En choisissant la semaine dernière le livre « En attendant la suite » de Laurent Malet, je ne me doutais pas que le thème de ce récit allait se trouver de nouveau au cœur de l’actualité.
Laurent Malet et son frère jumeau Pierre, tous deux acteurs, ont vécu une enfance et une adolescence insouciante dans le Midi de la France aux côtés de leur mère Florence, remariée à un scénariste. Ils côtoient les plus grands acteurs et les plus belles actrices.
Alors qu’ils entrent dans la vie active, leur mère est atteinte d’un cancer du sein. Pris dans le tourbillon de leur vie professionnelle, ils n’ont pas pris conscience de la gravité de la maladie de leur mère qui s’est battue bec et ongles pour terrasser le « crabe », comme elle appelle ce terrible fléau.
Dix ans plus, le « crabe » est de retour. Au cours d’un contrôle de routine, une tache apparaît sur une côte…
Cette fois, les jumeaux ont vingt-huit ans et on perdu leur insouciance d’adolescents. Tous deux se relaient pour aider leur mère à vaincre la maladie. Et lorsque, deux ans plus tard, la fin arrivera, ils seront aussi là pour l’aider à mourir quand elle les suppliera de faire le nécessaire.
Pour que le livre ne soit pas trop lourd de souffrances, de tristesse et d’angoisse, l’auteur a intercalé, entre deux chapitres sur l’évolution de la maladie et la dégradation de sa mère, un chapitre sur son enfance heureuse avec son frère.
Ce témoignage clairement en faveur de l’euthanasie a été écrit en 2007 alors que les faits remontent à 1985. Comme le dit Laurent Malet, il y a prescription. Car son frère et lui ainsi que deux médecins – celui qui fournit le produit mortel et celui qui l’injecte – étaient passibles d’une lourde peine d’emprisonnement. Peut-être grâce à leur notoriété, Pierre et Laurent Malet ont eu la chance de croiser un médecin qui a accepté de leur procurer, sous le manteau, deux ampoules de morphine, et un autre qui a bien voulu injecter le poison libérateur.
Dans ce livre, Laurent Malet décrit l’univers hospitalier qui n’est pas toujours… hospitalier. Il décrit ces grosses pointures de la chirurgie qui, sous prétexte de se protéger en mettant entre eux et leurs patients une légitime distance affective, frisent la désinvolture et l’irrespect. Pour avoir travaillé avec des malades, je crois sur parole les propos qu’il tient, similaires à ceux rapportés par mes clients lors de l’écriture de leur livre. Je comprends ce besoin qu’ont les médecins de ne voir en leurs patients qu’un cas pathologique et la nécessité de les regarder de loin ou de haut. Mais lorsque le cas est désespéré et qu’ils avouent aux proches ne plus avoir de traitement à proposer, ne pourraient-ils pas, juste quelques minutes, mettre leur blouse blanche au clou et se glisser dans la peau d’un fils, d’un conjoint ou d’un père pour éprouver un peu de cette empathie qui leur fait tant défaut et les empêche de faire preuve de compassion envers la famille ?
Je sais que certains ont cette chaleur humaine, mais ils sont minoritaires. Je sais aussi qu’il est contraire à la vocation d’un médecin d’injecter un produit mortel dans les veines d’un patient atteint d’une maladie incurable pour abréger ses souffrances. Je sais aussi qu’il n’est pas simple de légiférer sur l’euthanasie. Mais à ceux qui disent qu’une loi en faveur de l’euthanasie est la porte ouverte à tous les excès, je réponds que donner la mort, dans certains cas, peut être l’ultime geste d’amour. Je ne pense pas qu’il soit facile à faire et surtout, il faut vivre ensuite avec le souvenir de ce geste. Je crois qu’il faut beaucoup de courage et beaucoup d’amour pour accéder à la demande d’une personne chère de mettre fin à ses jours et lui permettre une mort digne. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est peut-être dans ce geste de supprimer une vie que se révèlent l’humanité et la bonté de celui qui l’accomplit. Ne sommes-nous pas soulagés et reconnaissants au vétérinaire qui endort par piqûre notre vieux compagnon à quatre pattes moribond ? Or je ne pense pas que la vocation d’un vétérinaire soit de donner la mort…
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Archive journalière du 22 mar 2008
Durant la campagne des élections municipales, j’avais proposé aux visiteurs de ce blog un sondage.
La question était : « Peut-on être de gauche et voter à droite (et vice versa) ? »
Au lendemain du deuxième tour, le 17 mars 2008, j’ai retiré ce sondage du blog.
26 personnes ont donné leur avis :
Oui : 50% soit 13 personnes
Cela dépend : 27% soit 7 personnes
Non : 19% soit 5 personnes
Je ne sais pas : 4% soit 1 personne
Que la majorité des votants ait exprimé un « oui » est pour moi la preuve d’une belle tolérance.
Que sept personnes pensent que « cela dépend » me semble logique, car je pense aussi que cela dépend du type d’élections. En l’occurrence, je pense aussi que, pour des municipales, on peut voter pour un candidat qui ne soit pas du même bord. C’est davantage une question de personne que de parti politique. J’ai des amis de droite que j’apprécie beaucoup et si j’avais habité une commune voisine, j’aurais voté sans aucune hésitation pour le candidat de droite (officiellement sans étiquette mais dans le Conseil municipal du précédent maire Divers droite) que je connais bien et qui fera un excellent maire.
Que pour quatre personnes, il soit inconcevable de voter contre ses opinions politiques est le trait d’une conviction inébranlable que je respecte, même si je la trouve un peu sectaire.
La personne qui ne sait pas si on peut à la fois être de gauche et voter à droite – encore une fois je ne sais vraiment pas qui est cette personne -, c’est le candide du sondage, le bienheureux qui ne se soucie pas de politique. Avant février 2008, cela aurait pu être moi !!!
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