d’un déambulateur ou en fauteuil roulant, sonotone vissé à l’oreille, à attendre gentiment de pouvoir entrer.
À l’apparition de l’idole, les gosiers libèrent un retentissant cri de bienvenue. Les chansons, anciennes et nouvelles, s’enchaînent. Les fans sont devant et, si Franky ne jette pas sa chemise dans le public – il est plutôt du genre costume, chemise blanche et cravate bien serrée – c’est une femme qui lui tend son foulard pour qu’il puisse s’éponger le front !
Amusée, je regarde autour de moi. Plus de gonarthrose, ni de coxarthrose ou d’omarthrose ! En fait, plus d’arthrose du tout nulle part ! Les vieilles dames sont debout, bras tendus vers le ciel, et se déhanchent comme des midinettes. Lorsque le chanteur entonne une valse, les couples sont nombreux qui dansent dans les allées.
L’ambiance est bon enfant. Les gens se lèvent et déambulent à leur guise. Il faut dire que si l’arthrose se fait oublier, vessies et prostates n’ont pas cette délicatesse !… Ils se dirigent donc, cahin-caha, vers les toilettes et, revenus à leurs places, les voilà qui se déhanchent et montent les bras dans des amplitudes que ne désavouerait aucun chirurgien orthopédiste après une bonne arthrodèse !!!
Pendant presque deux heures, oubliés Sarkozy et Hollande et les prochaines présidentielles, oubliés la crise, les retraites maigrichonnes, le chômage qui guette les petits-enfants, oubliée la solitude dans leur petit HLM ou leur grande maison, oubliées les douleurs de leur âge et la peur de l’après-vieillesse. Pendant presque deux heures, c’était le bonheur ! Et vous savez quoi, quand Frank Michael a demandé aux femmes de se mettre debout et de lever les bras au ciel, j’ai obéi et ne me suis même pas sentie ridicule ! C’est peut-être cela, grandir ?
Et après le concert, sur le chemin du retour, chacun peut admirer la belle voiture qui véhicule le chanteur !
Nous avons été très émues devant notre écran de TV qui montrait le Costa Concordia, bateau reconnaissable de la flotte Costa par sa cheminée jaune, couché sur le flanc au large de l’Italie.
A notre retour de croisière dans les Iles grecques en octobre 2010 sur le Costa Victoria, en vue d’un prochain voyage sur l’un de ces fabuleux paquebots, nous avions acheté un cochon-tirelire. Celui-ci n’a pas frémi au vu de ces images et nous continuerons donc à l’engraisser.
Par ailleurs, nous croyons toutes deux au destin et à l’impossibilité d’y échapper. Et puis, soyons honnêtes, le pourcentage de naufrage sur l’ensemble de toutes les croisières, est assez petit. Comme pour toutes les catastrophes en transport en commun, le chiffre des victimes choque par son énormité – dans le cas présent il est assez limité – mais le risque de mourir dans un accident d’avion, de train ou de bateau, est toujours moindre que celui que l’on prend chaque jour en montant dans sa voiture personnelle.
Ce fil qui relie l’embryon au placenta est sectionné à la naissance, occasionnant un traumatisme à la fois pour la mère et l’enfant, néanmoins banalisé ou occulté par l’arrivée du bébé. Mais ce cordon ne cesse de se reformer virtuellement et il faut recommencer la manip, plus délicate encore car on est seul, plus exactement seul à deux.
Mon petit partit à 20 ans, la fleur au fusil pour vivre avec sa copine. On a beau s’y préparer, on est pris au dépourvu et ce cordon, mal ou trop vite sectionné, causa de part et d’autre des petits soucis de cicatrisation. Puis il y eut un autre déménagement, une autre copine, puis encore un déménagement, seul dans un grand appartement pour valider son entrée dans la vie active par un CDI à Nancy. Il était à la fois autonome et proche ; c’était bon de le savoir à un quart d’heure de la maison, à portée de vue et de cœur. Or voilà que le travail l’oblige à quitter Nancy pour Forbach. Au contraire de nous, nos enfants doivent en effet choisir leur lieu de vie en fonction du marché de l’emploi. Nous avions de la chance, cela aurait pu être Paris ou Bordeaux. Il aurait aussi pu s’expatrier comme moi ; à peine majeure, j’étais partie vivre outre-Manche puis outre-Rhin et ma mère redoutait l’outre-Atlantique…
Cette fois, pas question de le déménager nous–mêmes ; en deux ans, il avait amassé meubles, vaisselle, linge de maison et appareils électroménagers en conséquence. Monique et moi – surtout Monique – l’avons aidé à faire ses cartons.
Puis le jour J arriva. Je le sentais à la fois soulagé de ne plus avoir à faire la route chaque jour et anxieux de ce nouveau départ. Un déménagement n’est jamais anodin ; on laisse toujours une petite part de soi dans les murs qu’on abandonne. Monique alla l’aider à emménager et je sentais bien qu’il avait très envie que je vienne aussi voir son petit nid, un appartement en duplex qu’il nous avait montré en photo. Par chance, je n’avais pas de travail urgent sous le coude ; j’ai donc pris la route avec lui. J’étais émue et fière de sa réussite. Il était heureux de me montrer chaque pièce de son T3. Nous n’avons pas eu le temps de ranger quoi que ce soit ; le temps pressait car il avait rendez-vous avec son ancienne propriétaire. Puis il me ramena à la maison et ne s’attarda pas car il devait encore récupérer son chat chez un copain qui l’avait hébergé le temps du déménagement. En même temps qu’il avait envie de partir vite pour être plus tôt chez lui, je sentais qu’il tardait, m’embrassant deux fois de suite. « Ce n’est pas loin ; on se verra aussi souvent qu’avant » promit-il. Nous avions tous deux une boule dans la gorge et une autre au creux du ventre. Le foutu cordon tirait dur…
Traditionnellement, le mois des morts est novembre. Pour moi, c’est juillet.
