De retour de vacances, je trouve dans le courrier la copie d’une lettre adressée par Loisirs et Rencontres à la mairie de Heillecourt concernant l’achat par la bibliothèque de la ville d’un exemplaire de mon dernier ouvrage, « La Lavandière d’Igney » d’un montant de 13,00 €. Cette lettre est retranscrite in extenso :
« Monsieur le Maire,
Je fais suite au courrier que vous a adressé Mme Isabelle Chalumeau et dont nous avons eu connaissance, cette personne ayant daigné nous en faire parvenir une copie.
Je pense que vous comprendrez mon étonnement quant à la démarche de Mme Chalumeau pour ainsi se permettre de remettre en cause les choix de notre responsable Bibliothèque concernant nos achats des livres, et vous demandant d’arbitrer en ce domaine.
Mme Chalumeau semble oublier que notre bibliothèque, bien que soutenue par la Municipalité, est associative et indépendante : Mme Pivel acquiert les livres qui lui semblent le mieux répondre aux attentes de nos lecteurs et ses choix judicieux nous permettent de constater une augmentation du nombre de nos adhérents depuis quelques saisons. Nous n’entendons pas subir une quelconque pression, ni nous laisser influencer sur notre façon de gérer nos achats.
Nous ne refusons pas de promouvoir un quelconque auteur et si Mme Chalumeau veut mettre à notre disposition son ouvrage, nous ne manquerons pas de lui laisser une bonne place sur les rayonnages de la bibliothèque.
Veuillez croire, Monsieur le Maire, à ma haute considération
La Présidente
Monique Mathieu »
Ah ! La toute puissance des obscurs auxquels on a confié une charge…
Il a une petite note insultante dans cette lettre, un petit côté pamphlet. Il y a aussi toute l’amertume du petit boutiquier devant l’étendue présumée de la gloire d’un artiste, ses regrets de ne jamais pouvoir atteindre l’ombre de sa cheville ce qui, inévitablement, le pousse à chercher des excuses pour le vilipender.
Combien de poètes ont ainsi été méprisés, quand ce n’était pas pendus, au nom de la morale étriquée d’obscurs administratifs tatillons, sûrs de leur bon droit, pour le seul crime d’avoir été trop brillants.
Méprisons les mépriseurs ! Nos seuls vrais juges sont les lecteurs qui nous font confiance. Et surtout gardons à l’esprit que de Sainte-Beuve, le plumitif, et Victor Hugo, le génie, seul le poète est enseigné à l’école alors que l’autre est ramené au seul rôle de mouche du coche, pédante et vaniteuse.
Rémy de BORES, Romancier
Rémy de Bores transcrit à merveille mes émotions et réflexions en lisant cette lettre.
N’abandonnez pas pour autant !