Faut-il attendre la retraite ?

Une amie dont vous avez pu admirer les toiles dans un récent reportage sur www.toutnancy.com se lamentait du manque de temps pour peindre davantage et progresser plus vite. Elle termina son mail en me demandant : « Faut-il attendre la retraite pour assouvir toutes ses envies et ses passions ? ».
Personnellement, ma réponse est non ! Ceux qui attendent l’heure de la retraite pour vivre enfin pour eux ont souvent oublié le sens de cette expression. Mais je parle en égoïste pour qui l’écriture passe avant tout… Même durant les dix années en tête-à-tête avec mon fils, je n’ai jamais sacrifié mon besoin d’écrire. Si le mot « sacrifice » n’est pas pour moi le plus laid de la langue française, il fait en tout cas partie des mots que je n’aime pas et que je n’emploie pratiquement jamais me concernant. Je le trouve malsain et hypocrite car sous couvert de générosité, de magnanimité et d’amour inconditionnel, il traîne souvent derrière lui des relents d’amertume et cache mal les reproches qui ne manqueront pas d’exploser à la figure de ceux qui n’ont rien demandé.
Mon métier m’amène à côtoyer de nombreuses personnes âgées. Combien se lamentent du comportement de leurs enfants qui les délaissent ! « Après tout ce que j’ai fait pour eux ! » s’exclament-elles avec un rictus amer sur leurs lèvres desséchées.
Je n’ai rien sacrifié pour mon fils. Je l’ai aimé sans oublier de vivre. J’ai fait des choix par amour pour lui et d’autres par amour pour une autre personne. C’était à prendre ou à laisser, il a pris et il a eu raison car je n’aurais pas choisi de mettre ma vie sentimentale entre parenthèses plus longtemps. Je connais des femmes qui ont tourné le dos à l’amour pour ne pas se colleter avec la jalousie de leurs gosses. Aujourd’hui, elles ont plus de cinquante ans, elles sont seules désormais, elles dépriment et quand elles osent exprimer leur mal-être issu de la solitude, ces ingrats devenus grands lui demandent pourquoi elle n’a pas « refait » sa vie avant !?!
Mon fils peut dormir tranquille, il ne lui sera adressé aucun reproche. Je n’ai pas sacrifié ma vie pour lui et je n’attends pas de lui qu’il devienne mon bâton de vieillesse. A chacun son tour de vivre et d’aimer ; il ne m’est redevable de rien. Je n’attends rien d’autre de lui qu’un amour filial normal,  sans ambigüité et sans aucune notion de devoir. Le devoir ! voilà encore un mot que j’exècre ! Devoir conjugal, devoir maternel, devoir filial… des mots creux, vidés de tout sentiment d’amour. Je préfèrerais ne plus voir mon fils que penser qu’il me rend visite uniquement par obligation ou pour s’acquitter d’une dette envers moi. En fait, je n’espère qu’une chose : qu’il soit là pour me dire adieu quand le moment sera venu.
Voici donc le nouveau sondage que je vous propose (à droite juste au-dessus du compteur de visites) : Faut-il attendre la retraite pour assouvir toutes ses envies et ses passions ?

3 Réponses à “Faut-il attendre la retraite ?”


  • Magnifique réflexion et beau message d’amour pour ton fils.
    L’épicurienne que je suis répond « non, n’attendons pas la retraite pour vivre nos passions, nos envies… » D’ailleurs qui est vraiment sûr d’arriver à la retraite… Ma devise est « ici et maintenant ». Quand je regarde trop les bons moments passés avec nostalgie ou que je me projette de façon démesurée dans le futur, je me répète ma devise et me ressaisie. Donc, VIVONS MAINTENANT !

    Dans ta réflexion tu parles aussi de devoir maternel ou filial. Je pense que c’est TRES compliqué :… Des enfants continuent à aller voir un parent qui pourtant leur a pourri leur enfance (cela peut aller de « simples » disputes à répétition à des coups, ou, pire encore…).
    La question est : pourquoi ? Je pense qu’ils se sentent redevables :
    - Le parent les a nourris,
    - a peut-être eu des moments, même rares, où il n’était pas trop monstrueux,
    - à présent il est vieux,
    - il est malade,
    - il faut savoir non pas pardonner ou oublier, ce qui est impossible, mais atténuer la douleur et passer à autre chose,
    - on a un cœur, on n’est pas des bêtes…

    Bien sûr, il y a des enfants qui ont su tirer un trait et ne plus avoir du tout de relations avec leur parent qu’ils ont estimés indigne. Mais certains enfants, paradoxalement, se sentent mal s’ils ne vont pas rendre visite au « bourreau » de leur enfance. De victimes qu’ils sont en réalité, ils ont l’impression que ce sont eux maintenant les enfants « sans-cœur », ils ont l’impression de faire mal, de faire DU mal s’ils ne donnent pas un peu d’eux à ce parent.

    Eh oui ! Cela peut paraître étrange, mais c’est là toute la complexité de la nature humaine.

  • Pour continuer la réflexion de Sylviane, je dirais que notre besoin d’amour, et surtout ce besoin vicéral d’être aimé de ce parent odieux ou indifférent,est tel, qu’aller lui rendre visite n’est pas un devoir, mais une nécessité d’être enfin vu et reconnu.
    J’ai une de mes amies qui vit cette situation, et certes, elle râle chaque fois qu’elle va voir sa mère, parce qu’elle est odieuse avec elle, mais c’est plus fort qu’elle, chaque fois qu’elle y va, même si elle n’en n’a pas réellement conscience, elle espère toujours entendre un mot gentil ou recevoir un regard tendre. Mais non, il ne se passe jamais rien de tout cela, et chaque fois, elle repart, un peu plus chargée de tristesse et de souffrance.
    Mais qu’à bien pû vivre sa mère pour avoir une telle attitude envers sa fille?

  • Merci, Evelyne, pour ce message qui confirme ce que disait je ne sais plus qui, à savoir que l’on ne guérit jamais de son enfance…

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