Après ma soeur quelques jours après le 14 juillet, cela fera demain dix-sept ans que ma mère nous a quittés, assez brutalement, après son entrée au C.H.U. de Nancy-Brabois pour y subir un pontage coronarien. Elle aurait aujourd’hui… soixante-dix-neuf ans ! Ciel ! Un âge qu’elle prétendait, à soixante-trois ans, ne jamais vouloir atteindre. Elle fut donc exaucée… Mais allez savoir quelle serait aujourd’hui son opinion sur la question…
La douleur de perdre un parent de façon inattendue, quasiment sans préambule, est immense et incompréhensible par manque de préparation à cette terrible épreuve. On a beau savoir que nos parents ne sont pas immortels, on n’imagine quand même pas les perdre si tôt. Pour ma part, j’aurais aimé que mon fils, alors âgé de huit ans, puisse plus longtemps profiter de sa grand-mère.
Le seul réconfort de perdre subitement des parents jeunes est que la décadence, la dégénérescence, la déliquescence liées à l’âge nous sont épargnées. Il nous reste de ces êtres chers disparus bien trop tôt le souvenir d’hommes et de femmes dans la force de l’âge, en pleine possession de leurs moyens physiques et intellectuels. Le seul inconvénient, hormis l’absence qui continue à nous hanter, est qu’on se demande encore, des décennies plus tard, pourquoi alors on nous les a ravis.
Depuis 1986, la Fête Nationale est pour moi à jamais liée au deuil, à la perte d’un être cher et jeune, qui préféra partir sans même un mot d’explication.
Ma soeur s’était rendue aux feux d’artifice avec ma mère ; deux jours plus tard, elle mettait fin à ses jours. J’étais en Allemagne et nous devions nous retrouver tous à Remoncourt, le village de notre enfance dont c’était toujours la fête le dimanche suivant le 14 juillet. Je ne l’avais pas revue depuis septembre, pour le baptême de mon fils dont elle était la marraine.
Les retrouvailles furent amères, les sanglots ont remplacé les flonflons et le Dies Irae les chansons à boire. Son suicide laissait un veuf et une orpheline de dix ans ainsi que toute une famille plongée dans le chagrin et l’incompréhension. Elle avait trente-six ans.
En dédicace aujourd’hui à Cora Houdemont, j’ai vu des dizaines et des dizaines de personnes défiler devant moi à la recherche du cadeau de Fête des Mères.
Hélas, ils ne s’arrêtèrent pas tous à mon stand, même si j’ai vécu une de mes plus fructueuses séances de dédicaces depuis le temps que je publie des livres.
Ce qui me frappa cependant durant ces quelques heures ne fut pas l’indifférence de certaines personnes qui ne m’auraient pas prêté moins d’attention si j’avais été une potiche ! Si j’en juge par le nombre incroyable de clients de cette grande surface qui n’ont pas répondu à mes « bonjour », il y a à Nancy et ses environs un nombre inquiétant de sourds, lesquels, malheureusement, n’étaient pas muets !
Non, ce qui me frappa fut le nombre sidérant de personnes, sexes et âes confondus, qui ont soupiré et râlé devant la corvée de trouver un cadeau de Fête des Mères. Même si je ne suis pas friande de ces cadeaux sur commande d’envergure mondiale et à visée essentiellement commerciale, j’aurais aimé, aujourd’hui, avoir à acheter un cadeau pour maman… Et Malou, en couverture avec son époux du tome 2 de ma saga, m’adressait un clin d’oeil complice pour me dire qu’elle aussi aimerait bien être encore là pour découvrir demain le cadeau de sa fille… Alors à tous ceux qui ont soufflé en parcourant les rayons des magasins, pensez qu’un jour peut-être, hélas, vous n’aurez plus à vous acquitter d’une aussi belle corvée…
Vous qui soutenez les étrangers
De RESF, de la CIMADE et d’autres entités,
Que de risques vous prenez
pour défendre de vos frères la dignité ;
Pour ces combats, vous êtes arrêtés et condamnés
au nom de ce honteux délit de solidarité ;
N’abandonnez pas votre radicalité
pour que nous puissions continuer à marcher, tête levée !
LIBERTÉ, je crie ton nom !
Vous, les bien nées, les LGBT,
ceux dont la différence heurte les préjugés,
Battez-vous pour assumer votre spécificité ;
Résistez pour affirmer votre altérité ;
Pour qu’au nom de l’égalité,
vos amours puissent prospérer,
n’en déplaise aux culs-pincés !
LIBERTÉ, je crie ton nom !
Vous, les avocats engagés
pour défendre les plus déshérités ;
Des droits de l’homme, vous êtes les piliers ;
Défenseurs des causes désespérées,
vous plaidez sans bourse déliée
par solidarité avec les plus éprouvés
pour faire triompher la Justice et la Vérité !
LIBERTÉ, je crie ton nom !
Vous, les juges des enfants menacés
pour avoir de l’Education fait une priorité ;
Nos enfants, de la prison vous avez préservés
pour en faire des hommes respectés
debout dans la dignité,
ayant leur juste place dans notre société ;
De vous, jamais notre justice ne pourra se passer !
LIBERTÉ, je crie ton nom !
Vous, les femmes libérées
des violences protégées,
du fanatisme préservées,
Ne laissez plus vos corps mutiler
et vos droits piétiner ;
A la parité, jamais ne renoncerez
tant que l’égalité ne sera pas réalité,
pour que sororité rime avec fraternité !
LIBERTÉ, je crie ton nom !
Vous, les éducateurs stigmatisés,
les instituteurs méprisés
par un système de plus en plus verrouillé ;
Au nom de l’égalité,
vous ne cessez de vous démener
Pour aider les plus en difficulté,
Pour éduquer à la citoyenneté,
vous prenez le risque de désobéir à l’autorité;
Avec vous, nous voulons résister !
