En mémoire aux déportés, cet oratorio pour solistes, choeur et orchestre composé par Pierre Cholley démarre par la célèbre chanson de Jean Ferrat : « Nuit et brouillard » puissamment interprétée par Claude DARBELLAY.
Le titre fait référence aux « rouleaux d’Auschwitz », ces manuscrits écrits par les déportés, enterrés au péril de leur vie et déterrés deux mois après la libération du camp d’Auschwitz par les troupes soviétiques.
François LEGEE, directeur de l’ensemble choeur et orchestre Gradus ad Musicam (GAM), présente l’oeuvre au public.
Claude DARBELLAY, baryton.
Delphine LAMBERT, mezzo-soprano.
Jean-Luc MICHEL, récitant.
J’ai rêvé tellement fort de toi,
J’ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu’il ne me reste plus rien de toi.
(Le Dernier Poème – attribué à Robert Desnos, poète français mort au camp de Terezin)
Nul oiseau ne chante
dans la forêt morte.
Le brouillard file,
Le froid en nous ruisselle.
La nuit est aveugle,
Le jour est gris.
Où donc un enfant ?
Où donc une femme ?
Dans les hêtres funèbres,
Les sarcasmes du vent…
(« Saisons à Buchenwald » de Franz Hackel, résistant allemand déporté à Dachau puis Buchenwald)
Et quand la nuit de paix descendit,
Elle perçut un gémir de détresse…
Elle tordit ses mains en muette peine
Chaque étoile devint une larme.
(« La Nuit » de Ferdinand Reumann, Allemand déporté à Buchenwald).
Ecoute Maman, je vais te raconter
Ecoute, il faut que tu comprennes
Lui et moi on n’a pas supporté
Alors on s’est battu
Alors on a perdu.
Ecoute Maman, il faut que tu comprennes
Ecoute, ne pleure pas…
Demain sans doute ils vont nous tuer
C’est dur de mourir à vingt ans
Mais sous la neige germe le blé
Et les pommiers déjà bourgeonnent
Ne pleure pas
Demain il fera si beau !
(Extrait de « A ma Mère » de Giselle Guillemot, résistante, internée à Fresnes, 1943)
Non, vous n’aurez rien de moi
Ni ma douleur ni ma joie
Ma douleur elle est à moi
Et ma joie à toute la terre.
(Extrait de « Fresnes » de François Vernet, déporté à Dachau)
Ceux dont le froid a raidi les os
Ceux dont la faim a creusé la poitrine
Et griffé les entrailles
Ceux que la maladie a couchés pantelants
Ceux que le travail use
Et que les coups achèvent.
(Extrait de « Dessin » de Paul Goyard, Buchenwald, mars 1945)
Dors pour l’oiseau bête qui chante
L’azur que tu n’as pas connu.
Va ! Les étoiles sont méchantes :
Le temps du crime est revenu.
Dors pour l’été qui m’horripile
Avec ses fleurs en grand pavois.
Pour le soleil, cet imbécile
Qui sourit à n’importe quoi.
Dors pour la neige, cette farce
Des morts vêtus d’un blanc exquis.
Dors pour la lune, cette garce
Qui couche avec n’importe qui.
(Extrait de « Berceuse pour les enfants d’Europe – Anonyme)
Des miroitements sautillants
Légers comme des charmes fragiles
Monde câlin et net.
Sèche tes larmes,
Ouvre tes mains,
Laisse venir le vent.
Des plumes aquatiques dansent.
Un parfum très long
Est-ce encore le tien ?
(« Berges » d’Yves Darriet, déporté à Buchenwald)
Parfois je viendrai dans ton sommeil
Comme un visiteur inattendu et lointain
Ne me laisse pas, toi, dehors sur la route,
Ne verrouille pas pour moi les portes.
J’entrerai sans bruit
Et je m’assiérai doucement,
Les yeux fixés dans les ténèbres
Sur ton visage.
Et quand je t’aurai regardé
A m’user le regard
Je t’embrasserai
Et je m’en irai.
(« Poème d’adieu » de Nicolas Youkov Vapzarov)
Pour tout ce qu’on dit pas
Pour la haine et les remords,
Pour les fusillés en tas,
Pour les mains mortes des morts.
(« Prière » d’Edith Thomas)
François LEGEE remercie Pierre CHOLLEY (avec l’écharpe rouge)
Un concert de presque deux heures, porteur d’une grande émotion.
Merci aux artistes du GAM pour ce grand moment musical dédié à la mémoire de celles et ceux qui ont vécu l’horreur des camps nazis et qui ont eu la force de témoigner, au péril de leur vie, pour qu’un jour le monde sache ce qui s’était passé.
Pour voir toutes les photos, réalisées par Monique COLIN, cliquer sur l’album ci-dessous :
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