Quand je ne serai plus, dans un siècle ou demain,
Je voudrais que la lune éclabousse la ville
Pour me permettre encore un signe de la main
A ceux que j’ai chéris, puis m’en aller tranquille.
Que l’on n’achète pas un somptueux cercueil
Pour servir de cellule à ma triste dépouille ;
Une boîte en bois brut lui fera bon accueil
En dépit de ses nœuds et des taches de rouille.
Ne m’enterrez jamais sous un bloc de granit
Et ne jetez sur moi ni gerbe ni couronne,
Mais que dans votre cœur une place au zénith
Me soit toujours gardée à l’abri de l’automne.
Commandez-moi les chants de quelques angelots
Pour m’aider à franchir le pont vers l’autre rive ;
Une larme de rose, un bouquet de sanglots
Me sont des vœux trop chers pour que je les écrive.
Laisserai-je à mon fils, sans aucun testament,
Ces feuillets reliés pour unique héritage,
Quatre recueils de vers, le début d’un roman,
De l’instinct maternel singulier témoignage ?
J’aurai passé ma vie à fabriquer l’amour
En poésie, en prose, avec la certitude
D’avoir trompé le monde et moi-même à mon tour
De peur de rencontrer bassesse et turpitude.
Quand je ne serai plus, dans un siècle ou demain,
Lorsque mon corps sera redevenu poussière,
J’aimerais que mon âme évite le chemin
Vers l’oubli, de la mort la mère nourricière.
(Zaz – Extrait de mon recueil « Hallucinations » publié en 2000)
Ce texte fait écho au poème de Jeannette, avec toute mon amitié pour ce partage.
Très beau poème.
En fait tu me laisse bien plus, quelque chose de non palpable mais qui n’a pas de prix. Je n’ai jamais manqué d’amour et d’affection et t’en remercie.
Bisous.
Merci mon garçon ! C’est difficile d’élever un enfant seule sans s’oublier soi-même. Alors tes mots me rassurent, même si le doute persistera toujours d’avoir raté quelque chose.
Vous réussissez à me tirer des larmes. Aï, aïe, aïe !!!
Plus sérieusement, bien que ma première phrase l’était, sérieuse : Voilà comment Jeannette et toi savez si bien écrire ce que l’on ressent. Heureusement que poétes et écrivains existent pour écrire des mots, des textes que l’on peut ensuite s’approprier…
Je considère en effet que c’est un des devoirs, et non des moindres, du poète et de l’écrivain, de mettre ses mots à la disposition de ses lecteurs et s’ils se les approprient, alors tant mieux !
et bien merci….
je suis surtout contente de voir ZAZ nous poser un de ses poèmes…
je vous l’ai dis, j’ai été surprise de voir des sujets que nous abordions chacune d’une façon différente…
bien sur sa façon de manier le verbe (je l’ai déjà dis) n’a rien à voir avec moi, mais comme elle je pense sans mes mots je ne serais plus rien
Jeannette, c’est tout le charme de l’écriture : aborder un même sujet de façons différentes et tomber d’accord sur le fond.
Toi et moi manions les mots à notre façon, mais l’essentiel est que cette action si solitaire qu’est l’écriture mène finalement au partage. Souvent, dans un premier temps, on écrit pour soi, mais très vite, on écrit pour les autres. Aujourd’hui, l’écriture n’a de sens pour moi que dans le partage, plus dans l’acte solitaire, aussi jouissif que l’acte masturbatoire mais beaucoup moins frustrant, car si on cache le produit de l’un dans un kleenex pour le faire disparaître au plus vite, on montre au contraire le produit de l’autre pour donner du plaisir à ses lecteurs.
c’ est émouvant
touchant au point d’ en pleurer d’ ailleurs a cette heure ,
comment ne pas être admirative de ce texte si bien écrit
Je connaissais déjà bien sur ce superbe poème……il a 11 ans
à présent tu n’ as pas de soucis à te faire ,
bien des enfants souhaiterais avoir une maman comme toi je pense!
tu laissera à ton fils bien plus que tu ne le pense,
tout le monde ne peux pas en dire autant
tu as su cueillir l’ amour……….
un duo éternel, une alliance gigantesque le mot n’ est pas trop fort!
Ce que j’ aime par dessus tout c’ est cette dernière strophe
J’aurai passé ma vie à fabriquer l’amour
En poésie, en prose, avec la certitude
D’avoir trompé le monde et moi-même à mon tour
De peur de rencontrer bassesse et turpitude.
merci Isabelle , j’ ai sorti mon kleenex!
un bel échange entre jeannette et toi merci de nous l’ avoir fait partager!
Il n’est de plus bel héritage que l’amour ; et là, il semble que vous ayiez parfaitement réussi !
Quant à votre talent, ce don de l’écriture, c’est un très beau partage et une richesse qui ne peut que soulever de l’admiration.
Bravo, Isabelle !