LIBERTÉ, je crie ton nom !
Vous, les militants de la solidarité
souvent critiqués
pour avoir perdu le sens des réalités ;
Par les bien-pensants et les privilégiés
vous êtes vilipendés
pour avoir l’ordre établi contesté;
Personne ne peut vous reprocher
de rêver à un monde de fraternité
dans lequel chaque homme sera honoré;
Transmettez ce bel idéal à la postérité !
LIBERTÉ, je crie ton nom !
Vous, les semeurs de liberté,
du GENEPI dans nos prisons surpeuplées
à l’ ODEBI sur le net verrouillé;
Ne les laissez pas mettre en coupe-réglée
nos précieuses identités;
Continuez à lutter
pour que, dans quelques années,
nos enfants puissent encore crier
ce beau nom de liberté !
LIBERTÉ, je crie ton nom !
Vous, dont les aînés,
par leurs luttes acharnées,
ont conquis au prix de leur liberté
de la démocratie, les droits les plus sacrés ;
Redonnez à notre pays, plongé dans l’obscurité,
blessé par tant de vulgarité,
abaissé par tant d’indignité,
la passion de l’égalité
le goût de la fraternité
et les lumières de la liberté !
LIBERTÉ, je crie ton nom !
(Poème écrit par des militants progressistes pour les Feux de la Liberté 2010)
Toi, le sans-papiers
appelé sur les chantiers
pour travailler
sans être déclaré ;
Traqué par les policiers
contrôlé, fouillé, humilié,
atteint dans ta dignité,
du haut d’un pont, tu t’es jeté !
LIBERTÉ, ils ont oublié ton nom !
Toi, le réfugié
pour fuir de ton pays les atrocités
loin des tiens, tu t’es exilé
pour rejoindre le pays de la fraternité ;
Jugé et condamné
dans un charter improvisé,
tu as été jeté,
pour assurer notre tranquillité !
LIBERTÉ, ils ont oublié ton nom !
Toi, l’enfant en difficulté
la misère de tes parents, tu as payée,
quand leurs allocations ont été supprimées,
du minimum vital, tu as été privé ;
Des bonnes manières, tu n’as pas hérité ;
A la maternelle, tu étais dissipé ;
Par ton instituteur, tu as été fiché ;
comme un futur délinquant, tu as été identifié ;
ton destin est ainsi tout tracé !
LIBERTÉ, ils ont oublié ton nom !
Toi, l’adolescent agité,
ton avenir a été sacrifié
quand l’ordonnance de 45 a été supprimée ;
D’éducation, tu n’as pas bénéficié ;
Aucune deuxième chance ne t’a été donnée ;
De tes parents, tu as été éloigné ;
Avec des délinquants chevronnés, tu as été enfermé !
LIBERTÉ, ils ont oublié ton nom !
Toi, l’homme marginalisé
de gaz malodorant, tu as été asphyxié
pour t’éloigner de nos supermarchés ;
Comme un parasite, tu as été éradiqué,
toi, l’alcoolisé, le pestiféré,
tu faisais peur à nos paisibles retraités !
LIBERTÉ, ils ont oublié ton nom !
Toi, le prisonnier injustement condamné
privé de toute intimité, de toute dignité ;
Fatigué de lutter
contre tant d’inhumanité,
un jour, tu nous as quitté pour l’obscurité
en quête d’éternité !
LIBERTÉ, ils ont oublié ton nom !
Toi, la femme baillonnée,
humiliée et victime de préjugés ;
À la moindre contrariété
tu étais tabassée ;
Pour t’émanciper,
tu t’es rebellée ;
Abandonnée à ta triste destinée,
Par ton homme, tu as été torturée !
LIBERTÉ, ils ont oublié ton nom !
Toi l’autorité constituée
Pour satisfaire les âmes bien nées ;
Aux combattants de la fraternité
Tu t’es attaquée
En inventant le délit de solidarité
Oubliant qu’ils n’accomplissaient que leur devoir d’humanité !
LIBERTÉ, ils ont oublié ton nom !
Toi, France, honneur du monde civilisé
Terre des arbres de la liberté ;
De l’humanité, tu étais la fierté
De toutes les résistances, tu étais le foyer
Du sang de tes enfants
tu as été baptisée !
LIBERTÉ, ils ont oublié ton nom !
Toi qui, dans le monde entier, prône l’exemplarité,
Toujours prompte à délivrer un message d’universalité,
tes lumières disparaissent dans l’obscurité ;
Pourquoi as tu cessé d’entretenir les feux de la liberté?
Pourquoi as-tu oublié de chérir ce trésor sacré
qu’ est notre liberté ?
LIBERTÉ, ils ont oublié ton nom !
(Poème écrit par des militants socialistes pour les Feux de la Liberté 2010.)
Un texte d’une collègue en écriture :
« Dimanche 2 novembre 1969…. Elle est arrivée, Laetitia ! Pas facilement mais elle est enfin là ! Vif argent, pétillante, rieuse, moqueuse !
Puis survient, à ses 2 ans, la maladie dite «orpheline ». Durant cette longue et douloureuse maladie, elle est restée un rayon de soleil courageux.
Jeudi 7 février 1974 …. Le rayon de soleil s’est éteint ! Depuis, je suis à l’ombre et j’ai froid.
Et toi, ma fille, mon étoile filante ? Question sans réponse, pour une enfant née le jour des morts ! plusieurs années après………..
Etalée sur le sable, réchauffée par les rayons d’un soleil généreux, je suis dans un état second, luttant contre le sommeil. Pas question de me laisser voler ces moments que je savoure comme on savoure une gourmandise
Madness, mon chat persan, partage pleinement cet instant. Contre moi, il est étendu sur le dos, chauffant son ventre et plissant ses yeux d’or de satisfaction.
Tout à coup, je vois ses petites oreilles s’agiter. Ses yeux s’arrondissent. Pas de doute il se passe quelque chose !
