Je suis passée récemment sur une radio locale (RCN 90.7) en compagnie de nombreux autres poètes. A la demande d’Yves Issartier, l’animateur, j’ai dit un slam composé en mars 2007. J’ai reçu quelques mails d’auditeurs me demandant de leur envoyer ce texte. Et dimanche, lors d’un pique-nique de fin d’année réunissant plusieurs associations de peintres et poètes, la conversation en vint encore sur le slam, son origine, sa spécificité, ses différences avec les autres formes de poésie. Le mieux placé pour en parler serait bien sûr Grand Corps Malade, le représentant du slam français. J’ai découvert le slam à travers ses textes qui m’émeuvent à chaque fois que je les entends.
A défaut de GCM, je vais tenter d’expliquer ce qu’est le slam et de l’illustrer avec mon propre texte ci-dessous.
Le slam est né en 1984 à Chicago. C’est un art d’expression populaire orale. Dans des cafés ou autres lieux publics, des auteurs viennent lire, scander ou chanter des textes de leur cru sur des thèmes libres ou imposés. L’entrée est le plus souvent libre ou à prix minime et le principe est : 1 poème dit = 1 verre offert.
Il n’y a aucune limite d’âge, de style ou de provenance. La motivation des participants est le partage et les débutants sont davantage encouragés que critiqués.
En anglais, le verbe « to slam » signifie claquer. Dans cette forme d’expression orale, le but est d’interpeller l’auditeur avec des mots qui sonnent juste.
Grâce au slam, la poésie et les récitals, souvent réservés aux initiés, deviennent enfin populaires.
En France, Grand Corps Malade incarne le mouvement slam.
C’est donc sous l’influence de Grand Corps Malade que j’ai écrit mon premier slam. Cela se sent et s’entend !… Il faut du temps, je pense, pour se démarquer et trouver son propre style. Ceux qui me connaissent bien s’étonneront sûrement de ce texte que je déclame et dans lequel tout est dit sur mon amour de la poésie classique. Pour autant, je ne dénigre pas cette « nouvelle » forme d’expression. Mais, « I have a dream » : que les amateurs de slam ouvrent un jour un recueil de poésie classique. La bonne poésie classique n’est pas aussi rébarbative et barbante qu’elle en a l’air !… Les amateurs de bon slam ne devraient pas rester indifférents à la poésie de Baudelaire !Pour ceux qui auront aimé ce « Premier slam » et qui en redemandent, un autre slam (texte et son) se trouve sur la page Poèmes de ce blog.
Pour écouter ce slam, cliquer ici : premierslam.wma
PREMIER SLAM
J’ai découvert le slam
Un soir de solitude ;
C’était comme de la came,
J’ai pris de l’altitude.
J’ai entendu Grand Corps Malade
J’comprenais rien à ses salades ;
J’me suis forcée à l’écouter
Et là, ses paroles m’ont scotchée.
Les keufs, les meufs, chelou et relou,
C’est sûr, j’comprenais pas tout,
Mais je captais l’essentiel,
Ecrire, pour moi, c’est naturel.
Alors j’me suis dit, faut qu »t’essayes,
Même si j’me trouvais un peu vieille.
Les rappeurs, les slameurs, les purs,
Vont me trouver nulle, c’est sûr !
Depuis je suis accro
Je slame en douce comme une clepto
Du matin au soir
Et même la nuit dans l’noir.
Au début c’était pas évident,
Je fais de la poésie depuis quarante ans,
De celle que l’on dit belle et classique,
La poésie académique,
Même si déjà dans mes poèmes
J’abordais différents thèmes :
L’amour, la mort, la maladie,
La guerre, le chômage et la pédophilie.
Mais pour quelqu’un comme moi
Qui a fait du carcan des règles un choix,
Ne plus respecter le sexe des rimes,
C’était un peu comme un crime.
Les mots qui circulent toujours dans ma tête
Se sont mis à danser, c’était la fête !
Plus de laisse ni de muselière,
Ils ont appris l’école buissonnière,
Plus d’obligation ni d’interdits,
Plus de maître en prosodie.
