TPE : un plan galère

Dans un article diffusé sur Internet (voir http://finances.orange.fr/Points-de-vue-eco/Auto-entrepreneur-la-liberte-de-s-auto-exploiter-code2-267896.html), un bilan très alarmant mais très juste est dressé sur un aspect de la situation économique de la France.
Le gouvernement, par ignorance ou mauvaise foi – je n’ose me prononcer pour l’une ou l’autre option, les deux étant pareillement insultantes… – se félicite du boom des inscriptions des auto-entrepreneurs, la preuve selon lui du dynamisme des Français face à la crise.
J’y vois au contraire un signe de grande détresse et de grande solitude des travailleurs qui, pour la plupart, n’ont recours à l’auto-entreprise que pour échapper au chômage avec pour conséquence dramatique une grande précarité. L’individu qui sort du système salarial pour s’installer seul à son compte perd tous les avantages sociaux des salariés (congés payés, RTT, formation continue, CE, etc.) sans pouvoir bénéficier de ceux des grands patrons.
Selon la nature de son activité professionnelle, il est très difficile de dépasser le seuil maximal des 32.000,00 euros/an pour les entreprises de service. Quand on a payé ses charges professionnelles, il reste à peine l’équivalent d’un smic à se verser en salaire. Le moindre faux pas et c’est la catastrophe ; s’il n’a pas la chance d’avoir un conjoint au revenu fixe, l’heureux auto-entrepreneur n’a plus qu’à mettre la clef sous la porte sans même la joyeuse perspective d’aller pointer. On s’étonnera ensuite que les cas de suicide augmentent !…
Se proclamer auto-entrepreneur n’est donc pas une sinécure. Il faut beaucoup travailler pour pouvoir se dégager un petit salaire. Après une journée bien remplie de travail productif, il faut encore éditer des factures, établir des devis, relancer des impayés, régler des fournisseurs, remplir des tableaux de statistiques, élaborer des campagnes de pub à budget réduit, etc.
L’article évoque le nombre important d’auto-entreprises qui n’existent plus six mois après la création de l’activité. Mais il faut du temps pour rentrer ses premiers euros ! Pour démarcher des clients et engager une campagne publicitaire, il faut bien inscrire l’entreprise pour mettre le numéro de siret et le code APE sur les documents.
Pour évoquer un cas que je connais bien, le mien, j’ai mis exactement six mois pour décrocher mon premier contrat. Je comprends que certains désespèrent ! J’avais la chance de bénéficier de 18 mois de chômage quand j’ai décidé cet important changement. Durant ces six premiers mois d’activité (si j’ose dire !), les Assedic m’ont versé mes indemnités, amputées d’une somme forfaitaire. Les mois suivants, ils ont continué à compléter mon revenu en fonction des recettes déclarées sur l’honneur.
Le seul avantage de l’auto-entrepreneur est qu’il exerce une activité qui lui plaît et qu’il échappe aux déplorables conditions de travail que nous connaissons depuis quelques années. De ce seul point de vue, nous sommes plus épanouis que les malheureux salariés qui travaillent sous la pression toujours plus grande de patrons toujours plus exigeants (car eux-mêmes sous la pression des objectifs à atteindre) et méprisants envers leurs collaborateurs.
Mais il est clair que si je pouvais retrouver un travail intéressant, correctement rémunéré, sous les ordres d’un supérieur humain, dans une entreprise en parfaite santé, comme je l’ai connu lorsque j’ai commencé à travailler il y a trente ans, je n’hésiterais pas à fermer ma petite boutique en saluant bien bas Madame URSSAF et Monsieur RSI !
Alors non ! l’augmentation des inscriptions des auto-entrepreneurs n’est pas la preuve d’une croissance dont il faille se réjouir. S’il y a croissance, elle ne concerne en fait que la précarité et la baisse du pouvoir d’achat des Français qui travaillent plus pour gagner moins !
Sans le soutien, à la fois moral et matériel, d’un conjoint ou d’un parent, les auto-entrepreneurs qui font la fierté de nos dirigeants auraient à peine de quoi acheter du fromage à mettre sur leur pain ! Comment ? Du fromage ? Que dis-je !? Cette denrée est devenue un luxe dont se passent de nombreux concitoyens… Moi, j’ai la chance d’avoir du cholestérol, alors du fromage, il ne m’en faut pas !… Donc, je n’ai pas à me plaindre ! CQFD !!!

3 Réponses à “TPE : un plan galère”


  • Hélas ! Il fallait s’en douter : TPE, ce sont les initiales de Très Petite Espérance. C’est la version moderne de l’attrape-nigaud, pour ne pas dire pire. Les chiffres du chômage étant au-delà de catastrophique, il fallait bien inventer un miroir aux alouettes pour faire dégonfler les chiffres.
    Alors, vogue la galère, on invente l’auto-entreprise qui présente deux avantages :
    - Ne plus indemniser (ni voir) les chômeurs
    - Permettre à tous d’accéder au grade suprême de patron.
    Hélas, encore une fois. Lorsqu’on est un bon professionnel, on n’est pas forcément un bon gestionnaire. Faire des factures, gérer la trésorerie, discuter avec sa banque ou faire rentrer les impayés, ça n’est pas inné en chacun de nous et surtout ça ne s’improvise pas du jour au lendemain.
    Et puis, viennent les taxes, les prélèvements sociaux, la retraite, la maladie, le chômage (et oui!). Et ensuite les échéances, les loyers, l’achat de matériel, de matières premières. Alors, pour compenser, on travaille un peu plus, on case les prix, on bricole au noir…
    Mais tout cela se paye… Pour dire vrai, la première sanction, c’est les quelques euros qui restent chaque mois pour se verser un maigre salaire et n’oubliez surtout pas la seconde : à 65 ans, quand l’auto-entrepreneur, usé par des journées de 15 ou 16 heures réclamera une retraite bien méritée, qu’est-ce qu’on lui offrira ?
    Hélas, une nouvelle fois hélas…
    Méfions-nous toujours des propositions trop belles, elles masquent toujours le désenchantement.

  • Oui, c’est tout à fait ça ! J’ai la chance d’avoir une activité professionnelle qui ne requiert ni local ni gros investissement ; seulement un bon matériel informatique. Si je devais, en plus des charges et cotisations diverses, payer un loyer, eh bien j’aurais un salaire à trois chiffres.
    Pour que les travailleurs indépendants vivent mieux, il suffirait de revoir le système de l’URSSAF, car 18% de 20.000,00 euros représente un chiffre important à payer, mais quand le chiffre d’affaires mensuel est en moyenne de 2.000,00 euros, 18% est énorme.
    Reste que nous avons la chance de ne plus subir l’atmosphère exécrable qui règne depuis un certain nombre d’années maintenant dans nos entreprises, au point que certains préfèrent se donner la mort…

  • Pour faire suite à mon commentaire sur Martine Aubry, cet article n’est que le pâle reflet d’une triste réalité, mais que faut-il encore pour que les français comprennent ?

Laisser un Commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.




djurdjura |
last0day |
Xerablog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Corsica All Stars [CAS]
| c2fo
| _*MoN DeLiRe A mWa !!!*_