Lorsque Laure accepte enfin de se faire hospitaliser, elle a atteint le seuil limite du poids viable. Elle a vingt ans et, en acceptant la main tendue du Docteur Brunel, elle sait bien qu’elle a renoncé à mourir. Cependant, le chemin vers la renaissance sera long et rien, elle ne l’ignore pas, ne sera jamais acquis.
Laure est anorexique. Elle ne se force pas à vomir ; elle refuse de manger. Progressivement, elle a appris à maîtriser son corps, à puiser dans l’abstinence une force spirituelle qui la rend invincible. Jusqu’au jour où elle a commencé à vaciller dans la rue, à faire peur aux gens qui détournaient la tête après l’avoir dévisagée comme l’avaient fait avant eux ceux qui voyaient revenir des camps de la mort des squelettes ambulants.
En entrant à l’hôpital, dans le service du Docteur Brunel, Laure accepte le protocole : la nourriture solide, la nutrition entérale, les suppléments, les pesées. Petit à petit, les kilos se fixent sur ses os. Mais le processus
est lent et douloureux. Plus le personnel médical se montre satisfait de ses progrès, plus la jeune femme souffre dans ce corps qui lui semble étranger, hideux dans son enveloppe graisseuse… Dans l’unité du Docteur Brunel, elle côtoie d’autres femmes anorexiques, mais aussi des obèses qui luttent comme elle contre les kilos. L’incompréhension est totale et réciproque. Il est aussi difficile pour les uns de maigrir que pour les autres de grossir.
Alors qu’elle approche de la barre des cinquante kilos, l’objectif fixé par l’équipe médicale pour autoriser la sortie de la jeune femme, Laure peine à acquérir les derniers kilos. Elle n’en peut plus d’être gavée comme une oie !
Ce petit livre, édité sous un pseudonyme en 2001, est le premier ouvrage de Delphine de Vigan. Elle en parle dans son dernier roman « Rien ne s’oppose à la nuit », dans lequel il était aussi beaucoup question de ses rapports avec sa mère…
Un livre dur, incisif, sans complaisance. Classé dans les romans, il s’agit bien d’un témoignage…
j’ai lu ce livre, c’est effrayant
Ca fait peur, ces « maladies ». On voit parfois des femmes si maigres, courir le long du canal ! Quelle souffrance !