Je fais l’effort de tourner la tête et je regarde dans la même direction que lui.
Elle est là, mi bébé, mi petite fille, la peau claire et dorée, la chevelure blonde et bouclée, les yeux d’un bleu lumineux et malicieux, le nez retroussé, le sourire canaille qui s’ouvre sur des petites perles blanche !
A croquer ! Une friandise ambulante !
Son regard passe sur moi avec une belle indifférence ! Par contre Madness retient toute son attention !
Amusée je regarde le manège. Madness qui adore jouer avec les enfants parait très intéressé aussi. Il s’est redressé et la regarde.
Le bout de chou hésite, elle me dit :
- Tu t’appelles comment ? »
- Jeannette ! Et toi ? » dis-je en souriant.
La demoiselle n’est pas patiente. Elle élude la question et va droit au but !
- il est à toi le chat ? »
- oui ! »
- Je peux jouer avec lui ? »
- Demande-le lui ! »
Elle s’avance vers le chat enchanté, commence une partie effrénée de cache-cache, de course, de jeux divers, ponctués par la cascade de ses rires et les onomatopées ravies de Madness.
Je baigne dans une torpeur bienfaisante. Je voudrais fixer à tout jamais cet instant. Ce bien-être est fabuleux et peu mesurable. Un morceau d’éternité !
Les joueurs sont épuisés, ils reviennent vers moi.
La petite me regarde. Elle me sourit. Elle a l’impertinence de la sincérité associée à l’innocence.
A ce moment-là, deux adultes apparaissent. Ce sont ses parents qui nous rejoignent et la grondent gentiment.
La demoiselle fait la moue.
- Tu reviendras ? » me dit- elle.
J’hésite. Je sais qu’il ne faut jamais promettre à un enfant si on n’est pas sûr de tenir la promesse qu’on lui a faite. C’est à la foi si fort et si fragile, un enfant !
- Peut être ! Mais dis donc ! Tu ne m’as toujours pas dit ton prénom ! »
- Laetitia ! »
Je sursaute. Ce prénom ! Je n’ai pas pu contrôler ma réaction.
- Tu es en colère ? »
Elle me fixe avec étonnement et un brin d’inquiétude. Elle ne peut pas comprendre.
Je lui souris avec tendresse.
- Mais non, pas du tout ! ».
La voilà rassurée. Son sourire espiègle éclaire son visage et elle part en courant. Joli farfadet !
Je ravale mes souvenirs. Madness revient se blottir contre moi et je repars dans ma torpeur.
Oui, un moment d’éternité ! «
(Jeannette Insurgé – 13/07/2009)
Texte envoyé par une collègue en écriture :
« Madame est assise, elle réfléchit
Que de temps passé…. Elle sourit
Madame repense… a-t-elle peur ? Non !
Est elle triste ? Non !
Tout simplement elle regarde derrière elle et elle pense…
Sans peur, sans haine, sans rancune, même plus de regrets
Juste un grand calme, c’est assez étrange.
Elle repense à sa mère qui avait été obligée de couver
Mais qui ne voulait pas de poussins.
Elle repense à ses guerres, elle est étonnée : à quoi cela a-t-il servi ?
Son visage est détendu, elle revoit les tornades qui ont traversé sa vie,
Elle n’en revient pas d’avoir résisté à tous ces cataclysmes
Ces séismes qui l’ont ravagée, laissée anéantie parfois et puis…
Le temps passant elle est là :
Devenue calme, sereine, détachée de tellement de choses…
Madame sait ce quelle ne veut pas !
Lorsqu’elle fait face à ceux qui veulent la défier
Un sourire léger sur les lèvres, des yeux d’aciers qui ne se ferment pas
Mais plongent dans l’adversaire… Madame n’élève pas la voix
Tout simplement elle explique ce quelle ressent
Et même cela amène son rire
De tout ce qu’elle a traversé elle a conservé…. L’humour !
Base de sa philosophie de terrain
Et si madame ne peut que rire aux larmes
N’y voyez que l’évaporation de tout
Ce que madame a refoulé…
Madame a compris, on ne peut rien contre la bêtise
La méchanceté, la jalousie, la mesquinerie, la cupidité.
Si, peut-être une chose : ne jamais se laisser corrompre envers et contre tout ; garder le cap comme le préconisait le philosophe ALAIN dans ses PROPOS,
Elle ne croit plus au bonheur pour elle mais elle le souhaite aux autres…
Au froid glacial qui avait congelé son âme maintenant le calme lui a redonné souplesse.
Madame sait que si on lui proposait de revivre sa vie elle dirait NON !
Madame n’a pas peur de la mort, seule question la réincarnation !!! beurk !!
Pour une fois madame a envie de se faire plaisir
La nature, les animaux, les plantes…
Tant de choses qui restent : ce pourquoi ils ont été fait,
Dans le calme où elle est parvenue, madame voudrait savourer un peu de douceur
Oui madame a vieilli et en fait bien vieilli
Madame n’est pas heureuse, pas triste, pas riche….
MADAME EST EN PAIX !!! »
(Jeannette Insurgé – 30/12/2006)
Après l’Eglise, l’Armée. Le général Germanos, plus haut grade de l’armée française, âgé de 69 ans, a été condamné à dix mois de prison pour détention et stockage sur le disque dur de son ordinateur et sur une clef USB de photos et vidéos à caractère pédophile mettant en scène des enfants entre six mois et douze ans. Oui, vous avez bien lu : des enfants de six mois !
Pour sa défense, l’homme a mis en avant une tumeur au cerveau dont il souffre depuis de nombreuses années et qui aurait fait sauter les freins de la raison. Elle ne l’empêchait pas toutefois de télécharger allègrement ses films et photos et de regarder tranquillement de très jeunes enfants subissant « des actes inqualifiables » selon la Présidente du Tribunal.