Seuls comptaient les mots qui claquent
Comme des coups de poing ou comme des claques
Pour qu’ils aillent droit au but,
Comme un bon coup de pied au cul !
Bonjour Isa,
Heureuse que tu t’interesses au slam et que tu t’y mettes
Telle que tu me connais, tu te doutes que je suis en accord avec ce style de poésie, bien évidemment il ne faut pas dénigrer le classique pour autant.
Perso, je reste persuader qua dans un futur plus ou moins proch, on citera le slam comme la poésie « classique » du 21ème siècle et je trouve cela au top !
La logique voudrait que l’on n’écrive pas le slam mais qu’on le déclame sur la place publique, dans les bars etc… aussi je ne suis pas sûre que Grand Corps Malade (que j’apprécie beaucoup) soit le fer de lance pour les puristes chez les slameurs.
Mais comme pour le rap avec MC Solar, il apporte à cette mouvance un public qui serait peut-être resté réfractaire.
Logiquement le slam se doit d’être sans accompagnement musical afin que le public soit à l’écoute de la musicalité des mots et du ton donné par le slameur…
A te lire Isa
bien vu pour le slam. j’ai appris que cela existait depuis 1984. je ne pensais pas du tout que cela avait 24 ans. je croyais même que c’était le chanteur GCM qui l’avait fait en premier.
j’aime cette façon d’exprimer ce que l’on ressent. par contre le rap qui est également une manière de dire ce qu’il ne va pas m’agace au plus haut point, car c’est vulgaire, violent. peut êre que ces jeunes sont mal dans leur peau, et c’est même sur, mais je ne sais si leur façon de faire est entendue. pour en terminer le rap me rend électrique.
merci isabelle de nous faire partager et découvrir ce qu’ est le slam!
c’ est génial de pouvoir écouter ta poésie en slam en audio!!!
c’ est une transformation incroyable ! passer d’ un état à un autre en ce qui concerne ta poésie ! il est pour moi trop difficile de quitter mes vers pour m’ adapter à ce nouveau style de poésie!!
ceci demande une adaptation , de plus il faut ajouter que les mots doivent être accompagné d’ une musique pour donner le rythme , le ton, le son pour faire vivre le texte!
bravo!
il faut être en mesure de pouvoir le réaliser! oser et le mot qui convient le mieux et aussi une bonne dose d’ idées!!!
sans y être réfractaire, je reste une inconditionnelle du classique mais je tire mon chapeau aux poètes, écrivain, de notre génération qui parviennent à s’ adapter aux courants poétiques actuels!
Bonjour Isabelle,
En écoutant en différé cette émission sur RCN j’ai été attiré par ce texte slam, j’aime son style, sa référence à GCM dont j’admire également le talent. Merci de l’avoir mis en ligne, on peut ainsi encore mieux l’apprécier. Au plaisir de se croiser un jour, j’espère !
Amicalement,
Joseph
http://fr.youtube.com/watch?v=W4A0zCbJhnM
Pour ma part, plus que le slam lui-même, qui a au moins le mérite de redonner le goût du mot et de l’écoute du texte, c’est la médiatisation qu’on en fait qui m’énerve.
J’ai vraiment le sentiment que, dans l’inconscient collectif, le slam devient le summum de la « branchitude » tandis qu’on assimile la poésie à la ringardise. On oublie et on efface tous les auteurs passés et actuels.
Dire que c’est « la poésie de la rue », c’est vraiment trop gentil. Pour moi, la poésie de la rue, c’est Prévert… mais le slam n’a rien de poétique dans le sens où il n’y a aucune recherche d’images. C’est juste le descriptif – certes, souvent plutôt bien formulé – du quotidien.
Quant à Grand Corps Malade, j’ai l’impression qu’il vend son handicap, son accident… ne serait-ce que par son nom d’artiste. Ca me dérange énormément !
En revanche, j’aime beaucoup le rap qui n’a rien de vulgaire ni violent, mais dont les médias se plaisent à n’en faire connaître que les moins bons représentants : l’image de la racaille vend ; dès lors pourquoi montrer autre chose de ce mouvement ?!
c super bien