Nous fûmes aujourd’hui témoins, dans un restaurant, d’un début de scène de ménage.
A la table voisine, un couple tout à fait ordinaire, la cinquantaine, discutait en attendant les plats. Soudain, l’homme s’exclama :
– C’est pas assez pour ton fils ! Mais vingt euros, c’est bon pour moi !
La jeune femme le considéra longuement, bouche bée, apparemment stupéfaite par l’attaque verbale de son compagnon.
– Tu plaisantes, j’espère ? souffla-t-elle. Et ton pull en cachemire ? Et ton appareil photo numérique ? Et le coffret CD ? Et ta montre pour Noël dernier ? Tu n’as rien à envier à mon fils !
Son mari, amant ou compagnon, peu importe, ne répondit rien. Alors elle se leva et le planta là. Elle se dirigea d’un pas rageur vers la sortie et je la vis essuyer furtivement une larme. Je tournai la tête vers notre voisin et l’observai pendant quelques secondes avant de plonger le nez dans mes pâtes, par crainte que l’ingrat ne tourne sa colère vers moi.
Car il s’agissait manifestement d’ingratitude et, si j’en juge par les propos de la jeune femme, d’injustice ou pour le moins de mauvaise foi.
A priori, tout le monde s’accorde pour dire que la valeur marchande d’un cadeau n’a aucune importance. Que seule l’intention compte. Mais qu’en est-il dans la réalité ? Dans le for intérieur de chacun ? Estimons-nous l’amour d’autrui à la somme supposée inscrite sur le chèque qui a réglé le cadeau ? Evaluons-nous les sentiments à la nature des cadeaux offerts ? L’amour ne serait-il, finalement, qu’une sordide histoire de mathématiques ?
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