Notre société repose sur une base fragile, pas du tout antisismique, et nos vies sur laquelle elles reposent sont par conséquent soumises aux multiples tremblements qui les agitent. L’argent est le maître de notre société. Sans lui, nous ne sommes rien aux yeux des autres. Alors bien sûr, il faut travailler, cela va de soi, pour avoir droit à la sécu, à la location d’un logement, aux prêts bancaires. Alors que se passe-t-il quand soudain, par la faute des actionnaires mécontents, une entreprise ferme ses portes ? Eh bien on est au chômage et là, très vite, tout peut basculer. On perd son appartement, on perd tous ses « droits », on perd son estime et sa dignité et parfois même la vie.
« Là, en bordure d’un supermarché, je le vois. Il est assis en tailleur sur le trottoir, avec une boule de poil (un petit chien adorable) au creux de ses jambes. Je l’observe intensément, quelque chose me gêne. Il est à l’écart des autres. Je fixe mieux, il est jeune, j’ai un pincement au cœur… l’âge de mes fils, peut-être un peu moins. »
Parfois c’est la maladie qui vous tombe dessus. Si vous avez de la chance, c’est un truc bien méchant mais bien connu, genre un bon gros cancer contre lequel les spécialistes ont élaboré un protocole :
« Une maladie, une vraie, répertoriée, rien que le nom ça fout des angoisses !!! »
mais parfois, c’est une maladie sans père ni père, à peine a-t-elle un nom :
« Maladie orpheline. Là le nom ne vous dit rien, et pour cause !!! »
Pour le réconfort, on pourrait croire qu’il y a l’Eglise et ses représentants, ces braves curés qui ne connaissent rien de la vraie vie mais tancent les ouailles sans rire :
« Lui, l’homme d’Eglise, drapé dans ses tissus car il faut un uniforme pour cacher la bêtise ! »
Ce livre n’est ni un roman ni un recueil de nouvelles ou de poèmes. C’est un recueil de pensées en prose duquel la poésie n’est pas exclue. Dès les premières phrases, le style est déroutant. Moi qui aime les longues phrases alambiquées de Proust, les imparfaits du subjonctif de Stendhal, le démarrage a été un peu rude. Par principe et surtout par amitié, j’ai poursuivi. Plus j’avançais, plus je m’habituais. J’ai accepté la forme pour me concentrer sur le fond. Et comme tout est dit avec humour, ça passe ou plutôt, ça secoue sec, ça remue, ça ébranle ! Car Jeannette ne fait pas dans la dentelle, elle n’y va pas par quatre chemins, elle n’appelle pas une vache une biche. Que du bon sens qui fait parfois froid dans le dos et rougir de honte car nous participons à l’absurdité du système. Alors entre deux textes bien cinglants, une petite histoire pleine de douceur et de poésie pour nous rassurer… Ouf ! tout va bien, la vie est belle !
231 pages d’humanité qui ne vous laisseront pas indifférents !
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