- Accueil
- > Archives pour le Mercredi 8 mai 2013
Archive journalière du 8 mai 2013
Philippe Guibert, énarque, haut fonctionnaire, membre éminent de la commission de Bruxelles, n’est pas peu fier de sa réussite, s’interdisant par ailleurs de s’interroger sur son passé et notamment celui de ses parents. Fils de résistant dont l’épouse a refusé d’accoler le nom de guerre au sien, Philippe a avancé sur son chemin pour atteindre le sommet et la considération qui l’accompagne.
Quand il rencontre Lisa Romano, historienne italienne spécialisée dans le Moyen Âge vénitien, enseignante dans plusieurs universités européennes, il est ébloui par le regard de cette jeune femme beaucoup plus jeune que lui. Lisa se donne sans conviction mais, le jour de l’enterrement de son père qu’elle chérissait et admirait plus que n’importe qui d’autre, elle demande à Philippe de l’épouser.
Avant lui, la jeune femme a vécu une relation passionnelle avec un journaliste grec, également beaucoup plus âgé qu’elle. Alors elle n’est pas étonnée de ne rien ressentir avec Philippe, de se dématérialiser de son corps pour observer avec froideur leurs ébats où seul son mari s’agite et crie avant de retomber sur le côté, épuisé et heureux. Lentement, leurs relations se dégradent. Lisa ne supporte plus son époux et le monde qu’il incarne ; tout lui semble superficiel, artificiel, hypocrite. Philippe quant à lui ne s’intéresse pas aux travaux de son épouse qu’il juge sans intérêt puisque ancré dans le passé ; lui est un homme d’avenir, un bâtisseur de l’Europe ! Alors que Lisa s’éloigne de plus en plus, Philippe s’accroche ; plus elle le traite en un petit garçon capricieux, plus il s’attache. Et l’on assiste à la lente dégringolade de cet homme politique qui redevient, dans sa vie privée, ce qu’il n’a jamais cessé d’être : un enfant apeuré par le regard des femmes, en demande permanente d’amour et d’admiration. Lisa, qui a vécu dans le regard de son père, ne peut comprendre cet homme ambivalent.
Le jour où Vassos, son ancien amant grec, décide de publier un livre sur le père de Philippe, tout bascule.
Un livre très bien écrit, bien sûr, dont le propos est parfois un peu difficile en raison des incessants retours en arrière, mais qui laisse, quand on le referme, un goût amer dans la bouche. Soit on se réjouit de constater que les hommes politiques sont des êtres humains comme vous et moi, tourmentés par les affres de l’amour, soit on est effrayé de voir que des êtres au profil psychologique aussi fragile sont au pouvoir et prennent des décisions importantes pour le quotidien de chaque Européen.
A lire, même si le livre n’est pas nouveau, il est toujours d’actualité !
Commentaires récents