J’avais beaucoup apprécié la qualité littéraire de ce livre au moment de sa sortie et trouvé courageuse la démarche de l’auteur qui confessait ses pratiques sexuelles tarifées avec des garçons en Thaïlande. Dans cet ouvrage, écrit sans concession ni complaisance, Frédéric Mitterrand dévoile sans tabou les rouages du tourisme sexuel dont il ne fait pas l’apologie. Dans ses pages rédigées avec le talent qu’on lui connaît, il y parle surtout de la souffrance d’être différent à une époque où l’homosexualité était encore un délit. Le garçon qui aimait les garçons est devenu un homme qui aime toujours les garçons et qui aime payer. Il n’y aucune forfanterie ni aucune obscénité dans ce livre qui laisse dans la bouche un goût amer, tant la mélancolie et le mal-être de l’auteur s’incrustent dans le cœur du lecteur. Ceux qui me connaissent savent combien je condamne la pédophilie. Pourtant, je n’ai jamais pensé à ce crime en lisant « La mauvaise vie ». Au-delà des jeunes garçons thaïs qui vendent leur corps pour aider financièrement leur famille ou payer leurs études, il y avait un homme qui avoue lui-même qu’il participe de la maladie dans le désir de payer pour un peu d’amour. Au-delà du scandale de la prostitution juvénile, il y avait de l’empathie pour un homme qui avait souffert de ses choix.
Interviewé par Laurence Ferrari au journal de 20H sur TF1 dont j’ai vu la vidéo sur Internet, Frédéric Mitterrand a nié en bloc avoir eu, en Thaïlande, des relations sexuelles tarifées avec des jeunes garçons. Il insiste sur le fait que ses partenaires avaient son âge à l’époque, la quarantaine… Pourtant il est bien question, dans ces pages qui créent la polémique aujourd’hui, de garçons, d’éphèbes, d’étudiants. Certes le livre n’est pas classé dans la catégorie « autobiographie »… Mais pourquoi avoir écrit avec autant de courage pour ensuite nier avec autant de lâcheté ?
Mais aussi, pourquoi ce livre, sorti en 2005, est-il aujourd’hui controversé alors qu’il fut un véritable succès de librairie ? Etait-ce, en 2005, plus tolérable qu’en 2009 qu’un homme payât pour les services d’un jeune prostitué ?
Cette affaire va sans nul doute recréer l’amalgame entre l’homosexualité, la prostitution masculine, la pédérastie et la pédophilie.
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