Voilà, cette fois il ne s’agit pas d’une fausse information ; Pascal Sevran est mort ce matin.
Oh ! bien sûr, il n’y a pas de quoi en faire tout un plat… à peine un article dans un blog… Ce n’était pas un grand homme, seulement un personnage.
Le grand public le connaissait pour ses émissions de variété un peu ringardes ; nombreux sont ceux qui ignorent qu’il était avant tout un écrivain, même un très bon écrivain, qui avait reçu le Prix Roger Nimier en 1979. Sevran, autodidacte, avait fréquenté Emmanuel Berl et lu Chardonne. Tout de même !…
Bien sûr, il agaçait, il provoquait, il exaspérait. Certains lui reprochaient ses amitiés, se demandant comment il pouvait à la fois avoir été l’intime de François Mitterrand, être en même temps l’ami de Jack Lang et Bertrand Delanoë et soutenir Nicolas Sarkozy. C’est oublier que derrière la politique se trouvent des hommes de chair et d’os, de sang et de larmes et qu’on peut éprouver de l’amitié pour des personnes d’horizons opposés. Qui peut prétendre n’avoir des amis que de son bord ? Je l’ai déjà dit, j’ai des amis qui se réclament de gauche et d’autres qui sont de droite. Et ceux qui avouent pencher à droite ne sont pas toujours les moins chaleureux, les moins généreux, les moins attentifs aux autres.
Même si la variété n’est pas ma tasse de thé quotidienne, je reconnais à Pascal Sevran le mérite d’avoir inlassablement défendu la chanson française, alors qu’il est davantage à la mode de chanter en anglais.
Mais j’aimais par-dessus tout l’écrivain talentueux à la plume tour à tour trempée dans l’acide et les larmes. Il est délicieusement méchant dans ses phrases assassines destinées à ceux et celles qu’il n’aime pas ; il est infiniment tendre dans les souvenirs qu’il a ressassés depuis la disparition de son compagnon en 1998. J’ai découvert Pascal Sevran dans ce livre, « La vie sans lui », premier tome d’une série de journaux intimes publiés ensuite chaque début d’année. Sevran était un extraordinaire diariste ! Car le journal intime est sans aucun doute un des genres littéraires les plus difficiles à maîtriser.
J’ai lu chacun de ses livres et j’ai apprécié le talent de cet écorché vif qui mordait pour se protéger et se soulait de mots pour survivre. Certains ont essayé de souiller cet amour qu’il avait pour Stéphane ; les phrases qu’il écrivait sur ce garçon, qu’il a aimé jusqu’au bout de sa terrible maladie, encore et toujours dans chaque nouveau journal, me bouleversaient.
Voilà. Pascal Sevran n’était pas un ami, mais je suis triste ce soir.
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