Quand je ne serai plus, dans un siècle ou demain,
Je voudrais que la lune éclabousse la ville
Pour me permettre encore un signe de la main
A ceux que j’ai chéris, puis m’en aller tranquille.
Que l’on n’achète pas un somptueux cercueil
Pour servir de cellule à ma triste dépouille ;
Une boîte en bois brut lui fera bon accueil
En dépit de ses nœuds et des taches de rouille.
Ne m’enterrez jamais sous un bloc de granit
Et ne jetez sur moi ni gerbe ni couronne,
Mais que dans votre cœur une place au zénith
Me soit toujours gardée à l’abri de l’automne.
Commandez-moi les chants de quelques angelots
Pour m’aider à franchir le pont vers l’autre rive ;
Une larme de rose, un bouquet de sanglots
Me sont des vœux trop chers pour que je les écrive.
Laisserai-je à mon fils, sans aucun testament,
Ces feuillets reliés pour unique héritage,
Quatre recueils de vers, le début d’un roman,
De l’instinct maternel singulier témoignage ?
J’aurai passé ma vie à fabriquer l’amour
En poésie, en prose, avec la certitude
D’avoir trompé le monde et moi-même à mon tour
De peur de rencontrer bassesse et turpitude.
Quand je ne serai plus, dans un siècle ou demain,
Lorsque mon corps sera redevenu poussière,
J’aimerais que mon âme évite le chemin
Vers l’oubli, de la mort la mère nourricière.
(Zaz – Extrait de mon recueil « Hallucinations » publié en 2000)
Ce texte fait écho au poème de Jeannette, avec toute mon amitié pour ce partage.
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