Condamné à dix mois d’emprisonnement avec sursis et un euros de dommages et intérêts aux trois associations de protection de l’enfance qui s’étaient portées parties civiles, l’homme n’a cependant pas été mis dans l’obligation de se faire soigner, comme l’avait demandé le Procureur, également une femme.
Si le caractère maladif de l’accusé est reconnu, pourquoi ne pas l’astreindre à une thérapie ? Peut-être faut-il attendre qu’il ne se contente plus d’images et viole un gamin soustrait à la vigilance du personnel d’une crèche ?
Dans le bus, un jeune homme s’écria :
- Grâce à Facebook, j’ai retrouvé plein de cousins !
Et d’expliquer à son copain que sa mère était fâchée depuis longtemps avec ses frères et soeurs. ll avait donc fait des recherches sur Internet et organisé des retrouvailles.
- C’est génial ! conclut-il.
Récemment, mon fils aussi fut retrouvé sur Facebook par des cousins d’outre-Rhin. Mais lui, mi incrédule mi agacé, me demanda :
- Mais qu’est-ce qu’ils me veulent après toutes ces années ?
Je comprenais et partageais son sentiment ; vingt ans d’absence et de silence, ça n’est pas rien quand on en a vingt-cinq !!!
Issue d’une famille disloquée, j’ai tôt appris à n’en rien attendre et ne fus pas déçue ! Seule ma mère, paix à son âme, fut présente après des débuts difficiles…
Lorsque le hasard me met en présence de membres plus ou moins lointains de cette famille, je me garde de toute effusion, sachant le lien fragile et prompt à se défaire. Un père ou un frère, uniquement sur le papier, ne pouvaient m’être plus proches que des étrangers.
Comme le chante Maxime Leforestier, on ne choisit pas sa famille. Pour mes 50 ans, hormis mon fils, personne de la mienne n’était là. Mais les ami(e)s présent(e)s ont partiellement comblé les manques.
Depuis toujours habituée à une certaine déficience familiale, je suis d’autant plus démunie et blessée lorsque des ami(e)s, choisi(e)s pour leurs qualités de coeur, trahissent ma confiance par leur soudaine indifférence, leur absence ou leur rejet, souvent même inavoué. Ils disparaissent de ma vie et pour un temps, je redeviens… RIEN.
La foire attractive de Nancy est pour moi liée à de merveilleux souvenirs d’enfance, d’autant plus précieux qu’ils ne sont pas nombreux.
Dès le premier jour de mai (elle avait alors effectivement lieu en mai et non en avril), j’attendais avec ardeur la permission de quitter mon village, où je me sentais prisonnière, pour aller en car dans la grande ville. Comme je m’imaginais que ma mère m’attendait avec impatience, j’étais la plus heureuse des enfants !
Son absence au terminus ne parvenait pas à ramollir mon enthousiasme et je montais dans un taxi, comme elle me l’avait conseillé au cas où (!…). Le roi alors n’était pas mon cousin lorsque, du haut de mes dix ans, je donnais l’adresse au chauffeur. Et quand celui-ci me demandait si je connaissais « Madame Floride », je répondais que j’étais sa fille, rayonnante de joie et d’orgueil, comme si j’avais avoué ma filiation avec la reine d’Angleterre !
Puis nous partions pour la foire et montions dans autant de manèges que je le souhaitais. Pour m’autoriser à me blottir contre ma mère, je simulais la frayeur dans la chenille. Amusée, elle riait et se moquait gentiment. Avec ses cheveux au vent, blonds, roux, chatains ou noirs selon les années, je la trouvais toujours très belle. Elle entourait alors mes épaules de son bras à la peau si douce à mon cou, ignorant qu’elle rattrapait ainsi, par ce geste tendre, des années d’absence. Je priais Dieu pour qu’Il arrête le temps et Lui en voulais de ne pas exaucer mon voeu…
Je n’ai plus l’âge de monter dans des manèges qui mettent la tête à l’envers et retournent l’estomac, mais j’aime toujours aller faire un tour à la foire et manger une gaufre au souvenir de Maman. Debout devant la chenille, il me semble entendre son rire et ses cris en réponse à la question du forain qui voulait savoir si nous en voulions encore. Oh oui, bien sûr, j’en voulais encore ! Je criais comme elle, ivre de bonheur, savourant ces heures de gaieté et d’insouciance, joyeuses parenthèses dans mon triste quotidien, me saoulant de vitesse et du parfum de ma mère.
Je crois que je tiens d’elle, et de ces instants volés, mon goût de la vitesse et du risque.
Dylan ne soufflera pas ses cinq bougies en mai prochain ; il est mort au volant de sa « pocket bike ».
Pourquoi ne laisse-t-on pas nos enfants tranquillement grandir ? Ils portent une montre avant de savoir lire l’heure, tapent sur un clavier d’ordinateur avant de savoir parler, conduisent des engins motorisés avant de savoir faire du vélo. Ils n’ont plus le temps de grandir à leur rythme, on les oblige à brûler les étapes, comme si le temps déjà ne passait pas assez vite. D’un côté on les surprotège avec des ceintures, des casques, des garde-fous un peu partout et de l’autre on leur met entre les mains des petits bolides pouvant atteindre 50 km/h… Il est si difficile, adolescents, de leur refuser un scooter ! Tous les parents savent combien on tremble pour eux de les savoir si vulnérables dans la circulation. Pourquoi les mettre si petits en selle sur une mini-moto, certes pas autorisée à rouler sur route, au risque de les voir foncer dans le mur ou dans un arbre de la propriété ?
Dylan savait-il compter jusqu’à cinq ? On ne le saura jamais.
Nous étions à un récital de poésie hier soir lorsque la nouvelle tomba : Jean Ferrat est mort !
Instantanément, mon enfance me remonta à la gorge car ma soeur, de sept ans mon aînée, me chantait souvent « Ma Môme », « Deux enfants au soleil », « Pauvre Boris », etc. C’était ma récompense pour avoir été gentille… Autant dire que cela n’arrivait pas souvent, mais comme ma soeur adorait chanter Ferrat, elle me donnait bien vite l’absolution en chansons !
