Nous avons regardé hier à la télévision l’émission de Christophe Hondelatte sur l’affaire d’Outreau.
Comme tout le monde, je suis choquée par cette affaire et triste pour ces gens accusés à tort et qui, pour la plupart, ont du mal à se reconstruire.
Ma pensée cependant va vers les enfants. Vers les victimes de cette affaire et vers tous ceux qui subissent chaque jour des agressions sexuelles.
Depuis quelques années, nous assistions à une amélioration du traitement des enfants qui osaient dénoncer leurs agresseurs. On les écoutait et on agissait. Ce qui a fait penser à une grande majorité de personnes que l’inceste et la pédophilie avaient nettement augmenté. Ce à quoi j’ai toujours répondu non, la différence est que l’on commençait enfin à en entendre parler et surtout on commençait enfin à écouter les enfants.
Dieu sait que je ne suis pas pour que les enfants prennent la parole à tort et à travers ! Je me suis déjà exprimée sur le sujet dans ce blog. Mais je suis bien évidemment pour qu’ils puissent dénoncer leurs agresseurs sexuels. Ceux qui pensent que les enfants ont trop d’imagination pour qu’on prenne leurs accusations d’emblée au sérieux n’ont jamais eu une main d’adulte sur leur sexe d’enfant ou leur main d’enfant sur un sexe d’adulte.
Il est très difficile à ces victimes de seulement oser parler de ce qui leur arrive. Le premier sentiment est la honte, le deuxième la culpabilité. Alors quand il s’agit de mettre Papa ou Tonton ou le grand frère en prison, cela devient insupportable et ils préfèrent se taire. Le premier réflexe d’un enfant qui subit un viol ou ne serait-ce que des attouchements sera de se taire. Les pédophiles ont bien conscience de cet instinct qui les protège. Dans le doute, ils donnent quelques détails sur ce qui va arriver si l’enfant parle. Peu d’enfants passent le cap d’eux-mêmes. S’ils n’ont pas la chance d’avoir un entourage attentif – famille, enseignants – qui va déceler un problème grave et ne pas mettre leur échec scolaire sur le compte de la paresse, ils continueront à se taire et subiront les agressions en toute impunité.
Je suis triste pour les petits qui vont indubitablement subir les conséquences néfastes de l’affaire d’Outreau. Lorsqu’un enfant osera porter une accusation de cet ordre, les policiers et les magistrats ne vont-ils pas les regarder de travers et s’écrier : « Houuuu !!!! attention ! Rappelez-vous de l’affaire d’Outreau !!! ». Et les enfants retourneront à leur silence, leur prison virtuelle.
Bien sûr, j’ai de la peine pour ces adultes accusés à tort et qui ne parviennent pas à reprendre leur vie d’avant. Mais pour un adulte emprisonné par erreur sur les affabulations d’un enfant, combien de petites filles et de petits garçons sont réellement agressés quotidiennement en toute indifférence et en toute impunité ? Il n’y a aucune commune mesure.
J’ai mal aux tripes pour ces gosses qui vont devoir subir les agressions de leurs parents, d’autres membres de leur famille, leurs enseignants, leurs entraîneurs, leurs moniteurs, bref tous ces adultes qui aiment un peu trop les enfants… et se taire, alors que la société avait fait tant de progrès !
Que sont devenues les petites victimes d’Outreau ? Que vont devenir tous les enfants agressés qui n’auront même pas droit au statut de victime ?
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