Un texte d’une collègue en écriture :
« Dimanche 2 novembre 1969…. Elle est arrivée, Laetitia ! Pas facilement mais elle est enfin là ! Vif argent, pétillante, rieuse, moqueuse !
Puis survient, à ses 2 ans, la maladie dite «orpheline ». Durant cette longue et douloureuse maladie, elle est restée un rayon de soleil courageux.
Jeudi 7 février 1974 …. Le rayon de soleil s’est éteint ! Depuis, je suis à l’ombre et j’ai froid.
Et toi, ma fille, mon étoile filante ? Question sans réponse, pour une enfant née le jour des morts ! plusieurs années après………..
Etalée sur le sable, réchauffée par les rayons d’un soleil généreux, je suis dans un état second, luttant contre le sommeil. Pas question de me laisser voler ces moments que je savoure comme on savoure une gourmandise
Madness, mon chat persan, partage pleinement cet instant. Contre moi, il est étendu sur le dos, chauffant son ventre et plissant ses yeux d’or de satisfaction.
Tout à coup, je vois ses petites oreilles s’agiter. Ses yeux s’arrondissent. Pas de doute il se passe quelque chose !
Je fais l’effort de tourner la tête et je regarde dans la même direction que lui.
Elle est là, mi bébé, mi petite fille, la peau claire et dorée, la chevelure blonde et bouclée, les yeux d’un bleu lumineux et malicieux, le nez retroussé, le sourire canaille qui s’ouvre sur des petites perles blanche !
A croquer ! Une friandise ambulante !
Son regard passe sur moi avec une belle indifférence ! Par contre Madness retient toute son attention !
Amusée je regarde le manège. Madness qui adore jouer avec les enfants parait très intéressé aussi. Il s’est redressé et la regarde.
Le bout de chou hésite, elle me dit :
- Tu t’appelles comment ? »
- Jeannette ! Et toi ? » dis-je en souriant.
La demoiselle n’est pas patiente. Elle élude la question et va droit au but !
- il est à toi le chat ? »
- oui ! »
- Je peux jouer avec lui ? »
- Demande-le lui ! »
Elle s’avance vers le chat enchanté, commence une partie effrénée de cache-cache, de course, de jeux divers, ponctués par la cascade de ses rires et les onomatopées ravies de Madness.
Je baigne dans une torpeur bienfaisante. Je voudrais fixer à tout jamais cet instant. Ce bien-être est fabuleux et peu mesurable. Un morceau d’éternité !
Les joueurs sont épuisés, ils reviennent vers moi.
La petite me regarde. Elle me sourit. Elle a l’impertinence de la sincérité associée à l’innocence.
A ce moment-là, deux adultes apparaissent. Ce sont ses parents qui nous rejoignent et la grondent gentiment.
La demoiselle fait la moue.
- Tu reviendras ? » me dit- elle.
J’hésite. Je sais qu’il ne faut jamais promettre à un enfant si on n’est pas sûr de tenir la promesse qu’on lui a faite. C’est à la foi si fort et si fragile, un enfant !
- Peut être ! Mais dis donc ! Tu ne m’as toujours pas dit ton prénom ! »
- Laetitia ! »
Je sursaute. Ce prénom ! Je n’ai pas pu contrôler ma réaction.
- Tu es en colère ? »
Elle me fixe avec étonnement et un brin d’inquiétude. Elle ne peut pas comprendre.
Je lui souris avec tendresse.
- Mais non, pas du tout ! ».
La voilà rassurée. Son sourire espiègle éclaire son visage et elle part en courant. Joli farfadet !
Je ravale mes souvenirs. Madness revient se blottir contre moi et je repars dans ma torpeur.
Oui, un moment d’éternité ! «
(Jeannette Insurgé – 13/07/2009)
un grand merci
cela fait chaud au coeur de voir reprendre des morceaux de ma vie par « une collègee » mais je ne serais jamais écrivain comme elle, elle est une pro, moi une petite conteuse
jeannette insurgé
petite conteuse ou grand écrivain… l’essentiel est l’émotion ressentie par le lecteur. En l’occurrence, votre récit m’avait très émue…
J’ai eu plaisir à vous lire et c’est ce qui compte !
merci beaucoup Zaz et Rosaria