Et comme j’étais plutôt rebelle, un poète censuré ne pouvait que m’intéresser ! Quarante ans plus tard, j’écoute toujours Jean Ferrat avec grande émotion. Sa mort n’y changera rien car il est de ceux qui resteront dans la mémoire collective.
Quelques heures après la mort du lugeur géorgien, Marie Dorin remportait la première médaille pour la France, le bronze en biathlon.
Une jeune femme lumineuse qui éloigne de Vancouver le visage sombre de la grande Faucheuse…
Les J.O. n’avaient pas encore officiellement commencé que le jeune Géorgien Nodar Kumaritashvili, 21 ans, rencontrait la mort sur la piste de luge. Lancé à 140 km/h lors d’une séance d’entraînement, le jeune lugeur sort de la piste et heurte un poteau métallique. Il meurt au cours de son transfert à l’hôpital.
Alors que sur le lieu du tremblement de terre en Haïti les cadavres se comptent par milliers, un enfant est né ! Sa mère, gravement blessée, prise en charge par la marine américaine, attendait avec d’autres blessés l’arrivée de l’hélicoptère qui devait les évacuer vers un hôpital. Au moment de monter dans l’appareil, prise de violentes contractions, elle accouche sur le pont du bateau d’un petit garçon.
Moi qui doute si souvent de l’humanité des hommes, cet élan international vers Haïti me réconforte, et la force de la nature me stupéfie.
Que ce bambin soit le bienvenu dans ce monde si brutal et si beau !
C’était un mardi. J’avais quitté le bureau comme d’habitude vers 16h30. Sur le chemin du retour, j’écoutais toujours la radio, une émission animée par Laurent Ruquier et ses chroniqueurs qui ne manquaient pas d’humour… plus ou moins lourd… Lorsque je tournai le bouton, j’entendis qu’un avion avait percuté une tour à New York… Je me dis qu’ils y allaient un peu fort ! Puis je compris que c’était vrai, que l’émission avait été interrompue et remplacée par un flash d’information en direct de Manhattan. Ce que j’entendais dépassait toutes les fictions.
Arrivée à la maison, je me ruai vers le poste de télévion, talonnée par notre labrador qui ne comprenait pas mon inhabituel désintéressement pour sa personne. Les images étaient à la hauteur des commentaires entendus à la radio. C’était inimaginable. L’émotion était immense. N’en pouvant plus devant ce spectacle d’apocalypse, j’avais appelé mon amie qui travaillait encore.
Je ne parvenais pas à me détacher du téléviseur. Tout cela paraissait tellement incroyable, tellement… hollywoodien !… Huit ans plus tard, en revoyant les images, l’émotion est toujours aussi vive. Quant aux hypothèses avancées sur une possible orchestration de ces attentats par l’administration Bush… cela laisse… perplexe… Réels sont bien les milliers de morts victimes de ces deux attaques spectaculaires.
C’est aujourd’hui la rentrée des classes pour les enfants des maternelles et du primaire. C’est donc un grand jour pour notre petit voisin Zacharia qui entre en première année de maternelle. Quand je vois le bambin rêveur, assis dans son petit fauteuil de jardin, agiter sa petite main quand il me voit, je me dis qu’il quitte un nid douillet, un cocon de douceur, pour une arêne où les fauves et les requins se disputent la première place, et cela pour les vingt années à venir… Et au terme de sa scolarité, il entrera dans le monde non moins cruel de la vie active.
Ah Zakou, je te plains de devoir quitter ton petit univers où tu vivais tranquillement, même si tu t’y ennuyais un peu (dixit ta maman) quand tes frères et soeurs se trouvaient à l’école ! Je te trouve bien tendre, petit bonhomme à peine bien planté sur tes jambes, pour te confronter à la dure réalité des cours d’écoles… Mais il paraît que c’est la vie !… Alors je te souhaite une belle rentrée, une belle première rentrée, la plus difficile, la première de tant d’autres. Tu vas faire connaissance de gamins et gamines aussi impressionnés que toi et surtout, tu vas apprendre de nouveaux jeux, tu vas écouter de nouvelles histoires, tu vas tenir de nouveaux petits livres entre tes mains : le début de la découverte sans fin d’un monde vaste et infiniment riche : la culture.
Une fillette de onze ans est décédée suite à un accident d’hydrospeed.
Une dizaine d’enfants participaient à cette activité organisée par un centre de vacances, seulement encadrés par un professionnel et un stagiaire de 19 ans. Ce dernier a été mis en garde à vue avec le directeur du club nautique. Comment peut-on confier dix enfants pour une activité sportive à haut risque à deux adultes dont un seul professionnel ? L’économie de personnel qualifié a-t-il coûté la vie à cette petite fille ?
Combien d’accidents faudra-t-il pour que nos enfants soient correctement encadrés par des professionnels compétents, sachant que le risque zéro n’existe pas ? Au-delà de la mort de l’enfant dans des conditions aussi scandaleuses, comment le jeune homme, partiellement et indirectement responsable du drame, va-t-il pouvoir vivre avec ce poids sur la conscience ?
La première journée est toujours un cadeau
Offert aux travailleurs de France et de Navarre,
Et les brins de muguet dérident le badaud
Lorsque le ciel de bleu se montre trop avare.
Car malgré le printemps et son heure d’été,
La météo n’est pas encore à la clémence,
Et le gel sait punir avec méchanceté
Ceux qui n’ont pas voulu protéger la semence.
Qu’importe cependant ! partout naissent des fleurs !
Si le crocus se meurt, vive la primevère !
Dans la nature en fête éclatent les couleurs
Et le vent nous les conte, inlassable trouvère.
