Contrairement à ce que j’annonçais dans un précédent billet, je ne serai pas à « L’été du Livre » 2011 à Metz, plus grand salon littéraire de Moselle.
Après nous avoir mis l’eau à la bouche, les organisateurs ont décidé de ne pas accueillir les auteurs autoédités.
Dans le domaine du livre, il y a les auteurs qui bénéficient d’une structure et les solitaires, la qualité littéraire des premiers n’étant pas forcément supérieure à celle des seconds.
Entre les yachtmen que sont les édités à compte d’éditeur, entièrement pris en charge et seulement préoccupés par l’écriture de leurs livres, et les galériens de l’autoédition qui doivent assurer la correction et la mise en pages de leurs manuscrits puis leur commercialisation, il y a une catégorie un peu bâtarde : les auteurs édités à compte d’auteur, souvent malheureuses victimes de scandaleuses arnaques de la part de maisons qui ont cependant pignon sur rue et qui œuvrent en toute impunité.
Les nouveaux auteurs sont des proies faciles. Après avoir essuyé le refus à peine poli des éditeurs parisiens les plus prestigieux, ils se tournent vers les éditeurs locaux. Parce qu’un béotien ne sait pas identifier les maisons à compte d’auteur, il saute de joie lorsqu’il reçoit enfin le courrier tant espéré : son manuscrit est accepté ! Dans le courrier dithyrambique, on parle de contrat bien sûr, mais aussi de télévision et de cinéma. Notre auteur plane à un mètre du sol, à peine étonné car certain de son talent. Puis il poursuit sa lecture et découvre, en page 3 ou 4, une somme à quatre chiffres avant la virgule. Il ne percute pas tout de suite et doit relire plusieurs fois avant de comprendre la subtilité : le montant en question est bel et bien ce qu’on lui demande d’investir pour l’édition de son manuscrit…
Certains auteurs se laissent prendre, tels les compagnons d’Ulysse, dans les filets de ces éditeurs prêts à publier n’importe quoi pourvu que l’écrivain signe un gros chèque et qui n’hésitent pas à les flatter pour mieux les attirer, certains qu’ils sont de leur désir brûlant de publier leur livre à tout prix. Ceux qui n’ont pas su résister au chant des sirènes s’en mordent souvent les doigts car ils ont investi une grosse somme pour imprimer un livre en plusieurs centaines d’exemplaires qu’ils mettront une décennie à vendre, le soutien commercial de la maison d’édition se révélant chimérique et le prix de vente imposé souvent très élevé.
D’autres résistent sans pour autant abandonner leur projet d’édition. Ces auteurs-là appartiennent à la race des autoédités. Seuls maîtres à bord, ils écrivent, corrigent, mettent en pages, élaborent la couverture, se chargent de l’ISBN et du dépôt légal, et bien sûr de la promotion et de la vente de leurs ouvrages. Mais ils sont libres ! Libres de décider du prix de vente et donc de la marge bénéficiaire, libres du choix de l’imprimeur, libres de la couverture, libres du nombre d’exemplaires, libres des salons qu’ils fréquenteront.
Mais voilà où le bât blesse ! Quand on est autoédité, on n’est pas toujours le bienvenu sur les salons. Comme si le fait de s’éditer soi-même était un aveu de médiocrité ou le fait d’être édité à compte d’éditeur au contraire la preuve d’une grande qualité littéraire ! Nous avons tous en tête des auteurs, stars du show business ou du sport, qui n’ont besoin de frapper à aucune porte, celles des plus grands éditeurs s’ouvrent toutes seules. Pour la plupart, ils n’ont même pas besoin de tenir un stylo dans la main ! Mais ils ont un passeport que nous autres écrivains de l’ombre n’avons pas : un nom qui garantit la vente du livre.
« Le Livre sur la Place », un des plus prestigieux salons littéraires de France et en outre le premier de chaque saison, a fini par offrir aux autoédités un espace, certes en dehors du grand chapiteau, mais un espace suffisamment vaste pour accueillir une quarantaine d’auteurs. L’affluence du public et les ventes réalisées sont la preuve d’un réel intérêt des lecteurs pour leurs écrivains locaux tenus à l’écart de la cour des grands.
Espérons que Metz, éternelle rivale de Nancy, fasse prochainement preuve de générosité et de discernement envers des auteurs qui ne méritent pas le mépris qu’ils récoltent cette année.
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Archive journalière du 29 mar 2011
Le 29 mars 1058 décède le pape Etienne IX, Frédéric de Lorraine, issu de la famille des ducs de Lorraine. Après huit mois de pontificat, il meurt assassiné à Florence.
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