J’étais donc hier à l’hosto pour un ongle incarné opéré en ambulatoire sous rachi anesthésie.
J’avais perdu la notion du temps et quand on vint me chercher, je demandai l’heure au jeune homme qui conduisait mon brancard à vive allure dans les couloirs sinueux qui me donnaient le tournis. Il me répondit :
– L’heure de vous faire opérer, ma p’tite dame !
Je refermai les yeux.
L’anesthésiste n’était pas celui qui m’avait vue en consultation. Quand je m’en étonnai, son collègue, plutôt jovial, répondit :
– Le Docteur Machin est en congés, mais ne vous inquiétez pas, je ferai aussi bien !
Je n’en doutais pas. Quoique… Il y a vingt-six ans, j’avais vaillamment refusé la péridurale pour la naissance de mon fils, le regrettant plus tard, mais il était trop tard pour revenir en arrière… Cette fois-ci, la péridurale ne me disait rien qui vaille non plus, mais c’était ça ou l’anesthésie générale ! Pour un ongle incarné, faut quand même pas pousser mémère dans les orties !
Un champ chirurgical vert comme horizon, je somnolais en attendant la fin de l’intervention. Quand on me transféra de la table d’opération au brancard, j’eus un aperçu de la vie d’un paraplégique puisque j’étais encore anesthésiée à partir du bassin…
De retour dans ma chambre, je m’endormis de nouveau. Puis on me réveilla pour me proposer un repas. A ces mots, je réalisai combien j’avais faim car j’étais à jeun depuis la veille 20 h 00 ! Je ne rêvais pas à un gros steak saignant avec des frites, mais l’évocation d’une portion de lasagnes, par exemple, me faisait saliver par avance.
A la place, je vis arriver un plateau chargé d’un petit pain rond, d’une mini-portion de beurre et d’une mini-barquette de confiture.
– Thé ou café ?
– Euh… thé !
Le breuvage arriva sans tarder dans un gobelet en plastique… Je ravalai ma déception ; après tout, je n’étais pas dans un hôtel quatre étoiles !
Vers 16 h 00, on m’ordonna d’aller faire pipi… et une heure plus tard, de m’habiller… Entre-temps, le chirurgien était passé pour s’assurer que tout allait bien.
Monique avait été prévenue qu’elle pouvait venir me chercher à 18 h 00. J’attendais donc, assise sur une chaise de la chambre, le nez de nouveau dans mon bouquin.
– Vous n’avez pas une chaussure de Barouk ? demanda l’infirmière venue changer le linge de lit.
– Non. Pourquoi, c’est indispensable ?
– Le Docteur Machin ne vous a pas prescrit une chaussure de Barouk ?
– Ben non !
– Vous auriez dû venir avec !
Je rassemblai mes souvenirs. Depuis le temps que je travaille dans des cabinets médicaux, entre autres pour des chirurgiens en orthopédie, je me souvins d’avoir entendu parler de ces fameuses chaussures… de Barouk.
– Votre chaussure, c’est pour soulager l’appui, n’est-ce pas ?
– Oui ! c’est une chaussure qui tient l’avant-pied avec des lanières ajustables et une sorte de talonnette.
– Ne vous inquiétez pas, mon amie en a fabriqué une !
– Ah oui ?
– Oui, avec une vieille basket que j’avais jetée et qu’elle a récupérée. Elle l’a découpée jusqu’au niveau des lacets. Y a pas de talonnette, mais bon…
– Ah ben il est très ingénieux, votre mari !
– Euh… c’est pas mon mari ; c’est mon ami-E…
– Ah d’accord ! En tout cas, je suis très curieuse de voir ça !
– C’est un peu comme un cothurne de la Rome antique, sauf qu’il ne monte pas sur le mollet.
Quelques minutes plus tard, Monique arrivait avec la godasse savamment détériorée pour que je puisse y loger mon pied sans effleurer le pouce enrubanné.
– Ah ben ça alors, c’est vraiment épatant ! s’écria l’infirmière médusée.
Renseignement pris à la pharmacie, la chaussure de Barouk coûte 50 euros dont 20 restent à la charge du patient ! Je pensais faire une demande au chirurgien… réflexion faite, au lieu de la chaussure… de Barouk, je vais m’accommoder de la chaussure… de Colin !!!
donc hier c’était ta sortie de l’hôpital, en même temps que le mariage royal. tu voulais avoir les pages de la « une », mais non,ce n’était pour toi.
trève de plaisanterie, je ne savais pas que tu avais eu un problème avec un ongle.
je sais que cela fait horriblement mal.
tu vas avoir, pendant quelques temps, des difficultés à te chausser.
coment angèle ne m’a pas dit cela.
de mon côté, j’ai eu aussi droit à avoir un handicapé à la maison.
gérard a passé 10 jours en clinique pour son os du fémur, il est entré à la maison jeudi et marche avec des béquilles.
bon rétablissement
gros bisous
J’aime beaucoup votre humour qui fait d’un moment douloureux une page drôle que l’on lit comme on regarde un film.