Dans le cœur de Kaboul, sous la chaleur torride,
Des ombres sans visage effleurent le trottoir,
Couvertes en plein jour d’un épais voile noir
Pour cacher le profil de leur poitrine aride.
Mais aux mains d’un époux, leur corps devient objet
De plaisir ; quand bien même il accueille en son ventre
Le fruit de cet assaut, il sera toujours l’antre
Du mâle en rut trahi par chaque nouveau jet.
Rabaissée au niveau de simple marchandise,
Une forme entre dans un coffre non vitré
De voiture sous l’œil d’un journaliste outré
Qui répète sans cesse : « il faudrait qu’on le dise ! »
De vos regards baissés, femmes d’Afghanistan,
Jaillit un désespoir que je ne sais dépeindre
Et s’il parvient un jour, malgré tout, à s’éteindre,
C’est que vous l’aurez tu, l’espace d’un instant.
Car la mort apparaît comme l’unique issue
À nombre d’entre vous qui subissez l’horreur
Pour avoir osé mettre un habit de couleur,
Pour un petit morceau de peau nue aperçue.
(Extrait de mon recueil de poèmes intitulé « Rouge et noir Eden – Prix Stephen Liégeard 2013″)
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