Laurent Brenterch, natif d’Ouessant, petite île bretonne au nord-ouest du Conquet, à une vingtaine de kilomètres du continent, est revenu d’Amérique où il a combattu avec d’autres Ouessantins dans la guerre d’Indépendance. Nous sommes en effet un peu avant la Révolution et les « Américains », comme on appelait ceux partis se battre de l’autre côté de l’océan, bénéficient d’un certain prestige. Mais Laurent, surnommé Miserere, soucieux de faire découvrir les bienfaits de la pomme de terre à ces concitoyens en plantant son propre jardin, est cependant désavoué par le recteur de l’île. En effet, célibataire endurci, l’homme repousse Françoise Méar, veuve et mère de trois jeunes enfants.
En raison des naufrages, l’île d’Ouessant, comme toutes les autres îles, a une forte population féminine : de nombreuses veuves bien sûr, plus ou moins jeunes, et des filles en attente de mariage. Laurent Brenterch, homme courageux, fort et intelligent, est donc très convoité depuis son retour. Son attitude hostile au mariage, que ces compagnons risquent d’imiter pour plaire à leur chef, risque de mettre en danger l’équilibre démographique de l’île. Aussi Monsieur Hamon, le recteur de l’île, se voit-il contraint à excommunier ce paroissien rétif pour frapper les esprits et faire réfléchir les hommes en âge de repeupler cette terre.
Outre sa résistance à une vie matrimoniale, Laurent Brenterch incarne le désir du changement et d’amélioration des conditions de vie des îliens ; en même temps, cette tendance à la modernité se heurte à la tradition du pillage des bateaux naufragés.
Autant « Un recteur de l’île de Sein » m’avait ennuyée, autant la lecture de ce roman m’a intéressée – non pas passionnée mais presque – par le personnage central tout en contraste que plante l’auteur dans un décor grandiose où l’on entend les vagues se briser sur les falaises.
L’écriture est belle, les formulations parfois un peu complexes et l’histoire très éloignée de nos réalités, mais le roman est intéressant.
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