Sous le rose organdi d’un pommier du Japon,
Un couple de moineaux chante l’amour volage,
Celui des séducteurs dont le regard fripon
Aime à se faufiler sous le mince corsage.
(Ecrit le 16 avril 1998)
J’ai toujours refusé de croire en vos paroles
Quand vous disiez souffrir juste après le plaisir
Pris sur un corps d’enfant que vous aimiez choisir
Parmi ceux qui suivaient le chemin des écoles.
Vous saviez chaque fois me convaincre en douceur
De venir avec vous, sans autre violence
Qu’acheter bon marché le prix de mon silence,
Vos humides baisers me soulevant le cœur.
Derrière l’écran noir de mes paupières closes,
J’imaginais vos doigts défaisant lentement
Les lacets, les boutons de chaque vêtement,
Retardant les sommets de vos apothéoses.
Votre souffle rapide effleurait mes cheveux ;
Transi, je respirais l’odeur de vos mains moites
Explorant mes accès, ouvertures étroites
Où glisser malgré tout votre membre nerveux.
Vos râles écœurants me devenaient mesure
Pour calculer le temps jusqu’à ce point final
Qui délivrait ma peau du contact infernal,
Mais rougie aux endroits de quelque déchirure.
Après le rituel répugnant du kleenex,
Vous donniez des conseils sur l’attitude à prendre,
Avec des arguments que je croyais comprendre ;
Me quittant vous posiez sur ma bouche un index.
Je n’ai jamais rien dit, je n’ai pas fait de peine,
J’ai gardé le secret, ma honte et ma douleur ;
Vous voyant retraité, Monsieur l’instituteur,
Je voudrais bien savoir si le remords vous gêne.
Mais lorsque je répète à des petits garçons
Les mots qui, criminel, ont brisé mon enfance,
Je ressens vos élans et la même souffrance,
Un émoi similaire, identiques frissons.
(Extrait de mon recueil Rouge et Noir Eden)
PS : mon propos n’était bien évidemment pas de stigmatiser le corps enseignant dans son ensemble. L’instituteur est ici victime de la rime !…
Les Rim’ailleurs étaient hier au théâtre Mon Désert à Nancy. Une trentaine de spectateurs avaient bravé le froid polaire pour venir les voir et surtout les écouter. Florent Noblot clame les vers de Prévert et Loujé l’accompagne à la guitare. Exceptionnellement, une artiste andalouse était présente aux percussions.
Une soirée très intense en émotions.
Pour en savoir : www.myspace.com/lesrimailleurs
Pas de droits sur l'album 92290
Hier avait lieu au Palais des Congrès la remise des diplômes des élèves du CESI (Centre des Etudes Supérieures Industrielles) de Villers-les-Nancy en même temps que les 50 ans de cette école.
Stefan, technicien supérieur en maintenance informatique, faisait partie des 130 étudiants distingués.
Après des discours un peu longs, le défilé des jeunes gens commença. Pour la circonstance, ils avaient revêtu la toge (jaune, bleue ou rouge selon la spécialité) et la célèbre coiffe. Après la cérémonie, les étudiants se livrèrent au traditionnel lancer de chapeaux.
Un instant très émouvant. J’étais très fière de mon fils, superbe dans son costume.
Pas de droits sur l'album 88033
Pendant la nuit, sans bruit, les flocons ont paru
Et valsé dans le ciel avant de toucher terre,
La recouvrant bientôt jusqu’au moindre parterre
D’un mince tapis blanc de nul pas parcouru.
A l’aube cependant le silence est sublime :
La ville a revêtu son manteau virginal,
Et chacun découvrant ce décor hivernal
Est saisi malgré soi d’un respect légitime.
Parfois le vent s’amuse à frôler dans le parc
La cime des sapins frissonnant sous le souffle ;
Le pied d’un banc chaussé d’une étrange tantoufle
Réconforte un rameau recourbé comme un arc.
Moi, si j’étais la neige, à partir de novembre
Je tomberais sans cesse avec l’espoir diffus
De semer un émoi dans ton regard confus,
Au risque de périr sur le seuil de ta chambre.
(Extrait du recueil Amours Multiples)
Quand on travaille pour son compte, on échappe à la hiérarchie, parfois difficile à supporter. En revanche, on a affaire directement aux clients, et là, contrairement à ce que font certains employés, on ne peut pas les envoyer balader, même les plus fatigants.
Ma philosophie de travail est qu’il n’y a pas de « petits » clients et j’essaie donc de les traiter tous avec le même sérieux et le même respect, même celui que j’ai surnommé Monsieur Sixeuros parce que toutes ses commandes n’excèdent pas six euros… Il faut malgré tout à chaque fois lui adresser un devis, négocier une remise (!) et exécuter sa commande en urgence !
Mais il y aussi les gentils, comme ce petit-fils d’un nonagénaire dont j’écris actuellement la biographie. Je recule de semaine en semaine l’envoi du manuscrit pour accord en raison de « petites » commandes non prévues que je ne peux cependant pas refuser. Ce jeune homme est un parangon de patience, de compréhension et de gentillesse !
Ou bien encore mon client fétiche, le premier à m’avoir fait confiance quand j’ai décidé de me mettre en profession libérale et qui vient de me donner un sac plein d’oranges amères qu’il était allé cueillir le week-end dernier dans le Sud. Les oranges, mais surtout le geste, me donnent raison d’avoir tenté l’aventure et de la poursuivre.
Ce soir, j’ai fait grâce au GAM, qui présentait La Chanson du Mal-Aimé, le poème de Guillaume Apollinaire rendu populaire par Léo Ferré, un saut en arrière de 35 ans. Adolescente rebelle, j’écoutais alors Léo Ferré en boucle et parce que cela agaçait ma mère, je récitais ses textes que je connaissais par cœur en la regardant compter les liasses de billets de banque de son tiroir-caisse…
Puis j’ai fini de grandir, j’ai trouvé un boulot, me suis mariée, fait un enfant. J’avais rangé tous mes disques de Léo l’anar dans un carton. Ce soir, tout est remonté à la surface…
Pour lire le compte-rendu du spectacle, cliquer sur l’onglet « Spectacles » ou sur http://www.toutnancy.com/generation-v2/index.php?first=1&iddom=2&idpage=137852&t=GAM%20:%20Léo%20Ferré.
