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Archive journalière du 2 mar 2008

Survivre avec les loups ? wouhhhh la menteuse !…

« Survivre avec les loups », roman et film autobiographiques de Misha Defonseca, n’est finalement qu’une imposture.

J’ai lu dans un site : « Qui a pu croire que cette histoire était vraie ? ». Eh bien moi ! Oui, franchement, j’ai cru à cette histoire proprement incroyable (et pour cause) parce que je crois l’être humain doué de ressources étonnantes pour survivre. On a vu des enfants survivre à d’effroyables faits de maltraitance, malnutrition et séquestration. Quant aux loups… eh bien j’y ai cru aussi car je pense que certaines personnes, et en particulier des enfants, peuvent être adoptées par une meute. Il y a des précédents.

Madame Defonseca a demandé pardon à tous ceux qui se sentent bernés. C’est bien puisqu’une faute avouée est à moitié pardonnée.

Mais au-delà du mensonge envers des millions de lecteurs et de spectateurs, je vois le préjudice aux réelles victimes de la Shoah. Si n’importe qui se permet de raconter n’importe quoi sous couvert d’un témoignage sur la Shoah, un certain discrédit va tomber sur les réelles victimes de cette période et du plus grand génocide de l’humanité. Alors que certains se permettent de mettre en doute les camps de la mort et de banaliser les actes d’extermination subis par les juifs durant la Seconde Guerre mondiale, un tel mensonge peut apporter de l’eau à leur moulin. Au prochain témoignage, chacun se demandera ce qu’il faut en penser.

J’ai lu que ce récit était thérapeutique suite à une enfance difficile de l’auteur. Je peux comprendre cela, mais il eût suffi de mettre « roman » à la place de « autobiographie ». L’effet thérapeutique de l’écriture eût été le même mais le tiroir-caisse serait resté muet car le livre aurait eu moins de chance d’être édité et porté à l’écran.

L’année dernière, j’ai écrit avec une cliente son autobiographie. En phase terminale de cancer, elle ressentait un besoin urgent d’écrire un livre sur sa vie. La raison de ce besoin s’éclaira rapidement quand elle me révéla son secret : un viol sur sa personne par son oncle alors qu’elle avait quatorze ans. Nous avons écrit ce livre dans l’urgence, la parque aux trousses. Le produit fini, le livre imprimé et relié par un professionnel pour une édition privée, ma cliente ne le vit jamais puisqu’elle mourut à peine une semaine après la fin de notre travail. Son histoire, ce viol qu’elle n’avait révélé à personne, pas même à son mari ou leur fille unique, m’avait profondément émue.

Lorsque j’écris une biographie pour un particulier, je ne vérifie aucun fait personnel. Mon travail n’est pas d’investigation mais d’aide à l’écriture. Alors si le livre de ma cliente décédée s’avérait une pure invention, je serais déçue qu’elle ait trompé sa famille à travers moi. Mais si ce livre était édité pour le public puis adapté à l’écran et qu’il soit ensuite prouvé que l’histoire n’est qu’une simple fiction imaginée par ma cliente, je serais alors très en colère. Car au-delà du sentiment d’avoir été trompée, j’éprouverais surtout vis-à-vis de ma cliente une réelle indignation en pensant à tous ces enfants et adolescents sur lesquels pèserait un nouveau doute à l’évocation d’un viol.

Il est des mensonges pieux et des mensonges anodins. Mais certains mensonges, a priori anodins, peuvent avoir des conséquences désastreuses. Celui de Madame Defonseca est de ceux-là.




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