J’ai appris ce soir le décès d’un client. Je travaillais pour lui depuis juin 2004, deux à trois demi-journées par semaine. Il était mon premier client, celui qui m’a mis le pied à l’étrier et qui m’a permis, par la régularité de ses besoins, de démarrer puis de maintenir mon activité indépendante.
Fin juillet dernier, de retour de ses vacances, il m’avait annoncé sa maladie et ses espoirs de guérison du fait d’un diagnostic précoce.
Une fois le traitement par chimiothérapie en place, je l’ai vu très rapidement se dégrader. Alors âgé de 68 ans, il était encore bel homme ; en l’espace de trois semaines, il s’est transformé en vieillard qui marchait courbé à pas menus… Une pause dans le traitement a permis qu’il reprenne du poids et belle figure ; il était presque redevenu le monsieur que j’avais toujours connu. Puis après les fêtes de fin d’année et le début d’une nouvelle phase de traitement, son état s’est de nouveau dégradé.
Malgré tout, il continuait à travailler en dépit des risques. Une fois, il est tombé de sa chaise de bureau. Incapable de se relever seul, j’avais dû l’aider… Très vite son état empira. Il maigrissait et perdait des forces, ses joues se creusaient, ses yeux s’enfonçaient dans les orbites… Et pourtant, il travaillait toujours même s’il avait un peu ralenti l’activité et je me demandais combien de temps il allait encore tenir… En mars, je ne l’ai guère vu ; il dictait le courrier et comme j’avais depuis toujours les clefs du cabinet médical, je tapais les lettres en son absence. Durant le mois d’avril, il m’a décommandée deux fois, s’excusant de me prévenir à la dernière minute, mais il n’avait pas eu la force de dicter…
La dernière fois que je l’ai vu, mi avril, il était très mal en point et j’attendais chaque jour un appel me disant qu’il cessait son activité.
Ce coup de fil arriva vendredi dernier. Il me demandait de taper les derniers courriers qu’il avait dictés, avec bien du mal tant le souffle lui manquait. Il y avait des photocopies à faire, des dossiers à ranger. Il avait enregistré un message téléphonique expliquant sa cessation d’activité. Il me demandait de laisser les clefs dans la boîte aux lettres et me remerciait pour toutes ces années de travail pour lui. Il me promettait même de parler avec des confrères afin que je n’aie pas à souffrir de sa brutale décision d’arrêter de travailler.
Dans l’après-midi, son épouse m’appela ; elle pleurait… J’étais triste, malgré ma volonté de ne pas développer de relations affectueuses avec aucun de mes clients. Mais le coeur souvent n’écoute pas la raison…
Ce soir, j’ai reçu un sms pour m’annoncer le décès de mon client. Putain de cancer !
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Archive journalière du 29 avr 2013
Le 29 avril 1899 naît Edward Kennedy Ellington, dit Duke, compositeur et chef d’orchestre américain de jazz.
Il prend la direction de l’orchestre des Washingtonians qui devient le Duke Ellington Orchestra. Vedette du Cotton Club de Harlem, il développe le style dit «jungle».
Également pianiste, il est l’un des grands créateurs du jazz, alliant la composition à l’improvisation.
Il décède à New-York en 1974.
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