Pas de droits sur l'album 82523
Voici venus l’automne,
Le vent qui tourbillonne,
Le jardin qui frissonne
Et le chat qui ronronne.
Les arbres bientôt nus
N’entendent déjà plus
Les sifflements aigus
Des oiseaux disparus.
Une maison s’allume,
Lanterne dans la brume,
Et la cheminée fume
Tout doux comme une plume.
Le soleil quelquefois
Plus vif qu’un feu de bois
Illumine les toits
Et réchauffe les doigts.
Saison de couleurs fauves
Et de nuages mauves,
Sais-tu quand tu te sauves
Que les monts restent chauves ?
(extrait de mon recueil « Dessine-moi un poème »)
Pour illustrer ce poème, quelques photos de Monique prises aujourd’hui sur les bords de l’étang de Méréville.
Pas de droits sur l'album 76440
Il y a quelque temps, j’avais mis dans ce blog la photo de « l’amour en cage » en face d’un poème éponyme.
Au printemps, la fleur était apparue dans son enveloppe blanchâtre. Puis elle avait viré à l’orangé vif en forme de lampion. On devinait à l’intérieur le fameux coeur emprisonné… Les brumes matinales, prémices d’un précoce automne, ont contribué à la métamorphose de l’alkékenge. De l’enveloppe orange, il ne reste plus que la forme et la trame. Dans sa fragile prison de fils grillagés, le petit coeur est bien visible. Gourmandise des oiseaux, il ne tardera pas à disparaître…
Ci-dessous des photos prises par Monique qui a su mettre en scène cette curiosité de la nature.
Il y a sept ans avaient lieu des attentats terroristes aux USA : quatre avions sont détournés. Deux heurtent les tours jumelles du World Trade Center, le troisième le Pentagone et le quatrième s’écrase en rase campagne.
Au moment de la catastrophe, je rentrais du bureau. J’avais d’abord cru à un canular dans l’émission de Laurent Ruquier dont les chroniqueurs ne manquent pas d’imagination. Mais non, ce n’était pas une blague.
Arrivée à la maison, Lorca m’accueillit, chaleureusement comme d’habitude. A la télévision, je découvris les images dignes d’un film catastrophe. Monique travaillait encore et, ce jour-là, elle était d’après-midi. Je lui téléphonai pour lui faire part de ce qui se passait.
Voici ce que ces évènements m’inspirèrent, extrait de mon recueil « Mémoires d’un labrador » édité en 2003 :
« Ce soir, Zaza est rentrée en coup de vent, se précipitant dans son bureau sans faire attention à moi. Pas un regard, pas un mot tendre, pas une caresse. C’est assez rare pour que cela m’inquiète. Que se passait-il donc de si grave ? Elle alluma la télévision et je sautai dans le fauteuil en rotin tandis qu’elle prenait place à son bureau. Sur l’écran, on voyait des immeubles s’effondrer, une épaisse fumée noire obscurcir le ciel, des gens courir dans tous les sens. Le téléphone retentit. Tétanisée par les images qu’elle regardait, Zaza se dirigea vers l’appareil comme un automate.
- Oui, dit-elle. J’ai entendu la nouvelle à la radio sur la route et je suis en train de regarder. C’est un spectacle hallucinant. Les deux tours gigantesques du World Trade Center n’existent tout simplement plus. Deux avions se sont encastrés à tour de rôle dans chacune d’elles.
Elle se tut quelques secondes.
- Il y aurait des milliers de personnes dans ces immeubles au moment de la catastrophe. Ce ne sont pas des accidents, il s’agit bel et bien d’attentats terroristes. Je ne sais pas si tu peux imaginer ce qui se passe là-bas. C’est hallucinant. On se croirait devant un film de science fiction ; tu sais, un de ces films catastrophes dont les Américains sont les spécialistes, avec des effets spéciaux extraordinaires. Seulement là, pas besoin d’effets spéciaux, c’est la réalité, les journalistes n’ont qu’à tenir leur caméra et appuyer sur le bouton d’enregistrement.
Zaza garda le silence durant de longues minutes puis demanda d’une petite voix :
- Chérie, quand rentres-tu ?
Puis elle s’assit de nouveau et fixa l’écran qui continuait à diffuser ces images d’apocalypse. Pour la tirer de sa prostration, je commençai à « miauler » comme elle dit, de plus en plus fort puisqu’elle ne se décidait pas à bouger. Alors elle tourna la tête vers moi, me regarda comme si elle découvrait seulement ma présence, se leva, s’agenouilla et posa son front contre le mien.
Mamine rentra et, à son tour, se figea devant le téléviseur. Même le gamin se taisait.
- Quels que soient les reproches que l’on puisse faire au gouvernement américain sur sa politique et son comportement dans les différents conflits mondiaux, son peuple ne méritait pas une vengeance aussi criminelle, prononça Zaza d’une voix qu’altérait la consternation.
- Bien sûr, répondit Mamine, mais il ne faut jamais humilier des hommes ; or les Américains se sont souvent pris pour des justiciers et n’ont pas hésité à imposer l’embargo au-delà du raisonnable et réduit des populations à la misère.
- Certes, renchérit Zaza, mais voir ces dizaines de milliers de gens innocents périr dans de telles conditions, c’est…
Dans ces moments d’horreur indescriptible, en ces instants de folie meurtrière, je suis fière et soulagée de n’être point un être humain.
- Devant ce drame, déclarait un homme, nous sommes tous concernés, nous sommes tous américains.
Ah non ! moi, je serais plutôt canadienne ! »
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